Test New Joe & Mac Remake : le charme d'aujourd'hui, la rigidité d'autrefois
13 20
- La résurrection d’un mythe des années 90
- Le coup de crayon de Philippe Dessoly
- Fidèle à l’œuvre originale
- La coopération en local
- Une BO aux petits oignons
- L’apprentissage par la douleur…
- …qui risque de décourager les moins téméraires
- Une prise en main trop old school pour le grand public
- Où est le gameplay modernisé ?
- Il manque des bruitages
- On aurait aimé des voix
- La pauvreté du contenu
- Le mode "Extend" anecdotique
Si From Software a fait de l’exigence une religion, en vrai, il y avait déjà des jeux sacrément hardcore dans les années 90. Ils sévissaient surtout dans les salles d’arcade, là où les quarantenaires d’aujourd’hui se faisaient plumer en quelques screens. Et s’il y en a bien un qui nous vient immédiatement à l’esprit, c’est Joe & Mac, le jeu de plates-formes de Data East pour lequel un remake avait déjà été annoncé par Golgoth Studio en 2009. Le projet disparu dans les limbes de l’oubli, on pensait le comeback des deux hommes des cavernes définitivement enterré jusqu’à ce que Microids et Mr. Nutz Studio le ressuscitent, au même titre que Toki d’ailleurs dont la relecture (elle aussi promise par Golgoth Studio) a fini par voir le jour en 2018. Nous voilà donc avec un New Joe & Mac : Caveman Ninja décidé à offrir une bonne de nostalgie, quitte à laisser les néophytes sur le bord de la route.
À une époque où l’on enregistrait les B.O. des jeux vidéo sur K7, les développeurs ne s’emmerdaient pas avec le scénario, et encore moins lorsqu’il s’agissait d’un jeu de plates-formes. L’histoire du premier Joe & Mac tient ainsi en une ligne : les deux hommes, après que les demoiselles du village ont été enlevées par une tribu rivale, décident de partir à leur secours. Rien de plus, rien de moins. Au terme de chaque boss fight, on a droit à un bisou pour faire le plein de courage. Car oui, New Joe & Mac : Caveman Ninja est aussi impitoyable que la version originelle, les équipes de Mr. Nutz Studio, de manière assez incompréhensible, n’ayant intégré aucune option pour le rendre accessible au grand public. De base, le système de jeu est assez punitif, avec tout d’abord une jauge de vie qui ne cesse de décroître (sauf face au maître des lieux) compte tenu que le personnage a l’estomac vide. Heureusement, chaque ennemi vaincu ou objet détruit laisse derrière lui de quoi grignoter (un fruit, une part de pizza, du poulet, un sushi), mais bien évidemment, cette lutte permanente contre la barre de HP est on ne peut plus stressante. Machiavéliques, les développeurs ont positionné aussi les adversaires de manière à ce que l’on se retrouve submergé si l’on ne parvient pas à les éliminer avec méthode. Du die & retry pur jus qui nécessite une science du timing et une connaissance parfaite des armes.
HARDCORE ALCOR !
Ces dernières sont contenues dans des œufs et apparaissent de manière aléatoire tant qu’à faire. On débute l’aventure avec la hache qui, mine de rien, demande de bien jauger la distance pour ne pas la balancer dans le vide. Même si sa puissance est limitée, on préfère le boomerang qui offre une belle cadence de tir et, contrairement à la dent de dinosaure, une allonge assez confortable. Il y a aussi le feu et l’électricité : pas évidents à dompter, ils sont capables d’infliger de lourds dégâts. Mais ce n’est rien comparé à la roue de pierre, indéniablement l’arme la plus dévastatrice du jeu. Elle écrase tout sur son passage, et bien qu’elle montre quelques faiblesses face aux ptérodactyles, on est plus que serein quand on la récupère. À noter que les attaques peuvent être chargées, ce qui augmente à la fois la taille des projectiles et leur efficacité. En contrepartie, Joe et Mac ne peuvent exécuter leur super saut, une mécanique ô combien précieuse pour esquiver des coups bien vicieux. Pire : si l’on maintient la touche trop longtemps en attendant le moment le plus propice, le personnage s’épuise et s’expose donc aux attaques ennemies. Mises bout à bout, toutes ces finesses font de Joe & Mac un jeu de plates-formes où connaître les stages par cœur est la meilleure façon de s’en sortir. On ne filera aucun tuyau ici afin que tout le monde ait sa dose de galère, mais une fois que l’on a capté le truc pour chaque niveau, l’affaire est pliée assez rapidement.
Mises bout à bout, toutes ces finesses font de Joe & Mac un jeu de plates-formes où connaître les stages par cœur est la meilleure façon de s’en sortir.
À ce sujet, New Joe & Mac : Caveman Ninja reprend le contenu de son illustre prédécesseur – y compris les routes alternatives – quasiment à l’identique. Quasiment, car en plus du mode « Arcade » fidèle à la vision originale, Mr. Nutz Studio a ajouté un mode « Extend » qui rallonge les zones de quelques screens. Rien de bien fou à vrai dire : on a plutôt le sentiment que c’est un moyen pour les développeurs de justifier les 40€ que coûte le jeu. Même avec la présence de la coopération en local, ça reste light. De ce fait, on espère que les modes « Speedrun », « Boss Rush » et « Entraînement » seront proposés gratuitement histoire d’adoucir la note. Remake oblige, impossible de ne pas évoquer l’aspect visuel de New Joe & Mac : Caveman Ninja qui, à l’instar de Toki, risque de diviser l’opinion. Le coup de crayon de Philippe Dessoly fait toujours son effet mais on regrette que les animations ne soient pas un peu plus chiadées. Dans ce domaine, on est un ton en-dessous d’Astérix et Obélix : Baffez-les Tous ! qui nous avait littéralement séduits avec sa 2D cinq étoiles. Par contre, les décors sont soignés, et les expressions faciales – aussi bien celles des hommes des cavernes que celles des dinosaures – sont amusantes à regarder. Enfin, côté musique, précisons que Raphaël Gesqua (Flashback, Mr. Nutz, Toki, Astérix et Obélix : Baffez-les Tous !) ne s’est pas contenté de reprendre des morceaux (on pense notamment à Volcano Grasslands et Water River) mais en a également composé des nouveaux pour rafraîchir tout ça. Au total, ce sont 33 thèmes qui constituent l’OST de New Joe & Mac : Caveman Ninja.