Test NBA 2K21 : un épisode de transition décevant, en attendant la next gen' sur PC
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A peine sorti, NBA 2K21 a subi un flot de critiques nourris, autant par son manque de renouvellement général, que par plusieurs choix malheureux, que ce soit en termes de modélisation de stars mais, surtout, de son système de shoot, qui même patché depuis, risque d’en rebuter plus d’un et ne rend pas forcément le titre accessible à tous. Pour autant, le charme opère quand même, porté une qualité graphique toujours aussi incontestable, des bonnes idées aussi (2K Beach, My Team) et un roster d’équipes toujours aussi impressionnant, renforcé par les Team USA des JO 2012 et 2016, ainsi que des teams légendaires de champions, comme le Jazz de 2008-2009, les Warriors de 2016-2017, les Pacers 2004-2005 ou encore, clin d’oeil et hommage à Kobe Bryant oblige, les Lakers de 2009-2010. De quoi faire le taff, sans pour autant apporter de réelles nouveautés.
- Une qualité graphique toujours aussi indéniable
- Un réalisme basket incontestable
- Un mode My Team encore plus immersif
- Un Quartier plus coloré et plus vivant
- Des serveurs stables cette fois
- Une carrière moins “huge” que la précédente, avec du contenu en moins
- Un shoot qui divise, même après le patch correctif
- Un mode My GM toujours pas refondu
- Une interface très, très austère
- Des crashes assez réguliers
- Toujours plus porté vers les micro-transactions
Alors que la saison de NBA illumine encore nos nuits de septembre, NBA 2K21 pointe également le bout de son nez, dans sa traditionnelle mouture annuelle, avec pour but de maintenir le niveau d’excellence revendiqué et affirmé de la série depuis de nombreuses années, mais aussi d’aller chercher un nouveau public et de toujours contenter l’attente des puristes… le tout à quelques encablures désormais de l’arrivée des consoles nouvelle-génération et d’un opus dédié censé totalement step-up le basket version vidéoludique. Un pari multiple, que Visual Concepts n’a pas vraiment réussi. Explications.
Il n’y a pas que le ballon rond dans la vie et en attendant que FIFA ou PES ne reprennent leur sacro-sainte guéguerre annuelle, en supplément de la reprise des différents championnats nationaux partout dans le monde, le basket n’est pas en reste en ce moment. Evidemment, en raison du Covid-19, la saison de NBA se joue encore et, finalement, la sortie du tout nouveau NBA 2K épouse parfaitement un pan de l’exercice en cours, prolongeant ainsi le plaisir des fans manette en main. Surtout, un NBA 2K est toujours synonyme d’événement, encore plus cette saison, avec une mise en avant du meneur de jeu des Portland Trail Blazers Damian Liliard (Standard Edition) et l’hommage posthume rendu à Kobe Bryant, disparu fin janvier, dans une version éponyme baptisée Mamba Edition. Bref, on ne sera pas dans l’excès pas en affirmant que NBA 2K21 était attendu comme le lait sur le feu, et ce, dans tous les compartiments du jeu. En attendant la révolution annoncée il y a quelques mois avec la présentation du même opus, mais à la sauce next-gen cette fois, cette version current-gen se dévoile dans la même lignée que les précédentes et affiche donc une qualité graphique sans pareil. On n’est pas forcément devant un épisode plus beau que NBA 2K20 par exemple, même si une fois de plus, le résultat à l’écran est bluffant. Certains joueurs ont reçu un traitement tout particulier, renforçant le réalisme de l’ensemble, qui se traduit toujours par les mini-shows entre chaque quart-temps, une réalisation TV digne des retransmissions américaines, une présentation des joueurs fidèle à la réalité et à une sonorité des salles toujours calquée sur ce que l’on peut entendre aux quatre coins des différents parquets nord-américains. Mais d’autres stars n’ont pas été gâtés par les développeurs, suscitant l’interrogation de certains sur la Toile, comme Stephen Curry ou la star toujours plus montante des Dallas Mavericks LuKa Doncic. Un écueil, léger - ce n’est pas la première fois que NBA 2K rate des visages de joueurs - mais qui est loin d’être un détail à l’arrivée. On y reviendra.
UN SHOOT POUR LES DIVISER TOUS
Si graphiquement, l’ensemble est toujours d’une qualité sans faille, c’est manette en main que se juge un épisode de NBA 2K. Fidèle à une politique contestable ou non d’ailleurs, Visual Concepts a donc en partie modifié les deux phases de jeu les plus importantes du basket moderne, le shoot et le dribble. Dans le dernier cas, tout se joue au stick droit, avec des mouvements déclenchées selon la direction choisie et, aussi, selon les caractéristiques des joueurs, comme leurs mouvements signatures. Le rendu, une fois assimilé, est assez instinctif. Ce qui n’est pas du tout le cas du shoot, avec un système totalement revu. Alors que la barre de tir se situait jusqu’à présent sous les pieds des joueurs ou au moins au niveau de leurs mains, celle-ci s’affiche au-dessus de leur tête. Jusque-là, rien de bien handicapant. Le problème se situe dans la gestion de cette jauge, avec un trait au milieu de celle-ci, lui-même situé dans un petit carré dédié (vous suivez ?) Ce carré devient plus ou moins grand selon les caractéristiques de votre joueur, le tir tenté et la position sur le parquet. Autant de facteurs à prendre en compte et qui étaient déjà déterminants par le passé.
Le nouveau système de shoot ? Si le challenge est là, il n’aide pas forcément le titre à se rendre plus abordable pour les non-initiés au basket.
L’ennui, c’est que cette fois, le timing à avoir est plus fin, tellement fin, qu’il a échappé (et échappe encore) à de (trop) nombreux utilisateurs, qui n’ont pas hésité à se plaindre rapidement sur les réseaux sociaux. Outre des vidéos virales, c’est surtout le tweet de… Damian Liliard lui-même qui a jeté un certain froid, la star NBA, largement mise en avant dans le contenu vidéo du jeu (la NBA 2K TV), n’hésitant pas à critiquer le système de shoot et son incapacité à scorer des paniers pourtant ouverts. Si un patch correctif a été mis en place assez vite, il ne concerne que les difficultés censées être accessibles aux novices et c’est d’ailleurs le principal motif de ce correctif. S’il s’applique aussi à la Carrière, ce n’est pas le cas des modes de jeu du Quartier, un des poumons essentiels du gameplay de NBA 2K. Et, même avec le patch, il faudra vous armer de patience pour maîtriser ce nouveau système. Si le challenge est là - et NBA 2K a toujours été réputé pour offrir ce type de challenge - il n’aide pas forcément le titre à se rendre plus abordable pour les non-initiés au basket. Pas de tutoriel pour prendre la chose en main, que ce soit au bouton ou au stick droit, hormis un tweet d’entraide de la part de Mike Wang, le Gameplay Director de cet opus. Un peu léger non ? De plus, ce n’est pas vraiment sur ce point que l’on attendait du changement de la part de l’équipe de développement.
C’EST PAS LE QUARTIER QUI ME QUITTE, C'EST MOI QUI QUITTE LE QUARTIER
Revenons-en au Quartier. Ce dernier n’a fondamentalement pas changé dans sa structure. C’est dans sa forme qu’il a évolué. Dans un souci évident de mettre fin à la répétitivité du mode, Visual Concepts a changé d’univers, en poussant les murs de la ville : exit le centre, avec les magasins, le domicile de votre avatar, le centre d’entraînement et les autres interactions publiques, place à… la mer. Rebaptisée 2K Beach, le Quartier prend ses marques au bord d’une plage, avec une grande roue, des environnements plus colorés, des terrains extérieurs et des terrains couverts (type urban foot) et les fameux terrains promis au célèbre Pro AM et au REC. Mais les actions à y mener sont les mêmes. Les façons d’intégrer les boutiques et leur contenu demeurent plus que familiers, bref, outre le décor, peu ou presque pas de changements ont été apportés au Quartier. Ce n’est pas le cas de la Carrière, qui se veut toujours, comme la coutume l’exige désormais dans un 2K, être scénarisée. Elle l’est, autour d’un jeune espoir du basket, Junior, qui doit gérer l’ombre envahissante de son père, ancienne star locale et universitaire, alors qu’une carrière en NBA, auquel il n’était pas destiné de prime abord, s’ouvre à lui.
Malgré les critiques, NBA 2K21 perpétue donc la tradition et assume pleinement son essence de jeu pay-to-win, avec un système de création du joueur similaire trait pour trait à l’année passé.
Si le script de The Long Shadow - le nom du prélude - est bon, l’ensemble manque un peu de profondeur et d’immersion, à l’image de ce que NBA 2K20 proposait la saison passée. N’empêche, au-delà du casting toujours très hollywoodien (Djimon Hounson ou encore Jesse Williams), on apprécie ce plongeon dans les méandres du basket au lycée puis du basket universitaire, avec le choix de l’établissement de ses rêves, qui déterminera en partie l’avenir basket de votre avatar. On ne peut que déplorer en revanche l’absence du Combine et de la Summer League, ajoutés l’an passé et qui prolongeaient autant la durée de vie de ce prélude que son intérêt, et un passage assez sec entre l’université et la NBA, même si la Draft reste toujours un moment aussi savoureux. Mais la transition s’opère via un changement intelligent au moment de confier sa carrière entre des mains expertes: celui de privilégier la cellule familiale, très présente dans votre vie avant votre arrivée dans la cour des grands ou de faire confiance à une agence, censée vous permettre d’obtenir de plus gros contrats, mais un revenu fixe moins élevé. On pourra juste souligner en bémol que le résultat de la Draft, quelque soit votre parcours au niveau universitaire, est un peu biaisé dans le sens où vous aurez malgré tout l’embarras du choix, ce qui était déjà le cas sur l’opus précédent.
UNE CARRIÈRE UN PEU LÉGÈRE, UNE INTERFACE QUI L'EST AUSSI
Si on ne l’a pas encore fait dans ces lignes, on rappelle que NBA 2K repose sur sa propre économie ingame, les VC (Virtual Currency). Monnaie qui sert à tout dans le jeu et ce quelque soit le mode joué. Cela est encore plus impactant dans le mode Carrière - comme tous les ans finalement - avec une progression hors VC très faible, très lente et que le nouveau système de shoot, frustrant et propice à l’échec de certains objectifs, rend encore plus étalée dans le temps. Sauf si on passe à la caisse, ce que beaucoup dénoncent, une fois de plus… mais que beaucoup font aussi, une fois de plus, comme peut en témoigner le niveau de note général des uns et des autres croisés dans le Quartier. Malgré les critiques, NBA 2K21 perpétue donc la tradition et assume pleinement son essence de jeu pay-to-win, avec un système de création du joueur similaire trait pour trait à l’année passée, à ceci près que l’on peut créer un joueur plus grand. Suffisant pour redonner un coup de fouet à la Carrière ? En termes de build de joueur, il n’y avait pas grand-chose à retoucher et là-dessus, Visual Concepts marque forcément un bon point. On ne saurait en dire autant de l’interface générale et de la navigation dans le jeu, très austère, là où NBA 2K nous a habitué à des menus plus pêchus et plus dynamiques.
MY TEAM : LE VENT DE FRAÎCHEUR
A l’heure du bilan, on se retrouve devant un nouvel opus finalement dans la même veine que son prédécesseur… Pour les mêmes défauts. Si NBA 2K20 était indispensable - et ce sera aussi le cas de NBA 2K21 en définitive - il souffrait d’un manque d’inventivité générale, et ce, malgré une très bonne campagne solo. Là, la Carrière est moins “huge”, le mode My GM semble toujours aussi réduit à l’abandon - comprenez par là qu’il n’y a aucun changement majeur, ni sur le fond, ni sur la forme -, le système de shoot fait furieusement débat et la course aux VC est toujours aussi imposée pour briller vite, fort et bien. Fort heureusement, le mode My Team a subi quelques changements heureux, comme la fusion des cartes en double, l’apparition des cartes consommables (notamment les insignes) et, surtout, un système de progression par saisons (comme ce que propose déjà Ultimate Team dans FIFA), avec des objectifs et des récompenses à débloquer.
A l’arrivée, on se retrouve face à un épisode assez fainéant, qui joue clairement la carte de l’immobilisme, autant par choix peut-être, qu’à cause du contexte actuel, forcément impactant sur son développement.
Mais à l’arrivée, on se retrouve face à un épisode assez fainéant, qui joue clairement la carte de l’immobilisme, autant par choix peut-être, qu’à cause du contexte actuel, forcément impactant sur son développement. La pandémie peut expliquer certains choix, comme celui de ne pas avoir mis à jour les effectifs, de ne pas avoir touché aux notes des uns et des autres - on a conservé la notation de NBA 2K20 - mais on aurait pu aussi attendre dans ce cas la fin de la saison pour sortir ce nouvel épisode. On a peut-être joué aussi et surtout la carte de la sécurité côté Visual Concepts sur cette génération de consoles, histoire d’assurer une transition en douceur sur consoles next-gen. On reconnaît aisément qu’il n’était pas simple de développer deux versions différentes et avec des enjeux bien supérieurs, notamment, pour l’édition à venir dans quelques mois. Mais on n’aurait pas craché non plus sur un petit peu plus de dynamisme dans l’ensemble. Ensemble qui reste satisfaisant, avec des bases somme toutes solides. Mais qui ne fera pas l’unanimité cette fois.