Test également disponible sur : PC - Xbox One - PS4

Test Mortal Shell : aussi impitoyable que Dark Souls, ou simple feu de paille ?

Test Mortal Shell : aussi impitoyable que Dark Souls ?
La Note
note Mortal Shell 13 20
Pour son premier jeu, Cold Symmetry s’en sort avec les honneurs, même si plagier Dark Souls limite forcément les risques. La rigueur, la patience, l’apprentissage des patterns ; quasiment tout ce qui fait le sel du genre initié par From Software figure dans Mortal Shell. Cela dit, la mécanique d’endurcissement, la possibilité de passer d’un guerrier à l’autre, ou encore cette notion de familiarisation avec les items montrent que le studio a de la suite dans les idées, et est donc capable de proposer autre chose qu’un simple copier-coller. On est loin d’un coup de maître, c’est vrai, mais Mortal Shell mérite le détour pour peu que l’on soit accro à la souffrance et (parfois) à l'injustice.

Les plus
  • Se familiariser avec les items, une idée intéressante
  • La formule From Software bien appliquée dans l'ensemble
  • La mécanique d'endurcissement
  • Du challenge à revendre
Les moins
  • Graphiquement limité
  • La durée de vie gonflée artificiellement
  • Un scénario trop cryptique
  • Des soucis de hitbox


Le Test
On ignore si les adeptes finiront par faire une overdose, mais toujours est-il qu’avec Mortal Shell, les Souls-like se sont trouvé un nouveau représentant dont l’ambition est d’atteindre le même niveau d’exigence que celui des productions From Software. Mieux : pour se démarquer de la concurrence, les développeurs de Cold Symmetry ont intégré deux-trois mécaniques intéressantes dans la démo déployée en juillet, et que l’on avait hâte d’éprouver sur plusieurs heures de jeu. Un voyage qui a mis du temps à nous captiver, on ne va pas vous mentir, avant de montrer que ce jeune studio composé de vétérans maîtrisait vraiment les codes du genre.

Mortal Shell

Pourquoi a-t-on mis du temps à accrocher à Mortal Shell ? Tout simplement parce que son histoire est ultra cryptique. Contrairement à From Software qui donne suffisamment de miettes pour que l’on s’intéresse au lore, Cold Symmetry a fait le choix de nous laisser dans l’inconnu le plus total. On sait seulement que l’on doit récupérer trois glandes sacrées pour libérer le vieux prisonnier enchaîné dans la tour de Fallgrim. Cette volonté de n’offrir aucun repère au joueur se traduit par des items dont le descriptif ne se révèle qu’après une première utilisation. Dans un jeu où chaque objet doit être consommé avec justesse, gaspiller une cartouche revient à faire un pas vers la mort malgré nous. Cela dit, Mortal Shell nous tend parfois la main ; par exemple, on s’aperçoit que les champignons – qui régénèrent de la santé - poussent aux mêmes endroits. Raison de plus pour connaître les niveaux par cœur : au bord de la rupture, c’est rassurant de savoir où gratter des points de HP, le temps de pousse étant à prendre en compte. Les développeurs se montrent également magnanimes lorsque l’on se familiarise avec un item ; son efficacité est alors renforcée, comme si notre personnage en avait une meilleure connaissance. Subtil, à l’image de l’endurcissement qui fait clairement office de bouclier. D’une pression sur la gâchette gauche, notre avatar est capable de se transformer en pierre, et donc de neutraliser l’attaque adverse.


Cette volonté de n’offrir aucun repère au joueur se traduit par des items dont le descriptif ne se révèle qu’après une première utilisation. Dans un jeu où chaque objet doit être consommé avec justesse, gaspiller une cartouche revient à faire un pas vers la mort malgré nous.


Anecdotique au départ, cette mécanique devient rapidement vitale quand on est à bout de souffle, l’endurcissement étant dissocié de la jauge d’endurance. Deux limites toutefois : 1) le moindre coup reçu annule la transformation, 2) quelques secondes d’attente sont nécessaires avant d’être en mesure de se transformer à nouveau. Outre l’endurcissement, on peut aussi compter sur l’esquive et la roulade, sans oublier la parade qui repose quelquefois sur la providence. En effet, si le timing est souvent serré, si les ennemis s’amusent à frapper à contretemps pour mieux nous découper derrière, il nous est déjà arrivé de parer au pif et de faire mouche. A l’inverse, même en s’appliquant face à certaines créatures, on n’a jamais réussi à leur faire mal. En tout cas, le jeu en vaut la chandelle, puisque les dégâts infligés après un contre boosté par la Détermination ne sont pas négligeables, surtout lors des boss fights. Du coup, on soupçonne Cold Symmetry d’avoir volontairement blindé les niveaux de monstres, quitte à friser la boulimie. Dommage, car en plus de briser tout l’équilibre dont Mortal Shell aurait pu bénéficier - après avoir vaincu le maître du donjon, se farcir le chemin inverse avec des bêtes encore plus enragées, c'est n'importe quoi - ce surnombre permanent est susceptible de rebuter les néophytes. Et pour s’assurer que l’on prend cher, les développeurs ont positionné les ennemis de manière vicieuse. Un recoin obscur, un tronc d’arbre, un rocher, ou encore une corniche, tous les moyens sont bons pour recevoir un coup en traître. Après, étant donné que les trois donjons ont tendance à être linéaires – la faute à un level design redondant – on retient assez vite la leçon.

Mortal Shell

 

"T'ES UNE SOEUR !"


Soyez rassurés, on ne fait pas que défendre dans Mortal Shell, la preuve avec les armes que l’on peut non seulement améliorer, mais qui disposent aussi de capacités spéciales afin d’infliger un maximum de dégâts. Attention à la gourmandise toutefois, toute faute d’inattention se payant cash, qu’il s’agisse d’un golgoth ou d’un mob lambda. Même lorsque l’on a le sentiment de pouvoir enchaîner, mieux vaut reprendre ses distances une fois que l’ennemi a amorcé son attaque, sauf si l’endurcissement est disponible et que le coup à venir n’est pas imparable. L’une des particularités du jeu, c’est que notre avatar n'est pas un héros à proprement parler. Ici, on est aux commandes d’une entité à l’apparence humaine pouvant se glisser dans la peau de quatre protagonistes différents : Eredrim, Salomon, Harros et Tiel. Naturellement, chacun d’eux dispose de ses propres caractéristiques, ce qui permet de compenser l’absence de classe. Alors que Harros présente un profil équilibré, Salomon possède une jauge vitale solide et une Détermination à toute épreuve. Quant à Eredrim, sa capacité à encaisser des attaques puissantes rassure face aux boss et contrebalance avec sa faible endurance. Enfin, inépuisable, Tiel, est nul doute celui qui correspond le mieux à ceux qui adorent multiplier les esquives et les combos. A noter que ces quatre coquilles vides ne sont pas accessibles d’emblée : il faut d’abord les trouver pour leur insuffler de la vie. Ce n’est qu’après qu’il est possible de passer d’un personnage à l’autre, à condition néanmoins d’avoir assez d’idoles en stock. De la même manière que Nioh 2 qui ne fait pas des capacités Yôkai une nécessité absolue, à aucun moment Cold Symmetry n’exige d’avoir recours à un guerrier en particulier dans une situation précise. Par contre, on galérera nettement moins avec le combattant adéquat, précisons-le.

 

Mortal Shell

Quoi qu’il en soit, Mortal Shell offre une chance de se refaire quand notre jauge de HP est vide. Plus concrètement, l’entité se retrouve expulsée du corps de son hôte, vulnérable à la moindre attaque. L’enveloppe, inerte, demeure visible à l’écran : si l’on parvient à l’atteindre, on reprendra le contrôle du personnage avec l’intégralité des points de HP. Ce système n’est pas sans rappeler Sekiro : Shadows Die Twice où Loup pouvait ressusciter et poursuivre ainsi l’aventure. Par ailleurs, il faut savoir qu’en s’adressant à la sœur Genessa (l’équivalent des feux de camp), il y a moyen de débloquer des compétences en échange de goudron et de lueurs. Et puisque Dark Souls s’est fait décalquer de A à Z, mieux vaut ne pas mourir avec les poches pleines de goudron ; on risquerait de tout perdre, sauf si l’on revient à l’endroit exact du game over. Dans ce cas, et uniquement si l’on ne se fait pas embrocher une seconde fois sur le chemin, on pourra récupérer la totalité de la matière noire. Evidemment, on ne peut pas boucler ce test de Mortal Shell sans évoquer le niveau graphique du jeu. Là, c’est net : il y a un monde d’écart entre le savoir-faire de From Software et l’imitation de Cold Symmetry. Il suffit d’observer les textures fades et le design des créatures peu inspiré pour comprendre que le studio a tout misé sur le gameplay. Le caractère sombre de la direction artistique, bien que plaisante, a du mal à cacher la misère. En fait, seul un ou deux boss trouvent grâce à nos yeux. Oui, ça ne fait pas beaucoup.


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