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Metroid Prime 3 : Corruption achève la trilogie avec brio, même si, finalement, le tandem Wiimote-Nunchuck s'avère être la seule réelle nouveauté de cet épisode. Concernant la réalisation, le jeu profite naturellement des capacités de la Wii, mais ressemble grandement aux deux chapitres précédents, ce qui pourrait en frustrer plus d'un à qui des effets de particules ne suffisent pas à claquer les yeux. Si sur la forme on restera donc sur sa faim, c'est dans le fond que Metroid Prime 3 : Corruption exprime tout son talent. Avec des niveaux plus vastes qu'auparavant, une ambiance plus profonde et une bande originale immersive, le titre de Retro Studios atteint une toute nouvelle dimension indescriptible. Comme souvent dans pareil cas, aligner les lignes est inutile. Metroid Prime 3 : Corruption est une expérience à vivre impérativement si l'on possède une Wii.
- Un gameplay ultra-précis
- B.O. captivante
- Des boss qui imposent
- Des bonus à foison
- Une réalisation de haut niveau...
- ...mais proche des volets GameCube
- Pas de multi
- Les temps de chargement
A l'heure d'évoquer l'ultime épisode de la saga Metroid Prime, on ne peut s'empêcher de penser aux deux premiers volets qui ont cassé pas mal de mâchoires sur GameCube. Amorcé par Metroid Prime, puis perpétué par Metroid Prime 2 : Echoes, le retour de la franchise Metroid sur nos écrans se termine donc par un Metroid Prime 3 : Corruption pas nécessairement spectaculaire, mais qui démontre encore une fois la maîtrise de Retro Studios et Nintendo du First Person Adventure, genre dont ils sont d'ailleurs à l'origine. Avec un gameplay féroce qui exploite intelligemment la Wiimote et le Nunchuck sans pour autant renier ses origines, Corruption porte déjà la marque des grands.
Le scénario de Metroid Prime 3 : Corruption s'inscrit logiquement dans la continuité des deux épisodes précédents. Sans vous en révéler les ramifications, il est quasiment indispensable d'avoir balayé Metroid Prime et Metroid Prime 2 : Echoes pour en saisir toutes les subtilités et la quintessence. Un constat subjectif, on vous l'accorde, mais il serait criminel de considérer la dynastie Metroid Prime que sur un seul épisode. Retro Studios a doté son jeu d'une profondeur scénaristique que l'on savoure sans retenue. Le storyline se déroule six mois après les événements survenus dans Metroid Prime 2 : Echoes, avec un mystérieux virus qui infecte le réseau informatique de l'unité Aurora 242. Persuadée que l'attaque virale est un énième coup tordu des Pirates de l'Espace, la Fédération Galactique décide de faire appel aux chasseurs de primes les plus réputés de la galaxie, dont Samus Aran. Durant le briefing sur cette situation jugée comme alarmante, les Pirates de l'Espace font irruption avec, en special guest, une Dark Samus plus sombre que jamais. Laissée pour morte dans le second opus, l'alter égo maléfique de notre héroïne compte bien prendre sa revanche, en commençant par contaminer toute la troupe avec le phazon beam. Désormais infectés par le virus, les chasseurs de primes vont devoir partir à la poursuite de Dark Samus et ses sbires, afin de les empêcher de répandre la bactérie sur les autres planètes. Une lutte que Samus Aran va devoir mener au péril de sa vie, excellent prétexte pour blinder l'aventure de combats épiques contre des boss charismatiques. On retrouve alors la même formule qui avait été employée pour Resident Evil 4, avec du rythme tout au long des vingt heures de jeu que nécessite Metroid Prime 3 : Corruption pour clore la trilogie.
Erreur 404
L'aspect visuel de Metroid Prime 3 : Corruption est le point sur lequel les avis risquent de diverger le plus. Depuis son passage sur Wii, il est indéniable que le jeu a gagné en maturité, en finesse, en couleur et en efficacité. Si certains souligneront volontiers l'immensité des niveaux, on préférera féliciter Retro Studios de les avoir rendus encore plus complexes que les deux premiers volets. C'est simple : les allers-retours pour récupérer un item, résoudre une énigme, ou atteindre un passage jusqu'alors inaccessible n'auront jamais été aussi nombreux. Toutefois, Retro Studios a intégré des shortcuts - ou raccourcis - pour éviter de se coltiner la totalité des couloirs d'un stage que l'on revisite, ainsi que des points d'atterrissage pour poser son vaisseau. On pourra ainsi passer d'une planète à une autre en prenant le contrôle de la machine - une première - dans des séquences où le champ d'action est néanmoins limité. Avant de tirer sa révérence, la saga Metroid souhaite montrer une dernière fois ce que pouvait apporter le First Person Adventure au jeu vidéo, un subtil mélange entre shoot et réflexion, le genre de drogue dure qui vous scotche pendant des heures devant votre écran. Le titre a du caractère, présente un level design qui lui est propre, et le rend tout bonnement unique. Ce n'est pas de la haute-définition, certes, mais certains levels marquent les esprits. On pense notamment à Elysia qui abrite Skytown, une ville céleste à l'architecture complexe, ou bien Bryyo et sa capacité à manier la glace et le feu comme personne. Toutefois, il n'est pas complètement faux de dire que Metroid Prime 3 : Corruption laisse une impression de déjà vu une fois les dix premières heures de jeu bien entamées. Concrètement, il ne propose rien de bien nouveau; mais comment impressionner la foule avec une machine qui, en terme de puissance pure, n'arrive pas à la hauteur d'une PlayStation 3 ou d'une Xbox 360 ? Comment épater la rétine alors que les deux premiers numéros étaient déjà bien fichus, et que la Wii n'a pas créé un fossé technologique avec la GameCube ? En jouant sur des effets plus clinquants, une animation plus fluide, des monstres plus nombreux, une interface plus complète ? Des détails alors que l'on désirait du lourd, oui, on peut être légèrement frustré. Mais on refusera de parler de cache-misère... Les cut-scenes sont bien là, et renforcent la force immersive de Metroid Prime 3 : Corruption. Enfin, le character design met en exergue des golgoths légendaires qui font claquer des fesses, mais affiche par moments des polygones qui manquent singulièrement de rondeurs.
Bien plus que la qualité de sa réalisation, c'est surtout le gameplay de Metroid Prime 3 : Corruption qui intriguait le peuple. Dès l'échec que fut Red Steel quant à l'exploitation de la doublette Wiimote-Nunchuck, tous les regards se tournaient déjà vers Retro Studios et son bébé, comme si l'on pensait qu'ils seraient finalement les seuls capables d'importer un clavier et une souris sur Wii. Impression confirmée aujourd'hui, car le titre s'avère être une véritable jouissance en la matière. C'est vrai, la prise en main est plutôt délicate dès les premières minutes de jeu, mais le positionnement des boutons facilite considérablement l'acclimatation. A pour tirer - avec la traditionnelle attaque chargée -, B pour sauter, C pour accéder au mode morph ball, 1 pour afficher la map en 3D, tout est à portée de pouce et d'index. Dès lors, on peut se concentrer sur le lock des ennemis qui a subi un léger lifting pour gagner en précision. En pressant Z, on peut cibler son adversaire, et même strafer pour faire comme les grands. Mais après avoir targeté son ennemi, on doit ensuite ajuster son tir avec la Wiimote. Un lock à double-niveau, une cible dans la cible qui rend les affrontements plus délicats que par le passé. Ici, le joueur ne doit plus se contenter de jumper autour de son adversaire après l'avoir locké, il doit également gérer adroitement la précision de ses tirs. Le gameplay de Metroid Prime 3 : Corruption semble du coup nettement moins assisté qu'à l'accoutumée, et beaucoup plus technique. A coté de ça, Samus peut accéder à une panoplie de mouvements, aussi bien avec la Wiimote que le Nunchuck, comme déclencher avec ses bras divers interrupteurs pour progresser dans les niveaux. On pourra aussi évoquer les fameux cours de soudure pour les bricoleurs du dimanche, ou bien encore le grappin qui démontre que le studio a voulu équilibrer l'utilisation de la télécommande et de la poire. En reproduisant le geste qui va avec via le Nunchuck, on peut agripper et ramener vers soi des monstres, et même les démunir de leur bouclier en cas de rébellion. On pourra également swinger au-dessus de précipices, ou bien encore absorber toutes sortes de fluides.
Seule contre tous
Le jeu impose une atmosphère qui ne laissera pas insensible le coeur des plus pierreux. Chaque découverte d'une nouvelle planète offre sa dose de stress, le joueur s'interrogeant sur la nature des monstres qui habitent les lieux. Les points de sauvegarde ne sont pas légion, mais le niveau de difficulté a été atténué avec la présence systématique d'un check point juste devant la tanière du boss. Au risque de passer pour des masos, on aurait tout de même préféré que les développeurs nous épargnent cette gentillesse afin de goûter de nouveau à cette difficulté insurmontable qui caractérisait tant les épisodes 2D. Non pas que les opus Prime soient faciles à dompter, mais la 3D a sans conteste altéré leur intransigeance. Cela dit, les boss demeurent redoutables, et la découverte de leur point faible prendra parfois de longues minutes, avant de pouvoir appliquer éventuellement sa théorie. La quête de nouveaux items est à ce prix, sans compter les nombreuses heures de recherche à ingurgiter pour dénicher tel ou tel upgrade. L'arsenal de Samus est évolutif, au même titre que son armure qui lui offrira une meilleure résistance aux attaques ennemies. En parlant de skills, l'hyper mode est une faculté qui a été ajoutée dans Metroid Prime 3 : Corruption, et qui résulte de la contamination de Samus par le phazon. Plus concrètement, notre héroïne peut augmenter ponctuellement sa force de frappe, en maintenant +. Le virus se répand alors dans ses veines, et lui permet de briser des carcasses en un seul coup. Ce pouvoir possède néanmoins des limites, puisqu'il grignote en même temps la barre d'énergie du personnage. Une substance illicite à utiliser avec précaution donc, en ultime recours la plupart du temps.