*Test* Mega Man 11 : un épisode entre tradition et modernité
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Un an après son trentième anniversaire, Megaman connaît enfin une véritable suite. Capcom est même parvenu à trouver un bon équilibre entre tradition et modernité : on trouve d’un côté la maniabilité épurée des jeux 8-bit et un niveau de challenge suffisamment relevé pour les vieux de la vieille ; le jeu propose en parallèle de nouvelles mécaniques pour aider les joueurs moins expérimentés à entrer dans le bain plus facilement ou permettre aux connaisseurs de vivre une expérience un peu différente. On peut tout de même s’interroger sur les choix de délaisser les graphismes pixélisés, quelque peu surexploités ces derniers temps, pour des graphismes plus lisses mais pas aussi spectaculaires que l’on aurait aimé étant donné la hauteur de l’évènement. Néanmoins, cela n’empêche pas Megaman 11 d’être un jeu très plaisant pour peu que l’on ne craigne les Game Over à la chaîne.
- Une difficulté modulable
- Du challenge pour ceux qui en veulent
- Des graphismes colorés
- Des niveaux variés
- La maniabilité à l’ancienne ne plaira pas à tous
- L’aspect visuel manque un peu de folie
Après avoir longtemps fait les beaux jours de Capcom, Megaman a peu à peu disparu de l’actualité, ce qui n’a pas manqué d’attrister un grand nombre de ses fans. Mais le petit robot bleu n’avait pas dit son dernier mot : après des épisodes 9 et 10 (sortis en 2008 et 2010 tout de même) qui reprenaient les graphismes des tous premiers volets parus sur NES, il revient dans un Megaman 11 réalisé en haute définition. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard, puisque le personnage fêtait en 2017 ses trente ans d’existence. Mais, si elle se montre un peu plus moderne, au niveau de l’aspect visuel notamment, cette nouvelle aventure n’oublie pas ses racines old school, ce qui ne devrait pas déplaire aux amateurs de défis relevés.
Banni de l’ordre des scientifiques, Dr Wily tient enfin sa revanche. Les recherches qui lui avaient valu l’opprobre devant ses confrères vont lui permettre de prendre le contrôle de huit puissants robots censés travailler au service de l’humanité. Son but : les retourner contre ceux qui l’ont humilié alors qu’il n’était qu’un jeune chercheur. Tel est le point de départ de ce onzième épisode de Megaman qui s’appuie sur une formule classée depuis longtemps au patrimoine historique de l’humanité : ces huit robots convertis en machine à tuer doivent être éliminées dans l’ordre que souhaite le joueur. Mais déterminé de manière opportune, l’ordre choisi peut grandement faciliter les choses, puisque l’arme obtenu en battant l’un de ces boss peut s’avérer particulièrement efficace face à l’un de ses confrère. Enfin, cela, tout le monde le sait déjà, sachant que, avant d’arriver à ce duel de fin de niveau, il faut en passer par un parcours qui n’est pas vraiment de tout repos. Mais, là encore, les connaisseurs savent à quoi s’attendre : derrière sa petite bouille et ses grands yeux ronds, chaque ennemi se montre toujours plus vicieux, n’hésitant pas à attaquer lorsque l’on s’y attend le moins. Les niveaux eux-mêmes ne sont en reste et débordent de pièges tout aussi sournois, entre les sols glissant, le mur de flamme qui poursuit le héros, ou encore les surfaces rebondissantes, chaque zone se présente comme un véritable test de patience et d’habileté ; et inutile de s’attarder sur les habituels précipices et piques acérés à l’origine de si nombreux drames depuis les années 1980.
DES BLEUS POUR LES BLEUS
Il faut, en outre, garder en mémoire qu’il s’agit d’un Megaman à l’ancienne : c'est-à-dire, pas de rebond sur les murs ou de dash à proprement parlé, même si la glissade peut occasionnellement en faire office. Les nouveaux-venus risquent donc de passer de premières heures difficiles et d’enchaîner les Game Over. Heureusement, l’équipe de Capcom a su faire preuve de générosité en proposant plusieurs niveaux de difficulté. Si le mode Débutant s’adresse vraiment aux joueurs les plus occasionnels, le mode Facile met déjà à l’épreuve les joueurs moyens en laissant tout de même une plus grande marge d’erreur grâce aux cinq vies octroyées, contre trois pour le mode Normal. Outre le niveau de difficulté réglable, Megaman 11 inclut également de nouvelles mécaniques qui devraient aider le joueur à se sortir de situations particulièrement périlleuses. En effet, il est possible de déclencher à tout moment l’un des deux pouvoirs que sont le Speed Gear et le Power Gear. Le premier permet de ralentir l’action tandis que le second double la puissance de tir. Dans les instants les plus critiques, lorsque l’énergie du personnage tombe sous un certain seuil, on peut même faire appel au Double Gear qui cumule ces deux effets. Il faut cependant garder en mémoire que l’utilisation de ces deux aptitudes est limitée, et leur activation prolongée entraîne une surchauffe, ce qui les rend indisponibles pour quelques instants. C’est pourquoi, même s’ils sont très pratiques, les Speed Gear et Power Gear ne transforment tout de même pas le jeu en une promenade de santé ; voilà qui devrait rassurer les joueurs expérimentés. Il est également possible d’acquérir des objets d’aide ainsi que diverses compétences au laboratoire du Dr Light. On trouve, par exemple une puce qui accélère le rechargement des Gear, des réserves de santé ou d’énergie pour les armes secondaires ou encore un bonus qui permet d’éviter une chute mortelle. Alors, même si le jeu peut se montrer décourageant, il peut éventuellement suffire de bien s’équiper pour franchir l’obstacle qui pose tant de problèmes.
LA RECETTE DU SUCCÈS
Ce onzième Megaman classique ne se contente pas d’enrichir le système de jeu, puisqu’il délaisse la 2D pixélisés encore de mise dans les épisodes 9 et 10 pour des graphismes faits de polygones. Le résultat, tout en rondeur et en couleurs, ne manquent pas forcément de charme, d’autant que l’ensemble est très propre, grâce à une texture façon cartoon qui rend le tout très lisse et à l’animation d’une fluidité irréprochable. Mais on peut quand même regretter que le jeu n’affiche pas plus de détails et d’animations dans les décors, d’où un rendu assez fade la plupart du temps. Et pour le trentième anniversaire de la saga, on aurait aimé un véritable feu d’artifice de ce côté-là. Heureusement, les niveaux compensent cette faiblesse par une longueur plus qu’honorable et par leur variété. D’autant qu’ils s’appuient chacun sur une idée de jouabilité différente, ce qui permet de renouveler les sensations. Si cela ne suffit pas, un mode Défi permet de les rejouer dans de nouvelles conditions : en incitant le joueur à limiter le nombre de sauts ou de tirs ou en imposant un chronomètre. Il est ensuite possible de partager ses scores en ligne dans les classements afin de briller face au monde entier ou plus simplement de trouver une source de motivation pour se dépasser. Au final, si l’on peut faire la fine bouche face à quelques faiblesses, cela découlerait plus de la comparaison avec les nombreux clones engendrés par la scène indé, qui ont parfois repris la formule avec beaucoup de talent. En revanche, dans l’absolu, Megaman 11 demeure un jeu d’action / plateforme très solide.