Test Little Nightmares 2 : une suite solide et une aventure plus cauchemardesque sur PS4
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Tout comme son prédécesseur, Little Nightmares 2 joue habilement sur les peurs d'enfance pour distiller une atmosphère particulièrement malsaine et inquiétante. De ce point vue la réussite est totale. La sublime direction artistique est épaulée par une bande-son finement ciselée, le tout garantissant quelques délicieux frissons aux joueurs. Si le gameplay profite de l'arrivée d'un compagnon contrôlé par l'IA, la maniabilité reste hélas perfectible, tandis que l'influence de Inside continue de se faire beaucoup trop sentir, malgré la présence d'environnements plus variés qu'auparavant. Pas de quoi bouder notre plaisir toutefois : à la fois charmante et angoissante, cette petite aventure propose plusieurs séquences marquantes dignes d'un véritable cauchemar.
- Direction artistique sans faille
- Bande-son discrète mais efficace
- Plus vaste que le premier volet
- Six en compagnon de route efficace
- Maniabilité perfectible
- Encore un peu court
- Rappelle beaucoup trop Inside, une fois de plus...
C'est en 2017 que les indépendants de Tarsier Studios ont réellement commencé à faire parler d'eux, à l'occasion de la sortie de Little Nightmares. Quatre ans et deux millions d'exemplaires vendus plus tard, les développeurs suédois reviennent à la charge avec un second volet toujours édité par Bandai Namco. On ne change pas une équipe qui gagne ! Nous allons voir que cette nouvelle aventure se situe effectivement dans la droite lignée de la précédente, même si quelques nouveautés répondent heureusement à l'appel.
Le héros de ce deuxième volet se prénomme Mono, mais ne comptez pas sur le jeu pour vous informer de ce détail puisque nous avons affaire une nouvelle fois à une aventure dépourvue de textes et de dialogues. Ce qui pourrait être considéré comme un défaut ailleurs constitue plutôt une force ici, car ce minimalisme sert incontestablement l'ambiance, angoissante et sombre. La direction artistique s'exprime à travers une image granuleuse, une palette de couleurs limitée et des éclairages rares, histoire de ne jamais laisser un instant d'espoir au joueur. La bande-son fait écho à ces judicieux choix esthétiques, puisqu'elle mêle bruitages inquiétants, grognements gutturaux et thèmes musicaux simples mais entêtants. Autant le dire d'emblée, tout ce qui concerne l'atmosphère relève de la franche réussite.
Glauque à souhait, l'univers oppose des enfants littéralement hauts comme trois pommes à des adultes géants et monstrueux, qui ne manqueront pas de les dévorer à la moindre occasion. Si l'on retrouve là l'une des caractéristiques du premier épisode, les développeurs ont tout de même tenu à élargir le spectre du second en matière d'environnements. Alors que l'aventure initiale se déroulait dans un lieu unique (un gigantesque bateau), nous avons aujourd'hui droit à cinq décors différents, qui correspondent à autant de chapitres. Le premier nous place dans une forêt inquiétante débordant de pièges et finit par nous faire rencontrer un terrifiant chasseur, dont l'allure évoque plutôt celle d'un tueur en série. Le second segment du jeu se déroule dans une école, et l'antagoniste principal prend alors la forme d'une maîtresse d'école aussi sévère que terrifiante. Vient ensuite l'heure de visiter un hôpital, manifestement psychiatrique, où l'on doit jouer à cache-cache avec un homme en camisole de force. Le quatrième chapitre nous oppose à des habitants d'immeubles obnubilés par leur télévision ainsi qu'à un mystérieux homme dégingandé. Quant au grand final, nous ne vous en dirons strictement rien afin ne pas gâcher la surprise. Sachez seulement qu'il s'avère relativement inattendu et extrêmement plaisant (tout en restant sinistre à souhait, bien entendu).
DOUBLE SIX
On voit donc beaucoup plus de pays que dans le premier volet, le passage d'un lieu à un autre étant d'ailleurs généralement l'occasion de quelques petites énigmes ou séquences de plateformes se déroulant en extérieur, sous une magnifique pluie battante. C'est évidemment une qualité, mais ce n'est pas là la seule nouveauté intéressante. La majeure partie du temps, le Mono que l'on contrôle fait équipe avec Six, l’héroïne au ciré jaune de l'aventure originale. Cette dernière est autonome, mais ses mouvements et actions ne posent jamais aucun problème. En effet, les scripts d'IA font toujours leur travail correctement. La petite fille se planque toujours quand il le faut, nous aide automatiquement à actionner certains mécanismes, se place d'elle-même aux endroits où elle peut nous faire la courte échelle, et ne trahit jamais notre présence auprès des adultes monstrueux. Cette perfection ne la rend pas pour autant trop artificielle, les développeurs ayant pensé à quelques détails destinés à l'humaniser. Ainsi, Mono peut lui prendre la main à tout moment pour faire un bout de chemin côte à côte, tandis qu'elle n'hésitera pas à se protéger les yeux si on dirige notre lampe-torche dans sa direction. Cet outil lumineux, qui sert essentiellement dans l'hôpital, fait également partie des petites nouveautés de gameplay, tout comme la télécommande, qui est elle dévolue au quatrième chapitre et permet d'activer des téléviseurs.
Si le cœur du gameplay se répartit entre plateformes, parties de cache-cache avec les gigantesques adultes, et petites énigmes (avec une prédilection pour ces dernières), les développeurs ont tout de même choisi d'intégrer quelques moments un peu plus orientés vers l'action. Deux ou trois courses-poursuites figurent donc au menu, ainsi que quelques combats où notre jeune héros doit trouver le bon timing pour abattre un marteau sur ses ennemis. Voilà qui vient diversifier un peu l'action, mais attendez-vous à vous y reprendre à plusieurs reprises à chaque fois car les contrôles manquent de précision. Ce défaut hérité du premier épisode va de pair avec une certaine difficulté à juger des effets de profondeur, ce qui vous amènera sûrement plus d'une fois à tomber malencontreusement dans le vide ou à vous faire attraper par un ennemi. Ce n'est pas là le seul défaut du jeu qui, s'il a le mérite de proposer une durée de vie deux fois plus élevée que le premier volet, laisse tout de même un goût de trop peu puisque cela nous amène à avoir le fin mot de l'histoire après seulement six heures. Pour rentabiliser au maximum l'aventure, il reste possible de dénicher deux types de "collectionnables" dans les décors : des chapeaux que Mono peut porter à tout moment, et des silhouettes fantomatiques d'enfants. Enfin, l’œuvre des suédois de Tarsier Studios souffre une nouvelle fois d'une trop grande proximité avec Inside (qui est lui développé par les danois de Playdead), que ce soit en termes d'univers, de direction artistique, d'ambiance ou de gameplay. Le début du jeu qui place Mono dans une forêt en est d'ailleurs la preuve irréfutable. Cependant, Little Nightmare II a réellement progressé depuis le premier épisode et nous a largement plus convaincus que son prédécesseur. Les joueurs qui avaient déjà été enthousiasmés en 2017 peuvent donc aborder la nouvelle aventure en toute sérénité !