Test également disponible sur : X360 - PS3

Test La Mémoire dans la Peau

La Note
note La Mémoire dans la Peau 16 20

Si développer l’adaptation vidéoludique d’une production hollywoodienne, qui a marqué les esprits sur grand écran, relève du miracle, alors La Mémoire dans la Peau en est un. Au lieu de se reposer bêtement sur la renommée d’une licence juteuse, en espérant que la magie des dollars fasse le reste, High Moon Studios s’est montré suffisamment intelligent pour reprendre les principaux signes distinctifs de la franchise, tout en y ajoutant ses propres ingrédients qui, au final, accouchent d’une réécriture du scénario tout simplement excellente. La Mémoire dans la Peau est un jeu d’action au sens strict du terme, où la fuite est aussi précieuse que l’affrontement, et où les Quick Time Events mettent les nerfs à rude épreuve. Entre ces deux murs se trouvent Paris et sa Mini Cooper qui peinent à se faire respecter, sans doute parce que l’essentiel se trouve ailleurs ; dans les combats à mains nues chorégraphiés à l’extrême plus précisément, au point de donner l’impression d’assister à de formidables katas. La prise de plaisir est instantanée, c’est clair. Le cadre n’est pas pour autant idyllique, avec une gestion de la caméra foireuse, une réalisation qui flanche par moments, et un replay value proche du néant. Récupérer des passeports ou affronter de nouveau les boss dans un mode taillé pour, on a connu mieux en termes de bonus. En tout cas, La Mémoire dans la Peau s’avère être une valeur sûre, alors que l’on ne l’attendait pas forcément.


Les plus
  • Fidèle au film
  • Les combats à mains nues
  • De l'action non-stop
  • Prise en main immédiate
  • Les Quick Time Events
  • La B.O.
  • Une réalisation propre...
Les moins
  • ...mais par moments inégale
  • Les gunfights mal calibrés
  • Durée de vie un peu courte
  • Bonus anecdotiques
  • La caméra parfois capricieuse


Le Test

Nombreux sont les films à passer de la peloche 35 mm au DVD de la console de salon, mais rares sont ceux qui parviennent à survivre à cette torture binaire imposée par les développeurs, aussi talentueux soient-ils. Le contraire est plus digeste, c'est vrai, mais certaines horreurs telles que Resident Evil ramènent immédiatement à une réalité inéluctable : chacun à sa place. Dans un tel contexte, La Mémoire dans la Peau, l'adaptation vidéoludique du film éponyme, apparaît clairement comme une exécution de Sierra Entertainment sur la place publique, avec High Moon Studios dans le rôle du bourreau, puisque chargé du développement du jeu. Mais après quelques heures passées en compagnie de Jason Bourne, cet agent américain amnésique que l'on ne présente plus, le constat est on ne peut plus limpide : La Mémoire dans la Peau est un sacré jeu d'action.


Difficile de feindre la surprise avec le scénario de La Mémoire dans la Peau qui explose les frontières. La trilogie qui s'inspire des romans de Robert Ludlum a cramé tous les écrans de cinéma de la planète, ce qui réduit considérablement l’effet de surprise dans un jeu qui reprend naturellement les grandes lignes scénaristiques du premier épisode. La quête débute en pleine mer marseillaise, lorsqu'un chalutier ramasse Jason Bourne dont le corps baignait dans la gueule des courants marins, à défaut de celle d'un requin. Une fois à bord de l'embarcation, l'ex-agent du gouvernement américain tente désespérément de réunir quelques bribes de souvenirs pour recouvrer la mémoire, et ainsi mettre un nom sur son visage. High Moon Studios n'a pas tenté de suivre bêtement l'histoire du film, mais a réellement apporté une touche personnelle à La Mémoire dans la Peau, en incrustant entre les scènes tirées de la pellicule des missions sous forme de flashbacks, qui représentent le passé de Jason Bourne. Ainsi, avant d'assister au renoncement du mercenaire de Treadstone à exécuter le dictateur africain d'une balle en pleine tête, alors que les enfants du monsieur se trouvent à bord de son yacht de luxe, le joueur aura le privilège de découvrir l'une des toutes premières opérations secrètes confiées par la CIA à son assassin. On joue le jeu volontiers, d'autant plus que les développeurs ont conservé une certaine cohérence durant toute la partie, ce qui facilite grandement l'immersion. Mais ce qui est encore plus grisant dans La Mémoire dans la Peau, c'est la façon dont est dépeinte la psychologie du personnage principal. Les développeurs de High Moon Studios n'ont pas vraiment cherché à creuser l'âme du Bourne originel incarné par Matt Damon, soyons honnêtes. On pourrait même dire qu'ils se sont contentés de gratter en surface pour minimiser la prise de risque, et rester dans l'efficace. Mais le rythme infernal auquel le joueur est soumis tout au long de la partie suffit à faire comprendre que le temps n'est pas un luxe que l'on peut se payer dans La Mémoire dans la Peau. Un choix qu'assume parfaitement le jeu d'ailleurs, en imposant des quick time events nucléaires où la moindre hésitation se paie cash.

 

Rattrapé par son passé

 

La Mémoire dans la Peau est un jeu qui ne se savoure pas en "Stagiaire", ni même en "Agent", mais en "Assassin" pour profiter pleinement de toutes les subtilités qu'offre le jeu lorsque l'I.A. se rebelle à chaque coin de couloir, même si le plus vicieux des joueurs aura tôt fait de trouver les failles qui fissurent le système de combat du jeu. C'est une faiblesse, et une force à la fois. Une faiblesse car cette faute technique contribue à l'aspect répétitif des combat. Une force parce que la gruge représente toujours un échappatoire de luxe, au moment d’affronter des ennemis qui prennent des allures d’invincible au bout de deux droites. La Mémoire dans la Peau se la joue un peu Ninja Gaiden, en intégrant des notions – hitstun et blockstun – propres aux jeux de baston. Elles sont mal appliquées, c’est vrai, et c’est sans doute cela aussi qui rend le jeu par moments insurmontable, du moins en "Assassin". Lorsqu'on réussit à prendre le dessus sur son adversaire en hitstun, on ne dispose plus de ce laps de temps qui permet d'habitude de placer des combos dévastateurs. Plus concrètement, quand le joueur parvient à toucher son adversaire, ce dernier se remet immédiatement en garde au lieu de subir une série d'attaques venant récompenser la prise de risque. Du coup, les combats deviennent plus stratégiques, moins instinctifs, et perdent en fluidité. Paradoxalement, le blockstun s'en tire beaucoup mieux dans La Mémoire dans la Peau, avec des coups chargés qui étourdissent efficacement l'adversaire. Néanmoins, un coup de pied lourd aura tendance à rajouter de la distance entre les deux personnages de manière abusive, un détail qui a toute son importance lorsque l'on est sur le point de défier un boss du jeu. Mais le plus énervant demeure sans doute les sautes d'humeur de la caméra qui n'arrive pas à se stabiliser dans les endroits exiguës. On se retrouve alors avec un adversaire totalement invisible sur lequel Jason Bourne distribue des manchettes à l'aveuglette.

 

Hormis toutes ces considérations techniques, les combats chorégraphiés de La Mémoire dans la Peau procurent un plaisir immédiat, grâce notamment à une prise en main simplifiée. L'équation est simple : Y / Triangle pour un coup de poing lourd, X / Carré pour une mandale rapide, et A / Croix pour se protéger. Naturellement, l'objectif sera de dénicher l'enchaînement le plus ravageur, afin d'assurer un maximum de dégâts tout en conservant une fenêtre de sécurité confortable. Certains membres de la rédaction ont une préférence pour le X-Y-Y / Carré-Triangle-Triangle qui permet de claquer une gifle à la vitesse de la lumière, et poursuivre derrière avec deux kicks bien lourds. Le X-X-Y / Carré-Carré-Triangle n'est pas mal non plus, mais expose le joueur à une contre-attaque fulgurante si le troisième coup ne fait pas mouche. Enfin, le Y-X-X / Triangle-Carré-Carré a également retenu notre attention, même s'il est plus difficile à placer contre des adversaires infiniment coriaces, puisque le combo débute par un coup relativement lent. Au final, La Mémoire dans la Peau dispose de huit combos en tout, ce qui laisse au joueur le choix – pas infini non plus - d'affronter les ennemis en fonction de son style. Chacune des attaques permet de gonfler la barre d'Elimination - ou d'Adrénaline, c'est selon -, un concept qui permet d'achever un malfrat d'un coup d'un seul en pressant B / Rond. Efficace lorsqu'il s'agit de s'extirper d'une situation désespérée, l'Elimination l'est tout autant contre les darons de fin de niveau, puisqu'elle active une régénération ponctuelle de la jauge vitale. Bien vu. Ce mouvement home made de Bourne est également l'occasion de s'appuyer sur les objets du décor, pour peu que l'on se trouve à proximité de l'un d'eux. Sans forcément mettre au supplice les neurones du joueur, l'intéractivité joue un rôle essentiel dans La Mémoire dans la Peau, notamment lorsque l'on a affaire à un ennemi muni d’une lame. En s'emparant du fameux stylo de l'appartement parisien, ou de l'extincteur face à Divandelen, on peut désarmer l'individu pour éviter de se faire balafrer le visage, et tomber dans le coma au bout de deux balayettes.

 

Devoir de mémoire

 

Divisée en trois parties, la jauge d'adrénaline autorise aussi le joueur à abattre plusieurs adversaires dans le même tour, lorsqu'elle est au maximum. Du coup, il faut se montrer suffisamment rapide pour presser les boutons correctement lors des sessions de Quick Time Event. Ceux-ci ne sont pas scriptés, et l'ordre des boutons peut changer d'une séquence à une autre, même en cas d'échec. Les cut scenes sont vraiment meurtriers, et peuvent surprendre tous ceux susceptibles de se croire au cinéma. Mais High Moon Studios a poussé le vice encore plus loin, puisque les QTE peuvent tout aussi bien se glisser subrepticement dans des phases de jeu classiques, sans forcément s'annoncer par une grande cinématique; même si on les sent tout de même arriver, c'est vrai. Si les mains moites permettent d'évaluer le degré de stress, ce sont surtout les QTE amorcés par les boss qui mettent en pagaille. Capables eux aussi d’exécuter des Eliminations, il faut faire preuve de suffisamment de sang froid pour ne pas craquer dès le premier Quick Time Event. Pas aussi développés que ceux d'un Gears of War, les gunfights jouent un rôle moins important dans La Mémoire dans la Peau. même s'ils permettent de varier les plaisirs en termes d'action. L'arsenal de Jason Bourne est composé de deux armes : l'une de poing, l'autre un peu plus lourde. Une simple pression sur LB / L1 permet de switcher entre les deux armes. Un système de cover, certes limité, a été mis en place via A / Croix dès que l’on approche une planque, sachant que certains éléments de l'environnement offrent une protection beaucoup plus solide que d'autres. Quelques balles suffisent à perforer une planche de bois, ce qui oblige à se déplacer de temps en temps, mais pas de façon perpétuelle.

 

En effet, La Mémoire dans la Peau ne permet pas de passer d'une barricade à une autre sans s'exposer aux balles ennemies, même accroupi. Dès lors, le terrain de chasse se réduit considérablement, et les fusillades perdent en dynamisme. Par ailleurs, on regrette également que le targeting se fasse de façon quasi automatique dès lors que le réticule se trouve à quelques centimètres de l'ennemi. Une faute de goût qui pénalise la fonction de l’Adrénaline censée, ici, aider le joueur à localiser les yeux fermés chacun des assaillants. L'autre point sombre des fusillades de La Mémoire dans la Peau, c'est que l'on ne peut pas se mettre en joue pour cibler correctement l'ennemi. Pour ne pas tirer complètement à l'aveuglette, on bénéficie donc d'un premier réticule moins imposant qui permet d'ajuster une première fois sa visée. Mouais. Autant les combats à mains nues du titre sont spectaculaires et agréables à regarder, autant les gunfights manquent cruellement de punch. La réalisation du jeu est de bonne facture, même si certains passages semblent détester les textures du plus profond de leur coeur. Fidèle au film éponyme lorsqu'il s'agit du scénario, La Mémoire dans la Peau peine paradoxalement à offrir quelques points de repère visuels à ceux qui connaissent la trilogie jusqu'au bout des ongles. Les rues de Paris sont méconnaissables à bord de la Mini, les bus et les métros y compris, et seuls les quais de Seine et la Tour Eiffel parviendront à nous faire rappeler que la scène se déroule en France. Le character design est plutôt efficace, même si les personnages affichent parfois des genoux et des coudes carrés. Là où se plante royalement La Mémoire dans la Peau par contre, c'est au niveau des cinématiques qui ne sont pas au niveau de ce que l'on peut voir dans les autres productions du même genre ; les grumeaux n'ont jamais été bon pour la langue et les yeux. Chapeau bas par contre pour le doublage français qui mérite le détour, ainsi que l’ambiance musicale du titre qui reprend des thèmes officiels orchestrés par John Powell.





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