Test Kingdom Come Deliverance : un forgeron et des bugs à foison sur PS4
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Kingdom Come Deliverance est un jeu incroyablement vaste et profond qui aurait pu séduire sans peine tous les amateurs de RPG velus, d’histoire et de folklore moyenâgeux grâce à la richesse impressionnante de son gameplay. Malheureusement, si les 7 ans de développement consentis par Warhorse Studios ont permis de jeter les fondations d’un projet très prometteur, ils ont été insuffisants pour que ce dernier soit abouti. Rempli de bugs jusqu’à la moelle, le jeu est – en l’état – bien trop faible techniquement pour qu’on puisse profiter de ses nombreuses et indéniables qualités. Le titre étant dans un pire état que de nombreux early access, on a du mal à voir pourquoi la sortie officielle n’a pas été repoussée ou du moins transformée en un accès anticipé. Si vous revenez sur ce test après que de nombreux patchs aient été effectués et que les nombreux problèmes techniques ont disparu, vous pouvez aisément ajouter 2 à 3 points à la note finale ici présente.
- La rigueur historique
- Le côté pédagogique du titre
- De très nombreuses manières de faire évoluer le héros
- Des choix avec des vraies conséquences
- Des jeux de lumière séduisants
- Le combat bien pensé
- Les musiques qui nous plongent dans l'ambiance
- Buggué jusqu'à la moelle
- Le tir à l'arc imprécis au possible
- Le crochetage cauchemardesque
- Le verrouillage des cibles aux fraises lors de grosses batailles
- Les textures très moyennes
- Environnements très vides
- C'est pas très beau en gros
- Très mal optimisé sur PC
Lassés des jeux de rôle aux univers heroic-fantasy qui pullulent sur les étals des vendeurs de jeux vidéo ? Réjouissez-vous, car le studio Warhorse a pensé à vous. Après sept ans de production, les développeurs basés à Prague nous dévoilent aujourd’hui Kingdom Come Deliverance, un RPG assez hardcore aux mécaniques de jeu complexes et qui opte clairement pour le réalisme. On vous avoue qu’après toutes ces années, on pensait trouver un des jeux indépendants les plus léchés du marché, et on a été très surpris par ce qu’on a découvert. Sans plus attendre, on vous emmène avec nous en plein cœur du Royaume de Bohème au XVème siècle, alors que Sigismond 1er du Saint-Empire romain germanique est en train d’arracher le pouvoir des mains de son demi-frère Wenceslas IV.
Dans cette période troublée du Moyen-Âge, on incarne Henry, le fils du forgeron de la ville de Skalice, une petite bourgade tranquille qui prospère sous le règne du seigneur Radzig Kobyla. Malheureusement, dans sa quête de pouvoir, Sigismond perçoit le suzerain local comme une menace et envoie son armée de mercenaires Coumans raser le tranquille village. Privé de sa famille et de toute attache sentimentale après les massacres inhérents à la bataille, le jeune Henry va donc se mettre au service de son seigneur, jurant de venger ses parents. Si c’est à peu près l’objectif global du jeu, sachez que la route sera extrêmement longue, et que de nombreuses embûches se dresseront sur la route de notre héros. Ici, pas question donc de créer votre propre personnage, mais on pourra néanmoins avoir une large influence sur lui (moins sur l’histoire) en fonction de notre manière de jouer et des choix que l’on fera en cours de jeu. Comme on vous l’a révélé dans l’introduction, Kingdom Come Deliverance adopte une approche extrêmement réaliste, ce qui va se traduire par bien des manières. Tout d’abord, en tant que fils de forgeron, notre héros fait plutôt partie de la couche basse de la population, celle dont les conditions de vies sont dures, et dont l’existence ne vaut pas grand-chose aux yeux des instances dirigeantes. De même, notre personnage est initialement un ignare total, dépouillé de toute forme d’éducation (si ce n’est la base). Henry ne sait donc pas se battre (un peu à mains nues, absolument pas avec des armes), est analphabète (comme 90% de la population), n’a aucune connaissance des sciences (alchimie ou même des bases de physique) et est un bon chrétien dévolu à sa foi catholique. Heureusement, on pourra résoudre tous ces problèmes en prenant des cours auprès de PNJ et en étudiant directement in-game.
IL ÉTAIT UNE FOIS... LA VIE !
Autant vous le dire tout de suite, les débuts du jeu vont être laborieux, puisqu’à presque chaque action qu’on veut faire, on se heurte à un blocage dû à l’ignorance de notre héros. D’un autre côté, ceci nous permet de plonger directement dans la réalité de la vie au XVème siècle, et la valeur pédagogique du jeu devient alors évidente. On en apprend énormément sur les relations entre les différentes couches de la société, et on découvre les différents milieux grâce à l’ascension sociale assez rapide que réussira Henry, passant de simple fils d’artisan à soldat. Dans la grande veine des RPG réalistes, ici pas de niveau ni d’XP, mais des compétences qui s’apprennent avec la pratique (ou grâce à notre apparence qui nous permet d’utiliser certaines réponses spécifiques lors des dialogues), et un inventaire particulièrement exigeant où chaque objet dispose de son poids propre (comme dans S.T.A.L.K.E.R) ce qui aura un impact sur la capacité de déplacement du héros. En effet, Henry dispose d’une multitude de paramètres qu’il faudra surveiller. Si la classique barre de vie se passe d’explications, il faudra aussi faire avec une jauge d’endurance, une jauge de faim (il faudra s’alimenter) et de sommeil (il faudra dormir). Chaque fonction vitale devra être effectuée avec minutie car trop manger est l’assurance d’une digestion difficile, et donc de capacités sportives amoindries. De même, un jeûne prolongé sera fatal au héros, tandis que s’alimenter avec de la nourriture avariée pourra faire plus de mal que de bien. Chaque élément de l’inventaire dispose d’ailleurs d’une durée de vie, l’usure pour les armes, armures et vêtements, la décomposition organique pour les denrées périssables. Comme dans Zelda : Breath of the Wild, il sera possible de cuire nos aliments afin d’en modifier les propriétés. La cueillette est aussi au programme, qu’il s’agisse d’obtenir de quoi manger, de quoi faire un bouquet pour séduire une dame, ou qu’on se lance dans la création de potions.
BOHEMIAN RAPSODY
Kingdom Come Deliverance propose une montagne de mini-jeux comme des parties de dés à l’auberge (avec mise à la clef), des duels chevaleresques à l’épée, à l’arc ou à poings nus, et même un atelier rémoulage pour s’assurer que nos armes restent tranchantes. D’ailleurs, si le système de combat à l’épée est particulièrement bien fait et réaliste (développé avec des spécialistes de l’escrime moyenâgeuse) avec son système de différentes gardes et de coups d’estoc et de taille, d’autres domaines ont fait preuve de moins d’attention de la part des développeurs. Le tir à l’arc est pour sa part nettement plus frustrant du fait d’un système de visée des plus aléatoires. Le pire reste bien sûr le mini-jeu de crochetage de serrure dont l’idée à forcément germée dans le cerveau malade d’un sadique influencé par le Malin en personne. Totalement aléatoire et demandant une coordination sans faille, ce système où l’on doit suivre le mouvement d’une serrure avec un crochet (dirigé par la souris) tout en conservant une même position relative nous mènera la plupart du temps directement en prison. Vous l’avez compris, la vie quotidienne va prendre pas mal de temps de jeu, et se lancer dans une quête en négligeant la maintenance du héros et de son matériel est le meilleur moyen de se faire rapidement tuer. Ah oui, chaque décès nous ramène à la dernière sauvegarde, or le jeu ne sauve notre progrès que lors des moments importants des quêtes, lorsqu’on dort (ce qui doit se faire dans un lit qui nous est ouvert, pas question de piquer le plumard d’un PNJ quelconque), ou lorsqu’on boit un flacon de Schnaps spécifique (un alcool rare et ruineux à l’achat). La sauvegarde sera donc particulièrement compliquée, et il arrive assez souvent qu’on doive refaire la dernière heure de jeu après être mort stupidement sans avoir enregistré son progrès.
Pire, le jeu est littéralement truffé de glitches, qu’il s’agisse de problèmes d’affichage, de bugs de collision, de triggers qui ne se déclenchent pas et qui nous obligent à charger une précédente sauvegarde, ou carrément de vrais plantages avec retour sous Windows.
Tant qu’à parler des choses qui fâchent, sachez que si les combats, la narration et même les quêtes annexes sont plutôt bien réalisées, le côté technique du jeu est un véritable désastre. En plus d’utiliser une version datée du CryEngine qui offre un rendu assez moyen (malgré de jolis effets de lumière), le jeu est simplement mal optimisé et bardé de bugs en tous genres. Même avec un PC équipé de gros matériel, il est impossible d’éviter les grosses chutes de framerate inhérentes à la pluie, à la nuit ou à certaines cinématiques qui mettent inexplicablement notre matériel à genoux (i7-6700K et GTX 1080Ti avec les derniers drivers). Pire, le jeu est littéralement truffé de glitches, qu’il s’agisse de bugs de collision, de problèmes d’affichage, de triggers qui ne se déclenchent pas et qui nous obligent à charger une précédente sauvegarde, ou carrément de vrais plantages avec retour sous Windows. Si on est prêt à fermer les yeux sur bon nombre de problèmes, leur multitude et leur variété vient immanquablement frustrer le joueur et nuire gravement à l’immersion. Plusieurs fois on s’est retrouvé avec des lignes de dialogues manquantes lors de cinématiques, qu’il s’agisse de l’audio comme des sous-titres, quand ces derniers ne changent pas inexplicablement de langue.
Même avec l’énorme patch day one (de 23 Go !) installé, le résultat est catastrophique, au point de faire passer certains jeux Early Access pour des AAA hyper léchés.
Il est bien difficile alors de profiter du système de dialogue poussé (avec réponses autoritaire, diplomatique, hautaine, etc..) lorsque seule la première option est en français, tandis que le reste se compose d’un mélange entre Anglais, Tchèque et Allemand. Difficile aussi de prendre part à un combat à l’épée lorsque notre héros s’envole dans les cieux après un saut. Il faut là encore en repasser par la dernière sauvegarde qui se trouve avoir été faite il y a deux heures, et ce, grâce au système si particulier retenu par Warhorse Studios. Même avec l’énorme patch day one (de 23 Go !) installé, le résultat est catastrophique, au point de faire passer certains jeux Early Access pour des AAA hyper léchés. Malheureusement, si le contenu du jeu et ses qualités sont indéniables, la technique est bien trop catastrophique pour qu’on puisse en faire abstraction, et on se retrouve plus souvent à deux doigts de casser écran et périphériques de jeu à cause de dysfonctionnements qu’émerveillés par la richesse du gameplay, la profondeur du jeu et ses solides fondations historiques.