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Just Cause, c’est un petit peu comme un coquillage que l’on trouve sur une plage tahitienne. On est émerveillé par sa belle coquille (ici le moteur graphique, le nombre de véhicules disponibles, les 1024 km² à explorer, les cascades, la chute libre, plus de 300 missions) mais en regardant de plus près, on s’aperçoit qu’elle est ébréchée (animation obsolète, visée imprécise, collisions incongrues, gameplay en dent de scie, intelligence artificielle plus que défaillante et une facilité de jeu déconcertante). Malgré tout, on est tenté de la ramasser espérant découvrir à l'intérieur un objet de valeur. Que nenni ! Si les premières minutes s’avèrent passionnantes, on se désintéresse très rapidement de Just Cause, la faute à une succession de bourdes trop pénalisantes.
- Très joli
- 1024 km² à parcourir
- Plus de 300 missions
- 90 véhicules
- La chute libre
- Les animations des personnages à la rue
- Une I.A. décevante
- La conduite des voitures approximative
- Une visée imprécise
- Un level-design mal fichu
- Un moteur physique à la traîne
- Trop facile
Qui sortira vainqueur de cette guerre des GTA-like ? Après un coup d'essai réussi de la part de THQ avec Saints Row, et en attendant le réveil du maestro Rockstar Games, Eidos Interactive arrive sur le marché avec Just Cause qui cumule sur le papier des arguments délicieusement convaincants. Cela sera-t-il suffisant ?
Quand ce ne sont pas les banlieusards qui se tapent joyeusement sur la figure parce qu’un autre gang n’a pas apprécié le dernier skeud de Snoop Dog, c’est le gouvernement qui fait des siennes en faisant régner un climat d’insécurité. Et c’est dans la peau de Rico Rodriguez, un agent top secret, que vous devez renverser l’ordre établi en copinant avec les cartels de la drogue afin que l’archipel de San Esperito puise jouir d’un repos bien mérité. "Rico Rodriguez", "San Esperito", pas besoin de sortir d’une maîtrise en espagnole pour comprendre que Just Cause nous proposera une ambiance très latine faite de mariachis, de guerrieros, de tapas et de chili con carne… Reste plus que les piñatas pour parfaire le décor. Mais plutôt que de nous refiler une bestiole en carton-pâte sur laquelle taper, les développeurs ont une autre tête de turc toute aussi hispanique sur laquelle passer ces nerfs, Salavatore Mendoza un dictateur qui fait régner la loi à sa façon. Et pour contrôler le pays, Mendoza a recours à des forces de l’ordre logiquement corrompues, ce qui a le don d’énerver le consortium de trafiquants de drogue qui survivent tant bien que mal sur San Esperito. Et pour destituer le président, rien ne vaut de bonnes guérillas urbaines menées d’îles en îles pour convertir le peuple à votre cause.
Bienvenido a San Esperito
Vous aurez du pain sur la planche avant d’arriver à toucher la pointe du gouvernement car San Esperito n’est pas un de ces petites îles dont on fait le tour en quelques heures, Stilwater si tu nous entends. Avalanche Software nous propose pas moins de 1024 km² de surface exploitable sur terre, sur mer ou dans les airs. Premier point fort du soft, votre zone de jeu est identique par les chiffres à celle de Grand Theft Auto : San Andreas. Autrement dit, vous en aurez pour votre argent et la visite touristique de San Esperito vous en mettra plein les mirettes qu’il s’agisse de ses forêts verdoyantes, de ses plages paradisiaques, de son volcan majestueux ou de ses pueblos atypiques. L’archipel est très vaste et c’est d’autant plus important que vous pouvez voyager à votre guise avant, pendant ou après les missions que vous activerez afin de libérer le pays du joug de son dictateur. De ce fait, les développeurs ont pensé à intégrer un maximum de véhicules pour que vos promenades soient le plus diversifiées possible. Plus de 90 moyens de locomotion sont mis à votre disposition : mobylettes, scooters, bus, voitures, motos, 4x4, pick-up, jet skis, hélicoptères, tractopelles, bateaux, camions, avions… Une liste qui pourrait bien faire un paragraphe entier et c’est tant mieux car de cette façon, on n’en ressort pas frustré comme pour Saints Row.
Mais à la différence du titre de Volition, la conduite de Just Cause ne réussit pas vraiment à nous convaincre pour de multiples raisons. La première, bien qu’anodine, est indissociable des 1024 km² à parcourir. La mini-carte affichée en haut de l’écran n’est pas très lisible et surtout ne propose qu’un gros point rouge pour seule indication lorsque vous activez une mission et que vous devez vous rendre à bon port. Et donc régulièrement, on ouvrira le sous-menu pour mieux appréhender les itinéraires à prendre. A ce moment-là, on se rend vite compte du peu de routes disponibles tant et si bien que le hors-piste semble être la meilleure solution jusqu’à ce vous vous retrouviez coincé face à un flanc de montagne au dénivelé impressionnant et impossible à gravir à pied ou en bagnole. Cette mauvaise gestion du level-design nous pousse à laisser tomber les véhicules terrestres au profit des escapades aériennes aux commandes d’un hélicoptère ou d’avion privé avec lequel on n’a plus de soucis pour rejoindre un point B. Il aurait été plus judicieux tout de même de nous glisser une option GPS à la Test Drive Unlimited pour donner plus d’intérêt aux balades automobiles.
A tombeau ouvert
Dès lors qu’on opte pour la solution aérienne, on remarque les efforts des développeurs pour proposer des contrôles de véhicules différents. Si les engins à réaction ou à hélices se manient sans trop de problème pour peu qu’on ait le sens de l’orientation, le pilotage de deux roues et de bagnoles est un véritable calvaire doublé d’un supplice pour les oreilles. A l’image d’une tondeuse à gazon, les autos et les motos font un raffut d’enfer et en proposent la même conduite au sens où la moindre pression sur le stick analogique vous fait immédiatement zigzaguer. Il est très rare de réussir à maintenir une trajectoire droite que l’on soit à 200 km/h ou que l’on roule au pas. Ce gros problème de maniabilité nuit gravement à l’intérêt des bagnoles et une fois de plus on laissera tomber sa carte grise pour son permis bateaux, avions ou hélicoptères. Pour ces trois autres moyens de transports, presque rien ne vient perturber notre chevauchée fantastique… presque. Les développeurs de Just Cause nous proposent des phases de gameplay emprunt à Pursuit Force. C'est-à-dire que si vous avez l’âme d’un cascadeur, vous allez être servis ici. Sautez de véhicules en véhicules ou tentez le diable en plongeant d’un avion en plein vol, ça donne envie. Mais encore une fois le gameplay vient tout gâcher à cause d’une mauvaise configuration des boutons. Grosso modo, le Y permet d’entrer dans un véhicule et d’en sortir tandis que le A sert à s’accrocher à sa carlingue. Le B, quant est lui, est utile pour jumper sur un autre engin. Alors imaginez un instant que vous vous trompiez de touche et vous êtes bon pour vous rouler parterre laissant à l’abandon votre véhicule de croisière.
Lorsque vous planez au-dessus de San Esperito, Rico Rodriguez est toujours muni de son parachute de secours. Mais encore une fois, le plaisir de surplomber l’archipel se transforme en galère du fait de ne diriger qu’approximativement sa chute. Lente et monotone, on rangera rapidement son parachute pour piquer vers le sol la tête la première. La chute libre est vraiment très intéressante dans Just Cause mais si par malheur vous voulez dépliez votre parachute trop près de votre engin, vous allez en saisir la carrosserie et tomber irrémédiablement avec. Si à 300 mètres d’altitude, ce n’est pas grave, à 10 mètres du sol ça devient tout de suite plus problématique, et vous finirez comme une vieille crêpe séchée au soleil. Et puis dans ce florilège de cascades aériennes irréalisables mais tellement spectaculaires lorsqu’elles passent, il y a certains détails qui clochent comme le héros qui traversent les pales d’un hélicoptère sans se faire trancher façon chorizo ou un plongeon innocent de 3 kilomètres directement dans la mer qui ne réduit pas en bouillie notre Rico national.
Ayudame cabron !
Just Cause se veut avant tout fun à jouer et pour éviter les désagréments du "Game Over", les développeurs d’Avalanche Software ont fait l’impasse sur la difficulté et c’est le moins que l’on puise dire lorsqu’on part libérer 3, 4 villages successivement des griffes des autorités du pays. La jauge de vie est résistante et les medikits nombreux. Avec ça, les 21 missions de la quête principale et les quelques 300 missions annexes (très répétitives) se terminent les doigts dans le nez sans avoir pris un réel plaisir à les effectuer à cause d’un système de visée imprécis mais heureusement automatique. Et en face de vous, vous avez des forces de l’ordre et de membres gouvernementaux tous plus crétins les uns que les autres, restant à découverts même lorsqu’une grenade tombe à leur pied. Leur stupidité n’a d’égale que leur rigidité. Souvenez des déplacements de l’agent 47 au début de la série Hitman et vous aurez une image des animations de Just Cause. Plus raide que ça, c’est Tetris et je ne parle même pas de Rico qui, quand il courre, ressemble à un flamant rose désarticulé et bossu de surcroît. Ce défaut visuel est d’autant plus ennuyeux que le moteur graphique de Just Cause est tout bonnement incroyable à tel point qu’on a l’impression que Far Cry a fusionné avec GTA pour l’occasion. Les développeurs n’ont pas lésiné sur les effets de lumière et surtout sur le blur pour nous donner l’impression de vitesse au volant des véhicules. Et le pire, c’est que ça marche notamment en vue à la première personne. Si on devait comparer sur un plan strictement graphique Just Cause et Saints Row, alors le titre d’Eidos Interactive s’en relèverait avec les honneurs. Mais il n’y a pas que les graphismes dans la vie…