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Le manque de jeux exclusifs lors du lancement de la PS4 en novembre dernier a littéralement mis la pression sur les épaules d’inFAMOUS : Second Son. Si la licence n’a jamais fait figure de vitrine technologique, elle est devenue avec cet épisode le porte-étendard du jeu nouvelle génération depuis que Sony Computer Entertainment l’a placé en ligne de front. S’il est loin d’être exempt de défauts (des oublis dans le gameplay, des problèmes de rythme, missions annexes répétitives), le titre de Sucker Punch se rattrape sur bien d’autres aspects, à commencer par ce plaisir de jeu instantané procuré par les super-pouvoirs acquis tout au long de l’aventure. La grandeur de la ville de Seattle apporte un sentiment de liberté et de toute puissance qui fait mouche, à laquelle s’ajoute une action frénétique où l’on assiste à une orgie d’effets lumineux et de particules en tous genres qui nous prouve bien qu’on est sur next gen’. La qualité des cinématiques et la modélisation vraiment réussie des personnages contribuent aussi à ce sentiment de satisfaction et prouve qu’inFAMOUS : Second Son n’a pas usurpé sa réputation de beau gosse de la PS4.
Retrouvez plus bas la suite de notre test d'Infamous : Second Son
- Une orgie d’effets lumineux et de particules vraiment next gen’
- Des super-pouvoirs ultra jouissifs
- Cinématiques très réussies
- Un effort sur la narration
- La ville de Seattle, riche et animée
- Ce sentiment de liberté et de toute puissance
- Très belle performance de Troy Baker
- Durée de vie tout à fait honnête
- Bonne replay value
- Graphiquement très séduisant…
- …mais c'est inégal par moments
- Impossible de combiner les pouvoirs
- Des missions qui se répètent
- Caméra qui a parfois un peu de mal à suivre
- Pas de lock
- La grimpette, parfois hasardeuse
- Scénario quelconque
- Persos secondaires qui manquent de charisme
- Notion de bien et de mal pas assez poussée
- 2014, Delsin ne sait pas nager
En cinéma comme en jeu vidéo, la tendance est à la trilogie. Alors quand Sucker Punch annonce que pour le troisième épisode d’inFAMOUS, Cole McGrath a été sacrifié sur l’autel de la gloire, mais surtout du bon sens, on ne peut qu’être curieux quant à l’idée de voir débarquer son successeur. Celui-ci n’est autre que Delsin Rowe, un jeune homme rebelle au look d’ado qui passe le plus clair de son temps à tagguer sur les murs, jusqu’au jour où il va croiser la route d’un Porteur (une sorte de mutant) qui va lui transmettre son pouvoir par mégarde. Désormais considéré comme un bio-terroriste, Delsin va devoir fuir les autorités de la DUP (Département des Unités de Protection) chargées de capturer tous ces X-Men en devenir et ainsi canaliser leurs envies de se servir de leurs pouvoirs. Aidé par son frère Reggie, Delsin Rowe se dirige alors du côté de Seattle, où une certaine Augustine Brooke a transformé la ville en état de siège. Elle aussi dotée de pouvoirs, elle est capable de plier la pierre et le béton comme personne, ce qui fait d’elle une ennemie redoutable. Cependant, avant de pouvoir lui en mettre plein la tronche, Delsin va devoir gagner en puissance et acquérir ce qu’il faut de pouvoirs pour faire jeu égal avec cette vieille mégère.
C’est l’histoire d’un X-Mec…
Faire de Delsin Rowe un super-héros, tel est donc le leitmotiv d’inFAMOUS : Second Son qui reprend dans les grandes lignes les codes de la série. L’aventure démarre d’ailleurs timidement, avec le fameux pouvoir de la fumée qui permet à notre héros de traverser les murs, se faufiler dans les conduits, planer un court instant mais aussi balancer toutes sortes de projectiles pour pouvoir attaquer les soldats de la DUP, qui ne se laisseront jamais faire facilement. Mais avant de pouvoir obtenir toute sa panoplie d’attaques, Delsin va devoir trouver des relais de noyau que la DUP a disséminés un peu partout dans Seattle. Chacun de ces engins lui permettent de gonfler son arsenal, comme la possibilité de charger une attaque, de balancer des projectiles spécifiques ou mieux encore, débloquer la fameuse attaque finale capable de balayer toute une zone d’un coup d’un seul. Les développeurs de Sucker Punch ont également pensé à intégrer un arbre de compétences qui permet à Delsin Rowe d’améliorer certaines de ses attaques, moyennant des fragments que l’on peut dénicher ici et là dans la ville. Cela fait d’ailleurs partie de ces missions annexes qui demandent de partir à la recherche de ces points de compétence pour ne pas vous retrouver bloqué face à des ennemis, certes pas très intelligents, mais à la ténacité redoutable. Qu’il s’agisse d’agents de la DUP, de voyous qu’on interrompt en plein trafic ou de simples policiers faisant leur travail, ils attaquent souvent en nombre et si vous laissez Delsin Rowe avec ses pouvoirs de base, il risque de mordre la poussière plus que de raison. Heureusement, au gré de l’aventure, Delsin fera la rencontre d’autres mutants, porteurs de pouvoirs différents qu’il pourra soustraire, notre héros agissant comme une véritable éponge. Entre Fetch qui a un faible pour les néons ou Eugene, un amateur de vidéo, on apprécie la possibilité de monter en puissance, chaque nouveau pouvoir offrant au joueur de profiter au mieux d’un gameplay qui gagne en intensité. Jouissif.
Entre Fetch qui a un faible pour les néons ou Eugene, un amateur de vidéo, on apprécie la possibilité de monter en puissance, chaque nouveau pouvoir offrant au joueur de profiter au mieux d’un gameplay qui gagne en intensité. Jouissif.
Si c’est le terme qui revient assez souvent quand on s’amuse à faire mumuse avec les nouveaux pouvoirs fraîchement acquis, il est vraiment regrettable de ne pas pouvoir les combiner et exploiter au maximum cette idée de gameplay. Impossible par exemple d’utiliser le dash néon avec le jet vidéo, Delsin devra choisir entre les pouvoirs obtenus en aspirant les éléments qu’il trouve dans Seattle. Une restriction vraiment frustrante, tout comme les choix moraux qu’on nous a littéralement survendus. A l’instar des précédents épisodes, Delsin sera confronté à des décisions dans son parcours, l’obligeant parfois à sacrifier un ami ou lui sauver la peau, corrompre un mutant ou à l’inverse le remettre dans le droit chemin. Au final, à part obtenir une fin différente en fonction de la voie choisie (celle de la justice de celle de l’infamie) et séparer deux types de missions (les rouges et les bleues), ce qui suscitera l’intérêt de refaire le jeu une seconde fois, les conséquences restent identiques aux précédents épisodes et ne sont pas aussi poussée que prévu. Une grosse déception que les développeurs ont toutefois palliée par un effort de narration qui n’existait pas dans la série. Le jeu a donc gagné en maturité et cela est dû en majeure partie aux cinématiques vraiment réussies et au jeu d’acteur de Troy Baker, qui incarne à merveille le personnage de Delsin Rowe, arrogant, narcissique et un peu tête brûlée.
Néon, Lettoyeur
Graphiquement d’ailleurs, inFAMOUS : Second Son en jette pas mal, il faut bien l’avouer. Dans son ensemble, le jeu rend hommage aux capacités techniques de la PS4 avec un open world à la fois riche et animé et à la distance d’affichage assez impressionnante. Il est vrai que parfois que certaines textures manquent de finesse et de détails et que les citoyens de Seattle donnent le sentiment d’avoir été repris de la génération précédente, mais le jeu se rattrape aisément par la quantité d’effets spéciaux et de particules qui prouvent bien qu’on est passé à la next gen’. Il ne sera pas rare en effet de s’arrêter un instant pour apprécier un coucher de soleil au bord de la mer, de reluquer ces néons qui font briller le quartier chinois de Seattle, ou bien encore apprécier les effets de pluie qui confèrent à la ville une atmosphère digne de Blade Runner. De toutes les façons, le jeu est construit de façon à pousser le joueur à visiter les moindres recoins de la ville, avec bon nombre de mission secondaires à réaliser pour non seulement tenter de finir le jeu à 100%, mais aussi augmenter les points de compétence de Delsin. C’est peut-être là que les développeurs de Sucker Punch nous dévoilent leurs limites quant à leur imaginaire, avec une certaine répétition dans les actions à faire. Interrompre une manifestation, repérer des agents infiltrés de la DUP, dénicher des drones cachés, mettre fin à un trafic de drogue, ou bien encore réaliser des graffitis à la manière d’un Bansky (un mini-jeu fort sympathique certes, faisant appel aux fonctions gyroscopiques de la DualShock 4, même si on aurait aimé une prise en main plus inventive façon Jet Set Radio), voilà en gros ce qui vous attend lors des quêtes secondaires. Tout cela a bien évidemment un but précis, augmenter la durée de vie du jeu, car en se basant uniquement sur les quêtes principales, inFAMOUS : Second Son se termine en une douzaine d’heures. Ce qui est ma foi assez honnête par les temps qui courent.
Il est vrai parfois que certaines textures manquent de finesse et de détails et que les citoyens de Seattle donnent le sentiment d’avoir été repris de la génération précédente, mais le jeu se rattrape aisément par la quantité d’effets spéciaux et de particules qui prouvent bien qu’on est passé à la next gen’.
Si le titre de Sucker Punch possède de grandes qualités visuelles, on décèle en néanmoins quelques faiblesses dans gameplay, à commencer par l’absence de lock qui nuit au bon déroulement de l’action, surtout quand celle-ci est aussi vive et dynamique. Avec ce maelstrom d’ennemis et d’événements qui ont lieu à l’écran, il aurait été plus judicieux de pouvoir cibler un ennemi pour ne pas enrailler les attaques au corps-à-corps par exemple. Il n’est pas rare par exemple de commencer à enchaîner un ennemi et passer à un autre alors qu’on n’a pas fini de le ruiner proprement. De même, avec les nombreux projectiles et autres jets de pouvoir mis à disposition, l’utilisation du zoom avec L2 n’est malheureusement pas suffisante. Car en se lançant à l’assaut de zones interdites gardées par des soldats de la DUP, il n’est pas rare de devoir affronter une trentaine d’ennemis à la fois, rendant l’action frénétique, ce qui a pour conséquence de dérouter la caméra qui a parfois du mal à suivre. Un autre écueil a aussi retenu notre attention : la grimpette. Même si celle-ci devient anecdotique une fois que Delsin a acquis ses pleins pouvoirs, les premières heures de jeu se montrent par moments assez pénibles. Si notre rebelle peut s’accrocher à tout ce qu’il veut, il se dégage comme un sentiment de flottement pas toujours très agréable au début du jeu. Delsin n’est pas Ezio, même si on aurait aimé qu’il puisse escalader les corniches avec autant de classe que le héros d’Assassin’s Creed.
Between Good & Evil
Bon, c’est vrai, on a tendance un peu à chipoter mais on aurait tellement aimé qu’inFAMOUS : Second Son puisse réunir toutes ces qualités pour un résultat proche de la perfection. S’il reste pas mal de choses à améliorer pour un prochain épisode, le jeu remplit son cahier des charges et s’inscrit comme un très bon défouloir démontrant les capacités next gen’ de la PS4. Car au-delà de certaines imperfections techniques et quelques errances en termes de gameplay, le plaisir de jeu prend le pas sur le reste, grâce notamment à ce sentiment de toute puissance que confèrent les super-pouvoirs de Delsin. On prend en effet un malin plaisir à bondir d'immeuble en immeuble, pour parfois s'arrêter un court instant pour profiter de jolis panoramas et ensuite se laisser tomber de plusieurs centaines de mètres le poing vers le sol pour créer une onde de choc pour faire régner le chaos. Car honnêtement, c'est bien sympa de jouer les bons samaritains mais sombrer du côté obscur de la force procure nettement plus de plaisir. La voie de l'infamie au détriment d'un bon comportement qui sied davantage au caractère désinvolte de Delsin Rowe, toujours là pour faire le con ou se foutre de la gueule de son frangin, prisonnier de son état de flic. Cela est d'ailleurs possible grâce au jeu des acteurs, et plus précisément la très belle performance proposée par Troy Baker qui après The BioShock Infinite et The Last of Us nous prouve que le jeu vidéo nouvelle génération ne peut plus se passer de lui. BG comme on dit de nos jours !