Test Guilty Gear Xrd REVELATOR : le meilleur de la baston 2D ?
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S’il n’est pas aussi intransigeant avec les approximations que ses illustres prédécesseurs, Guilty Gear -REVELATOR- (au même titre que -SIGN-) propose néanmoins un gameplay tellement profond qu’il est facile de s’y perdre. Heureusement, les développeurs d’Arc System Works ont fait le nécessaire pour rendre le tout plus digeste, notamment grâce à un mode "Entraînement" dans lequel tout est parfaitement détaillé. Quant aux puristes, ils se focaliseront en priorité sur les ajustements opérés ici et là, afin de vérifier s'ils pourront conserver leurs automatismes ou en travailler d’autres. Avec les nouveaux persos – et compte tenu des habitudes d’Arc System Works – les nuits promettent d’être longues. Enfin, ceux qui désirent lâcher le stick, le mode "Histoire" et ses interminables cinématiques sont faits pour eux. Ainsi, ils deviendront incollables sur la série à qui la 3D va à merveille, alors que la direction artistique, elle, risque de diviser.
- Plus accessible pour les néophytes
- La qualité du jeu en ligne
- Graphiquement réussi
- Les décibels qui pètent de partout
- Les Instant Kills jouissifs
- La richesse du contenu
- Mode "Entraînement" plus que blindé
- Le mode "Histoire" qui peut ennuyer
- La direction artistique ne plaira pas à tout le monde
- Pas aussi intransigeant que ses prédécesseurs
Avant d’entrer dans le vif du sujet, rappelons tout de même que Guilty Gear Xrd -REVELATOR- n’est autre qu’une version revue et corrigée de l’épisode SIGN sorti l’année dernière sur Xbox One, PS4 et PC. Vous n’avez pas trouvé le test sur JEUXACTU ? Honte à nous, clairement. Du coup, c’est l’occasion de passer en revue ce qui a changé sur le plan du gameplay depuis le dernier Guilty Gear. Tout d’abord, les adeptes s’apercevront dès les premiers coups de coude que le jeu puise son inspiration dans l’opus #Reload, tout en ajoutant quelques spécificités bienvenues. La plus notable est indéniablement les différentes variantes du Roman Cancel – RC pour les intimes. Un petit retour en arrière s’impose. Les premiers Guilty Gear permettaient d’exécuter un Roman Cancel (en pressant simultanément sur trois boutons excepté celui du Dust), c’est-à-dire – en vulgarisant un peu le truc – annuler un combo pour, juste derrière, repartir sur un autre enchaînement. La manœuvre n’était pas gratuite, puisqu’il fallait griller 50% de la jauge de Super, sachant que le False Roman Cancel (FRC) a fait son apparition un peu plus tard. L’exercice était le même sauf qu’il fallait, cette fois-ci, respecter un timing ultra strict ; en contrepartie de quoi, la manipulation consommait moins de jauge de Super (25%). En clair, il s’agissait d’une finesse qui récompensait surtout les darons du stick. Dans Guilty Gear Xrd -SIGN- et -REVELATOR-, les choses se présentent différemment puisque l’on dispose à présent de trois types de Roman Cancel avec, pour chacun, une couleur distincte afin de bien les différencier : Red (rouge), Yellow (jaune), (Purple) violet.
Sur le plan graphique, difficile de ne pas être séduit par -REVELATOR- qui bouge bien, multiplie les effets visuels avec talent, enquille les animations léchées et, surtout, affiche des personnages en 3D sans se départir de cet amour imparable pour la 2D. Superbe.
Rassurez-vous, nous n’allons pas nous lancer dans un cours magistral sur les Roman Cancels qui risquerait de vous briser les neurones, mais pour résumer un peu la chose, on peut dire que le Red RC (50%) favorise les joueurs agressifs, tandis que le Yellow RC (25%) servira plus à maintenir l’adversaire sous pression tout en gérant la distance. Quant au Purple RC (50%), d’après ce que l’on a pu constater, il est précieux pour se dégager d’une situation tendue ou contre-attaquer le joueur d’en face ; mais à vrai dire, on a plutôt tendance à camper sur le Red RC et le Yellow RC durant les combats. Ce qu’il faut également souligner, c’est ce ralentissement qui s’active désormais à chaque RC ; la preuve qu’Arc System Works désire rendre son jeu de baston plus accessible. Grâce au freeze, les débutants ont tout le loisir – enfin, pas trop quand même – de réfléchir à la prochaine attaque qu’ils vont porter, tandis que les puristes peuvent se mettre à fantasmer sur des combos encore plus ravageurs ; d’autant que le timing, lui aussi, est moins serré qu’auparavant. Bref, les vannes sont grandes ouvertes, et on peut comprendre que le sujet fasse grincer des dents. Après – et sans connaître les objectifs que s’est fixé Arc System Works – il faut bien que Guilty Gear existe face à des Street Fighter 5, Mortal Kombat X et autres Tekken 7 qui refusent de torturer les joueurs. Cela dit, il existe toujours quelques subtilités qui nécessitent une certaine connaissance du jeu.
GRAND SEIGNEUR
On pourrait citer le Blitz Shield, par exemple. Dans -SIGN-, il permet de parer les attaques au sol, aériennes et les projectiles en échange de 25% de la barre de Super. La petite nouveauté dans -REVELATOR-, c’est que ce Blitz Shield peut agir comme le Focus Attack de Street Fighter IV. Il est donc possible d’absorber le coup adverse tout en lâchant, en retour, un Blitz Attack. Au pire, on envoie le joueur d’en face valdinguer à l’autre bout du niveau, au mieux, on provoque une ouverture pour claquer un combo de chacal. En plus, comme expliqué dans les innombrables leçons que compte le jeu, un Blitz Attack qui fait mouche vient grignoter le Burst de l’adversaire. Du coup, on limite la rébellion de celui-ci même si, comme dans tout jeu de baston qui se respecte, il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers. Il y aussi la jauge de garde qui augmente au fur et à mesure que l’on encaisse des coups, ce qui rend en même temps les attaques de l’adversaire encore plus puissantes. Impossible, non plus, de passer à côté de toutes les autres mécaniques qui ont participé à la réputation de la série, et qui font que Guilty Gear Xrd -SIGN- et -REVELATOR- conservent cette espèce d’intransigeance envers ceux qui débarquent à peine. C’est vrai que le mode "Stylish" - avec lequel les combos et les Overdrives sortent comme par magie, et la garde se déclenche automatiquement – de -REVELATOR- peut apparaître comme la pire des insultes, mais l’amplification des dommages subis permet d’équilibrer les débats.
Après, c’est vrai que l’on a un peu plus de mal avec la direction artistique : autant le character design faisait dans la finesse jusqu’à présent, autant là, il faut se coltiner des personnages qui ont passé leur vie à la salle de muscu du coin.
Bref, on pourrait passer des heures à disserter sur le jeu, mais on vous conseille plutôt de jeter un œil aux différents tutoriels qui, en plus de décortiquer les commandes, prennent le temps de glisser quelques recommandations bien utiles. Et pour les plus téméraires, il y a aussi des challenges qui offrent l’occasion d’appliquer les leçons apprises plus tôt, histoire de voir ce que ça donne en situation. Puisque l’on parle du contenu de -REVELATOR-, signalons également la présence de l’imbuvable mode "Histoire" façon visual novel. A l’image de Persona 4 Arena, il s’adresse essentiellement aux aficionados qui souhaitent tout savoir des personnages. D’ailleurs, ils seront sans doute heureux d’apprendre que tout se fait à travers des cinématiques dont devraient s’inspirer Yoshinori Ono et Capcom. Là, Arc System Works ne s’est clairement pas foutu de la gueule de la communauté, bien qu’il s’agira d’un épiphénomène aux yeux des non-initiés. Comme l’exige la règle, le roster de Guilty Gear Xrd -REVELATOR- accueille des nouvelles têtes par rapport à -SIGN- ; enfin, les développeurs sont quand même allés piocher dans les anciens Guilty Gear pour quelques-unes d’entre elles. On pense notamment à Johnny et Jam de l’époque Guilty Gear XX, sachant que Dizzy devrait bientôt pointer le bout de son nez. Parmi les "nouveaux nouveaux" donc – puisqu’il y en a – on peut compter sur Jack-O et Kum Haehyun, sachant qu’il faudra se délester de quelques euros pour le dernier cité ; 6,99€ plus exactement. Pour ce qui est de Raven – qui fait son grand retour depuis Guilty Gear 2 : Overture, on pourra dépenser 1,99€ ou alors limer le jeu pour récupérer le maximum de pièces.
2D ÉTERNELLE
Autant l’avouer tout de suite : nous n’avons pas passé suffisamment de nuits blanches pour se risquer à une quelconque tier list, mais Chipp Zanuff s’annonce déjà comme une valeur sûre. Ses mix-up sont capables de rendre fou n’importe qui, tout comme ceux de Faust et de Millia d’ailleurs. Quoi qu’il en soit -REVELATOR- suit la philosophie d’Arc System Works, à savoir faire en sorte que chaque personnage dispose de son propre gameplay. Aucun doublon ici, ce qui explique pourquoi un Guilty Gear a toujours été considéré comme un jeu de baston exigeant. Sur le plan graphique, difficile de ne pas être séduit par -REVELATOR- qui bouge bien, multiplie les effets visuels avec talent, enquille les animations léchées et, surtout, affiche des personnages en 3D sans se départir de cet amour imparable pour la 2D. Superbe. Après, c’est vrai que l’on a un peu plus de mal avec la direction artistique : autant le character design faisait dans la finesse jusqu’à présent, autant là, il faut se coltiner des personnages qui ont passé leur vie à la salle de muscu du coin. Gueules carrées, mâchoires serrées, fesses anguleuses ; on a connu plus sexy. Par contre, les cut scenes ponctuant les Instant Kills font leur petit effet, c’est net. Enfin, on n’oubliera pas de lâcher quelques mots sur le jeu en ligne dont l’interface est on ne peut plus conviviale. En effet, on a droit à des lobbys prenant la forme de salles d’arcade, ce qui permet de trouver chaussure à son pied assez rapidement. Question netcode, rien à dire : c’est fluide et à aucun moment nous n’avons eu à déplorer du lag. De toute façon, dans ce domaine, Arc System Works a toujours fait figure de référence.