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A travers un titre plus qu’accrocheur, Enter The Matrix, séduira à coup sûr, bénéficiant de surcroît des succès de Matrix et Matrix Reloaded. Mais à la manière de The Getaway, l’événement s’essoufflera et alors la réalisation déshonorante refera surface. Une trilogie culte. Un jeu qui l’est beaucoup moins. "Croire à l’incroyable", ça risque d’être dur.
- Fidèle à la trilogie Matrix
- Complémentaire au film Matrix Reloaded
- Doublage convaincant
- Graphismes décevants
- Bugs à foison
- Caméra détestable
- Durée de vie
Pour chaque blockbuster cinématographique, le monde du jeu vidéo se voit affubler d’une pléthore de softs à qualité variable. La saison propice à cette mode se situe entre avril et juin (et juste avant les fêtes de fin d’année). En 2002, Spiderman, Lilo & Stitch, L’Age de Glace, The Scorpion King ou encore Le Règne du Feu ont squatté PS2, Xbox, NGC ou GBA. Et la cuvée 2003 n’échappera à cette coutume.
L’événement, c’était la sortie quasi-simultanée au cinéma de Matrix Reloaded et sur les consoles de Enter The Matrix. Et c’est Atari (ex-Infogrames) en collaboration avec Shiny Entertainment qui a la lourde tâche de transporter Matrix en jeu. Le pari est risqué et fructueux … À croire que c’est ce dernier mot qui a marqué les esprits. Matrix au cinéma représente des millions et des millions d’entrées et donc une recette financière à en faire pâlir plus d’un. Et il en est de même pour le jeu qui, avant sa sortie, lançait une campagne de réservation imposante qui trouvait preneur. Une complémentarité parfaite que l’on retrouve dans Enter The Matrix à travers l’histoire. Car le jeu ne suit pas le scénario de Matrix Reloaded, il a pour lui son propre scénario. En effet, Andy et Larry Wachowski (les créateurs de la série) ont travaillé sur le projet afin que le jeu explique plusieurs points cruciaux du film. Une imbrication bien pensée qui donne envie de se laisser tenter. Dans Enter The Matrix, on retrouve deux personnages de Matrix Reloaded : Ghost et Niobe qui auront pour but d’empêcher à tout prix que les Agents de la Matrice n’atteignent Zion. L’univers de Matrix est très bien retranscrit à travers ses scènes de gun-fight à la John Woo, d’arts martiaux inoubliables, à travers l’impact du scénario ou encore le charisme des personnages.
La matrice nous trahit
Du côté des salles obscures, on se retrouve avec un film qui pousse encore plus loin la magie des effets spéciaux. De l’autre côté, on a un jeu dont la qualité graphique fait peine à voir, et ce sur tous les formats, mais plus encore sur Xbox, puissance oblige. Niveau textures, Enter The Matrix nous fait revenir des années en arrière. Aucune recherche de réalisme de ce côté-là. Toutes les couleurs sont uniformes … Et encore, quand la luminosité nous permet de voir quelque chose, car franchement le jeu sur certaines scènes est affreusement sombre. Et lorsqu’il faut s’amuser à sniper les ennemis ce n’est pas une partie de plaisir. Evidemment, on ne peut pas passer à côté de l’animation des personnages. Lors des déplacements, Niobe ou Ghost sont encore plus raide que dans The Getaway. Lorsqu’il faut reculer, c’est un réel clin d’œil à la scène d’anthologie d’Alain Chabat dans La Cité de la Peur. C’est-à-dire que notre héros a le corps de quelqu’un qui avance mais la tête qui regarde en arrière. Le tout avec une raideur cadavérique. Heureusement, que les moments de bullet-time sont là pour relever le niveau. A vous les joies des sauts périlleux grâce aux murs, de donner un coup de pied en se servant du mur ou encore de ralentir l’action afin d’éviter les balles. Mais cette joie n’est que de courte durée … Parce qu’évidemment, les possibilités offertes par nos deux personnages sont déjà connues du premier Matrix. Aucune nouveauté de ce côté-là.
Dur retour à la réalité
Mais surtout, la déception du bullet-time grandit à cause d’une caméra capricieuse. Et le mot est faible. Celle-ci ne sait plus où donner de la tête quand un mur, une colonne ou un couloir étroit est dans les parages. Et vous, vous avez mal à la tête. Bien évidemment, il aurait été trop beau de pouvoir diriger la caméra avec le stick analogique droit comme dans 90% des cas. Mais non, Shiny a décidé de se démarquer. Dommage, surtout l’assignation des actions aux boutons était plutôt accessible. Notons que la maniabilité ne s’arrange pas lors des scènes ridicules en voiture, même The Getaway était plus jouable. On pourrait s’arrêter à ça concernant les points négatifs d’Enter The Matrix, mais non ! A cela s’ajoutent une IA pas très finaude, de la publicité facile dans le jeu (pour Intel Pentium par exemple)qui gâche l’univers si particulier de Matrix, et deux scénarii trop proches pour se laisser tenter une nouvelle fois. Heureusement quand même que l’univers Matrix et la complémentarité entre le jeu et le film sont bien présents, car ces deux points indéniables donnent involontairement envie de jouer. Surtout qu’Enter The Matrix propose des scènes tournées en format cinéma et indépendantes du film. Pour cette version Xbox, les petits plus résident uniquement dans la bande sonore. L’effet du bullet-time et les musiques inspirées de l’univers Matrix en Dolby Digital redonnent quelques couleurs au jeu.