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Donkey Kong Country Returns remplit parfaitement le cahier des charges de Nintendo, et rend hommage de la plus belle des manières à la version originale, avec une réalisation flamboyante et un gameplay qui n’a pas pris une ride en 16 ans. Même avec le Nunchuk entre les doigts, la prise en main offre un confort et une précision redoutables, ce qui démontre que les deux appendices de la Wii n’ont plus aucun secret pour les développeurs de Retro Studios. Quant à la durée de vie de Donkey Kong Country Returns, elle flirte avec l’infini si l’on s’attaque aux lettres KONG et au mode "Miroir", sans oublier les pièces de puzzle et autres temps à battre pour remporter des médailles d'or. Seule ombre au tableau, le mode coopération affiche rapidement ses limites en n’offrant aucune véritable interaction entre les deux personnages. Et si la progression par l'échec – Super Guide ou pas – en agacera plus d'un, Donkey Kong Country Returns agit comme une véritable drogue dure que l'on consomme sans modération. Les anciens le savent déjà, les nouveaux vont comprendre.
- Une réalisation du tonnerre
- Des musiques sublimes
- Un gameplay aux petits oignons
- L'univers Donkey Kong
- Durée de vie archi solide
- Old school
- Le mode coopération décevant
- La progression par l'échec
- Les tonneaux-fusées parfois pénibles
Ce qui est sacrément fort avec Donkey Kong Country Returns, c'est la facilité avec laquelle on trouve ses marques, surtout lorsque l'on est un néophyte. Car les développeurs de Retro Studios ont préféré une montée en puissance plutôt que de dégoûter les joueurs dès le départ, et les premiers niveaux sont suffisamment fastoches pour se faire la main sans trop de problèmes. Naturellement, tenir la Wiimote à l'horizontale est beaucoup plus intuitif que jouer avec le Nunchuk, mais même dans cette configuration, le jeu se montre diablement efficace ; autant que l'était Super Mario Galaxy au moment de sa sortie pour être honnête, sachant que dans Donkey Kong Country Returns, l'action se déroule essentiellement selon les règles de la 2D. On retrouve avec plaisir les mouvements qui ont bâti le succès de la série, aussi bien les roulades que les grandes gifles sur le sol pour accéder à certains endroits secrets. Quoi qu'il en soit, tout va très vite et on se laisse quasiment guider par chaque liane, chaque canon, chaque tonneau croisé sur la route. C'est surtout vrai quand on se rapproche dangereusement du volcan, avec des mécanismes qui retournent la tête et où le temps de réflexion se mesure en millisecondes. Le jeu n'est pas pour autant dirigiste et linéaire, et il existe toujours des chemins parallèles pour mettre la main sur des lettres KONG ou gratter quelques pièces de puzzle ; sans oublier les écus qu'il est possible d'aller dépenser chez ce bougre de Cranky. En plus de jouer au vieux sage en racontant ses exploits passés, il possède en stock quelques articles censés rendre la vie plus joyeuse. Si on l'ignore gentiment au départ, son aide devient par la suite précieuse pour boucler des stages qui mangent des ballons par poignées. On peut également se greffer un coeur supplémentaire ou bien s'offrir une fiole d'invincibilité, ou alors opter pour une clé qui mène tout droit vers un niveau supplémentaire. Bref, Donkey Kong Country Returns incite à l'exploration et à l'achat compulsif comme au bon vieux temps. On adore.
Ce n’est pas à un vieux singe…
Old school à mort, Donkey Kong Country Returns ne pardonne pas la moindre approximation : un pas de travers, et on se retrouve dans le gouffre, même sur le dos de Rambi. Certains sauts nécessitent même une prise d'élan, ce qui ramène plusieurs années en arrière où Super Ghouls'n Ghosts faisait la loi sur la 16-bit de Nintendo. Avoir un excellent sens du timing et faire preuve d'une précision extrême est donc vital pour espérer s'en sortir dans le jeu, avoir le sens de l'observation aussi. Car Donkey Kong Country Returns repose sur un gameplay vieux comme le monde, avec des plates-formes mouvantes qu'il faut scruter avant de poser les pieds dessus. On doit également ouvrir le bon oeil avec les cercles de feu dans Fougueuse fusée, et se déplacer constamment pour ne pas se faire brûler les fesses. Il y a Infini Tsunami aussi où il faut se méfier des énormes vagues sous peine de se faire emporter. On ne parle même pas de Train d'enfer avec lequel on a failli fracasser la Wiimote contre le mur plus d'une fois. On vous laisse découvrir. Le principal reproche que l'on pourrait faire à Donkey Kong Country Returns, c'est cette fichue progression par l'échec qui ne donne pas l'impression que les réflexes du joueur sont réellement exploités. En effet, si on ne connaît pas certaines séquences délicates par coeur, c'est mort. Bon, il y a toujours moyen de faire appel au Super Guide – déjà aperçu dans New Super Mario Bros. Wii – en cas de morts répétées, mais la fierté s'effrite immédiatement. Super Kong prend alors la main et se charge de franchir le niveau, jusqu'à ce que l'on décide de repasser en mode manuel en pressant +. Mais franchement, on finit toujours par trouver la solution dans Donkey Kong Country Returns. Et puis, les développeurs ont fait en sorte que chaque checkpoint soit placé au moment où le cerveau n'arrive plus à tenir le rythme théoriquement, alors qu'ils auraient très bien pu faire les oufs.
Et puis, les développeurs ont fait en sorte que chaque checkpoint soit placé au moment où le cerveau n'arrive plus à tenir le rythme théoriquement, alors qu'ils auraient très bien pu faire les oufs."
Donkey Kong Country Returns ne se contente pas de reprendre les idées mises en place dans la version originale, et insuffle également un vent de fraîcheur en intégrant quelques petites nouveautés plutôt sympathiques. A commencer par les phases de vol via les tonneaux-fusées qui mettent les nerfs à rude épreuve. Les commandes sont pourtant simples : maintenir la touche 2 pour accélérer et prendre de l'altitude, relâcher le bouton pour descendre et couper les gaz. En fait, la difficulté vient de la maniabilité du vaisseau à laquelle il n'est pas évident de s'habituer, avec cette lourdeur que l’on ressent entre les phalanges. On perd pas mal de vies dans les airs, vous voilà prévenus. Depuis l'avènement de LittleBigPlanet, les jeux de plates-formes n'hésitent plus à proposer une action qui se déroule sur plusieurs plans, et Donkey Kong Country Returns n'échappe pas à la règle. Dommage qu'il soit obligatoire de passer par les increvables tonneaux pour basculer dans le background, ce qui n'empêche pas au système d'avoir quand même du charme. Mais l’innovation majeure reste le mode coopération qui permet à deux joueurs d’incarner le gorille et le singe sur le même écran, avec plus ou moins d’efficacité. S’il est toujours plaisant de parcourir les niveaux main dans la main, il faut tout de même reconnaître que le concept montre rapidement ses limites. Le jeu ne propose aucune réelle interaction entre les deux gugus, enfin, si un peu quand même ; car Diddy peut grimper sur le dos de Donkey pour le maintenir quelques secondes dans les airs. Malheureusement, ça ne concerne uniquement que la campagne solo. Avec un véritable pote sur le canapé, le singe peut néanmoins balancer des cacahuètes sur les adversaires à l’aide de son pistolet, là où Donkey fera parler sa puissance en les assommant. On a connu Retro Studios plus inventif pour le coup, d’autant plus qu’avec un level design aussi bien fichu, il y avait de quoi faire.
Oki Donkey
La coopération dans Donkey Kong Country Returns implique un minimum de coordination entre les deux joueurs, et avec une prise en main aussi exigeante, il est préférable d’avancer pas à pas. Cela dit, certaines séquences particulièrement tendues contraignent parfois à sauver sa peau avant de penser à celle de son partenaire, et il n’est pas rare que l’un des deux compères soit à la traîne. Si l’écart à combler devient trop grand, le retardataire est automatiquement ramené auprès de son compagnon. Bon à savoir. Avec un bras cassé à ses cotés, la gestion des ballons devient assez problématique puisque l’on en consomme deux fois plus ; autant miser sur des critères de sélection drastiques avant de partir à l'aventure. En cas de décès, le joueur apparaît alors dans un tonneau griffé DK, et c’est à son camarade de venir le chercher pour qu’il revienne dans la partie. Dans les derniers niveaux du jeu, l’opération dévient assez périlleuse pour la prendre à la légère. En termes de réalisation, Donkey Kong Country Returns est tout simplement une pure merveille. Chaque niveau possède son propre charme, mais il y en a qui fracassent quand même ; à commencer par celui où l’on évolue sous un coucher de soleil splendide, et qui donne envie de demander la main de sa petite amie. La rétine est immédiatement saisie par les éléments qui apparaissent en ombres chinoises, sauf la célèbre cravate rouge de l’ami Donkey Kong toujours aussi visible. On retrouve un peu la même saveur dans le tout premier niveau de l’usine, mais en moins éclatant, clairement. Les entrailles du volcan renferment elles aussi quelques merveilles, au même titre que la plage et cette pieuvre géante qui tente de barrer la route avec ses énormes tentacules. De toute façon, qu’on le prenne dans un sens ou dans l’autre, Donkey Kong Country Returns reste fabuleux de bout en bout, tant au niveau des couleurs affichées qu’au niveau de l’animation des personnages. Un véritable travail d’orfèvre.
Enfin, pour ce qui est de la durée de vie, tout dépend de la motivation. En traçant à la vitesse de la lumière, le jeu ne résiste pas une journée. Mais il faut savoir qu’il y a de sacrés challenges à relever dans Donkey Kong Country Returns. En grapillant toutes les lettres KONG, il est par exemple possible de débloquer un stage de bonus dans chaque monde, où il s’agira de récupérer une orbe au prix de sa vie, et sans le moindre checkpoint pour reprendre son souffle. Une fois la huitième orbe récupérée, on accède alors à un temple secret qui permet, par la suite, d’accéder au mode "Miroir". Traverser de nouveau chaque level dans le sens inverse, sans pouvoir compter sur l’aide de Diddy Kong et avec un seul cœur en poche, on vous garantit que ça calme. La cerise sur le gâteau. A l’ancienne, vraiment.Chaque niveau possède son propre charme, mais il y en a qui fracassent quand même ; à commencer par celui où l’on évolue sous un coucher de soleil splendide, et qui donne envie de demander la main de sa petite amie."