11 20
- Avec si peu d'adaptations de Berserk, il a le mérite d'exister
- L'intégration des séquences animées pour alimenter la narration
- C'est quand même jouissif par moments
- Beaucoup de contenu pour les fans
- Techniquement, c'est chiche
- Bourrin à n'en plus pouvoir
- Ce gameplay hors d'âge...
- Le bricolage des cut-scenes
- Les personnages loin d'avoir été travaillés de la même façon
- Le mode deux joueurs, c'était la base !
Ces dernières années, le musou à la sauce Omega Force avait, au gré des partenariats, trouvé une nouvelle direction, un nouveau souffle. Avec Hyrule Warriors et Dragon Quest Heroes, le modèle ancestral du studio a enfin enclenché un processus de dépoussiérage nécessaire, voire carrément vital pour une saga prise dans le béton de l'immobilisme. Avec l'annonce en grandes pompes de cette adaptation de Berserk, on s'attendait donc à voir le studio persévérer dans cette voie, tenter quelque chose de nouveau, amener encore un peu plus de modernité dans sa recette. Surprise, il n'en est rien et le titre fait même carrément quelques pas en arrière.
UNE NARRATION SUR LE FIL
Avec Berserk and the Band of Hawk, Omega Force se propose de retranscrire l'histoire de Guts, depuis ses débuts en tant que mercenaire jusqu'à ses derniers dénouements. Chaque bataille du scénario, petite ou grosse, fait donc l'objet d'une mission dans le mode solo. La narration, quant à elle, est assurée entre les combats, par d'assez longs morceaux d'animés en VOST (les sous-titres sont hélas en anglais), issus de la trilogie de longs-métrages sortis en 2012 et 2013, avec de petits effets 3D en sus. Si la qualité de l'animation laisse à désirer à certains moments, l'ensemble demeure de bonne facture et permet aux néophytes de découvrir tranquillement la saga. En revanche, deux écueils se révèlent assez vite : tout d'abord un problème de rythme dans la première partie du jeu, avec des cut-scenes beaucoup trop longues quand on les compare à la durée des missions (tout juste une dizaine de minutes). D'autres part, ceux qui connaîtraient la série et les longs-métrages en question sauront qu'ils ne retracent que l'arc narratif du Golden Age. Dès lors que vous vous aventurez hors de celui-ci, les séquences d'animé sont remplacées un peu à l'arrache par des cinématiques maison beaucoup moins sexy. Et tout à coup la narration devient au contraire beaucoup trop légère ! Et ce ne sont pas les pauvres événements et conversations disponibles dans le pauvre menu déroulant du jeu qui viendront compenser ce basculement.
CERVEAUX LAS
Mais rentrons dans le vif du sujet et jetons-nous dans la mêlée. Sur le papier, Berserk correspond parfaitement à la recette du musou, avec son côté ultra-bourrin. Il n'était peut-être pas nécessaire pour autant de revenir à quelque chose d'aussi simplet. Omega Force reprend ainsi à un système ultra-basique, avec des combos à deux boutons (coup rapide, coup chargé) qu'il faudra croiser à des moments différents pour varier les combos. Honnêtement, l'utilisation du terme varié est presque galvaudé tant le jeu est répétitif dans sa manière d'appréhender les combats. Dehors la subtilité, dehors la réflexion. Dans Berserk, on cogne, sans même y prêter attention, sur des hordes de mobs totalement inoffensifs. On peut rester là, passif pendant de très longues dizaines de secondes avant de prendre une tatane, et il faudra donc monter le niveau de difficulté au maximum pour disposer d'un semblant de challenge. On pourrait miser sur les combats de boss, mais ces derniers tiennent davantage de la politique du sac à PV. Le dodge et la parade ne servent souvent à rien contre leurs attaques surpuissantes, au prisme très large, et Berserk se vide ainsi de toute ersatz de tactique. On se repose alors sur la jauge de Frénésie, qu'on peut remplir jusqu'à cinq fois pour booster ses stats pendant un temps donné. Celle-ci permet de ramasser des Âmes remplissant une seconde jauge, dédiée à une attaque spéciale dévastatrice.
Le mode solo se raccroche donc à l'intérêt du joueur pour l'histoire et à cette traditionnelle addiction pour ce sentiment de surpuissance qui se dégage de l'abattage de soldats inutiles
Mais ce retour en arrière ce traduit également par des objectifs bateaux, qui se répètent à l'envi, là encore sans qu'on n'y prête vraiment d'attention dans la mesure où l'approche reste toujours la même, brute de décoffrage. Alors oui, il faudra faire légèrement gaffe tout de même pour être sûr de récolter des morceaux d'artwork, mais franchement, la carotte est faiblarde, surtout sur plusieurs dizaines de chapitres. Alors oui, Omega Force a bien tenté ce système de craft d'objets, un peu anecdotique, mais qui renforce encore davantage le côté bolldozers des héros. Le mode solo se raccroche donc à l'intérêt du joueur pour l'histoire et à cette traditionnelle addiction pour ce sentiment de surpuissance qui se dégage de l'abattage de soldats inutiles. Il faut avouer qu'avec ses gerbes de sang et ses coups démesurés, Berserk fait fort en la matière. Mais franchement, difficile de trouver des raisons d'y revenir et l'aspect techniquement archaïque du jeu (décors fadasses et génériques, clipping à tout va, textures d'un autre âge, lock bizarre) ne joue pas en sa faveur. Quant aux modes annexes que sont le Free Mode et l'Eclipse, ils ne devraient pas non plus vous retenir longtemps. Le premier vous permet de rejouer les missions du solo déjà terminées avec différents héros, dont ceux que vous aurez débloqué ; hélas ceux-ci n'ont clairement pas tous bénéficié du même soin dans les styles martiaux et les listes de coups. Quant à l'Eclipse, il s'agit ni plus ni moins d'un mode "Survie". Et le grand absent se nomme le mode deux joueurs, qui s'est fait la malle de manière éhontée.