Test Beat Saber : quand le PlayStation VR nous transforme en Jedi du rythme
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- La prise en main immédiate
- Nécessite une bonne dose skill, aussi
- Une playlist d’enfer
- Addictif
- La reconnaissance de mouvements au poil
- Les défis du mode « Campagne »
- Le prix élevé par rapport à la version PC
- On aurait aimé pouvoir importer des musiques
- Pas de versus en écran splitté
2018 aura eu le mérite de nous réconcilier avec le PlayStation VR qui, il faut bien l’avouer, avait fini par prendre la poussière. Le fabuleux Astro Bot a démontré que le casque de Sony Interactive Entertainment se prêtait parfaitement à la plate-forme, et on ne dira jamais assez tout le bien que l’on pense de Tetris Effect grâce auquel on redécouvre un concept vieux de plusieurs millénaires. Sans doute conscients que les jeux de rythme n’étaient pas encore suffisamment représentés, les développeurs de Hyperbolic Magnetism se sont mis à bosser sur Beat Saber dont l’Early Access sur Steam a permis l’émergence d’une communauté de fous furieux. Ces derniers mois, vous êtes forcément tombé au moins une fois sur une vidéo où l’on voit un joueur gesticuler devant son écran tel un samouraï des temps modernes. Une image qui résume parfaitement la philosophie derrière le jeu : allier style et efficacité. On a adoré.
« Simple, basique ». On ne sait pas si Orelsan a eu l’occasion de mettre les mains sur Beat Saber, mais il ne renierait certainement pas l’extrême simplicité des mécaniques. Le joueur dispose de deux sabres – l’un rouge, l’autre bleu – incarnés par les PlayStation Move. Comme dans n’importe quel autre jeu de rythme, des blocs défilent à l’écran, et il convient donc de les trancher dans le sens indiqué (en haut, en bas, à gauche, à droite, en biais) tout en respectant leur couleur. De temps à autre, on a droit à quelques cubes neutres qui permettent de reprendre son souffle, mais ce répit est toujours de courte durée. Voilà pour les fondamentaux. Bien évidemment, le studio tchèque a glissé quelques subtilités pour corser l’exercice. Par exemple, il y a les obstacles que l’on doit éviter en se décalant vers la droite ou vers la gauche, ou en s’accroupissant. Il faut aussi faire attention à ne pas découper les bombes sous peine d’anéantir le combo. Plus vicieux, les blocs placés côte à côte avec des directions contraires, ce qui nécessite une petite gymnastique neuronale assez tendue quand le tempo est élevé. On peut également citer les notes qui sortent de leur zone habituelle – normalement, les cubes rouges sont placés à gauche, et les bleus à droite – pour nous obliger à les scinder avec le sabre opposé. On n’apprendra rien aux amateurs du genre : le meilleur moyen de réussir dans Beat Saber, c’est d’anticiper. Il est clair que si l’on se contente de lire les notes une fois qu’elles sont sous notre nez, on se fera déborder assez vite. Le regard doit constamment être porté sur l’arrière-plan pour ne pas subir et être en mesure de préparer le coup de lame suivant. On ne dirait pas comme ça, mais Beat Saber accorde énormément d’importance au style, et le positionnement des blocs fait que l’on réalise, sans le savoir, une chorégraphie qui rappelle l’époque où DJ 8-Ball faisait la loi sur Dance Dance Revolution.
Avec son design épuré et futuriste, Beat Saber fait partie de ces jeux qui n’ont pas besoin de superposer les textures pour vous transporter dans une autre dimension.
Cette volonté de faire de nous des guerriers japonais hyper classes, on la retrouve dans le système de scoring qui pousse à s’appliquer sur la gestuelle. En effet, il ne suffit pas de trancher les blocs en rythme pour récolter le maximum de points, on doit aussi s’assurer : 1) de lever notre bras avec un angle d’au moins 90° avant de couper le cube, 2) de continuer le mouvement de façon à atteindre un angle de 60° après le coup de lame, 3) de sectionner la note en deux parts égales. En plus de ces trois paramètres, il y a le traditionnel multiplicateur (jusqu’à x8) qui dope les points quand le compteur du combo s’affole. Imbriquées les unes dans les autres, ces mécaniques font que l’on sue pas mal quand on joue à Beat Saber ; du moins, en ce qui nous concerne. Il nous est arrivé d’interrompre plus d’une fois notre partie parce que de la buée commençait à se former sur les lentilles du PlayStation VR, dégradant du coup la visibilité. Après, on a tellement grugé dans d’autres jeux musicaux, la tolérance a tellement pris le pas sur le skill, que l’on apprécie que Hyperbolic Magnetism fasse preuve d’exigence. Et puis, il y a ce sentiment de satisfaction lorsque l’on arrive au terme d’un morceau qui vous grise, les notes mettant nos nerfs, notre concentration et nos réflexes à rude épreuve. Pour ce qui est du contenu, Beat Saber dispose d’un mode « Campagne » qui permet de découvrir toutes les musiques du jeu à travers une difficulté croissante. Sadiques jusqu’au bout, les développeurs ont intégré des objectifs plus ou moins faciles à remplir. Par moments, le nombre de blocs manqués ou découpés avec le mauvais sabre sera limité, le rythme du morceau ira plus vite ou sera ralenti, on devra parcourir une certaine distance en agitant nos bras, ou encore le sens dans lequel trancher le cube disparaîtra au dernier moment.
SABRE AU CLAIR
Dans ce dernier cas, même si l’on n’a pas une très bonne mémoire, il y a moyen de se fier à la rotation des blocs qui est liée à la direction dans laquelle on doit les cisailler. On n’ira pas jusqu’à faire une comparaison avec l’effet Tetris, mais il faut bien avouer qu’une fois pris dans ce tourbillon de notes nues, on finit par manier les sabres à l’instinct, en se basant sur cette logique musicale qui se dessine en filigrane. C’est assez dingue comme sensation, vraiment. En dehors du mode « Campagne », on peut également squatter le mode « Free Play » où l’on a accès à toutes les pistes du jeu. Le niveau de difficulté est bien évidemment paramétrable, et on peut même activer des handicaps (les mêmes que dans le mode « Campagne ») pour gonfler le multiplicateur et mieux figurer dans le classement en ligne. Mais le plus intéressant demeure la possibilité de se focaliser sur une séquence particulière du morceau ; l’outil idéal pour mettre le doigt sur nos faiblesses et les gommer. Quant au mode « Party », il permet à plusieurs joueurs de se partager le PlayStation VR pour claquer le meilleur score possible à travers un leaderboard local. Contrairement à FreeStyle Games qui avait fait l’effort de proposer du versus en écran splitté dans DJ Hero, Hyperbolic Magnetism se montre plutôt fainéant dans ce domaine-là. Accusée de couper les joueurs du reste du monde, la réalité virtuelle aurait pourtant profité d’une émulation entre deux joueurs par casque interposé. Là, en dehors des scores, on ne peut pas dire que l’esprit compet’ soit poussé à fond. Heureusement, les développeurs ont promis de rectifier le tir prochainement, maintenant que la version PS4 est disponible sur le marché. On croise les doigts pour que les mises à jour prévues ne soient pas uniquement déployées sur PC.
Avec son design épuré et futuriste, Beat Saber fait partie de ces jeux qui n’ont pas besoin de superposer les textures pour vous transporter dans une autre dimension. La lueur des sabres rappelle bien évidemment Star Wars, mais il y a aussi du TRON quand les néons s’enchaînent à l’écran. Fluide de bout en bout, le jeu ne souffre d’aucun souci de lisibilité, ce qui est la priorité n°1 dans un jeu de ce type. L’autre impératif, c’est la reconnaissance de mouvements qui doit être au poil pour bénéficier d’un maximum de précision. Là encore, rien à dire, l’algorithme étant suffisamment souple pour ne pas avoir à se déboîter le bras à chaque coup de sabre. Impossible de boucler ce test de Beat Saber sans évoquer la playlist qui fait dans l’électro. N’espérez pas agiter vos lames sur du Daft Punk, Justice, Lifelike, Prodigy, Kavinsky ou encore Eric Prydz, puisque la majorité des musiques a été composée par Jaroslav Beck, un artiste du pays. On imagine qu’en termes de budget, ça pesait moins lourd que d’investir dans des licences coûteuses. Ce n’est pas un problème de toute façon, étant donné que le bonhomme a fait un boulot incroyable, notre coup de cœur allant à Escape feat. Summer Haze. Balearic Pumping pète bien aussi, tout comme $100 Bills. Bref, ça tourne en boucle sur SoundCloud. Aujourd’hui, la B.O. de Beat Saber compte 18 morceaux, et des packs payants (chacun contenant une dizaine de pistes) sont censés débarquer dans les prochaines semaines. Leur prix devrait avoisiner les 10€, un tarif salé quand on sait qu’il faut déjà sortir 30€ pour s’offrir le jeu. Sur PC, en plus d’avoir la chance de l’acheter moins cher (20€), la communauté a également à disposition un éditeur de niveau pour intégrer ses propres ziks. Sur PS4 ? Rien à l’heure actuelle.Avec une reconnaissance de mouvements calibrée, une playlist d’enfer et des mécaniques huilées, le titre de Hyperbolic Magnetism s’impose comme l’une des valeurs sûres du casque de Sony Interactive Entertainment.