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Le moins que l’on puisse dire, c’est que Digital Illusions CE a tenu toutes ses promesses. Les développeurs nous avaient prévenu que Battlefield : Bad Company contiendrait un scénario digne de ce nom, et si la trame principal reste assez simple, on prend un malin plaisir à suivre les pérégrinations de la Compagnie B, surtout que pour cet épisode, le jeu offre une rendu graphique digne des meilleures références du FPS. C’est sans conteste l’interaction avec les décors qui rend les batailles toujours plus intenses et un brin techniques, même si leur aspect bourrin l’emporte souvent. Côté multijoueur, difficile d’être déçu de par le fait d’affronter 23 autres joueurs avec toutes les subtilités qu’offre la série, de la possibilité de débloquer de nouvelles armes à l’utilisation massive de véhicules. Bref, Battlefield : Bad Company est un titre qui vous dégourdira les doigts jusqu’à la rentrée, même s’il est difficile de passer derrière Call of Duty 4 : Modern Warfare.
- Enfin un vrai mode solo !
- Graphiquement réussi
- Des bruitages et des doublages saisissants
- L'art de tout détruire
- Le multi toujours aussi prenant
- Jusqu'à 24 joueurs en ligne
- Un brin trop bourrin
- Le pilotage des véhicules qui aurait mérité plus d'attention
- Quelques soucis d'I.A.
- Seulement 2 modes de jeu en multi et 8 maps
Lors des premiers pas de la série Battlefield sur consoles, DICE et Electronic Arts nous avaient fait miroiter un jeu ultra complet avec Battlefield 2 : Modern Combat. Si d’un point de vue du multijoueur, il était difficile d’être déçu, on ne pouvait pas en dire autant du mode solo qui ressemblait vaguement à un assemblage de maps, dans lesquelles fourmillaient des centaines de bots. Il aura fallu attendre deux voire trois ans pour que le studio de développement réalise enfin que les joueurs consoles, à la différence des PCistes, réclament un vrai mode "Campagne" pour débourser 70 € dans un FPS. Et c’est d’autant plus vrai aujourd’hui que la série Battlefield a fort à faire avec un titre qui a chamboulé les références de la guerre moderne. Du haut de ses dix millions d’exemplaires vendus, Call of Duty 4 : Modern Warfare est venu titiller avec brio les plates-bandes de Digital Illusions CE. En plus de devoir faire le forcing sur le solo, les développeurs suédois sont dans l’obligation de ne pas décevoir leurs fans habitués à retrouver un mode multijoueur soigné aux petits oignons.
Où est passée la B Compagnie ?
Mais commençons par ce qui est la plus grande nouveauté de ce Bad Company : sa campagne solo. Vous incarnez le soldat Preston, envoyé au feu pour aider l’avancée des Rangers et de la Force Delta sur le front européen. Malheureusement, ni l’un ni l’autre des deux régiments sera votre nouveau "Home Sweet Home". Plutôt que de devenir un futur héros de la guerre, vous rejoignez la Bad Company. Cette affectation n’a vraiment rien de glorieux. La Compagnie B est surtout reconnue dans le milieu comme étant le dépotoir des bons à rien, des tirs aux flancs de l’armée américaine. Pas étonnant donc de la retrouver en tête du cortège pour ouvrir la voie aux 'bons soldats". Vous n’êtes ni plus ni moins que de la chaire à canon. Heureusement vous ne serez pas seul à aller au charbon. Accompagné d’un sergent, d’un expert en explosifs et du technicien spécialisé en communication, les choses vont se dérouler autrement, surtout lorsque vous mettrez la main sur vos premiers lingots d’or. Mi-soldat, mi-mercenaire, vous suivrez à la lettre les objectifs à accomplir, mais uniquement dans l’optique de vous remplir les poches avec vos camarades. Le ton est donné pour cette campagne de Battlefield : Bad Company. Le jeu tourne en dérision les clichés du bon soldat américain à grands coups d’humour bien amenés, grâce aux cut-scenes et aux répliques de vos compatriotes.
Sous les pavés, la guerre !
Cependant, n’attendez pas grand chose de ces derniers. Bien qu’ils soient armés jusqu’aux dents, c’est vous qui vous coltinerez tout le sale boulot. Qu’il s’agisse de faire exploser des réserves d’armes, ou placer du C4 sur certains véhicules, le trio accompagnateur ne bronchera pas. Il fera surtout acte de présence lorsque les ennemis pointeront le bout de leur museau, sans pour autant faire mouche. Pire encore, les adversaires auront la fâcheuse tendance à se focaliser sur vous, plutôt qu’à éliminer les autres gusses, invincibles de surcroît. A vous donc de faire le ménage en pleine Europe de l’Est. Et pour y parvenir, Digital Illusions CE n’a pas lésiné sur les moyens avec un arsenal riche en pétoires et en explosifs. Et c’est bien évidemment ce dernier équipement qui intéressera tout un chacun. Outre le fait de proposer un véritable mode scénarisé, Battlefield : Bad Company s’est offert les joies de la destruction massive, un peu à l’instar d’un Stranglehold, mais sur une échelle beaucoup plus importante. Rien ou presque ne résistera à votre passage. Clôtures, forêts, cabanes, routes, ponts, maisons, véhicules ou même des villages entiers, l’interaction avec les décors est poussée à son paroxysme grâce à une utilisation intelligente des explosifs. Chaque arme ramassée est accompagnée d’une option lance-grenades ou d’une grenade tout court, ce qui fait que vous n’êtes jamais à court d’explosifs durant les fusillades. De plus, certaines cartes proposent d’assouvir sa soif de destruction grâce à du C4 ou des lance-roquettes, quand ces derniers n’offrent pas des tourelles ou des canons antiaériens. Ainsi équipé, vous allez pouvoir débusquer le moindre ennemi, même si ce dernier est retranché en haut d’une tour inaccessible. Il suffit de bien viser pour détruire tout un pan de mur, et ainsi mettre à jour sa cachette. De ce fait, même le plus planqué des soldats a toutes les chances de se prendre une balle en pleine tête. Et ce qui est valable pour les ennemis est également valable pour vous. En face, vous aurez à affronter une armée entière de soldats qui fera sauter en moins de temps qu’il n’en faut votre abri de fortune. Vous serez donc obligé de changer régulièrement de poste de tir pour ne pas vous retrouver au beau milieu d’un champ de ruines, totalement à découvert. Si cette technique de "j’explose tout" permet à Battlefield : Bad Company de proposer des combats dynamiques et peu linéaires, elle a également ses limites. Impossible de réduire en un tas de cendres une maison à l’image de Mercenaries. Elle restera debout, en piteux état, même si vous y mettez toute la bonne volonté du monde. Autre souci : les munitions. Les balles n’ont quasiment aucun effet sur le décor, en dehors des barils d’essence qui pullulent à tout va. A titre d’exemple, il faut décharger totalement son arme pour venir à bout d’une barrière en bois, alors qu’un coup de couteau servira à faire sauter une porte… Etrange. Il en va de même pour les ennemis qui semblent posséder trois épaisseurs de gilets pare-balles. A moins d’un headshot, là aussi il faudra gaspiller quelques bastos. Voilà pourquoi on se rue dès que possible sur les moindres munitions, d’autant plus que les cartouchières sont assez légères. Autre petit désagrément du jeu : lorsqu’on récupère une arme, on change forcément de type d’explosif. Pourquoi n’est-il pas possible de conserver des grenades tout en récupérant une mitrailleuse montée sur un lance-grenades ? Mystère. Tout aussi bizarre, les lance-roquettes qui réapparaissent sur la carte sans aucune munition. Des petits soucis pas bien méchants, mais qui nous rappellent que la perfection est difficile à atteindre.
...DICE a fait confiance au moteur Frostbite qui offre un haut niveau de détails, surtout pour les destructions. Le résultat est tout bonnement spectaculaire..."
Loin de nous cependant l’idée de faire flirter Battlefield : Bad Company avec l’excellence. Le jeu tire tout de même son épingle du jeu grâce à son nouveau moteur graphique assez proche, d’un point de vue du design, de Call of Duty 4 : Modern Warfare. L’évolution graphique de la série était assez maigre avec l’arrivée de Battlefield 2 : Modern Combat sur Xbox 360. Un simple habillage HD, et c’était tout ! Cette fois-ci, les développeurs ont repensé les graphismes du jeu afin de coller avec les références actuelles. Et pour ce faire, DICE a fait confiance au moteur Frostbite qui offre un haut niveau de détails, surtout pour les destructions. Le résultat est tout bonnement spectaculaire, tout en évitant les clichés bien connus des scripts qui ont fait le succès d’un jeu tel que Black. Vu que vous êtes seul responsable des explosions, celles-ci peuvent intervenir à tout moment et à n’importe quel endroit de la map. Difficile alors d’avoir une confiance aveugle dans le framerate du jeu. Et pourtant ! Le soft ne bronche pas d’un poil, et Battlefield : Bad Company ne ralentit pas, même lorsque vous balancez toutes vos grenades en faisant exploser parallèlement différentes charges de C4. Un exemple pour certains titres du même genre. Et comme si ça ne suffisait pas visuellement, les développeurs ont également poussé l’expérience jusqu’à nous régaler auditivement. En fonction de la distance des coups de feu, des tirs à l’intérieur d’un bâtiment ou en plein air, les bruitages seront plus ou moins étouffés, ce qui donne avec un bon home-cinema un résultat saisissant. Même les voix s’adaptent à la situation pour encore plus de réalisme. Puisque l’on dissèque la forme, parlons rapidement du gameplay de Battlefield : Bad Company. Plutôt simple lorsqu’il s’agit de missions pédestres, il se complique la vie quand il faut conduire l’un des nombreux engins motorisés du jeu. Ce qui surprendra plus d’un joueur, c’est que l’accélérateur et le frein d’un blindé, ou d’un bateau, sont associés aux gâchettes LB (L1) et LT (L2), ce qui peut poser quelques problèmes lorsqu’on croule sous le feu ennemi, nos réflexes n’étant plus les mêmes. Après une petite heure de jeu, on prend le pli.
Battre le field pendant qu’il est encore chaud
On terminera le tour d’horizon de ce Battlefield : Bad Company par son mode multijoueur. A l’heure où tout le monde n’a que Call of Duty 4 à la bouche, Electronic Arts et Digital Illusions sont bien remontés pour détrôner le FPS d’Infinity Ward. Et, premier constat, le jeu propose que deux modes de jeu accueillant jusqu’à 24 joueurs en ligne. C’est peu bien que ce soit la marque de fabrique de la maison. Aux côtés du mode Conquête bien connu des habitués de la série, qui consiste à récupérer plusieurs zones de la carte avant son adversaire, on découvre le tout nouveau mode baptisé Ruée vers l’Or. Ce mode d’attaque/défense se joue en deux phases. D’un côté, il y a ceux qui doivent défendre leur butin, de l’autre ceux qui doivent placer une charge sur la cargaison afin de récolter l’or. Si ces derniers parviennent à récupérer deux chargements, la carte s’agrandit pour laisser apparaître deux nouveaux objectifs. De ce fait, les combats, d’abord très intenses, deviennent de plus en plus stratégiques, avec la possibilité de choisir son point de respawn. Pour arriver à vos fins, vous avez le choix entre plusieurs catégories de soldats : Assaut (fusil automatique et lance-grenades), Artificier (fusil à pompe et lance-roquettes), Reco (fusil sniper et viseur laser) et Spécialiste (fusil automatique léger et explosifs). Mais pour que le mode multijoueur gagne en intérêt, les développeurs de Digital Illusions CE sont allés puiser quelques idées du côté de chez Call of Duty 4 : Modern Warfare. Ainsi, en fonction de vos résultats et des objectifs personnels réalisés, vous gagnerez de l’expérience pour débloquer des armes et des équipements supplémentaires pour les quatre classes citées. Le petit truc en plus de Battlefield : Bad Company, c’est que vous choisissez les items à débloquer ce qui permettra, d’améliorer rapidement votre classe de soldat préférée. Bien que le titre ait tout pour plaire d’un point de vue du multijoueur, il reste cependant dans l’ombre du géant Call of Duty 4, peut-être à cause d’une visée pas toujours évidente, ou d’un nombre de cartes restreint (8 au total).