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En ces périodes de vaches rachitiques, votre PSP se faisait un plaisir de dévorer cet épisode exclusif de la licence-phare d’Ubisoft. La pauvre bête devra hélas poursuivre son jeûne. Plutôt bien réalisé et bénéficiant d’un doublage décent, Assassin’s Creed : Bloodlines peine pourtant à faire honneur à ses illustres cousins parus sur consoles de salon. Malgré sa construction assez ouverte, le titre réalisé par Griptonite Games parvient à être à la fois répétitif et extrêmement linéaire. Théâtres des nouveaux exploits d’Altaïr, les deux villes chypriotes modélisées ici sont en effet bien peu animées, et si vous souhaitez prendre un peu de bon temps entre deux missions principales… eh bien, il vous faudra aller le chercher ailleurs. Atteindre un point, en luttant avec la caméra, tuer des ennemis idiots et repartir, toujours en luttant avec la caméra, le quotidien de l’assassin médiéval version portable n’est guère engageant. Passez donc votre chemin.
- Réalisation décente
- Doublages français corrects
- Abuser de la faiblesse de l'IA
- Permet de débloquer quelques bricoles sur PS3
- Quel ennui !
- Linéaire et répétitif
- Villes mortes et interchangeables
- Caméra indocile
- I.A. stupide
- Aventure sans relief
Alors que la DS accueille chaque mois deux tonnes de nouveaux produits, la ludothèque PSP ne s’enrichit qu’avec parcimonie. Le terminal multimédia peut toutefois compter sur les efforts de quelques partenaires prêts à développer des produits exclusifs et adaptés au format pocket. Associé à Griptonite Games, Ubisoft se fend ainsi d’une déclinaison inédite d’Assassin’s Creed sur la petite machine. Hélas, alors que son descendant, l’agile Ezio, fait tourner les têtes sur les plates-formes de salon – et notamment celle de Laurely – Altaïr, lui, se brise le crâne sur la portable Sony.
Pas de repos pour les braves ! Un mois à peine après avoir terminé son aventure en Terre Sainte, Altaïr reprend sa traque des Templiers désormais dirigés par Armand Bouchart et lancés sur les traces d’un artefact aux pouvoirs mystérieux, la Pomme d’Eden. Une aventure qui va le conduire à Chypre, île que l’inconscient Richard Cœur de Lion a confiée à l’Ordre honni. Le héros encapuchonné y retrouvera quelques visages connus, et reverra notamment Maria. Une rencontre qui – attention spoiler – permettra de comprendre comment ces deux-là ont pu s’acoquiner au point de donner naissance à la lignée dont est issu Ezio, héros du second volet.
Le sot saute
Hormis quelques éclaircissements scénaristiques, et de vagues informations bienvenues sur les pouvoirs de cette satanée Pomme d’Eden, Assassin's Creed : Bloodlines n’apporte strictement rien à la série, voire salit quelque peu sa réputation. Le gameplay est pourtant plutôt fidèle à l’épisode original, bien que Griptonite Games n’ait pu, ou voulu, faire rentrer de canassons dans la PSP. La partie se déroule donc uniquement en ville, en l’occurrence à Limassol et à Kyrenia. Altaïr explore à sa guise ces deux cités portuaires divisées en quartiers, et peut rester au ras des pâquerettes ou choisir de prendre de la hauteur et se hisser sur un toit ou une corniche. Ses précédentes épreuves semblent hélas avoir bien fatigué le garçon, qui peine à respecter vos consignes et se vautre plus souvent que de raison, voire s’élance dans une direction légèrement différente de celle que vous souhaitiez. Ce manque de précision est essentiellement dû à une caméra capricieuse, que vous tenterez de régler en maintenant le bouton L et en appuyant sur les touches d’action. Les problèmes de perspectives n’empêchent pas vraiment de progresser, mais se révèlent toutefois gênants dans un projet entièrement conçu autour d’un héros dont la principale qualité consiste à pouvoir bondir de rebords minuscules en affleurements microscopiques. Les séquences d’action souffrent également de ce défaut. Même handicapé par une caméra virevoltante et des changements automatiques de cible parfois pénibles, Altaïr parvient heureusement à s’en sortir. Plutôt doué à l’épée, le bonhomme a également l’énorme avantage d’affronter une vaste bande d’abrutis.
L’ennui tue
Sale période que le début du bas Moyen-Age. L’obscurantisme, les Croisades, et surtout, les maladies et les troubles physiques en pagaille font des ravages dans toutes les couches de la population. Prenez vos ennemis du jour : Templiers, pirates, guerriers illuminés, on pourrait les croire en meilleure forme que leurs congénères. Il n’en est rien ! Tous souffrent de lourdes pathologies ophtalmiques, de problèmes de surdité, et d’une idiotie que l’on imagine aisément congénitale. Altaïr peut donc ménager ses talents, et tuer tranquillement qui bon lui semble sans se mettre en danger. Il lui est évidemment recommandé de ne pas courir dans les ruelles où rôdent des soldats, un homme pressé ayant forcément quelque chose à se reprocher, surtout lorsqu’il porte une ample robe d’assassin et porte l’épée aux côtés. Mais, pour peu qu’il chemine tranquillement, voire prenne l’air pénétré d’un érudit (progression dite dissimulée, lente mais sûre), il peut s’avancer vers un groupe de quatre gardes et les tuer un par un à l’aide de son poignard sans que quiconque ne s’en inquiète. Au pire, après trois meurtres sous ses yeux, le quatrième larron sortira son épée et s’approchera de vous (qui agissez donc à moins d’un mètre de sa barbe), mais si vous êtes suffisamment véloce, vous lui trancherez la carotide sans avoir à engager le combat à la régulière. Paradoxalement, l’incompétence de l’I.A. peut devenir source de joie, et les joueurs taquins tenteront d’assassiner discrètement un maximum d’ennemis, qu’ils patrouillent seuls ou en groupe (comble du bonheur, les morts ressuscitent dès que vous changez de zone). Ces meurtres en série constitueront votre seul plaisir dans cet Assassin's Creed PSP autrement ennuyeux à mourir. Les deux villes, bien avares en animations, sont quasiment interchangeables, les missions se suivent et se ressemblent, le level design est mal pensé, vous contraignant à multiplier les allers-retours inutiles entre différents quartiers, et l’encéphalogramme de l’aventure est aussi plat que celui de vos victimes. Le supplice est de courte durée – une bonne journée vous suffira pour tout boucler – mais une fois passée la joie de la découverte, vous aurez rapidement l’impression de perdre votre temps dans de mornes ruelles. Altaïr méritait meilleures vacances que celles-ci…