Test AO International Tennis 2 : une suite qui peine à convaincre, Top Spin 4 toujours intouchable
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- L'éditeur de joueurs et de courts toujours complet
- Le mode "Carrière" qui a gagné en épaisseur
- Des efforts sur les animations
- Le timing est là...
- ...peut-être même trop
- Le casting ne fait pas vraiment rêver
- Visuellement, ça n'a quasiment pas bougé
- L'inertie des joueurs frustrante
- Le gameplay qui manque cruellement de profondeur
- Le jeu au filet raté
- Quelques bugs agaçants
- Des temps de chargement beaucoup trop longs
- Les différentes surfaces qui n'ont aucune incidence sur la balle
C’est purement subjectif, mais depuis l’excellent Top Spin 4, les amateurs de la petite balle jaune rongent leur frein. OK, Tennis Elbow 2013 avait de la gueule, à condition d’enquiller les heures d’entraînement avant de prendre du plaisir sur le court. Bien qu’il ne boxe pas vraiment dans la même catégorie, on pourrait citer Mario Tennis Aces (2018) sur Nintendo Switch : ses mécaniques à la fois ciselées et accessibles sont à montrer dans toutes les écoles. Quant à Tennis World Tour (2018), est-il vraiment nécessaire de revenir sur la déception qu'il a été ? Bref, tout ça pour dire que ce n’est pas forcément la joie quand on idolâtre Roger Federer, ce qui explique tous les espoirs placés en AO International Tennis 2. Malheureusement, dès les premiers échanges, on s’aperçoit que les développeurs ont décidé de mourir avec leurs idées, les mêmes qui faisaient que le premier opus était tout sauf intuitif. Eh oui, alors que la logique (dans un jeu vidéo, du moins) voudrait que l’on se focalise d’abord sur le timing et la puissance de la frappe, Big Ant Studios pense qu’il faut en priorité cibler la zone où l’on souhaite renvoyer la balle. AO International Tennis a beau avoir imposé cet exercice contre nature il y a deux ans, notre cerveau continue de morfler. Le souci avec une telle approche, c’est que le jeu n’a aucune saveur : la plupart du temps, ça se résume à faire faire l’essuie-glace en attendant de pouvoir placer un coup droit dévastateur ou un revers long de ligne. On peut toujours s’aventurer dans une diagonale, mais le caractère insensé du gameplay fait que s’ouvrir le court ne sert à rien, puisque l’on galère à terminer le point derrière.
Le souci avec une telle approche, c’est que le jeu n’a aucune saveur : la plupart du temps, ça se résume à faire faire l’essuie-glace en attendant de pouvoir placer un coup droit dévastateur ou un revers long de ligne.
Anecdotiques dans le premier AO International Tennis, les effets (slice, à plat, lift) n’ont visiblement bénéficié d’aucune refonte. Pareil pour les types de surfaces : que l’on soit sur dur, gazon ou terre battue, le rebond de la balle demeure identique. Dans ces conditions, impossible de casser les jambes de l’adversaire avec, par exemple, une amortie. Au fond, c’est toute la palette de coups qui devient périmée, la faute à un moteur physique qui fait un joli doigt d’honneur au tennis. L’inertie des joueurs étant mal calibrée, il est hasardeux de monter au filet. On a l’impression d’avoir des semis entre les mains, et c’est encore plus criant sur les changements d’appuis, le replacement, les petits pas pour bien se positionner par rapport à la balle. Plus d’une fois, il nous est arrivé d’être pris à contrepied sans être en mesure de réagir, alors qu’il y avait moyen de sauver le point. De quoi rendre fou. Pire, l’I.A. a souvent tendance à contrer un coup puissant avec un banana shot, en rupture et dans un angle impossible. A la limite, que ça sorte de la raquette de Nadal, pourquoi pas ; mais quand il s’agit d’un no name, c’est un peu plus embêtant. S’il serait malhonnête de ne pas souligner les efforts réalisés au niveau des animations, ça reste quand même insuffisant. L’absence des glissades sur terre battue montre bien que Big Ant Studios est encore loin du compte : avec AO International Tennis 2, le feeling ne passe pas. On passe notre temps à chercher des astuces pour rendre le supplice moins douloureux.
FAUTE DIRECTE
A ce sujet, bidouiller dans les options permet de réduire la vitesse de la visée ; ça évite de flirter constamment avec les lignes si l’on a tendance à incliner le stick tôt. Désactiver l’aide aux déplacements est également idéal pour limiter au max les scripts qui plombent la volée, ainsi que les hésitations incompréhensibles du joueur dans certains cas. On vous laisse jeter un œil à tout ça, sachant que le dosage dépend bien évidemment du style de chacun. Côté casting, 25 stars sous licence répondent à l’appel. C’est cinq de plus que le premier volet, mais on aurait aimé que BigBen Interactive se penche sur des icônes de la discipline. Si le roster de Top Spin 4 n’a jamais posé problème, c’est parce qu’il y avait Federer, Djokovic, Serena Williams, Murray, Sampras, ou encore Becker. Dans AO International Tennis 2, on nous sort Daria Gavrilova, Frances Tiafoe, Monica Puig, Kyle Edmund et Kevin Anderson. Ils sont certainement connus des puristes, mais à l’heure où les jeux de tennis ne sont pas légion et ont besoin de se vendre, il aurait été plus judicieux de se tourner vers noms qui parlent au grand public. Heureusement que Nadal, Monfils, Wawrinka, Goffin – et dans une moindre mesure Mladenovic, Barty, Garcia, Stosur, Cilic et Isner – sont là pour apporter un peu de lumière. Et puis, l’Académie est toujours présente afin que les utilisateurs puissent créer leurs propres joueurs de A à Z, sachant qu’il est aussi possible de télécharger les avatars créés par la communauté.
Non, Big Ant Studios n’a pas rectifié le tir avec AO International Tennis 2, alors que le chantier était énorme. Au lieu de prendre du plaisir à chaque coup de raquette, on lutte en permanence pour donner de l’angle sans que la balle ne termine dans le couloir.
Bien sûr, ça implique de tomber sur plusieurs "Rodgeur" ou "Djoko" aux traits assez étranges parfois, mais le système d’évaluation permet de cibler assez vite les versions crédibles. A noter que l’on peut concevoir des complexes pour, là encore, pallier au manque de licences, AO International Tennis 2 se consacrant exclusivement à l’Open d’Australie. On ne va pas revenir sur tous les modes du jeu – d’autant que la plupart sont déjà connus – et s’attarder plutôt sur la Carrière pour laquelle les développeurs ont promis quelques changements. Le premier ne fait que suivre la tendance actuelle (FIFA, NBA 2K en tête), puisque la campagne solo est désormais scénarisée. Bon, ça ne casse pas trois pattes à un canard, soyons clairs, mais les cut scenes ont le mérite d’animer l’ensemble qui était ultra soporifique dans le premier épisode. On apprécie aussi tous les à-côtés avec lesquels un joueur professionnel doit composer – l’organisation du planning, les sponsors, la gestion de la fatigue, la popularité à travers les réseaux sociaux et les médias entre autres. Les choix de réponse lors des conférences de presse n’ont pas été oubliés, mais leur impact sur la destinée de notre poulain est minime. On aurait pourtant aimé qu’une attitude détestable complique les rapports avec les marques, chose que l’on perçoit quand on enchaîne les gestes d’humeur sur le court ; le public n’hésite pas alors à manifester son mécontentement. Quant à la progression du joueur, elle ne se fait pas sans douleur, surtout quand on joue en Pro. Pas de panique si vous enchaînez les défaites donc, les victoires viennent au fur et à mesure que l’on améliore les compétences de notre perso. Grimper au classement ne se fait pas en un claquement de doigts, et c'est justement ce qui nous a incités à enchaîner les tournois
"I FEAR NO ONE BUT RESPECT EVERYONE"
Sur le plan visuel, AO International Tennis 2 ne fait guère mieux que son prédécesseur, comme si Big Ant Studios avait déjà tout donné. On pensait que la modélisation des personnages tiendrait enfin compte des particularités de chacun, mais ce n’est pas le cas ; la morphologie est quasi la même d’un joueur à l’autre. Les gros plans sont une véritable torture tant les animations faciales (quand il y en a) sont d’un autre temps, et les courts manquent toujours de relief. Le caractère générique du public n’a pas l’air de déranger grand monde, non plus. Comme on l’a laissé entendre, seules les animations réussissent à tirer leur épingle du jeu. En fait, les développeurs se sont efforcés d’intégrer des signature moves pour que les joueurs soient immédiatement reconnaissables. Il est juste dommage que leur style de jeu n’ait pas été reproduit avec la même exactitude. D’où cette sensation d’incarner plus des doublons que de vraies individualités. Enfin, concernant le mode en ligne, le léger lag que nous avons constaté renforce l’absence de réactivité des joueurs soulignée plus haut. On n’a pas insisté.