Test Anno 1701 : Dawn of Discovery sur DS

Décliner les Anno sur DS, voilà une bien curieuse idée. Car il paraît difficile de faire plus "PC" que la série imaginée par les Allemands de Sunflowers. Pensez donc : un titre de pure gestion dans lequel un joueur incarne une espèce de super-gouverneur de colonie, à la fois trésorier, bâtisseur, explorateur et général, voilà qui ne peut voir le jour que sur une machine équipée d’un clavier et d’une souris. La DS a cela de bon, entre autres qualités, qu’elle permet justement à des produits résolument éloignés de l’approche console de voir le jour… sur une console ! Moyennant quelques petits ajustements, notamment graphiques, bien des concepts se satisfont de cette interface boutons / stylet si caractéristique.

Island in the sun

Anno 1701 : Dawn of Discovery ne faillit pas à la règle, et d’un excellent jeu paru sur PC l’été dernier devient un très bon produit sur la portable de Nintendo. Seul maître à bord de comptoirs dispersés dans les Caraïbes, vous devez installer les bâtiments essentiels à la survie de quelques colons, et gérer avec suffisamment de talent votre hameau de cabanons pour que celui-ci se transforme peu à peu en riche cité ensoleillée. Une croissance théoriquement facile à maîtriser, puisque votre rôle consiste principalement à fournir à vos administrés ce dont ils ont besoin, en contrepartie de quoi ceux-là vous donneront ce que vous chérissez le plus : des sous ! Mais en ces lieux reculés, aucun désir n’est aisé à satisfaire, et plus vous accédez aux demandes, plus votre population se montre exigeante. Si vos premiers péquenauds, qui vous rejoignent une fois que vous avez bâti cinq baraques en torchis au milieu de nulle part, survivent pour peu que vous construisiez une ferme non loin et qu’un pêcheur ramène régulièrement du poisson frais à leur table, la dîme qu’ils vous paient n’est pas bien lourde. Pour qu’ils s’enrichissent, et remplissent vos poches par la même occasion, vous devez leur bâtir tavernes et églises, puis cathédrales et palais, et les fournir en thé, sucre, confiseries et bijoux. Les produits, qu’ils soient manufacturés ou non, ne tombent évidemment pas du ciel, et certains devront être produits loin de votre centre-ville. Vous ne pourrez en effet prospérer en exploitant une seule et unique terre. Au contraire, il vous faudra coloniser deux ou trois îlots aux attributs divers (fertilité, filons miniers) sous peine de ne pouvoir répondre à toutes les exigences de la plèbe, qu’il vous faudra, en prime, protéger des aléas de la vie insulaire. Car voleurs, incendies, mais surtout pirates et puissances ennemies ne voient pas votre prospérité d’un bon œil.

Bonne fortune

La dimension stratégique d’Anno 1701 : Dawn of Discovery est toutefois des plus limitées, et les quelques batailles que vous devrez mener contre l’envahisseur se feront de manière quasi-automatique. Il est d’ailleurs un peu malheureux que cette facette du jeu ne soit pas un tantinet plus poussée. Pour triompher, il vous suffit simplement de disposer de davantage de soldats en garnison que votre ennemi. Un peu juste. A cette exception près, la production de Keen est une belle surprise, plutôt agréable à jouer. L’interface est bien pensée et permet, en un ou deux clics de stylet, d’accéder à l’ensemble des outils de gestion et de construction. Vous sélectionnez un type de bâtiment, le positionnez sur la carte en 3D isométrique, validez et voilà, tout est prêt. On regrettera certes un certain manque de lisibilité – malgré l’existence d’un zoom –, qui entraîne quelques difficultés d’aménagement, notamment lors de l’installation des routes, et on pestera régulièrement contre l’extrême précision dont il faut parfois faire preuve pour placer ses installations, mais l’ensemble reste très intuitif. La bande son horripilante, la gestion un peu trop simplifiée des ressources (vos chers concitoyens consomment automatiquement ce dont ils ont besoin sans que vous puissiez réellement constituer de stocks), la superficie trop faible des îles, le rythme parfois très lent des parties, les défauts ne manquent évidemment pas. Mais ces quelques détails finalement mineurs n’empêchent pas Anno 1701 : Dawn of Discovery de se hisser, sans grande difficulté, parmi les meilleurs jeux de gestion de la DS.