Scarface au soleil
A défaut d'avoir été à Miami, c’est sous le soleil de Malaga en Espagne que la presse mondiale fut conviée à prendre des couleurs autour de Scarface, le jeu. Déplacements en limousine, hôtel grand luxe et babes faisant couler le champagne à flot, tout était fait pour nous mettre dans l’ambiance du film culte de Brian De Palma, mais ce torrent de débauche ne cherchait-il pas à masquer quelque chose autour du jeu ? La présentation du titre et la rencontre avec les développeurs nous ont apporté les réponses.
S’étant prise quelques claques derrière la tête lors du dernier E3, l’adaptation vidéoludique de Scarface s’est finalement accordée un délai supplémentaire pour prendre en compte les critiques de l’époque, quitte à laisser sortir un certain jeu Le Parrain avant elle. Après avoir retravaillé le soft de leur coté, les développeurs de Radical Entertainment ont alors tenu à dévoiler les évolutions et améliorations apportées à leur titre qui semblait pourtant bien mal parti. Le travail est-il déjà fini pour autant ? On peut déjà vous dire que non.
First you get the Money
Davantage une suite improvisée qu’une adaptation au sens courant du terme, Scarface sur consoles et PC reprend le film à quelques minutes de la fin, juste avant l’ultime plongeon de Tony "fucking" Montana dans le bassin intérieur de son manoir. Premier niveau de cette conversion numérique, cette fusillade d’anthologie prendra alors une autre tournure puisque Tony pourra cette fois se retourner à temps pour éviter la charge fatale et ainsi échapper à la mort. Toujours en vie mais revenu à zéro après une trop longue absence de trois mois du marché clandestin de la cocaïne, Tony va devoir tout reconstruire pour retrouver son train de vie, à commencer par son empire de la drogue. Fidèle au possible à l’oeuvre de Brian De Palma, Scarface : The World is Yours reprend les lieux cultes du film et la modélisation d’Al Pacino semblait déjà plus convaincante que celle vue à Los Angeles au printemps dernier. Sans battre non plus des records d’esthétisme, la version présentée en Espagne offrait en effet un rendu plus précis et Radical Entertainment n’était pas peu fier de nous montrer les évolutions graphiques par rapport à l’année dernière. Avec quelques effets spéciaux en plus, des jeux de lumières et des ombres portées, la liste n’est pourtant pas très longue et, si les graphismes de ce ‘nouveau’ Scarface passent déjà mieux que ceux de l’année dernière, on reste encore bien loin de ceux du jeu d’Electronic d’Arts porté sur le film de Scorsese, et offrant pourtant un univers tout aussi riche. Quoi qu’il en soit, Radical Entertainment a déjà oublié sa mouture de départ et les plus curieux auront même remarqué que le site officiel du jeu s’était séparé de ces précédentes images et vidéos pour éviter tout malentendu avec la première version peu alléchante.
Then you get the Power
A mi-chemin entre Grand Theft Auto : Vice City (largement inspiré de ce même film) et la série des True Crime, Scarface : The World is Yours rappellent inéluctablement par son gameplay le jeu Le Parrain, déjà beaucoup plus récent. Si l’univers mafieux y fait beaucoup, cela est aussi et surtout dû aux possibilités qu’aura Tony Montana de contrôler différentes boutiques de Miami pour étendre son business et blanchir son argent. Après s’être fait ses premiers billets en achetant et revendant la poudre blanche dans les ruelles de la ville, vous pourrez en effet vous attirer les faveurs des gérants en réalisant quelques livraisons et autres missions pour eux. Remplissant ainsi votre carnet d’adresses, vous pourrez à tout moment contacter votre réseau pour développer votre activité et gonfler alors vos comptes avant de flamber votre argent en tout et n’importe quoi comme Fucking Montana sait si bien le faire. Fonctionnalité pas encore dévoilée durant cette présentation, le jeu devrait en effet permettre de dépenser les millions de la drogue en gadgets et autres objets de déco très eighties mais aussi apparemment de créer des activités plus ou moins clandestines, avec notamment des casinos où l’on pourra placer jackpots et autres tables de black-jack.
Then you get the Women
Reprenant l’esprit visuel très coloré du film, Scarface en reprend surtout l’ambiance au niveau des animations et des dialogues et c’est le sourire aux lèvres que l’on retrouve la fougue et la verve de Tony qui n’hésite pas à danser et insulter ces adversaires avant de les achever. Ce langage très ‘fucké’ se retrouve également lorsque vous aborderez une femme dans la rue et, une fois votre réputation reconstruite, c’est toute la ville qui vous regardera différemment comme en manifesteront apparemment les dialogues avec les quelques 240 personnages avec lesquels vous pourrez interagir. Précisons au passage que les dialogues resteront en Version Originale et la localisation ne concernera donc que les sous-titres, une excellente nouvelle en soit quand on connaît déjà la supériorité de la VO à la VF rien que dans l’œuvre originale. Plutôt fidèle à l’esprit du film donc, avec en plus une BO d’époque comptant les musiques originales aux cotés de chansons hip-hop actuelles beaucoup plus anachroniques mais heureusement non imposées (la playlist étant entièrement personnalisable), Scarface : The World is Yours souffre encore de grosses lacunes techniques. Si la version dévoilée à cette occasion datait déjà de quelques mois aux dires des développeurs, les bugs s’accumulaient encore bien trop pour un titre souhaitant sortir cette année, obligeant alors les responsables présents à continuer leur présentation avec une fausse décontraction. L’environnement soit disant totalement destructible résistait en effet particulièrement bien aux assauts effectués et, à l’exception des fenêtres, les interactions manquaient encore à l’appel. En contre partie, les bugs de collision étaient quant à eux bien présents et il n’était pas rare de voir des voitures traverser des arbres et des ennemis disparaître au travers d’un mur. Certaines animations manquaient également à l’appel mais surtout, comme ce fut malheureusement déjà le cas pour True Crime : New York City, le framerate sur PS2 semblait encore bien bas et le clipping en contre partie bien élevé. Au final, et face à l’ampleur des problèmes techniques liée aux versions présentes, les développeurs ont alors purement et simplement annulé les sessions d’essais, nous empêchant alors, au-delà de répertorier de nouveaux bugs, de vérifier que la prise en main offrait au moins un minimum de sensations.
Pas forcément mauvais sur le fond, c’est donc véritablement sur la forme que Scarface pêche une fois de plus. Près d’un an après la version dévoilée à l’E3, cette nouvelle mouture a certes fait déjà quelques progrès mais reste encore en dessous du niveau des productions actuelles et il faudra attendre encore un mois et demi avant de voir une nouvelle version tourner à Los Angeles durant l’édition 2006 de l’Electronic Entertainemnent Expo. Ces quelques semaines supplémentaires permettront-elles aux développeurs de redresser, une fois de plus, le tir dans la bonne direction ? L’avenir nous le dira prochainement mais, en attendant, Peter Wanat (executive producer du jeu) se montre plutôt confiant comme en témoignent ses réponses à notre interview, disponible en page suivante avec toutes les photos de ce voyage (babes comprises).