Red Dead Redemption

Les hommes de main de Rockstar Games ont débuté la présentation de Red Dead Redemption en revenant sur l'historique de la licence, que les fans de Clint Eastwood connaissent sur le bout des doigts. Pour mémoire, on rappelle qu'avant de tomber dans l'escarcelle de Rockstar San Diego, la marque était une propriété privée de Capcom qui avait même dévoilé quelques trailers du projet, avant de céder finalement la franchise aux frères Houser. Alors qu'ils auraient pu s'inspirer de ce qui avait été déjà fait par la firme nippone, les développeurs de Midnight Club : Los Angeles ont décidé de repartir d'une feuille blanche pour donner naissance à Red Dead Revolver. Selon les premières promesses faites par Rockstar Games, Red Dead Redemption revisite le genre du western et attaque la période du Far West sous un angle nouveau, avec une lecture du scénario et des liens sociaux beaucoup plus profonds que dans le premier épisode. Alors que Red Dead Revolver proposait un schéma simpliste avec les bons d'un coté et les truands de l'autre, l'histoire de Red Dead Redemption s'avère beaucoup moins linéaire et permet d'incarner John Marston, un ancien hors-la-loi qui a décidé de se ranger afin de fonder une famille et mener une vie paisible. Il n'est donc plus question de prendre en main un Red Harlow en quête de vengeance ici, une nouvelle direction scénaristique qui a permis aux développeurs de Rockstar San Diego d'instaurer un système de progression basé sur l'open world ; un changement majeur par rapport à Red Dead Revolver où le storyline était découpé en plusieurs niveaux.

Wild Wild West

A l'instar de Grand Theft Auto IV, la liberté d'action flirte avec l'infini et les plaines s'étendent à perte de vue, sous les yeux d'un Marston qui sera amené à remplir une série de missions tout au long de l'aventure. Le terrain de jeu est annoncé comme étant le plus grand jamais créé dans un jeu signé Rockstar Games, beaucoup plus immense que celui de Grand Theft Auto : San Andreas ; on vous laisse imaginer. Animé par le moteur graphique "RAGE" qui n'a plus rien à prouver aux mirettes, Red Dead Redemption s'applique à coller parfaitement avec l’Ouest Américain du début du XXème siècle tel qu’il est représenté dans les nombreux films dédiés au western, avec la découverte de nouvelles technologies industrielles liées à l'agriculture et aux progrès réalisés dans le domaine de la médecine. Même s'il faudra patienter encore un peu pour admirer les terres mises en jachère et quelques poulaillers, on est en revanche en mesure d'affirmer que la notion d'écosystème a été respectée à la lettre. En effet, il n'est pas rare de voir des vautours s'affairer autour d'un cadavre, ou de se faire couper la route par une hyène lancé à la poursuite d’une proie. Grisant. Grisant également les animaux qui n’hésitent pas à s’attaquer aux individus se promenant dans les environs, les habitants qui règlent leurs comptes en faisant traîner leur victime au bout d’une corde sur plusieurs mètres… Rockstar Games nous a affirmé que dans la version définitive de Red Dead Redemption, l’interdépendance entre les différents animaux serait beaucoup plus appuyée, et que la flore aura également un rôle important dans la survie de certaines espèces.

A l'instar de Grand Theft Auto IV, la liberté d'action flirte avec l'infini et les plaines s'étendent à perte de vue, sous les yeux d'un Marston qui sera amené à remplir une série de missions tout au long de l'aventure."

Après ces quelques considérations introductives, nous avons pu assister à une première mission dans laquelle John Marston, accompagné d'un groupe d'officiers de police, devait procéder à l'échange d'un prisonnier contre la fille du commissaire du village nommée Bonnie, à l’agonie au bout d’une corde. Les malfrats refusant de coopérer, la situation bascula dans un gunfight qui reprenait les ingrédients devenus classiques depuis l'avènement de Gears of War : tir à l'aveuglette, le petit step pour ajuster sa visée, et l'increvable cover afin de se protéger des balles ennemies et recharger son flingue. Sans la manette entre les mains, il était naturellement difficile de dire si le gameplay était intuitif ou non, mais la prise de risque de Red Dead Redemption dans ce domaine ne semble pas énorme de toutes façons. Marston ne renie pas ses origines et peut toujours faire appel au fameux Dead Eye, qui a été utilisé de deux façons différentes dans cette version d'essai. La première consistait à éliminer l'adversaire d'une seule cartouche en slow motion, à condition de tenir entre les doigts un fusil à pompe. A priori, cette méthode fonctionnera essentiellement avec les armes de longue portée que l'on pourra se procurer sur la route. La seconde manière, quant à elle, concerne essentiellement les pistolets avec lesquels il est possible de tirer plusieurs balles à la fois pour transpercer le corps de l'adversaire. Selon la robustesse de l'opposant, il faudra utiliser l'une ou l'autre méthode, sachant que les red crosses des armes à courte portée seront conditionnées par la taille du chargeur, mais également par le nombre de munitions qu'il nous restera en poche. Puisque l'on évoque les armes, Rockstar Games s'est refusé à tout commentaire quant à l'équipement sur lequel John Marston pourra compter tout au long de l'aventure, mais a tout de même précisé que le héros pourra utiliser plusieurs objets à la fois. En tout cas, le level design de Red Dead Redemption affiche de nombreuses cachettes qui permettent de reprendre son souffle assez régulièrement, avec plus ou moins d'efficacité en fonction de la taille de la caisse ou de l'épaisseur du poteau. Cette première fusillade nerveuse fut également l'occasion de contempler les réactions des personnages face aux balles envoyées par l’ex-taulard. Comme il s'agissait d'un preview code pas suffisamment travaillé, les ennemis ne faisaient pas l'effort d'encercler le héros pour le mettre en panique deux secondes. Cela est arrivé une ou deux fois pour être honnête, mais pas assez en tout cas pour savoir s'il faudra faire dans la stratégie pour calmer les opposants. Toutes les balles venaient quasiment d'en face, et la map n’était pas d’une grande utilité. Pour boucler la mission et délivrer Bonnie, John Marston devait avoir nettoyé obligatoirement toute la zone, mais la version finale du titre permettra d’abréger les souffrances de la demoiselle en tirant une balle sur la corde. Bon à savoir. Comme l’a répété à plusieurs reprises Rockstar Games, l'exploration représentera une partie importante de Red Dead Redemption. Puisqu'il faudra parcourir des centaines de kilomètres dans le jeu, on pourra grimper sur un cheval et parcourir les plaines sans se fatiguer, de la même manière que Link dans The Legend of Zelda : Twilight Princess ou Altaïr dans Assassin's Creed. Bien évidemment, il sera possible de combattre sans mettre pied à terre, ce qui ravira les fans de Raoul et de Ken Le Survivant. Plus sérieusement, il faudra prêter une attention toute particulière à sa monture, en prenant soin de la nourrir régulièrement pour maintenir sa condition physique à un niveau satisfaisant. Cela dit, on sera pas contraint de garder le même cheval durant toute l’aventure, mais il paraît que la fidélité sera récompensée dans Red Dead Redemption.

Pour une poignée de dollars

Développé en collaboration avec Rockstar Leeds, le titre repousse clairement les limites de l'intraction, que ce soit avec les animaux ou les habitants. Par exemple, comme l'a précisé Greg Weller durant la présentation du jeu, il sera possible de partir à la chasse pour nourrir les plus défavorisés, et obtenir ainsi de précieuses récompenses. Mais le plus bluffant, c'est lorsque Marston pénétrera dans un village où sa réputation sera déjà établie, alors qu'il n'y aura encore jamais les pieds. Plus concrètement, les habitants seront déjà au courant des exploits du bonhomme grâce aux messages télégraphiques que les individus s’échangeront quotidiennement. Dans la peau du sauveur de service, le héros aura la possibilité de profiter de l’aide des voisins, qui n'hésiteront pas à lui prêter main forte pour semer les poursuivants. En revanche, s'il s'avère que John Marston a exécuté des innocents, son portrait affublé de la mention WANTED sera placardé dans toutes les villes. Il faudra alors se fondre dans la masse pour ne pas se faire remarquer, et agir en toute discrétion. Bref, Red Dead Redemption se laisse sculpter selon les envies du joueur qui aura le choix entre rendre la justice ou faire régner la terreur. Les développeurs assurent qu'une foultitude de mini-games garniront les villages, histoire de varier les plaisirs. On ne sait pas encore si l'on aura droit à des strip tease à la sauce culotte de grand-mère, mais toujours est-il que l'on pourra défier quelques gros bras en plantant un couteau entre les doigts écartés. Facile au départ, l'exercice se corse au fur et à mesure que l'on enchaîne les succès et amasse les billets. Plus concrètement, le nombre de boutons sur lesquels il faut appuyer augmente progressivement. Dans la seconde mission dévoilée, il s'agissait de protéger la diligence d'un commerçant des attaques ennemies. Pendant que le marchand s'occupait de diriger son attelage, Marston flinguait les assaillants qui venaient de tous les cotés. Afin de faire chuter plus facilement les gangsters, le héros ciblait surtout les chevaux. Logique. Les ennemis dressaient de temps en temps des barrages sur le chemin : dans ce cas, il fallait descendre de la diligence et viser les bidons d’essence pour mettre à genoux tout le monde d’un coup de gâchette.

Red Dead Redemption se laisse sculpter selon les envies du joueur qui aura le choix entre rendre la justice ou faire régner la terreur."

La troisième mission reprenait le même principe, à la seule différence qu’il fallait cette fois-ci escorter un train à l’aide de son cheval. L’affaire était un peu moins aisée que la précédente, étant donné qu’il fallait à la fois contrôler sa monture et viser les adversaires. Là encore, Marston ne donnait pas l’impression d’être confiné dans un couloir, puisqu’il pouvait choisir de grimper en haut d’une colline pour ajuster quelques crânes avant de redescendre. Rockstar Games a insisté sur le fait qu’une seule et même mission pouvait être accomplie de plusieurs façons différentes. Par ailleurs, Red Dead Redemption profitera d’un cycle nuit-jour qui permettra d’accéder à des missions à des moments précis de la journée. Les variations climatiques seront elles aussi de la partie, mais de façon moins profonde que dans un GTA. Enfin, n’oublions pas de souligner le travail d’orfèvre réalisé au niveau du character design. Même si John Marston n’est pas du genre à pleurer dans les jupons de sa mère, certaines expressions faciales sont plaisantes à voir. On devine sur sa tenue toutes les armes qu’il est capable de transporter, sans oublier ses vêtements qui se mettent à flotter à chaque coup de vent. Certes, la version présentée souffrait de carences techniques – clipping entre autres -, mais le moteur "RAGE" est l’équivalent de la Sécurité Sociale chez Rockstar San Diego. Autrement dit, le résultat final sera certainement à la hauteur de l’événement. Bref, Red Dead Redemption s'annonce prometteur. Le jeu regorge de bonnes idées, et pousse l’interaction avec les personnages à un tout autre niveau, grâce au savoir-faire des créateurs de Grand Theft Auto IV. Chaque action a une incidence sur le déroulement de l’histoire. Mais le véritable tour de force du jeu, c'est de parvenir à nous immerger dans une aventure dont le thème n'est pas forcément fédérateur ; du moins pas chez nous. Red Dead Redemption a déjà remporté un premier pari en tout cas. La sortie du jeu est programmée pour cet automne sur Xbox 360 et PlayStation 3.