Microsoft (Hugues Ouvrard) : "Non, la réalité virtuelle ne révolutionnera pas le jeu vidéo"
1/ JEUXACTU : Hugues Ouvrard, vous êtes à la tête de la division Xbox en France depuis 2 ans maintenant, soit depuis le lancement de la Xbox One, quel a été votre principal objectif en arrivant chez Microsoft ?
Hugues Ouvrard : Lancer la console tout d’abord ! Ensuite, nous avons tous des objectifs et les miens étaient dans un premier temps aussi bien qualitatifs que quantitatifs. Ensuite, à mon arrivée, on m’a demandé aussi des choses un peu plus différentes comme construire une communauté, développer les réseaux sociaux de façon plus moderne et dynamique.
2/ Il est vrai que vous êtes assez actif sur Twitter, avec parfois des posts qui se font remarquer. Donc, c’est quelque chose que vous avez voulu développer ?
Alors moi en dilettante, mes équipes un peu plus. Sur le compte Twitter Xbox FR par exemple, on a développé un ton où l’on est à la fois capable de relayer des informations sérieuses sur les consoles et les jeux et de se montrer un peu plus piquant, plus drôle et de troller aussi nos amis, l’industrie et moi j’interviens un peu plus en filigrane. Je travaille chez Xbox mais je suis aussi gamer en fait. Ça m’arrive donc de donner des avis sur d’autres sujets.
3/ C’est une excellente transition vers ma troisième question. On ne le dit pas assez souvent, mais au-delà de votre costume de dirigeant, vous êtes avant tout un joueur. J’ai lu que vous trouvez toujours le temps de jouer aux jeux vidéo, 4 à 5 heures par semaine paraît-il. Est-ce que c’est grâce à cette connaissance du gaming qu’on peut être plus performant au travail ?
C’est une évidence bien sûr ! J’aime bien avoir dans mon équipe des gens qui connaissent le jeu vidéo. Je pense qu’un fromager qui ne mange pas de fromage ne fait pas de bons fromages. Donc, quelqu’un qui travaille dans le jeu vidéo et qui ne connaît rien au jeu vidéo, ça ne le fait pas. Surtout quand il rencontre des gens comme vous de la presse, les distributeurs mais aussi les gamers, il faut savoir de quoi on parle sinon on est démasqué en même pas une minute. C’est ridicule. Alors moi, je ne le fais pas pour ça, car je suis gamer depuis toujours. Je dois avoir chez moi quelque chose comme plus de 150 consoles. Ma première console, je l’ai eu à l’époque des grands-parents de vos internautes, à la fin des années 70. Je joue depuis toujours et je ne pensais pas qu’un jour, j’allais pouvoir travailler dans le jeu vidéo. Quand je suis entré sur le marché du travail, le jeu vidéo n’était pas un secteur aussi structuré qu’il ne l’est aujourd’hui. J’adore mon métier et oui, je joue au moins 4/5 heures par semaine.
On n’a pas laissé de côté Kinect pour pouvoir baisser le prix de la Xbox One, on a fait une erreur de lancement sur la console, c’est différent. Notre erreur est d’avoir proposé qu’un seul prix, celui à 499€.
4/ Pour la Paris Games Week 2015, vous avez annoncé votre arrivée dans l’eSport, avec un programme entièrement français. Quel est le but pour Microsoft de pénétrer au cœur du gaming sportif ? Est-ce l’explosion du secteur qui vous pousse à être présent ?
C’est vrai que l’eSport est la tendance la plus forte actuellement dans le jeu vidéo, bien plus que le hardware, les accessoires ou les jeux, c’est vraiment en train d’exploser comme jamais. L’idée pour nous n’était pas de surfer sur la vague, sinon on aurait continué à faire ce qu’on fait depuis des années, c’est-à-dire être présent, supporter des compétitions, des équipes aussi comme Vitality ou Millenium et d’autres. On a voulu aller plus loin, on voulait notre propre compétition parce qu’on estime que l’eSport a besoin d’être structuré en France. Alors on est organisateur de compétitions en tant qu’éditeur et constructeur, mais néanmoins, on n’a pas le savoir-faire pour organiser une compétition et pour cela, on fait appel à l’ESL. Et puis derrière, on avait aussi une autre volonté. Comme je vous l’ai dit, je suis gamer et je regarde beaucoup ce qui se passe dans l’eSport, bien que je sois un piètre eSportif. Je suis même un eSportif du dimanche. Néanmoins, quand je regarde la scène eSport, que ça soit Call of Duty, FIFA ou League of Legends, je ne vois pas de Français émerger réellement au niveau mondial. Du coup, avec l’équipe Xbox, on s’est dit qu’il fallait faire quelque chose pour aider les eSportifs français. Les aider à avoir des compétitions qui soient structurées, mais aussi et surtout les aider pour qu’ils puissent gagner de l’argent sur le territoire français, afin qu’ils soient plus performants une fois qu’ils vont se retrouver face à des Ukrainiens, des Asiatiques ou des Américains, qui ont déjà pris beaucoup d’avance sur nous. Typiquement, il est rare de retrouver des Français qui parviennent à se hisser sur les toutes premières marches du podium. C’est pour ça qu’on a mis cette somme de 200 000€ qui est symbolique mais qui est forte néanmoins pour les Xbox Elite Series 2016, qui démarrent là…
5/ Au-delà de ce partenariat et de ces soutiens financiers, est-ce que Microsoft compte créer de nouvelles équipes et notamment son équipe Xbox par exemple ? Allez-vous aussi développer davantage de jeux spécialement pour l’eSport ?
Alors non, il n’y aura jamais d’équipe Xbox. On s’est posé la question mais c’est compliqué d’être organisateur d’une compétition et d’avoir sa propre équipe qui y participe. Si elle gagne, on va tous nous suspecter de tricherie et si elle perd dès le premier tour, ça sera la valse des moqueries. Donc non, on n’aura pas d’équipe Xbox. Quant aux jeux développés spécifiquement pour l’eSport, je vous précise qu’il s’agit d’un nouveau programme typiquement français et ni les Allemands ni les Américains ne bénéficient d’un tel soutien et en France, on n’a pas les capacités de développer des jeux uniquement pour un programme purement de chez nous. Néanmoins, on ne pas hésiter à mettre en avant certains jeux tels que Halo, Forza et d’autres d’éditeurs-tiers. Tout cela permet de faire une transition vers le programme Elite Series, qui est le fameux championnat qu’on organise pour la France avec 100 000€ de cash prize à gagner, d’où la création de la manette Elite, disponible depuis quelques jours. C’est une manette avec des composantes amovibles, qui a été faite par des eSportifs et pour des eSportifs, mais elle convient aussi à tout le monde. Ce n’est pas parce qu’on fait du football uniquement le dimanche qu’on n’a pas le droit de porter les chaussures de Zlatan pour se sentir à l’aise. C’est pareil pour cette manette. Et puis, on a aussi la console Elite, qui est une console plus puissante, qui a un nouveau look et qui intègre la manette Elite. La marque Elite est donc représentative de Microsoft au sein de l’eSport. Ce programme permet donc de gagner de l’argent mais on aimerait aussi qu’il soit révélateur de jeunes talents. Notre rêve est de pouvoir faire émerger une nouvelle équipe de joueurs de 14 ans, tandis que celles déjà en place peuvent se qualifier pour des tournois mondiaux.
6/ Et l’arrivée de cette branche Elite au sein de Microsoft, c’est aussi pour dire aux joueurs que la Xbox One est la console qu’il faut quand on est hardcore gamers ?
Quand on a lancé la Xbox One, elle était effectivement destinée aux hardcore gamers, puis aux gamers et enfin au grand public. Microsoft d’adresse à tous les publics, mais il est vrai qu’on a de l’ADN de gamer et de eSportif qui coule dans nos veines. Je vous rappelle qu’en 2003, on a créé le Xbox LIVE, c’est ce qui a permis de lancer le multijoueur en ligne sur consoles. En 2004, on a sorti Halo 2 qui est le premier jeu eSport sur consoles. C’est quelque chose qu’on a en nous. C’est à la fois une tendance mais aussi une composante du jeu vidéo, au même titre qu’un casque de réalité virtuelle, du casual gaming, du jeu sur tablettes et smartphones, du jeu sur Windows 10. Tout cela fait partie de la marque Xbox aujourd’hui.
7/ J’aimerais maintenant revenir sur vos jeux exclus de la fin d’année et notamment Rise of the TOMB RAIDER qui pour moi n’a pas bénéficié de la meilleure publicité en tant qu’exclu, avec des couacs de communication. Je m’explique : août 2014, Crystal Dynamics annonce que le jeu sera une exclu Xbox One et Xbox 360, provoquant une levée de boucliers chez les fans PlayStation, avec pétition à la clef. Pour apaiser leur colère, Crystal Dynamics révèle le lendemain que le jeu est aussi en développement sur PS4 et que l’exclu est temporaire. Alors ma question est la suivante : quand on réussit à sceller une exclu aussi forte que Tomb Raider, la première des choses n’est-elle pas de garder le secret de l’exclu temporaire ?
On pourrait voir les choses comme ça, mais vous savez, une exclusivité d’un an dans l’univers du jeu vidéo, c’est une éternité. C’est très bien que Rise of the Tomb Raider sorte aussi sur PS4, il n’y a pas de raison que les joueurs PlayStation n’en profitent pas. Mais dans un an, une fois qu’il arrivera sur PS4, d’autres jeux seront sortis et la dimension "nouveauté" pour Rise of the Tomb Raider sera émoussée. On est extrêmement ravi de cette exclusivité et c’est une bonne occasion pour les fans PlayStation de venir essayer notre console, de jouer à Rise of the Tomb Raider mais aussi à tous les jeux de cette fin d’année comme Halo 5, Gears of War, Forza Motorsport 6, Call of Duty Black Ops 3 ou bien encore Star Wars Battlefront qui sortira une semaine avant sur Xbox One grâce à l’EA Access. Ce qui est intéressant dans votre question, c’est qu’on a pu mesurer la puissance de la franchise Tomb Raider, notamment en France où la notoriété de Lara Croft est plus forte en France que dans n’importe quel autre pays.
8/ Cette année, la Paris Games Week a pris une tournure plus internationale, grâce à la conférence de Sony qui a été il faut le dire couronné de succès. Est-ce que cela ne donne pas envie à Microsoft France de faire la même chose pour les années prochaines ? Nous savons que la gamescom est un salon majeur pour vous, mais 1/ ça se passe à Cologne en Allemagne, ce qui n’est pas très glamour en terme d’image par rapport à Paris et 2/ c’est en plein mois d’août quand tout le monde est en vacances, sans oublier que les dates sont toujours très proches de l’E3. Est-ce qu’il n’est pas temps de tourner la page gamescom ?
Je vais vous confier un petit secret. A l’origine, la gamescom n’a pas été créée pour les journalistes français mais pour les journalistes allemands et surtout pour le grand public allemand. L’Allemagne étant un grand marché pour le jeu vidéo, il est logique qu’ils aient leur show et dans la logique du marché, il est important que les éditeurs et les constructeurs soient présents aussi bien à l’E3, à la gamescom, à la Paris Games Week et pourquoi pas la Milan Games Week. Je pense que faire un choix entre les salons n’est pas une bonne idée et quand on est obligé de choisir un salon en particulier, en l’occurrence pour la Paris Games Week, ce n’est pas pour l’amour de ce salon ni même de son public, mais pour des raisons de contraintes de line-up. Alors oui, la gamescom n’est peut-être pas toujours le bon moment pour annoncer des jeux et le salon peut sonner comme une redite de l’E3, mais en ce qui concerne Microsoft, c’est différent. Nous avons un line-up très riche avec beaucoup d’exclusivités sur une période de 12 mois. On a rajouté de nouveaux jeux pour la gamescom et on a gardé sous le coude ces 4 titres spécialement pour la Paris Games Week 2015, avec Quantum Break qui arrive dans quelques mois. Souvent, Microsoft est sur un rythme d’annonce qui est plus court que nos amis de chez Sony. En général, quand on annonce des choses, ce sont pour les 12 mois à venir alors que Sony a tendance à faire des promesses à beaucoup plus long terme et avoir un peu moins de jeux dans l’immédiat. Ce qui explique leur choix stratégique de faire cette conférence à la Paris Games Week cette année, alors que Microsoft a pour habitude d’être plus proche des joueurs.
9/ J’entends ce que vous dites sur la gamescom, mais Paris Games Week a aussi sa carte à jouer et peut parfaitement se professionnaliser pour les prochaines éditions. Pourquoi ne pas en profiter et que Microsoft fasse aussi partie des déclencheurs de son évolution ?
C’est une question différente. Je souhaite bien évidemment la même chose pour la Paris Games Week. Comme la gamescom, la Paris Games Week s’internationalise, mais ce n’est pas pour autant qu’il faille abandonner la gamescom. Parce que si vous commencez à choisir votre salon en fonction de votre line-up, vous n’êtes pas à l’abri de faire des annonces une fois à la Paris Games Week, l’année d’après à la gamescom, etc. Microsoft a des clients et des partenaires en Allemagne mais aussi en France, il n’y aucune raison de ne pas être présent également à la gamescom.
10/ On va parler du futur. On le voit même ici à la Paris Games Week, le jeu vidéo se dirige vers la réalité virtuelle qui est vraiment une expérience incroyable. Microsoft semble vouloir jouer la carte de l’originalité avec HoloLens. Pourquoi ne pas avoir misé sur la réalité virtuelle ? Ça ne vous intéressait pas ?
La réalité virtuelle, on en fait depuis des années avec Kinect, donc on sait ce que c’est. On avait un autre projet avec Illumiroom et puis on a HoloLens aussi, qui n’est pas un casque de réalité virtuelle mais un ordinateur holographique qui possède des applications gaming certes, mais ce n’est pas un accessoire qui ira avec la Xbox One. A côté de cela, on a des partenariats avec Valve VR et Oculus Rift, donc on est et on sera présent dans la réalité virtuelle. Mais est-ce que c’est quelque chose qui va révolutionner le jeu vidéo ? Alors là je vais vous donner mon point de vue de gamer, celui de Hugues Ouvrard et non de Microsoft : non, je ne pense pas que la réalité virtuelle va révolutionner le jeu vidéo. Ça existe depuis déjà bien longtemps. Nintendo a lancé son Virtual Boy en 1995, il y a eu Kinect il y a quelques années. Ce sont des tendances qui s’adressent à des catégories de gamers. Pour Kinect, c’était plus mainstream, pour Virtual Boy, euh… j’ai oublié. Il y a forcément un public qui sera intéressé par la réalité virtuelle, c’est aussi une promesse de nous plonger dans le futur, ça rappelle le film Retour vers le Futur etc. Maintenant, je me pose la question en tant que gamer : quand je m’installe pour jouer, c’est généralement pour jouer plus de 15 minutes, donc en tant que gamer, je ne suis pas encore attiré par la réalité virtuelle parce que je pense qu’il existe une limite physiologique qui est assez forte. Et il y a aussi une autre limite, celle fixée par le gameplay. Et ce qui est important dans notre industrie, ce n’est pas tant de jouer avec sa main quand on utilise Kinect, ou avec avec sa tête quand on a un casque de réalité virtuelle, quand on joue avec un smartphone ou même avec la manette Xbox One Elite, c’est le gameplay ! Si vous avez un bon gameplay, quel que soit l’accessoire que vous mettrez autour, ça fonctionnera. Alors que l’accessoire pour l’accessoire, je ne suis pas hyper convaincu. Alors est-ce que c’est une tendance ? Oui. Est-ce une tendance sur long terme ? Oui. Est-ce que ça révolutionnera le jeu vidéo ? J’attends de voir et j’aimerais qu’on se donne rendez-vous dans trois ans à la Paris Games Week pour faire le point. Je peux me tromper mais mon petit doigt me dit qu’il n’y aura pas 300 000 personnes avec des casques de réalité virtuelle.
11/ Oui, la réalité virtuelle existe depuis longtemps ? Mais ce n’était pas la même technologie. Là, on nous propose quelque chose de nettement plus convaincant, voire révolutionnaire. C’est quand même très immersif et on passe vraiment à autre chose. Microsoft n’a-t-il pas non plus sa carte à jouer avec la réalité virtuelle ?
Mais on sera présent ! On l’est déjà avec Oculus Rift et Valve VR. Laissez-nous un petit peu de temps sur HoloLens, on l’a déjà présenté et c’est différent des casques de réalité virtuelle. D’ailleurs, j’aimerai revenir sur un point, et encore une fois, je parle en mon nom, en tant que gamer : les casques VR sont isolants. Ils sont immersifs mais isolants. Avec HoloLens, on a pris une autre direction. Vous êtes totalement conscient de votre environnement, les lunettes sont transparentes et je crois beaucoup plus à ça. Est-ce que la promesse de la réalité virtuelle, de la réalité augmentée et même holographique doit être tenue là, ou d’ici 3 à 5 ans ? Je pense qu’on est en train de poser les premières briques et peut-être que dans 5 ans, le standard de la réalité virtuelle, ça sera finalement de la réalité holographique. Ça me rappelle la 3D relief où tout le monde en parlait. Il y a 2 ou 3 Noël, il fallait absolument avoir sa télé 3D avec ses lunettes et finalement aujourd’hui, qu’en reste-t-il ? Je connais peu de personnes qui regardent la télé avec des lunettes 3D. Et de même, beaucoup de personnes n’arrêtaient pas de nous poser des questions pour savoir si les jeux allaient être compatibles avec la 3D relief. Aujourd’hui, plus personne ne m’en parle, parce qu’il y a la réalité virtuelle certes, mais… Attention, on n’est pas là pour la nier cette VR, on y croit fermement mais peut-être sous une autre forme. Encore une fois, va-t-elle révolutionner le jeu vidéo ? En tant que gamer, j’en suis pas certain.
Avec HoloLens, on a pris une autre direction. Vous êtes totalement conscient de votre environnement, les lunettes sont transparentes et je crois beaucoup plus à ça.
12/ Justement, en parlant de HoloLens, avez-vous des nouvelles ? Vous connaissez la date de sortie ? Les kits ont-ils déjà été envoyés aux studios de développement ?
Je n’ai pas la date de sortie pour le grand public mais oui, des kits ont déjà été envoyés auprès de développeurs, qu’il s’agisse de studio de jeux vidéo comme des équipes de designers. Je sais que des kits ont déjà été envoyés à la NASA, ce n’est pas un scoop, et on est en train de lancer un écosystème de développement et à partir de là, on pourra obtenir des jeux comme des applications. On a d’ailleurs déjà montré pas mal de choses ces derniers mois, ce qui signifie que le jeu vidéo ne sera pas oublié pour HoloLens.
13/ Pour pouvoir baisser le prix de la Xbox One, vous avez mis de côté Kinect. Microsoft a-t-il vraiment fait une croix dessus ou peut-on s’attendre à un retour de la caméra pour des prochains jeux ?
On n’a pas laissé de côté Kinect pour pouvoir baisser le prix de la Xbox One, on a fait une erreur de lancement sur la console, c’est différent. Notre erreur est d’avoir proposé qu’un seul prix, celui à 499€. Ce qui aurait été intelligent de notre part, c’est de proposer un pack à 399€ pour ceux qui n’étaient pas intéressés par Kinect, et un autre à 499€ pour ceux qui souhaitaient l’expérience avec Kinect. Moi, j’ai les deux chez moi et je préfère nettement utiliser la console avec Kinect parce qu’il n’y a pas que le jeu. Au moment du lancement de la Xbox One, on avait parlé de plusieurs promesses, comme démarrer sa console au son de sa voix, scanner un QR code, parler avec sa console pour zapper ses programmes, appeler un ami pour chater avec lui ; bref, faire plein de choses. C’est tout cet écosystème qui était intéressant. On a lancé Kinect dès le lancement de la Xbox One, alors que pour la génération Xbox 360, il a fallu attendre la troisième ou quatrième année de son cycle, au moment où elle était plus grand public. Il n’y a donc aucune raison d’abandonner Kinect. Au contraire, il va retrouver sa place de façon logique dans le cycle de vie de la console au moment où elle sera plus grand public. On peut par exemple jouer à Just Dance avec Kinect, chose que je fais souvent avec mes enfants et donc, Kinect n’est pas appelé à disparaître. On est sur la promesse de l’écosystème et de la console, et là, on va arriver sur la promesse plus large.
14/ Ma dernière question concerne l’arrivée de Bolloré au sein du capital d’Ubisoft qui semble complètement paniqué. J’aimerais avoir votre point de vue de dirigeant et de constructeur. Ubisoft doit-il vraiment craindre l’arrivée d’un groupe comme Bolloré ?
C’est une question qu’il faut poser à Ubisoft. Pas de commentaire, bien évidemment.
Merci Hugues Ouvrard !
Propos recueillis par Maxime Chao