Shinji Mikami (Resident Evil, The Evil Within) : "Les développeurs japonais ne prennent pas assez de risques"

Shinji Mikami, réputé pour être le créateur de la série Resident Evil, a estimé que les développeurs japonais ne prenaient pas suffisamment de risques, dans une interview accordée à nos confrères de GamesIndustry International. "Les jeux vidéo sont devenus d'énormes projets nécessitant des ressources colossales pour les développer et les commercialiser, a-t-il expliqué. Ils représentent un risque financier. Les studios japonais ne prennent pas autant de risques qu'en Occident. Il y a quelques années, le président de Capcom m'a même dit que la création d'un jeu devenait de plus en plus coûteux, et que beaucoup d'éditeurs japonais n'accepteraient pas d'investir plus de 30 millions de dollars". On ne sait pas si Mikami-san a eu l'occasion de croiser le chemin de Keiji Inafune - qui avait lui aussi égratigné les développeurs japonais -, mais il fait également comprendre que les studios occidentaux "travaillent plus dur", et que l'on obtient forcément des résultats lorsque l'on consent à un investissement aussi important.

Un peu plus loin dans l'interview, Shinji Mikami nuance ses propos et rappelle "qu'il existe toujours d'excellents développeurs japonais". Mais selon lui, les méthodes de travail des structures nippones ne sont peut-être plus aussi efficaces que par le passé. "Je pense que ce serait une bonne chose si les studios japonais étaient plus enclins à utiliser des technologies développées par des tiers", a-t-il indiqué. Pour mémoire, le moteur graphique de The Evil Within, son tout nouveau projet que nous avons pu apercevoir lors de l'E3 2013, est l'id Tech 5 conçu par id Software et qu'il estime "plus facile à customiser que l'Unreal". En parlant de The Evil Within justement, Shinji Mikami a avoué que la direction que prenait le survival horror ces dernières années l'avait poussé à revenir aux affaires. "Je ne suis pas autorisé à dire des choses négatives", a-t-il déclaré sans rentrer dans les détails. Il s'est juste contenté de faire remarquer que "Resident Evil commençait à prendre une orientation différente", et qu'il était temps pour lui de développer un "vrai" survival horror.



Naturellement, l'arrivée imminente de la next-gen est un moment propice pour lancer une nouvelle licence, surtout lorsqu'il s'agit d'un survival horror. Cela permet de rendre le jeu "plus effrayant" selon le patron de Tango Gameworks, et d'offrir des graphismes encore plus beaux. Si The Evil Within est prévu sur PS4, Shinji Mikami n'écarte pas la possibilité de développer des fonctionnalités pensées pour Kinect. "Si la précision a été améliorée et qu'il est vraiment possible d'observer les expressions faciales du joueur ainsi que les battements de son coeur, le jeu pourrait réagir en fonction de tout ça et c'est quelque chose que nous pourrions  utiliser dans un survival horror", a-t-il reconnu. Quoi qu'il en soit, il a prévenu qu'il ne fallait surtout pas s'attendre à un clône des premiers Resident Evil. "La peur et éprouver du plaisir à surmonter ses peurs, ça n'a pas changé. La différence, c'est que l'horreur dans Resident Evil est liée à la science et les virus, alors que dans The Evil Within, la peur est plus cérébrale, plus psychologique", a-t-il promis. On rappelle que la sortie du jeu n'est pas prévue avant 2014 sur Xbox One et PS4, mais aussi sur Xbox 360, PS3 et PC.