L.A. Noire
Si Grand Theft Auto et désormais Red Dead Redemption font office de porte-étendards de l'open world chez Rockstar Games, l'éditeur américain possède dans ses cartons d'autres projets tout aussi ambitieux, à l'image de L.A. Noire dont nous avions déjà entendu parler en 2006. Un premier trailer avait même été dévoilé à l'époque, avant que le jeu ne disparaisse discrètement de la circulation. Quatre ans plus tard, les développeurs de Team Bondi refont surface et agitent - enfin - une version jouable du titre que nous avons pu observer d'un peu plus près, sans pouvoir la toucher malheureusement. Une démo en hands-off donc qui laisse apparaître quelques belles promesses.
Si on évitera de revenir sur les raisons obscures qui ont poussé les développeurs de Team Bondi à planquer L.A. Noire depuis 2006, on précisera quand même que Rockstar Leeds et Rockstar North se rendent régulièrement à Sydney pour filer un coup de main à l'équipe australienne, et constater l'avancée des travaux. Contrairement à la majorité des productions Rockstar Games qui mettent en avant la liberté d'action accordée au joueur, le point fort de L.A. Noire repose avant tout sur la qualité des interrogatoires qu'il va falloir mener, afin de résoudre les nombreuses enquêtes que comporte le jeu. Avec un scénario qui se déroule dans les années 40, il est toujours utile de consulter les archives pour savoir où l'on met les pieds. Un classeur contenant différentes photographies de l'époque nous a été présenté, histoire de prouver l'authenticité du jeu qui dépeint une ville de Los Angeles en proie à la corruption. Les crimes et les règlements de comptes se multipliaient à la vitesse de la lumière il paraît, et c'est dans ce contexte sombre qu'il va falloir incarner Cole Phelps, un vétéran de la Bataille d'Okinawa qui s'est reconverti dans la police. Bon, c'est vrai que l'on s'est creusé les méninges dans l'Eurostar pour savoir ce qu'il y a de charismatique chez lui, mais on ne peut pas non plus taper la discute avec John Marston tous les jours. Si Phelps est un peu trop lisse de prime abord, Rockstar Games nous a promis que sa personnalité évoluera au fil du jeu, et que nous risquerions d'être surpris par certaines facettes de sa personnalité. On a pris note. Ce qui est certain en revanche, c'est qu'il va devoir gravir les échelons un à un pour gagner le respect de ses pairs, malgré ses capacités d'analyse qui ne sont plus à démontrer. Vous l'aurez donc compris, il ne sera pas question de sortir des lance-roquettes dans L.A. Noire où on ne risque pas d'avoir de crise cardiaque. Le rythme est en effet beaucoup plus posé, comme on a d'ailleurs pu le constater avec The Fallen Idol, le premier cas qui nous a été présenté.
A film noir
Accompagné de son acolyte Stefan Bekowsky, Cole Phelps se rend sur les lieux d'un accident où une voiture est allée se fracasser contre un panneau publicitaire. La conductrice, June Ballard, une célèbre actrice de cinéma, tente de retrouver ses esprits et est prise en charge par les ambulanciers. Avant de l'interroger, les deux hommes s'approchent du véhicule pour dénicher d'éventuels indices susceptibles de faire avancer l'enquête. Des sous-vêtements, une lettre, un crâne de taille réduite qui bloquait visiblement l'accélérateur, voilà les premiers éléments avec lesquels Phelps va pouvoir cuisiner la dame en question. L'interface de l'interrogatoire se divise en deux parties. La première regroupe trois des quatre boutons de façade de la manette, celle de la PS3 en l'occurrence. Croix pour approuver le témoin, Carré pour le contraindre à se montrer plus convaincant dans ses explications, Triangle pour l'accuser si l'on est en possession d'une preuve irréfutable, voilà pour l'essentiel. En pressant la touche Select, il est également possible de consulter le carnet de Cole Phelps où figurent toutes les informations recueillies durant l'investigation. Impossible donc d'oublier de traiter une zone d'ombre du dossier, ce qui est une excellente chose lorsque les indices commencent à s'entasser sérieusement à l'écran. Si les preuves représentent toujours le meilleur moyen pour déceler un mensonge, les animations faciales ne mentent pas dans L.A. Noire. Un rictus incontrôlable, un regard fuyant, un sourire forcé, voilà un exemple des expressions qui permettent de démasquer un menteur dans le jeu. Lorsque Phelps questionne la jeune passagère Jessica Hamilton, elle éprouve le plus grand mal à regarder son interlocuteur droit dans les yeux. Un certain Mark Bishop, producteur à ses heures perdues, ne serait pas étranger à cette affaire. Pour faire le lien entre les différentes parties, notre policier décide de prendre en filature June Ballard qui n'a visiblement pas dit tout ce qu'elle savait.
"Si les preuves représentent toujours le meilleur moyen pour déceler un mensonge, les animations faciales ne mentent pas dans L.A. Noire."
Cole Phelps comprend alors qu'elle fait chanter Mark Bishop avec une mystérieuse bande vidéo, sur laquelle on le voit abuser sexuellement de la jeune Hamilton. Pour retrouver la trace du présumé coupable, les deux détectives décident de se rendre à son appartement ; l'occasion d'assister à une première scène de combat assez molle où les droites partent sans trop de conviction. Même s'il ne s'agira pas du fonds de commerce de L.A. Noire, on espère que les développeurs feront quand même un effort à ce niveau-là. Gloria Bishop, toujours en état de choc suite à son agression, accepte de répondre aux questions de Phelps. Elle semble connaître June Ballard, et a apparemment décidé de fermer les yeux sur les infidélités de son mari avec de jeunes demoiselles qui souhaitent percer à Hollywood. Tout se passerait dans un local pas vraiment confortable, mais où une caméra a été installée pour piéger le pervers. On vous le dit tout de suite, nous n'avons pas été autorisés à voir la fin de cette affaire qui devenait de plus en plus intéressante au fil des minutes, et la démonstration s'est achevée sur une séquence de gunfight où Cole Phelps devait protéger Bishop face à des mafieux. Là encore, il ne faut pas s'attendre à ce que L.A. Noire se montre aussi nerveux que GTA IV et Red Dead Redemption une fois armé, mais on fait confiance à Team Bondi pour rectifier le tir d'ici la sortie du jeu. En termes de réalisation, le titre s'en tire plutôt bien même si l'absence de textures se faisait sentir par moments. L.A. Noire sera équipé de plusieurs degrés de difficulté afin que chacun y aille à son rythme. En Hard, des indices supplémentaires feront leur apparition pour brouiller les cartes, et rendre plus délicats les interrogatoires. Mais L.A. Noire accordera quoi qu'il en soit une marge de manoeuvre suffisamment grande pour que le joueur retombe sur ses pieds. Il y aura en effet plusieurs façons de résoudre une enquête, sans qu'il soit obligatoire de mettre la main sur tous les indices. Et puis, le jeu demandera du flair, ce qui n'est pas une mauvaise chose tout compte fait. On attend maintenant d'en voir un peu plus pour savoir si la richesse des cas à résoudre sera au rendez-vous, car c'est aussi par là que passera l'intérêt de L.A. Noire. La date de sortie du jeu n'a pas encore été communiquée, mais on sait qu'il est prévu sur Xbox 360 et PS3. C'est déjà ça.