La Mémoire dans la Peau

Ce n'est pas un hasard si Vivendi Games a choisi l'enceinte luxueuse de l'Hôtel Regina pour organiser le private showcase de La Mémoire dans la Peau, puisque l'une des scènes du film y a été tournée. Emmanuel Valdez, Chief Creative Officer de High Moon Studios, a d'ailleurs insisté sur ce détail, avant d'affirmer que le storyline du jeu reprendra les moments-clés du film, comme la fuite de l'ambassade américaine à Zurich. Ce fut d'ailleurs le premier niveau à nous être dévoilé sur grand écran, l'occasion de découvrir un Jason Bourne méconnaissable. En effet, le faciès du héros ne reprend pas les traits de la copie originale incarnée par Matt Damon, un choix que les développeurs expliquent par la volonté de proposer un titre qui s'inspire de l'oeuvre de Robert Ludlum, mais qui laisse également au joueur la possibilité de créer sa propre aventure, sans avoir forcément l'impression de répéter les mêmes gestes que le "vrai" Jason Bourne. Mouif… De notre point de vue, La Mémoire dans la Peau perd incontestablement en charisme, un risque qui peut s'avérer fatal à l'heure où des darons tels que Nico Bellic s'apprêtent à débarquer au mois d'avril prochain sur PS3 et Xbox 360. Pourtant, la plastique du jeu est à des années lumière de la catastrophe que semblait annoncer la vidéo promotionnelle diffusée il y a quelques semaines; on est même proche d'un Kane & Lynch, et pas seulement parce qu'il s'agit d'un third person shooter. Tout comme le titre d'Io Interactive, La Mémoire dans la Peau alterne le détaillé - certains environnements regorgent de détails -, et le très sommaire - les intérieurs des bâtiments -, ce qui donne au final un certain déséquilibre visuel sur lequel on ne s'attarde pas forcément. En effet, High Moon Studios a tenu à retranscrire le plus fidèlement possible le stress qui opprime en permanence l'esprit de l'agent américain, via des quick time events qui interviennent de façon inopinée, ce qui proscrit le moindre relâchement lors des cut scenes. L'exercice s'avère même plus sadique que dans les autres titres qui ont recours au même procédé. Même si les QTE ne se contentent pas d'afficher uniquement la couleur du bouton sur lequel il faut appuyer, mais également son positionnement sur la manette - une sacrée aide mine de rien -, la moindre hésitation se paie cash. Déjà intransigeants en stagiaire, ils martyrisent les nerfs du joueur en agent et assassin, avec des temps de réaction accordés forcément plus courts. Logique. La Mémoire dans la Peau est truffé de cinématiques interactives, ce qui parfois bouffe l'action pure et dure et donne la sensation d'être assisté par le CPU toutes les deux minutes. Cela dit, la chorégraphie des combats - assurée par Jeff Imada, expert en arts martiaux - est si bien réglée que c'est un pur régal de voir Jason Bourne brutaliser les forces de l'ordre. Le système de combat du jeu se veut simple, avec X et Y comme principaux boutons d'action. On pourra même claquer un kick un peu plus puissant en maintenant la touche un peu plus longtemps.

His name is Bourne, Jason Bourne

Pour écourter les affrontement, et accomplir les différentes séquences de la mission dans le temps imparti, on peut faire appel à un finish move - ou l'élimination comme ils disent, pour terrasser un adversaire d'un coup d'un seul. Pour exécuter ce mouvement spécial, il faudra d'abord prendre soin à bien remplir sa jauge d'adrénaline avant de l'activer en pressant B. Environnement interactif oblige, Jason Bourne pourra même se saisir d'un objet - bâton, extincteur... - pour achever ses ennemis, mais uniquement en mode élimination à priori, ce qui du coup réduit considérablement la fenêtre d'action. Pour revenir deux secondes sur cette fameuse barre d'adrénaline, celle-ci se divise en trois parties, ce qui permet d'abattre plusieurs adversaires lorsqu'elle a atteint son niveau maximum. Il ne faudra pas espérer upgrader ses attaques au fur et à mesure de l'aventure, Jason Bourne étant censé être une machine à tuer parfaite dès le départ. Une façon comme une autre de composer avec les différents éléments des environnements qui, eux, évolueront bel et bien au cours de la partie pour offrir de multiples situations de combats. La seconde mission consistait à poursuivre un certain Divandelen, l'occasion de mettre en exergue les gunfights de La Mémoire dans la Peau. Ils ne sont pas aussi nerveux que ceux d'un Gears of War, mais tentent tout de même de soumettre le joueur à un rythme soutenu. Jason Bourne peut se planquer derrière un mur en pressant X, puis mettre en joue ses adversaires avec LT. En pressant Y, on peut même faire appel à la jauge d'adrénaline pour bénéficier d'une visée automatique. Là encore, on pourra tirer sur des éléments destructibles du décor tels que les roues d'une voiture ou des barils d'essence, ce qui permettra d'infliger un maximum de dégâts avec un minimum de balles. Des combats à mains nues, imposés ou non, s'immiscent par moments pour varier le tempo, ce qui est plutôt une bonne chose.

Dans la troisième et dernière mission, il s'agissait de parcourir les rues de Paris à bord d'une Mini Cooper S. La Mémoire dans la Peau adopte ici une conduite arcade, il ne faudra donc pas s'attendre à une quelconque gestion des dommages, d'autant plus qu'il faudra fracasser un maximum d'objets pour faire grimper sa jauge d'adrénaline. On pourra alors ralentir le temps, et se frayer plus facilement un chemin à travers les obstacles. La version définitive du jeu ne comportera qu'une seule mission en voiture, les développeurs ayant tenu à couvrir un maximum de situations sans faire dans le doublon. D'un point de vue un peu plus global, l'interface du jeu se veut clair, avec un radar à droite de l'écran qui renseigne sur la position des forces ennemies, incarnées par des points rouges lumineux. Toujours dans ce souci d'imposer une cadence infernale, les développeurs obligent le joueur à jeter régulièrement un coup d'œil sur le radar pour se diriger correctement vers le prochain checkpoint. Pour finir, précisons tout de même que La Mémoire dans la Peau ne devrait pas disposer d'un mode multijoueur à proprement parler, et que du contenu additionnel en ligne n'est pas à l'ordre du jour. High Moon Studios s'est avant tout attelé à fournir un mode solo solide, fidèle à l'esprit du film, et qui pourrait connaître une suite si le succès du première opus est au rendez-vous. A la limite du linéaire dans certaines séquences de jeu, La Mémoire dans la Peau s'avère prometteur, avec une réalisation plutôt soignée, une bande son magnifique qui reprend les thèmes originaux orchestrés par John Powell, et un concept basé sur les QTE qui ne laisse pas la place à la moindre hésitation. Moins charismatique que la copie originale, le Jason Bourne new look débarquera dès cet été sur Xbox 360 et PS3. Rendez-vous est pris.