GTA IV : seconde rencontre
Niko Bellic n'est pas un gars qui se laisse approcher facilement. Pour cette seconde visite dans les locaux londoniens de Rockstar, le successeur de CJ nous a imposé les mesures de sécurité d'usage pour s'assurer de l'herméticité de ce behind closed doors en béton armé. Lumière tamisée, gourmandises sur une table basse nacrée, écran plasma et son Dolby 5.1, l'anti-héros supposé Russe sait recevoir. Après s'être confortablement installé dans l'un des canapés en cuir noir, la lentille de la Xbox 360 se met en branle et le spectacle commence.
La démo s'ouvre sur un angle de vue qui n'a à priori rien de spectaculaire, mais qui résume à lui seul ce dont on aura droit dans GTA IV : une impression de liberté poussée à l'extrême. Next-gen oblige, Liberty City bénéficie désormais d'une profondeur et d'une immensité jamais atteintes dans la série. Mieux encore, la ville s'inspire de lieux connus de New York tels que Time Square devant lequel Bellic passera d'ailleurs plusieurs fois durant la séance. Premier bémol cependant : le nombre d'habitants arpentant les rues qui est relativement maigre pour une mégalopole de cette envergure. Rockstar a astucieusement anticipé la question en nous promettant d'ores et déjà une population nettement plus en adéquation avec la réalité new-yorkaise. Mieux encore, on pourra interagir avec eux : les bousculer, les menacer ou tout simplement engager la conversation. Vraiment avec tous ? Réponse : "La plupart". OK, on prend. Paré d'une veste en cuir usée, d'un bas de survêt et d'une paire de Timberland, Bellic attend de faire ses premiers pas dans un monde qui se veut avant tout intéractif, un terme décidément hype chez Rockstar. L'intéraction donc, elle se fait d'abord par le biais de son téléphone portable, un appareil devenu indispensable dans la vie quotidienne, et que les développeurs ont tenu à intégrer dans le jeu. Forcément, l'usage d'un tel gadget ouvre de nouvelles perspectives, d'autant plus qu'il remplira d'autres fonctions comme celle d'agenda électronique ou d'appareil photo. Intéressant. Niko compose le numéro d'un certain Little Jacob, un trafiquant d'armes qui lui donne rendez-vous à quelques encablures plus loin. L'occasion pour le représentant de Rockstar d'enfourcher une moto et nous préciser que, bien évidemment, plusieurs types de véhicules seront dispo dans le jeu. Une fois arrivé dans la ruelle, Little Jacob ouvre le coffre de sa bagnole et expose une dizaine d'armes sous les yeux de Bellic. En échange d'une centaine de dollars, le plus russe des américains choisit une arme de poing pour une mission future et se dirige vers un tacot.
Tru Calling
Dans GTA IV, les taxis sont utiles pour se rendre d'un point A à un point B sans se prendre la tête, et les aborder peut se faire de différentes façons. La manière la plus correcte consiste à les siffler pour attirer leur attention, et se faire emmener à l'endroit souhaité. On peut aussi s'essayer au car-jacking pour le fun, mais vous ne pourrez pas profiter de l'interface mise en place une fois installé sur la banquette arrière. En fait, on peut faire défiler les destinations sur le moniteur, en sélectionner une, et se laisser promener ensuite jusqu'au point de chute. Un rare moment de détente durant lequel on peut tendre l'oreille et se rendre compte que les premières notes de GTA IV versent dans le jazz, très light par rapport à San Andreas. Pas moyen d'en savoir un peu plus sur les goûts musicaux de l'immigré, mais il est fort à parier que plusieurs styles seront couverts, du plus reposant au plus nerveux. Pendant le trajet, on peut non seulement s'amuser avec les caméras "fixées" autour du taxi, mais également choisir des champs plus larges qui se focalisent alors sur un pan de quartier. Une fois arrivé à destination, Bellic descend et se rend dans un cybercafé pour se loger sur son compte internet. Là encore, Rockstar tente de soigner l'interface en proposant des pseudo-pages web suffisamment lisibles pour ne pas s'y perdre. En sus d'une mise à jour continuelle de l'actualité sur le net susceptible de relater les méfaits de Niko, on peut carrément poster son CV en ligne et décrocher un job; en l'occurrence chez Goldberg Ligner & Shyster, un cabinet d'avocats. Avocat le Bellic ? Non, juste un moyen de s'infiltrer proprement pour coller une balle entre les yeux d'un certain Mr. Goldberg. Après s'être vu confirmer un rendez-vous pour l'entretien d'embauche, notre ami reçoit un coup de fil de Francis Mc Reary dont on sait pas grand chose finalement. Et pour que le mystère soit le plus opaque possible, les gars de chez Rockstar ont pris soin de couper le son à un moment clé de la discussion entre les deux protagonistes, le long des quais. S'il ne fait aucun doute qu'ils se connaissent, on ne sait pas par contre quel secret les unis. Toujours est-il que Mc Reary demande à Niko de récupérer un memory stick que lui a dérobée un individu. Celui-ci se trouve à quelques kilomètres de là, et une petite balade en voiture coupé noire s'impose.
La map indique par un tracé jaune le parcours le plus rapide pour se rendre sur les lieux, libre au joueur de l'emprunter ou pas. Une fois arrivé au viewpoint, Francis communique le numéro de téléphone du voleur à Bellic pour que celui-ci l'identifie plus facilement en faisant sonner son portable; le genre d'objectif rafraîchissant qui prouve pour les plus sceptiques que GTA IV comportera une variété de missions plus fournie que les opus précédents. Une fois le gars identifié, Niko s'approche de lui, sort son gun de sa veste avec une classe insoupçonnée, et le descend sans même sourciller. Cette première scène de violence permet de glisser sur les premiers gunfights, pas assez explicites néanmoins pour savoir si oui ou non Rockstar a revu sa copie depuis San Andreas dans ce domaine. Pour le moment, Niko se contente de flinguer les flics qui se pointent devant son canon sans trop se poser de questions. La fameuse jauge Wanted est à ce moment-là remplie de deux étoiles, ce qui permet de tester la nervosité des flics devenus trop laxistes dans GTA : San Andreas. Après quelques tournants pris à grande vitesse, on s'aperçoit que les keufs de GTA IV sont clairement plus difficiles à semer. Quelques astuces pour les feinter ont cependant été mises en place, comme celle du switch. Explications : si vous changez de voiture alors que vous êtes hors de leur champ visuel, et que vous les croisez dans votre nouvelle caisse l'air de rien, ils n'y verront que du feu ! Joli. Attention : l'opération doit se faire dans la plus grande discrétion, si possible sans témoins, car les poucaves dans GTA IV existent toujours. Plus le nombre d'étoiles est grand, plus la zone de patrouille s'accroît. Logique. Une fois en sécurité, Bellic retourne voir Francis et lui remet la fameuse carte mémoire et ses photos compromettantes. Le téléphone sonne, l'heure de l'entretien d'embauche est proche. L'intervenant de Rockstar nous précise que pour ajouter - encore - une pointe de réalisme, Niko devra adopter une tenue vestimentaire en fonction des missions qu'il aura à accomplir, au risque d'attirer les soupçons, voire simplement échouer dans sa mission. Direction Perseus, une boutique branchée de la ville qui vend des costumes à 2000 $ et des pompes à 200 $. Propre ou sale, l'argent ne semble pas poser trop de souci à notre ami caucasien qui sort du magasin beau comme un gosse.
Run for your life !
Sur la route qui mène à Goldberg Ligner & Shyster, on aperçoit le travail effectué sur la gestion des ombres qui ressemblent plus à de véritables silhouettes humaines. Ici, leur forme se tend et se détend en fonction de la position du soleil. Toujours au rayon artifice, le reflet sur les vitres des buildings. Même si un clipping rebel gâchait par moments le spectacles, c'est assez surprenant de voir la réflection du paysage sur les flancs d'un gratte-ciel. Impressionnant même, quand il sera à la maison. Une fois dans le cabinet d'avocats, Niko se rend d'un pas assuré chez la réceptionniste qui le fait patienter quelques minutes. Même si les intérieurs adoptent finalement un style très GTA, on apprécie au passage le mouvement de bras de Bellic au moment de franchir la porte battante. Il pénètre dans le bureau de Mr. Goldberg, sans piper mot. Après avoir écouté les premières syllabes du boss, il sort son arme et la pointe sur son front. C'est alors que la première réplique culte de GTA IV sort des lèvres de Mr. Goldberg : "Oh Mr. Bellic ! Ici, nous n'avons pas besoin d'arme. Vous savez, les armes ne tuent pas les gens. Les jeux vidéo, si !". Et bing ! la phrase de trop qui l'envoie dans l'au-delà. Alerté par les coups de feu, la secrétaire pénètre dans le bureau et aperçoit le corps de son patron sur le sol. Elle lâche ce cri ridicule dont les femmes ont le secret, et prévient la police qui intervient un peu trop vite à notre goût. En fait, elle est déjà sur les lieux alors que la jeune dame a eu à peine le temps de franchir le seuil de la porte pour faire le 911. Le genre de bizarrerie que l'on n'espère plus voir dans la version def'. Rockstar semble avoir retenu la leçon et entendu nos prières, car Bellic se planque immédiatement derrière un mur pour ne pas être à vue. Comme dans un Gears of War toute proportion gardée, l'anti-héros accède à une panoplie de mouvements qui rendent les phases de shoot plus nerveux que jamais. Il peut par exemple tirer à l'aveuglette, mais aussi s'accroupir et viser les genoux des flics. Concernant la visée, il est possible de locker ses ennemis tout en strafant, l'ignonimie est du coup effacée. Mais le plus bluffant ou assourdissant, c'est l'ambiance sonore de la fusillade. Les balles fusent de tous les cotés, on peut même entendre les douilles tomber sur le sol. C'est vrai que le plasma rend plus que bien, et nul doute que GTA IV fera partie de ces jeux qui obligeront à investir dans quelques pouces supplémentaires. Les effets de lumière à chaque coup de gâchette sont saisissants, et éclairent le visage de Bellic tel un stroboscope. Il avance de quelques mètres, s'accroupit près d'une plante et attend le moment propice. Il balance une rafale de balles avant de courir se planquer derrière une colonne située un peu plus loin. Là, il s'empare d'une mitraillette.
Après avoir nettoyé le premier étage, Niko descend les escaliers tout en flingant les flics qui lui font face. Niveau ragdoll, ce n'est pas encore ça, d'autant plus que l'esthétisme des exécutions n'est pas top finalement. Cela dit, le coin de l'oeil n'a pas loupé la giclée de sang qui résulte d'une balle dans la tempe gauche. Une fois au rez-de-chaussée, il se planque derrière le comptoir d'accueil pour reprendre son souffle, et se relève pour flinguer les quelques résistants. La fusillade se poursuit ensuite dehors, la police ayant carrément encerclé le bâtiment. Niko entend les balles friser ses oreilles, et part se couvrir derrière une voiture de flic désertée. Le démonstrateur s'amuse à crever la roue d'un taxi pour appuyer la thèse du all destructible, et se lance alors dans une mission suicide pour nous montrer le nombre de condés rameutés sur les lieux du crime. La Xbox 360 se met étrangement à toussoter, et un ralentissement de boucher se fait alors sentir à chaque fois qu'une balle sort de la mitraillette de Niko. Pas de quoi paniquer pour une pré-version qui forcément ne serait pas parfaite, d'autant plus qu'elle montre autre chose que la quinzaine de minutes à laquelle nous avions eu droit il y a quelques semaines. En tout cas, ce slow down est le moment choisi par un flic pour claquer un headshot sur Bellic. Circulez, il n'y a plus rien à voir. Pfiou ! Le point final de cette démo donne encore plus envie de connaître la suite. Il n'y a pas à dire, Rockstar sait comment allécher ses visiteurs sans trop en dire, ce qui forcément en faveur du buzz autour du jeu qui ne cesse de grandir sur la toile.
Concrètement, à quoi faut-il donc s'attendre avec ce GTA IV ? Une immersion plus grande selon Rockstar. Pas uniquement visuelle, mais aussi en terme de gameplay. Les relations entre les différents protagonistes ont semble-t-il été particulièrement travaillées. On ne sera pas obligé de répondre au téléphone pour exécuter une mission. Chaque décision prise au cours du jeu aura une répercussion directe sur le déroulement de l'histoire. Concernant la condition physique de Bellic, les développeurs ont décidé de revenir à des plaisirs un peu plus simples. Si nous n'avons pas eu l'occasion de le voir casser la croute pour se nourrir, Rockstar nous a affirmé du bout des lèvres qu'il y aurait peu de chances de pouvoir upgrader Bellic comme c'était le cas pour CJ. Il n'y a qu'à le voir sprinter sur 400 mètres sans se fatiguer pour se faire sa petite idée... Payer le double du prix de la course pour que le chauffeur se rende plus vite à la destination, gestion climatique intégrée, plusieurs vues pour la conduite, plusieurs façons d'entrer dans un véhicule, Bellic qui se brise le nez contre le volant quand il subit un choc arrière, tous ces petits détails joue en faveur de GTA IV qui ne joue nullement la surrenchère graphique. Le jeu est beau, c'est une évidence, mais le point fort d'un GTA se mesure avant tout dans la sensation de liberté éprouvée. Quatre vingt dix minutes, soit un match de foot, c'est bien trop court pour se faire une idée précise. Rockstar garde bien son secret, et on le comprend. Ne pas tenir la manette est un véritable supplice, mais là encore c'est une histoire de Secret Story. Car le CV de Bellic, on aurait pu le décortiquer. Quand on vous dit que Rockstar pense à tout...! Allez, pour se mouiller un peu, on pense que GTA IV comportera des gunfights nettement plus nombreux que les opus précédents. Les premières phases de shoot que nous avons pu voir sont plus que convaincantes, et c'est quasi certain que l'action sera une drogue dure. Vivement octobre !