Alien Romulus : on a vu un bout du film avec son réalisateur Fede Alvarez, et on lui a posé des questions
RETOUR AUX SOURCES
Alien Romulus, c'est ce n'est ni plus ni moins que le 7è épisode de la franchise Alien, initiée et créée par Ridley Scott en 1979. Un film qui a acquis rapidement ses lettres de noblesse et qui aura un impact et une influence incroyables dans la science-fiction, mais aussi la pop culture de manièrte générale, au-delà même des frontières du cinéma. Bien sûr, cette aura, on la doit aussi à Hans Ruedi Giger, l'homme derrière la création du Xenomorphe et de tout le travail artistique du film. Mais Alien, c'est aussi une franchise qui est parvenue à se renouveler grâce à la multiplication de ses metteurs en scène. James Cameron pour Aliens, le 2è épisode, David Fincher pour Alien 3, Jean-Pierre Jeunet pour Alien 4 Ressurection et puis le retour de Ridley Scott aux affaire avec Prometheus en 2012 et Alien Covenant en 2017. Qu'importe nos préférences et nos affinités selon tel ou tel cinéaste, Alien est une franchise qui compte et veut encore surprendre le public. Preuve en est avec ce 7è épisode, sous-titré Romulus et qui est un projet qui a été confié à Fede Alvarez. Son nom n'est pas encore très grand public, mais ce metteur en scène d'origine uruguyaenne de 46 ans a su déjà se bâtir une solide réputation avec son remake d'Evil Dead et Don't Breathe que vous devez absolument voir, ne serait-ce que pour la performance de Stephen Lang.
AVOIR PEUR
Et justement, Fede Alvarez incarne la nouvelle génération de cinéaste capable de prendre en compte l'héritage du premier Alien, tout en apportant sa touche personnelle. Et c'est exactement ce qu'on ressent quand on voit le film. D'ailleurs, que les choses soient claires, ce matin, nous avons vu environ 15 minutes du film, pas les 15 premières minutes, mais des séquences soigneusement choisies par Fede Alvarez, afin de nous montrer un peu de qui nous attend fin août. C'était plusieurs séquences collées les unes aux autres, et ce qui ressort immédiatement du film, c'est sa photographie qui est absolument magnifique. On l'avait déjà préssenti dans les bandes annonces, c'est confirmé en voyant ces premières images, il y a un soin apporté aux images, avec même une espèce de patine qui donne le sentiment d'avoir cette ambiance unique du premier Alien. Alvarez s'est accompagné de Galo Olivares comme directeur de la photographie, je ne le connaissais pas, mais j'ai vu qu'il avait travaillé sur la version horrifique de Hansel et Gretel en 2020.
Alien Romulus est donc un film très sombre, avec des teintes rougeâtres capables de rendre les moments inquiétants, voire anxiogènes, avec un jeu d'ombres et de lumières assez fascinant. En quelques minutes, on est happé par la claustrophie qui se dégage de chaque plan, d'autant que tout cela est magnifié avec une caméra minitieusement posée au bon endroit pour amplifier chaque cadre, c'est d'une grande beauté, n'ayons pas peur des mots. De toutes les façons, le mot d'ordre avec ce Alien Romulus, c'est l'envie de revenir aux sources, ce pour quoi on a toujours vibrer pour la franchise Alien, d'autant que Ridley Scott s'est un peu trop écarté du propos initial avec Prometheus et Alien Covenant, deux films décrié et qui sont pourtant l'oeuvre du créateur d'origine. Fede Alvarez, il est de notre génération, et lui comme nous, il a grandi sous l'impact et l'influence d'Alien et des travaux de Ridley Scott, avec qui il a travaillé étroitement.
L'HÉRITAGE RIDLEY SCOTT
Lors de notre session de questions/réponses, on a appris que Ridley Scott ne lui rien imposé, ne l’a pas influencé non plus dans ses choix, qu'il a eu une totale liberté créative. D'ailleurs, une fois le film terminé, la première personne à qui Fede Alvarez a montré le résultat, c'est Ridley Scott en personne. Après un moment de silence, et donc de blanc, Ridley Scott lui a sorti : What can I say ? The film is fucking great. Parmi les conseils que Ridley Scott lui a donné, il y a celui-ci qui a pas mal résonné en lui : "Quand t’as un doute, essaie de faire mieux, pas moins bien, mais mieux". Et c'est exactement ce qu'on ressent dans le film, même seulement après 15 minutes. Par exemple, les fameux face-hungers qui ont toujours eu des rôles très mineurs dans les films Alien sont nettement plus développés dans le film. A tel point que c'est un facehunger qu'on a choisi pour être sur l'affiche principale, pas le Xenomorphe et ça c'est une première. Fede Alvarez voulait aussi montrer que les face-hungers ne sont pas seulement là pour enfanter les Xenomorphes, mais qu'ils sont aussi des créatures dangereuses, capables de créer des moments de tension fortes. On a d'ailleurs pu voir une séquence complète où une poignée de facehungers attaquent les membres de l'équipage, avec ce moment où la créature tente de lui mettre sa tentacule au fond de la bouche. Une référence sexuelle qui ne sera évidemment pas la seule dans le film, ni dans les passages qu'on a pu voir, notamment quand un des soldats tentent de griller le Xenomorphe encore dans son cocon. On le voit planter un stick électrique dans une espèce de fente, qui rappelle évidemment le vagin d'une femme. Ces allusions sexuelles, elles ont d'ailleurs été mentionnées par une confrère d'Ecran Large qui a demandé à Alvarez s'il y avait aussi une envie pour lui de revenir aux tous premiers croquis de Giger. Et Alvarez a répondu par la positive, expliquant que Giger s'est beaucoup inspiré de l'appareil génitale féminin, notamment dans l'oeuf de l'alien, ce n'est évidemment un secret pour personne.
PLUS ORGANIQUE, PLUS SEXUEL
Autre chose que Alvarez va apporter, c'est le côté un peu plus organique de la créature, qu'on va voir évoluer au fil du film. Jusqu'à présent, les étapes de transformation étaient survolées, mais dans Romulus, on va voir l'évolution, prendre le temps de voir que la petite créature qui sort du corps va ensuite muer, créer son cocon pour grandir, et la caméra d'Alvarez n'hésitera pas à faire des gros plans sur cette bestiole effrayante certes, mais fascinante aussi dans son design. C'est le prédateur ultime et le spectateur doit le ressentir. Concernant l'histoire, ce Alien Romulus va situer ses événements entre le premier Alien et Aliens le retour, soit entre 2122 et 2179. On va suivre un groupe qui va devoir se rendre sur une station qui dérive et dont les membres ne répondent plus. Quant au sous-titre Romulus, il est basé sur le mythe de Romulus et Remus, les pères fondateurs de Rome. L'épisode le plus connu de la légende constitue le moment où les jumeaux nouveau-nés sont abandonnés et sont recueillis par une louve qui les allaite. Mais le plus marquant, c'est le meurtre de Remus par son frère, ce qui signifie que ce n’est pas une fratrie qui a suivi le bon chemin. Alien Romulus est un film sur la fratrie, notamment dans les personnages, comment ils vont s'entraider pour survivre aux attaques du Xenomorphe.
Concernant le casting, Fede Alvarez a fait le pari de comédiens peu connus, certains jouant pour la première fois, mais qui donnaient le sentiment de connaître le métier depuis perpette. J'en attends personnellement beaucoup de Cailee Spaeny, qui a explosé grâce au film Priscilla de Sofia Coppola et plus récemment dans le Civil War d'Alex Garland où elle rayonnait déjà. Je pense que son personnage est un écho à celui de Ripley par Sigourney Weaver, il y a déjà tellement de plans qui le prouvent dans la bande annonce. Je n'ai vu que 15 minutes, mais si ces extraits montés de 15 min reflètent bien le film, on risque d'avoir un épisode monstrueux et un retour aux sources qu'on attendait tous. Réponse définitive le 14 août prochain.