Xbox One X : du "True 4K gaming" pour 500€, j'achète ou pas ? Verdict sur Xbox One
Un an après la PS4 Pro, Microsoft sort enfin la Xbox One X, une machine décrite comme étant la console de salon la plus puissante du monde. Il s’agit aussi pour Microsoft de reprendre enfin l’avantage sur Sony en termes de puissance brute, la Xbox One ayant souvent souffert de comparatifs techniques en sa défaveur. Faut-il pour autant céder aux sirènes de cette machine mid-gen et réinvestir 500€ de votre épargne ? Voici quelques éléments de réponse, puisque nous avons testé la Xbox One X sur un écran 4K HDR pendant plus d'une semaine afin de vous dire si l’investissement en vaut vraiment la chandelle.
Depuis l’avènement des consoles de 8ème génération, l’approche technique retenue par les fabricants a radicalement changé. Alors qu’il était d’usage de sortir des consoles qui étaient de véritables monstres de puissance dès le départ, afin de leur offrir une durée de vie correcte, les constructeurs ont dévoilé en 2013 des machines aux specs techniques assez moyennes qui correspondaient à des PC de milieu de gamme. En plus de ne pas faire rêver, ces configurations avaient aussi l’inconvénient d'être rapidement dépassées par l'avancée technologique que nécessitent les jeux du futur. Cette nouvelle tactique est en réalité assez compréhensible, car elle a permis aux constructeurs de proposer des machines bien moins chères, sans avoir besoin de vendre leur console à perte, comme cela pouvait être le cas à l’époque de la Dreamcast ou de la Nintendo 64. On peut d’ailleurs attribuer une grande partie du succès initial de la PS4 à son prix plancher de 399€, inférieur à celui de la Xbox One (499€), et bien plus bas que le tarif proposé pour la PS3 (599€) dont le CPU CELL d’IBM et le GPU RSX de nVIDIA avaient fait exploser les coûts. Du coup, en constatant que ce hardware devenait vite un peu vieillot, les fabricants ont décidé de sortir ces fameux refresh mid-gen, probablement influencés par le modèle économique des smartphones. Fin 2016, Sony avait dégainé sa PS4 Pro et cette année, c’est au tour de Microsoft de dévoiler sa Xbox One X. La première différence entre les deux machines est bien sûr dans la communication qui les entoure. Là ou Sony promet de meilleures performances et des possibilités UHD, Microsoft a choisi de vendre la puissance absolue en matière de consoles, et surtout de la vraie 4K native.
Pour pouvoir mettre toutes les chances de son côté, la firme de Redmond a donc posé les bases de cette nouvelle machine sur un hardware plutôt sexy, et surtout plus puissant que chez Sony. Sous l’appellation Scorpio Engine, la Xbox One X renferme un APU (une seule puce qui renferme le processeur et un chipset graphique) toujours réalisé par AMD. Cette puce renferme 8 cœurs (comme sur la Xbox One classique) qui gagnent en fréquence, en passant de 1.75Ghz à 2.3Ghz, tandis que le chipset graphique passe pour sa part de 914Mhz à 1.17Ghz, tout en gagnant des unités de calcul (on passe de 768 à 2560). Les ingénieurs ont aussi pensé à corriger l’un des problèmes de la Xbox One : sa mémoire. Pour la X, la mémoire DDR3 est supprimée et remplacée par de la GDDR5 bien plus véloce (celle utilisée par la PS4 et les cartes graphiques). Ce changement de mémoire se traduit par un gain de bande passante considérable, puisqu’on passe de 68Go/s à 326Go/s (218Go/s sur PS4 Pro et 176Go/s sur PS4). De même, la capacité mémoire est doublée de 8 à 12Go, sachant que 9Go sont disponibles pour les développeurs, le reste étant occupé par l’OS et tous les sous-systèmes. La conséquence de tout ceci, c’est une puissance de calcul de 6 TFLOPs (l’équivalent d’une carte graphique Radeon RX580), ce qui en fait la console de jeux la plus véloce jamais créée. À titre de comparaison, sachez que la Xbox One classique propose 1.31TFLOPs, la PS4 1.84TFLOPs et la PS4 Pro 4.2TFLOPs. Pour alimenter cette puce, la One X renferme donc une alimentation de 245W, tandis qu’un système de refroidissement à Vapor Chamber (une cavité dans laquelle un liquide est évaporé en bas, ce qui dissipe une grande quantité d’énergie, avant d’être condensé en haut de la chambre) garde le Scorpio Engine à la bonne température. Enfin, le stockage est confié à un disque dur 1To, ce qui est bien maigre pour stocker les jeux en 4K très gourmands en espace, mais nous y reviendrons.
En utilisation, cette nouvelle machine nous a surpris par son silence d’utilisation. Le bruit du lecteur Blu-Ray 4k est minime, tandis que le ventilateur est presque inaudible.
Avec tout ce matériel, la Xbox One X prend du poids (3.8 kg contre 2.3 kg pour la Xbox One standard), mais perd paradoxalement en embonpoint. La nouvelle machine est en effet la plus diaphane de toute la gamme Xbox, avec des dimensions inférieures à la Xbox One S. Au niveau du châssis, on remarque que Microsoft a fait un effort en réalisant une boîte sobre aux lignes épurées. On est désormais très loin de la dégaine de lecteur VHS de la Xbox One, et le résultat est assez classe, même si on n’a pas vraiment affaire à un look hyper travaillé. À la rédaction, le débat fait rage, certains membres étant tombés sous le charme de cette One X, tandis que les inconditionnels de la One S défendent leur point de vue. Il faudra sûrement attendre les premières versions collector de la nouvelle machine afin de pouvoir juger. Au niveau de la connectique, on retrouve les options habituelles, moins la prise Kinect qui a disparu, tout comme l’accessoire auquel elle était dédiée. En utilisation, cette nouvelle machine nous a surpris par son silence d’utilisation. Le bruit du lecteur Blu-ray 4K est minime, tandis que le ventilateur est presque inaudible. Néanmoins, avec un flux d’air aussi discret que possible, on ne vous cache pas que la One X chauffe particulièrement vite en jeu, au point qu’on vous déconseille fortement de la placer dans un endroit peu ventilé (comme la niche d’un meuble par exemple).
Si la machine a évolué, ce n’est pas le cas de la manette qui reste identique au modèle classique, tandis que les menus sont inchangés, ce qui devrait faire plaisir aux amateurs de l’univers Windows 10. Toujours aussi riche, l’interface reste moins lisible que sur PS4, et surtout moins fluide lorsqu’on y navigue rapidement. Il n’y a rien d’alarmant on vous rassure, mais la différence mérite d’être signalée. La Xbox One X conserve tout de même l’une des tares principales de la famille, à savoir les interminables mises à jour. Même si ces dernières sont un peu plus rapides (probablement grâce à un disque dur plus rapide, combiné à la puce plus performante), les joueurs vont tout de même passer de longs moments à télécharger les updates des différents jeux. Ces dernières sont obligatoires pour profiter de la 4K, du HDR et même des améliorations de framerate ou de graphismes dissimulées sous le terme générique « Xbox One X Enhanced ».
X-FACTOR
Sorti de ces considérations matérielles, comment se comporte la Xbox One X en jeu ? Pour être honnête, si la console dispose d’un potentiel indéniable, tout va dépendre des jeux que l’on utilise. En effet, si l’optimisation est importante sur PC, elle est cruciale sur console. Malheureusement, avec des consoles mid-gen différentes, les développeurs vont devoir passer du temps à optimiser leurs jeux sur des machines différentes, ce qui coûte très cher. Vous l’avez compris, tout va dépendre de la volonté du studio, et des accords commerciaux entre Microsoft, Sony et le développeur qui pourra se faire subventionner une partie du portage – ou pas – par les constructeurs. Notre premier cas d’étude est Forza Motorsport 7. Le concernant, Turn 10 est un studio interne de Microsoft, ce qui signifie que les grands moyens ont été mis pour que l’optimisation soit réalisée à la perfection sur la nouvelle console. Sans surprise, le jeu est le meilleur argument de vente de la Xbox One X, avec des graphismes splendides en 4K HDR. Le rendu est ici impeccable, et il faut plisser les yeux pour trouver un peu d’alisasing sur certains éléments lointains du décor, tandis qu’on en prend plein la rétine avec des effets somptueux comme le reflet des gants du pilote sur le pare-brise, la pluie majestueuse et les effets lumineux de toute beauté.
À titre de comparaison, Gran Turismo Sport sur PS4 Pro est littéralement balayé, et seul des jeux PC peuvent proposer une expérience similaire avec des images aussi riches. Autre jeu issu des laboratoires Microsoft Studio, Gears of War 4 - développé par The Coalition - offre pour sa part deux options : soit du 4K 30fps soit du 1080p 60fps. Bien que le jeu ne soit pas le plus impressionnant visuellement, l’amélioration est criante, et on apprécie de pouvoir jouer la campagne en résolution 4K, tandis qu’on utilise le 1080p 60fps pour prendre l’avantage en multijoueur par exemple. Killer Instinct gagne lui aussi en fluidité et en qualité d’image, grâce là aussi au travail de Rare qui est un studio interne de Microsoft. Sur les jeux des éditeurs-tiers, la différence est bien sûr toujours présente, mais le résultat global est moins impressionnant. Ceci est dû au fait que ces jeux sont des versions améliorées, mais pas forcément optimisées spécifiquement sur l’une ou l’autre machine. Dans le cas de Middle Earth : Shadow of War, le rendu envoie là aussi du pâté, avec un avantage pour la Xbox One X par rapport à la version PS4 Pro. Les améliorations se distinguent principalement au niveau du ciel et des effets volumétriques comme la fumée. L’autre jeu tiers que nous avons testé est Assassin’s Creed Origins, et là il est bien plus difficile de réussir à départager la Xbox One X de la PS4 Pro, très probablement parce que le jeu n’a pas été optimisé de manière particulière pour chacune des machines. Bien sûr, la Xbox One X propose de la 4K native, tandis que la PS4 pro se contente de checkerboard rendering, mais à l’œil, il est impossible de voir la moindre différence, le framerate étant en sus identique pour chaque version.
ALORS, ON CRAQUE OU PAS ?
Comme toujours, l’achat de cette machine dépend de votre sensibilité aux nouvelles technologies, et surtout de votre équipement en téléviseur 4K HDR. Si vous êtes déjà équipé, il n’y a pas à hésiter : foncez ! Vous disposerez alors de quoi jouer, et de quoi regarder des films en 4K (via le lecteur Blu-ray, mais aussi grâce au streaming), alors que l’offre télévisuelle à cette résolution est pour l’instant inexistante. Si vous regardez toujours un écran 1080p, la réponse est bien moins évidente. La console permet des améliorations de framerate, mais les 500€ demandés sont alors un prix plutôt élevé à payer pour gagner 30fps et charger les jeux plus vite. C'est d'autant plus vrai qu’à ce tarif, vous pouvez équiper votre vieux PC d’une GeForce GTX 1070Ti qui fera tourner tous les jeux à fond en 1080p. Si vous êtes un joueur qui s’équipe (et qui ne possède donc aucune machine), la Xbox One X peut s’avérer être une bonne option pour durer dans le temps, bien que la PS4 Pro soit diablement attractive avec les offres commerciales de Sony et ses nombreuses exclusivités qui vont arriver en 2018 et 2019.
Opter pour l’une ou l’autre machine dépend entièrement de vous et de votre attrait pour les jeux exclusifs proposés, pour l'ergonomie de la manette et pour celui de l’interface utilisateur. Comme on vous le disait plus haut, la Xbox One X ne sera réellement utilisée à son plein potentiel que par les studios internes de Microsoft, qui ne sont plus très nombreux à l’heure actuelle. L’autre inconvénient réside dans le disque dur 1To qui est clairement insuffisant pour utiliser sereinement la machine avec une bibliothèque étendue. Pour vous donner un exemple concret, le patch Xbox One X de Quantum Break pèse 94.7 Go, et c'est en plus l’installation classique du jeu ! Il faut aussi mentionner que la console ne vous laissera pas le choix de faire une installation minimale quitte à ne pas profiter des améliorations. Chaque jeu sera obligatoirement accompagné de son patch Xbox One X. Avec 6 jeux installés (Call of Duty WW2, Forza 7, Shadow of War, Quantum Break, Killer Instinct et Assassin’s Creed Origins) notre disque dur n’affiche plus que 300 Go de disponible. N’espérez donc pas pouvoir installer plus de 10 jeux en simultané sur votre machine à moins d’investir dans un disque dur externe. Vous savez tout.