Test Yesterday Origins : non, le Point'n Click à l'ancienne n'est pas mort !
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Si vous aimez les jeux d'aventure en général, et les Chevaliers de Baphomet en particulier, vous ne serez pas déçus par Yesterday Origins. Les développeurs de Pendulo Studio semblent particulièrement à l'aise avec le personnage de John Yesterday, qu'on retrouve pour la seconde fois. On ne peut que lui souhaiter un succès et une longévité équivalents à ceux de la saga Runaway. Les quelques défauts du jeu ne pèsent pas grand-chose face à ses qualités, surtout qu'on peut s'affranchir d'emblée de ceux liés à la localisation en passant en VO. L'aventure est plus longue que celle de Yesterday, l'humour bien présent, les personnages mémorables et l'interface aussi fonctionnelle sur PC que sur consoles. A quand une autre suite ?
- Nul besoin d'avoir joué à Yesterday
- Patte graphique unique
- Une bonne galerie de personnages loufoques
- Bande son plaisante
- Pas mal d'humour
- Certains objectifs peu clairs
- Une ou deux énigmes abusées
- Quelques blancs dans la bande-son
- Pas mal d'erreurs dans les sous-titres
Sorti en mars 2012 et très plaisant, Yesterday n'a pas su se hisser à la hauteur de Runaway, la série phare de Pendulo Studios, en termes de vente comme de réputation. Heureusement, les développeurs espagnols n'ont pas jeté l'éponge, et ils nous proposent aujourd'hui une nouvelle aventure de John Yesterday, qui fait à la fois office de suite et de préquelle puisque l'occasion nous est donnée de visiter différentes époques de sa vie. Notamment ses origines, comme vous l'aurez certainement déjà compris...
John Yesterday n'est pas un homme comme les autres. Parisien d'adoption, cet américain tient une boutique d'antiquités avec Pauline, sa petite amie. Jusqu'ici, rien d'extraordinaire. Mais sa propension à ressusciter à chaque fois qu'il meurt est beaucoup moins banale ! D'autant plus que ces résurrections express ont deux effets bien particuliers : le corps de John retourne à l'âge et dans l'état dans lequel il était lors de son premier décès (c'est plutôt sympa) mais, en contrepartie, il perd totalement la mémoire (c'est tout de suite moins sympa). Heureusement, la technologie moderne lui permet de se laisser des messages sur son smartphone et son site web perso, histoire de comprendre qui il est le cas échéant. Pour cela, il peut également compter sur Pauline, qui possède la même capacité surnaturelle, à ceci près qu'elle ne perd jamais la mémoire. Pratique pour rajeunir à volonté… Loin d'être des super héros, les deux personnages principaux du jeu ont en réalité subi une transmutation alchimique, l'un il y a cinq cent ans, à l'époque de l'inquisition espagnole, l'autre il y a trois ans seulement. Tout cela, vous le savez peut-être déjà si vous avez joué à Yesterday. Mais si ce n'est pas le cas, rassurez-vous : il n'est absolument pas nécessaire d'être un assidu des productions de Pendulo Studios pour profiter de la dernière en date. Tout est résumé et expliqué à plusieurs reprises et, de toutes manières, la trame narrative principale consiste justement à fouiller dans le passé de John. Parfois littéralement, puisque des flashbacks nous plongent régulièrement dans des époques révolues. Voilà qui permet d'éviter la routine, tout comme le fait de contrôler parfois John, parfois Pauline. Lorsqu'ils sont physiquement séparés bien sûr, mais également dans une même scène de temps à autre. Il appartient alors au joueur d'alterner entre les deux amoureux quand il le souhaite. Ou quand les énigmes l'exigent puisque John et Pauline doivent parfois s'échanger des objets pour réussir à progresser dans l'aventure.
500 ANS ET PAS UNE RIDE
Afin de ne rien spoiler, nous n'en dirons pas plus sur le scénario du jeu. En revanche, impossible de ne pas mentionner le petit goût de "Chevaliers de Baphomet"" que possède l'aventure. Ambiance à la fois médiévale et moderne, couple de héros franco-américain, décor initialement parisien : impossible de ne pas penser à George Stobbart et Nicole Collard. On a fait pire comme référence, et le synopsis très original de Yesterday suffit pour qu'on lui épargne toute accusation de plagiat. D'ailleurs, le style graphique des personnages ne manque également pas de singularité. On retrouve la direction artistique longiligne et anguleuse si chère à Pendulo. Étonnamment, le mariage avec les décors 2D "peints à la main" fonctionne parfaitement. Pourtant ils sont généralement élégants et apaisants, alors que les personnages sont tous plus loufoques les uns que les autres. D'ailleurs, le jeu est un peu plus porté sur l'humour que son prédécesseur, et renoue ainsi avec ce que le studio sait faire de mieux. Les dialogues, les descriptions des objets ou les commentaires à propos des tentatives d'actions infructueuses ne manquent souvent pas de sel. Les énigmes sont assez classiques sur le fond (passages secrets, mécanismes à débloquer, personnages à éloigner pour pouvoir fouiller tranquillement…) mais la forme évolue quelque peu par rapport à un point and click classique. Motivés par la sortie sur consoles, les développeurs ont cherché à créer un système qui fonctionne aussi bien à la souris qu'à la manette. Au final, le pad constitue même l'outil le plus pratique même si, heureusement, le mulot reste utilisable.
Les énigmes sont assez classiques sur le fond (passages secrets, mécanismes à débloquer, personnages à éloigner pour pouvoir fouiller tranquillement…) mais la forme évolue quelque peu par rapport à un point and click classique.
Contrairement à la tradition, l'interaction entre un objet et une zone interactive ne se fait pas en choisissant le premier puis en l'amenant vers sa destination. Il faut au contraire sélectionner d'abord la zone, puis un objet. De même, la combinaison de deux items de l'inventaire ne se fait pas en glissant l'un sur l'autre, mais en sélectionnant l'un (qui s'affiche alors dans une fenêtre évoquant une case de bande dessinée) puis l'autre. De plus, l'inventaire peut comporter non seulement des objets, mais également des éléments d'information (lieu, objectif, action passée, qualificatif à propos d'un individu, etc.) obtenus notamment lors des dialogues. Ces informations peuvent alors être utilisées avec un personnage, une zone du décor ou un élément d'inventaire, comme le serait un objet classique. Cela permet notamment aux développeurs d'empêcher les joueurs de réaliser certaines combinaisons au petit bonheur la chance, puisqu'il faut parfois ajouter dans l'équation la raison de la combinaison. C'est plutôt bien vu ! Bon point également pour la bande-son, qui associe des voix françaises très acceptables à une musique plaisante. Seul bémol, il arrive que l'ambiance sonore retombe un peu à plat par moments. D'ailleurs, s'il est vraiment agréable et conseillé à tous les amateurs de jeux d'aventure, Yesterday Origins n'est pas parfait pour autant. Il arrive qu'à cause d'une mise en scène ponctuellement mal maîtrisée, on ne sache pas trop quel est l'objectif actuel des personnages. Et certaines énigmes auraient peut-être mérité un peu plus d'indices, mais cela reste subjectif. De manière nettement plus objective, le jeu déçoit par une localisation imparfaite. Rien de catastrophique ni de systématique mais, à l'occasion, il y a quelques ratés. Voir à l'écran des phrases telles que "vous cherchez effectuez une recherche Google" ou ""je ne peux pas le l'abandonner" ne laisse aucun doute quant à un manque manifeste de relecture. Quelques petits points noirs sur un tableau globalement très séduisant !