Test XIII Remake : from hero to zero, le contrôle-qualité aux oubliettes sur PC
7 20
Décidément, Microids n'est vraiment pas très en forme en ce moment. Après un Tuniques Bleues bien trop cher par rapport à son contenu, voilà que l'éditeur français nous propose un remake de XIII qui tiendrait presque plus du demake tellement le jeu est cassé, buggué, pas fini. Du premier glitch qui apparaît au bout de dix secondes, jusqu'au bug de script qui bloque l'aventure à cinq secondes de la fin, c'est un festival de problèmes d'un bout à l'autre ! Un tel niveau de je-m'en-foutisme ferait presque passer Fallout 76 pour un chef-d’œuvre en matière de finition. Il est totalement incompréhensible que le jeu ait pu passer le moindre contrôle qualité dans cet état, et le message d'excuses récent de Microids sonne d'ailleurs comme un aveu de culpabilité. Fuyez, pauvres fous !
- Deux ou trois niveaux assez jolis
- Une bonne dose d'infiltration
- Visages de XIII et Jones plus fidèles à la BD qu'auparavant
- Esthétique moins BD que l'original
- Mauvais mixage audio
- Son qui se met à grésiller
- Cadavres passe-murailles
- Cinématiques manquantes
- Cinématique sans son
- Animation de mort des ennemis ridicule
- Des bugs de la première à la dernière minute… littéralement !
Porté par une bande dessinée à succès, le XIII de 2003 a plutôt laissé de bons souvenirs aux joueurs, du fait de son dosage judicieux entre action et infiltration, de son esthétique BD poussée jusqu'au bout et de son scénario à suspense. Autant de qualités qui, dix-sept ans plus tard, auraient pu se retrouver intactes, voire être sublimées, dans un remake digne de ce nom. Hélas, cette nouvelle version ne remplit pas vraiment les critères. D'ailleurs, Microids s'est récemment fendu d'un message d'excuses à propos de l'état du jeu, assorti de promesses de patchs salvateurs. Nous avons donc décidé d'attendre quelques jours avant de réaliser notre test, au cas où une rustine miraculeuse débarque pour sauver le produit. En vain...
Avant de charger la mule et de tirer sur l'ambulance, rappelons quelques fondamentaux en ce qui concerne le scénario de XIII. On y incarne un héros amnésique, accusé d'avoir assassiné le président des Etats-Unis et portant un tatouage "XIII" sur la clavicule gauche. De fil en aiguille, le héros en apprend un peu plus sur qui il est vraiment, et découvre l'existence d'une organisation secrète constituée de vingt membres, chacun d'entre eux abritant son identité derrière un nombre romain. L'ambiance de polar politique fonctionne plutôt bien, et ce remake a l'intelligence de ne pas chercher à dénaturer l'expérience d'origine sur le fond. Ainsi, le scénario, le gameplay et les différents niveaux sont repris quasiment à l'identique. Cette fidélité assure d'un bon dosage entre action et infiltration, puisque tel était le cas du jeu de 2003. On retrouve donc le plaisir d'assassiner en toute discrétion nos ennemis à l'aide de couteaux de lancer, d'arbalète-sniper ou de pistolet muni de silencieux. De temps à autre, il est permis de se défouler et de faire parler la poudre, les mitrailleuses, fusils à pompe et autres lance-roquettes étant également de la partie. Naturellement, les graphismes ont été améliorés et il faut reconnaître que certains panoramas font leur petit effet. Ainsi, le chemin tout en feuillages d'automne qui mène au sanctuaire ou les rayons du soleil qui illuminent les paysages enneigés ne manquent pas de charme.
De plus, le character design des personnages principaux a été revu, de manière à mieux correspondre avec la bande dessinée. XIII et le major Jones ressemblent ainsi nettement plus à leurs homologues de papier qu'auparavant. Bizarrement, ces améliorations graphiques vont de pair avec un certain nombre de dégradations. Les flocons de neige balancés par le vent qui embellissaient certains niveaux ont par exemple totalement disparu. Plus gênant encore, le jeu s'éloigne des effets bande dessinée qui lui donnaient tant de caractère. Les apparitions de bordures blanches simulant des cases de BD sont moins nombreuses, les cinématiques proposent également moins de découpage en cases, il y a moins d'onomatopées qui apparaissent à l'écran, et le trait de cel-shading a notablement perdu en épaisseur. La direction artistique devient donc plus générique et moins marquante. Mais nous allons voir qu'il y a hélas encore bien d'autres choses à reprocher au jeu…
XIII BUGS À LA DOUZAINE
C'est bien simple, le niveau de finition du produit est tout simplement honteux. Tout commence dès les premières secondes, lorsqu'on voit la maître-nageuse qui vient de nous sauver se téléporter durant un instant. Et le calvaire se termine au bout de neuf heures (en comptant le temps perdu à lutter contre certains bugs) avec un script final qui ne se déclenche pas et qui empêche donc l'affichage de l'ultime dialogue et du générique de fin. Heureusement qu'il nous reste les souvenirs de 2003 pour compléter l'aventure dans notre esprit et contrer cet ultime bras d'honneur fait au joueur. Ce n'est d'ailleurs pas le seul moment où nos souvenirs se sont avérés utiles. Figurez-vous que deux scènes cinématiques inter-missions ont tout simplement disparu du remake ! Un novice n'aura donc aucune idée du pourquoi du comment des objectifs en cours. Histoire de perdre encore plus les pauvres innocents qui auraient eu le malheur d'acheter leur production, les développeurs ont également réussi à saboter une cinématique majeure, qui apparaît ici totalement muette, sans musique ni aucun dialogue (et sans sous-titres). Bravo les gars !
D'ailleurs parlons-en de l'audio… Le mixage sonore est globalement mauvais, avec des voix trop fortes ou inaudibles. Pire encore, à partir de la moitié de l'aventure environ, la couche audio lâche l'affaire et part totalement en vrille. Tous les sons se mettent à grésiller horriblement alors que, à d'autres moments, il manque tout un tas de musiques et de bruitages. Evidemment, on doit également faire face à de nombreux bugs graphiques. Certains sont bénins, comme ce message de didacticiel qui reste indéfiniment affiché à l'écran et qui oblige à recharger un point de contrôle, ce message "niveau terminé" qui apparaît alors que des ennemis sont encore en train de nous canarder, ces éléments qui flottent au lieu de reposer sur le sol, ce policier suspendu dans les airs comme par magie, ou encore le crochetage des portes qui s'affiche en plein milieu de l'écran plutôt que sur la serrure. Vous en voulez encore ? Pas de problème, le stock est quasiment illimité ! La sélection d'arme plante par moments, certaines alertes se déclenchent de manière totalement injustifiée en infiltration (plus rageant que ça, tu meurs), et certains ennemis réagissent à la vitesse de l'escargot asthmatique lorsqu'un de leurs collèges décède sous leurs yeux. La palme du ridicule revient d'ailleurs à la mort des soldats, qui se déroule bien trop lentement. Ils tombent presque au ralenti avec, cerise sur le gâteau, un bref passage par une pose de combat totalement inappropriée pour quelqu'un vient de prendre une balle dans la tête. Les bugs de collision sont également de la partie, qu'il s'agisse d'ennemis qui passent à travers les murs, de cadavres à moitié enfoncés dans le sol, de macchabées pris de tremblements, de personnages défigurés par d'affreux traits colorés qui surgissent de leurs têtes, ou encore de soldats qui manient leur matraque à distance, cette dernière ayant décidé de voler à un mètre de leur main. Nous vous déconseillons très fortement d'acheter cette version alpha qui ne dit pas son nom, et vous incitons plutôt à regarder attentivement nos captures maison, histoire d'y dénicher certains des bugs précédemment évoqués. Mieux vaut en rigoler...