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Comme vous avez pu le lire pendant ces cinq paragraphes, World Heroes Gorgeous n’a de mignon que son nom. Adaptation bête et méchante des quatre épisodes de la série, cette neuvième compilation ne présente aucun intérêt, quel que soit son degré de nostalgie. Ce n’est malheureusement pas le nouveau coup de crayon donné aux artworks qui figurent sur la jaquette et à l’intérieur du manuel qui permettra de succomber à l’appel. S’il y a bien un volume à oublier dans la gamme NeoGeo Online Collection, c’est bien celui-là !
- Les 4 opus de World Heroes sur un seul disque
- Jouable en ligne
- La série a très mal vieilli
- Gameplay ultra rigide
- Des persos sans charisme
- Graphismes fades et grossiers
- Musiques anecdotiques
En attendant l’arrivée du très attendu The King of Fighters XII, SNK Playmore continue encore et toujours de puiser dans ses vieilleries afin de garder une certaine actualité, faute de véritable nouveautés. Après un Fu-un Super Combo sorti en juin dernier et dont le résultat n’était guère enthousiasmant, le neuvième volume de la gamme NeoGeo Online Collection s’intéresse maintenant à la franchise World Heroes. Etait-ce bien nécessaire ?
Test import japonais
Créé par ADK en 1992, le label World Heroes a vu le jour de prime abord sur Arcade avant d’être transposé sur Neo Geo quelques mois après. A l’instar de Street Fighter ou bien encore Fatal Fury, la franchise fait partie des pionniers dans le domaine de la baston 2D. Si les deux premières séries citées sont parvenues à s’imposer sur la scène grâce à leur charisme fou, la saga World Heroes n’a malheureusement jamais pu obtenir toutes ses lettres de noblesse. Ce n’était pas faute d’essayer compte-tenu le nombre d’éléments piqués chez la concurrence, mais il ne suffit pas toujours de copier sur le voisin pour que le résultat soit identique. World Heroes en a d’ailleurs faits les frais, peut-être même à ses dépends.
Around the world
A l’instar de Street Fighter II à son époque, le premier World Heroes proposait un habillage un peu cheap et un contenu famélique. En 1992, les exigences des joueurs n’étaient pas les mêmes et fort heureusement d’ailleurs. Au menu des réjouissances, huit combattants prenaient place sur la grille de départ : Hanzô, Fûma, Dragon, Jeanne, Muscle Power, Rasputin, Brocken et enfin J-Carn. Chacun d’entre eux possède un style de combat bien distinct, à l’exception des deux frères ennemis que sont Hanzô et Fûma, qui pratiquent le même art martial. La ressemblance entre Ryu et Ken est évidemment frappante et encore moins anodine puisque ADK s’est tout simplement contenter de piller les idées chez Capcom. Les autres auront reconnu en Brocken une version robotisée de Dhalsim tandis que Muscle Power est l’équivalent américain de Zangief. Pas étonnant alors de voir des coups spéciaux hérités eux aussi de Street Fighter II avec des boules de feu à gogo, quelques Dragon Punch et des prises qui flairent le plagiat à plein nez. Malheureusement, pour briller aux côtés de l’excellent jeu de baston de Capcom, il aurait fallu que l’équipe de développement d’ADK reprenne à la lettre les mécanismes de jeu de Street Fighter II également. Manque de chance, c’est à partir de ce moment là que le facteur talent entre en jeu et ADK est loin de faire jeu égal avec la firme d’Osaka.
Avec ses personnages animés à la manivelle, des coups spéciaux qui sortent une fois sur deux et un déséquilibre assez prononcé entre les protagonistes, difficile d’accrocher à l’univers de World Heroes, amateur ou pas de baston 2D. Heureusement, World Heroes possédait un mode de jeu bien particulier qui lui avait valu une certaine notoriété en son temps : le mode Deathmatch. Non, il ne s’agissait pas d’un mode où il fallait enchaîner un maximum de frags mais plutôt l’intronisation d’éléments perturbateurs dans le décor, afin de pimenter un peu plus les combats. Câbles électriques, bombes, pièges et autres obstacles, les deux combattants devaient composer avec ces éléments supplémentaires pour sortir vainqueur du combat. Graphiquement également, le titre signé ADK faisait pâle figure à l’époque, la faute à une réalisation fadasse, des héros qui manquaient cruellement de charisme et surtout des décors d’un mauvais goût ultra prononcé. Cela dit, World Heroes rencontra un certain succès à son époque, vu que la concurrence était légère et le nombre de titres du genre assez restreint. Une bonne raison pour que ADK planche sur une suite l’année suivante.
Jet Set
Pas étonnant alors de voir débouler World Heroes 2 l’année suivante. Six personnages en plus (Captain Kid, J-Maximum, Ryoko, Erick, Shura et Mudman), de nouveaux décors, des musiques supplémentaires mais pas de grands changements dans le fond. Il y a bien quelques évolutions notables dans le mode Deathmatch qui consiste désormais à faire en sorte que la jauge de vie commune soit à son avantage pour remporter le combat, mais rien de bien folichon à se mettre sous la dent. Le moteur utilisé est le même que celui de l’année dernière (déjà à la traîne par rapport à la concurrence) et les graphismes ont toujours du mal à faire le poids face à d’autres titres plus ambitieux chez SNK ou même Capcom. Critiqué par un manque de souplesse général dans son système de combat, ADK n’aura même pas pris la peine de retoucher sa copie, si bien que World Heroes 2 n’a lui non plus guère convaincu les aficionados qui, en 1993, découvraient les joies du slash avec le tout premier Samurai Spirits, un vrai jeu de baston original et efficace.
Evidemment, pour tenter de rattraper son retard, les concepteurs se sont aussitôt lancés dans le développement d’une pseudo-suite : World Heroes 2 Jet. Si en termes d’ajout pur, on ne recense que deux personnages supplémentaires, cette extension fera parler d’elle pour avoir insuffler un vent de fraîcheur dans les mécanismes globaux de cette licence, obsolète avant même sa naissance. On note ainsi l’introduction de séquences animées qui permettent de combler les moments vides, l’apparition d’enchaînements réalisables (le système de combos n’était pas encore instauré) mais aussi quelques subtilités dans le gameplay qui n’a pas déplu aux quelques curieux qui avaient claqué plus de 1 500 francs à l’époque. Manque de bol pour le jeu, 1994 était l’année où The King of Fighters révolutionnait la baston 2D, et faisait de World Heroes 2 Jet un jeu has-been dès son lancement. Dur.
Pas découragé pour autant, ADK lançait l’année d’après World Heroes Perfect. Un titre ambitieux pour un jeu qui l’était beaucoup moins. Dans l’absolu, pas de nouveaux personnages en plus puisque pour accéder aux Zeus, Neo-Dio et Gokuu, il fallait réaliser une manipulation à l’écran pour pouvoir jouer avec eux, à moins d’avoir eu la version Neo Geo CD du jeu, chose bien plus accessible à ce propos. Reprenant les mécanismes de World Heroes 2 Jet, World Heroes Perfect introduit enfin les furies. A l’aide d’une jauge de pouvoir qui se remplit en bas de l’écran, chaque protagoniste peut déclencher une grosse attaque, afin de renverser la situation à son avantage. Pas franchement à l’aise avec cette nouvelle technique, ces furies censés nous en mettre plein la vue, ne sont en réalité que des coups spéciaux un peu plus claquants, sans plus. Ce n’est malheureusement pas l’éviction du mode Deathmatch (qui faisait la particularité de la série) qui améliorera la chose, bien au contraire. Même si un effort a été fait au niveau des décors, tous inédits, il faut bien avouer que ces derniers manquent sérieusement de charme pour marquer les esprits. Pire, ils ne s’intègrent absolument pas à l’univers de la série. Qu’importe, World Heroes Perfect fut le quatrième et dernier volet d’une saga qui n’a jamais réussi à percer. Dommage.
Disponible chez Tokyo Eyes