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Difficile de passer derrière Mario et Peach, même pour l'imposant Wario. Archi accessible, Wario : Master of Disguise s'adresse avant tout à une catégorie de joueurs peu regardants sur la profondeur du gameplay. Si les différentes transformations apportent un peu de peps au jeu, on regrettera surtout le manque de précision dans leur exécution. Répétitif dans ses puzzles puérils, étouffant dans ses phases d'exploration à rallonge, Master of Disguise est à consommer le dimanche après-midi. Pendant le goûter.
- Humour bien dosé
- Les transformations
- Les énigmes du Sphynx
- Réalisation basique
- Manque de challenge
- Le tactile par moments approximatif
- Beaucoup de blabla pour pas grand-chose
- Trop casual ?
Avouons-le, il est devenu difficile de dissocier Wario du label WarioWare, l'intelligence et la finesse étant naturellement réservées à Mario. Pour le rendre aussi omnipotent que son alter ego coincé du derrière, Nintendo lui a découvert une nouvelle passion : le cambriolage. Proposer autre chose qu'une succession de mini-jeux crétins à la vitesse de la lumière semblait être une priorité vitale à la firme de Kyoto, au risque de rendre une copie moyenne.
Affalé sur son canapé avec la télécommande à proximité, il ne manque plus que la main dans le pantalon pour que l'on se méprenne. Ce n'est pas Al Bundy, mais bel et bien Wario qui jalouse un certain Blizzard Blanc, interprété à l'écran par le Comte Cannelloni. Les péripéties de ce cambrioleur professionnel vont attiser les convoitises de notre anti-héros qui rêve de gagner plus sans travailler plus. Avec la classe et la mauvaise foi qu'on lui connaît, Wario va se téléporter directement dans le programme télévisé via un casque fabriqué de toutes pièces. Une fois sur place, il ne va pas perdre de temps et dérober à Cannelloni son sceptre Bonchic, une encyclopédie vivante dont les pouvoirs permettent d'affubler son maître de n'importe quel déguisement. Pendant que Wario lui volera la vedette en forçant les coffres du monde entier, le Comte échafaudera des plans pour tenter de récupérer son bâton magique, quitte à s'asservir à une tierce puissance. Enfin, les deux protagonistes apprendront l'existence de la Pierre à Voeux, un caillou capable de rendre tout puissant celui qui le possède. Une dizaine de chapitres et environ une quinzaine d'heures de jeu, voilà en gros ce dont dispose Wario pour se remplir les poches et mettre la main sur l'artéfact convoité.
Silencieux mais mortel
Vous l'aurez compris, le concept de Wario : Master of Disguise repose essentiellement sur les différents costumes que peut endosser notre ami, chacun d'eux renfermant des pouvoirs bien spécifiques. Et pour corser un peu plus la chose, il faudra d'abord dessiner un petit symbole avant de l'enfiler, à condition d'avoir mis la main sur la gemme correspondante. Dans ces cas-là, le tutorial n'est jamais de trop pour mémoriser les pictogrammes à exécuter. Un petit cercle au dessus de la tête et hop, voici Wario transformé en cosmonaute avec son rayon laser. Un triangle qui pointe vers l'arrière comme une queue, et le voilà en dragon cracheur de feu. Une loupe de scientifique, et Wario se change en savant fou capable de révéler les objets invisibles. Chaque métamorphose est bien évidemment évolutive par le biais de master gems qui améliorent sensiblement les capacités. En artiste peintre de niveau 2 par exemple, Wario peut créer jusqu'à trois blocs d'affilée, et même des coeurs pour soigner sa jauge de vie. La découverte des différents costumes se fait à vitesse grand V, ce qui brise un peu l'intérêt du jeu puisqu'on dispose déjà de sept déguisements à la fin du quatrième chapitre. On en chope même deux d'un coup - Wario Foudre et Wario Matelot - dans le troisième. Pas futé sur le coup.
A l'instar de Mario Slam Basketball, Master of Disguise propose un gameplay ambidextre. Que l'on soit droitier ou gaucher, on retombe toujours sur ses doigts car la croix multidirectionnelle et les quatres boutons de façade permettent de diriger le personnage. C'est grisant, limite déroutant au départ de pouvoir tenir Wario d'une seule main, ce qui a certainement contraint Suzak à ne pas concevoir des passages qui en nécessitent d'habitude deux. Ne vous vous attendez donc pas à des torsions de phalanges comme c'est le cas dans New Super Mario Bros. pour ne citer que lui, Wario : Master of Disguise prend le joueur pour un abruti en faisant de gros appels de phares d'auto-école. Le jeu indique carrément les costumes à utiliser contre les boss, et la map affiche par des secteurs orangés les pièces où des mécanismes restent à activer. On pourra toujours se retrancher derrière l'enchaînement des transformations pour trouver un semblant de dynamisme, mais difficile de s'extasier devant d'innombrables allers-retours qui deviennent rapidement asphyxiants. Pas moyen non plus d'exercer sa matière grise sur les mini-jeux ultra accessibles et dignes de la franchise WarioWare. Du coloriage de maternelle, relier les bons objets entre eux, faire glisser une bille d'un point A vers un point B, voilà en gros les challenges excitants de Wario : Master of Disguise. Cela dit, respect pour les énigmes bien tournées du Sphynx, l'une des principales satisfactions du jeu.
La reconnaissance tactile est l'autre point noir du jeu. En effet, il n'est pas rare de devoir répéter la manoeuvre pour que le symbole soit bien pris en compte. L'inverse est également valable. En Wario Artiste par exemple, un losange peut matérialiser un bloc alors qu'il faut lutter des heures pour créer un coeur, même en y mettant toute sa santé. Idem lorsque l'on souhaite changer de costume, l'imbroglio dragon-matelot est arrivé plus d'une fois. L'instinct reprend parfois le dessus, et il faut reconnaître que dans le feu de l'action - notamment contre les boss - on gratte maladroitement hors de Wario, alors que c'est la règle n°1 du processus. Graphiquement, Wario : Master of Disguise ne casse pas des briques. Si le moustachu obèse possède quelques animations fines et détaillées lorsqu'il change de sape, il en est pas de même pour les monstres qui s'apparentent plus à des sprites basiques. Pas de scrolling différentiel, ni même d'effets pyrotechniques, on nage en plein cours élémentaire. Bon allez, on a quand même craqué pour l'un des thèmes principaux du jeu, celui où Wario et Cannelloni s'échangent quelques vannes bien senties. C'est aussi ce qui sauve un peu Master of Disguise de la déroute totale, un humour pas très fin mais suffisamment light pour être digeste. Une fois terminé, on peut toujours améliorer ses stats en revisitant les niveaux avec tous les déguisements en sac. Mouais.