Test également disponible sur : PC - Xbox One - PS4

Test Vampyr : le jeu qui rend à crocs ?

Test Vampyr : le jeu qui rend à crocs ?
La Note
note Vampyr 16 20

Grâce à son thème vampirique, sa forte scénarisation et sa direction artistique sans faute de goût, Vampyr se montre très attachant. Le studio Dontnod nous offre un véritable RPG, qui n'hésite pas à mettre l'accent sur les dialogues (surtout si on évite de massacrer les citoyens, donneurs de quêtes annexes extrêmement bavards). Un choix audacieux, que les joueurs bourrins pourront tout de même contourner afin de se concentrer uniquement sur les combats. Louables dans leurs mécaniques, ces derniers pâtissent hélas de la bêtise artificielle des ennemis. Avec une I.A. à la hauteur, une liberté de déplacement un peu plus grande, et quelques bugs de moins, le jeu aurait carrément tutoyé les sommets.


Les plus
  • Un jeu avec des vampires, on aime forcément
  • Le choix, malin, d'un héros médecin
  • La liberté de tuer ou non des citoyens
  • Des PNJ très travaillés
  • Une direction artistique sans faille
  • Des dialogues fournis
Les moins
  • Le côté bavard peut gêner
  • Le pouvoir de téléportation est scripté
  • De gros soucis d'IA
  • Quelques petits bugs divers


Le Test

Après l'infortuné Remember me et le fructueux Life is Strange, le studio français Dontnod nous délivre enfin son Vampyr, attendu avec impatience par bon nombre de joueurs de par le monde. Il faut dire que la promesse d'un action-RPG à crocs se déroulant dans le Londres brumeux du début du vingtième siècle est plutôt alléchante. L'heure (sombre) est venue d'enfiler la redingote du ténébreux docteur Jonathan Reid, et de découvrir si ses aventures valent le détour. Deviendrez-vous un mordu du jeu ?


VampyrL'aventure prend place en 1918, alors que la première guerre mondiale touche à sa fin et que Londres est en proie à une épidémie de grippe espagnole. Tout juste rentré du front, le docteur Jonathan Reid se fait agresser dans les rues de la capitale, décède, est jeté dans une fosse commune et se réveille au milieu des cadavres avec une soif de sang incontrôlable… qui l'amène à tuer sa propre sœur qui passait par là. C'est ce qu'on appelle passer une mauvaise journée ! Devenu vampire, notre héros part en quête d'informations sur sa nature exacte et à la recherche de la créature qui l'a agressé. Si ce propos initial peut sembler assez classique pour une histoire de vampires, les développeurs de Dontnod ont eu la bonne idée de nous imposer un personnage principal médecin, hématologue qui plus est. Notre homme se trouve forcément partagé entre sa volonté (humaine) de soigner les habitants de la ville et son besoin (bestial) de sang. Mieux encore, ce dilemme est directement reporté sur le joueur, qui a la liberté de croquer ou non les PNJ. S'il le fait, il disposera de plus de points d'expérience, pourra alors débloquer un maximum de pouvoirs, et verra donc la difficulté des combats contre les autres goules et les chasseurs de vampires largement diminuer. En contrepartie, certains arcs narratifs se verront être raccourcis, voire supprimés, et le quartier dans lequel résident les victimes tombera peu à peu dans le chaos. Et comme il se doit, les choix du joueur amèneront à une fin spécifique, la présence de quatre conclusions différentes ayant été annoncées par les développeurs. S'ajoutent à cela quelques subtilités, comme la possibilité relativement perverse de soigner les citoyens malades... afin d'obtenir plus de points d'expérience lorsque sera venu le moment de les vider de leur sang. Ou encore l'opportunité de dénicher des indices sur les différents personnages, en trouvant des documents perdus dans les décors ou en discutant avec d'autres personnes, ce qui permet là aussi d'augmenter leur "qualité de sang" (sans qu'on sache trop bien pourquoi d'ailleurs), et donc l'expérience obtenue.

 

SANG PIUR SANG NARRATIF

VampyrBourré de personnages à rencontrer et de séquences de dialogues à choix multiples, Vampyr n'a pas volé son qualificatif de "action-RPG narratif". Les lignes de texte sont nombreuses (pour un jeu de 2018…), entièrement doublées, et l'écriture s'avère très correcte. Bon, le héros a un peu trop tendance à se contenter d'un simple "dites m'en plus sur..." ou d'un bête "parlez-moi de…" pour aborder les différents sujets, mais on ne lui en tiendra pas trop rigueur. Le plus intéressant reste que certains choix de dialogues sont bloqués tant qu'on n'a pas récupéré certains indices (les mêmes que ceux évoqués plus haut). Du coup, les allers-retours entre les différents personnages ne paraissent pas trop fastidieux, car on a régulièrement de nouvelles choses à leur dire. Cerise sur le gâteau, nos différents interlocuteurs ont tous une véritable gueule, ainsi qu'une histoire singulière. On se souvient donc facilement de chacun d'entre eux, et le choix de les saigner ou non n'en est que plus cornélien. A mi-chemin entre le réalisme et une stylisation à la Dishonored, la direction artistique fait mouche. En ce qui concerne les visages donc (à commencer par celui du héros), mais les décors et les vêtements ne sont pas en reste. L'atmosphère londonienne post-victorienne est parfaitement rendue, l'équilibre entre les couleurs chaudes et froides semble parfait, et les effets spéciaux illustrant les différents pouvoirs vampiriques flattent la rétine. Car oui, même s'il est très bavard, le jeu propose tout de même de nombreux combats et un arbre de compétences à débloquer.


PRISES DE SANG

 

VampyrL'état de Jonathan est représenté par trois barres différentes (vie, endurance, sang) et le premier talent qu'il devra débloquer est l'autophagie, qui lui permet de regagner de la santé en se mordant le poignet et en ponctionnant une partie de son propre sang. Au rayon des compétences agressives figurent le coup de griffes, la lance de sang et la brume des ténèbres (un nuage explosif), tandis que les joueurs les plus défensifs pourront opter pour la coagulation qui paralyse les adversaires, ou le bouclier de sang. Les tacticiens opteront pour le voile d'ombre qui permet de devenir invisible, et la charge qui surprendra les ennemis. Ajoutez à cela différents bonus passifs et trois pouvoirs ultimes (rage, tourbillon de ténèbres, chaudron de sang) et vous obtenez un système de combats très riche. Il l'est d'autant plus qu'il faut rajouter dans l'équation la présence d'armes à feu et de corps à corps, un système d'esquive, des ennemis qui peuvent bénéficier de quatre résistances (corps à corps, distance, sang, ténèbres) sur différents niveaux, et la nécessité de jongler en permanence entre dégâts standards et dégâts d'étourdissement. En effet, en plein combat il n'est possible de mordre les ennemis pour remplir notre barre de sang qu'après les avoir étourdis. Les affrontements sont donc assez tactiques, surtout si l'on évite de saigner les citoyens et qu'on dispose donc de pouvoirs limités. A l'inverse, si l'on se montre sans pitié avec les PNJ, alors on pourra améliorer chaque compétence sur de nombreux paliers, parfois en devant choisir entre deux branches qui diffèrent légèrement. On retrouve ce principe de personnalisation dans le système de crafting, grâce auquel on peut améliorer les différentes armes. Accessoirement, il est également possible de concocter différents sérums à usage personnel ou à destination des citoyens.


VAMPYR EMPIRE ? 

 

VampyrLa richesse des combats se heurte hélas à une intelligence artificielle ennemie qui montre assez rapidement ses limites. Il suffit que notre héros se trouve en hauteur ou en contrebas pour que les adversaires perdent tous leurs moyens, certains d'entre eux restant alors immobiles sous les coups portés à distance… De même, il suffit parfois de passer un coin de rue pour que nos poursuivants soient subitement pris d'amnésie et retournent à leurs occupations initiales. Heureusement que les combats sont loin de constituer l'intégralité du gameplay ! On espère tout de même qu'un patch viendra rapidement régler cela, car cette bêtise artificielle ponctuelle fait franchement tâche quand elle se manifeste. On pourra également regretter que l'exploration ne soit pas plus libre. Jonathan dispose en effet d'un pouvoir de téléportation (en réalité une vitesse surnaturelle) qui lui permet d'atteindre des endroits haut placés ou de franchir des obstacles (pont écroulé, étendue d'eau…). Sauf que tout cela est totalement scripté. Il n'est possible de se servir de cette capacité qu'à certains endroits précis et prédéterminés. On aurait largement préféré pouvoir se mouvoir librement, à la manière du "Blink" du héros de Dishonored.

VampyrEnfin, notons que le jeu n'est pas exempts de petits bugs, guère gênants, pas systématiques, mais tout de même bien présents. Ici, c'est la caméra qui se placera mal durant une séance de dialogues et nous fera admirer un magnifique poteau en lieu et place de notre interlocuteur. Là, c'est la couleur des choix de dialogues qui sera erronée, nous indiquant qu'il y a encore des sujets non explorés dans le sous-menu, alors que ce n'est en réalité pas le cas. En pinaillant, on remarquera aussi quelques artefacts graphiques, à l'image de certaines lumières qui provoquent un effet de scintillement sous un certain angle, ou de l'intérieur de la bouche des PNJ qui affiche par moments des reflets bien trop prononcés. Ce léger manque de finition est d'autant plus étonnant que sur d'autres points, le jeu a vraiment le souci du détail. Ainsi, les options graphiques sont très nombreuses (sur PC tout du moins) et parfaitement agencées, on peut choisir d'afficher ou non l'interface en jeu, et il est même possible de choisir la taille des sous-titres parmi trois, et la présence ou non de l'indication du locuteur. Au final, même s'il n'atteint pas tout à fait la perfection, Vampyr la frôle et comblera d'aise les amateurs de RPG et de suceurs de sang.


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