Test Vampire The Masquerade Swansong : un RPG narratif qui a du mordant ! sur PS4
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Si Swansong tient à la fois du jeu d'aventure, du jeu d'enquête et du jeu d'infiltration, il s'agit avant tout d'un véritable RPG, qui réussit à capturer parfaitement l'essence de Vampire : La Mascarade. Les connaisseurs de ce jeu de rôle papier seront forcément aux anges, tandis que les novices auront l'occasion de découvrir cet univers particulier dans les meilleures conditions possibles. Le codex est là pour fournir toutes les informations utiles, tandis que les nombreuses et intéressantes mécaniques de jeu (à commencer par les joutes verbales) sont parfaitement expliquées. Quant aux petits couacs techniques que nous avons pu rencontrer, ils pèsent bien peu face à la direction artistique élégante, l'ambiance sombre, et les choix qui ont de réelles conséquences. On s'en lèche encore les babines !
- Un grand respect de la licence Vampire : La Mascarade
- Une direction artistique élégante
- Un système de "combats de dialogues" très poussé
- Un gameplay riche de multiples mécaniques
- Les différents concepts et l'univers sont expliqués en détails
- Les trois héros ne manquent pas de personnalité
- Des choix qui ont de réelles conséquences
- Une rejouabilité au top, grâce aux multiples embranchements
- Pas de doublage français
- Des animations un peu trop raides
- Certains personnages étrangement modélisés
- Les amateurs d'action risquent de trouver le rythme trop lent
- Il reste quelques petits bugs à corriger…
- ...notamment celui qui oblige à devoir tout recommencer !
Si l'on met de côté les différents "visual novels" et autres fictions interactives, les adaptations vidéoludiques du jeu de rôle papier Vampire : La Mascarade ne sont finalement pas si nombreuses. Et ce n'est pas le report aux calendes grecques de Bloodlines 2 qui va arranger les choses… Heureusement, les développeurs bordelais de Big Bad Wolf viennent aujourd'hui à notre rescousse avec Swansong, un RPG narratif qui marche dans les traces de The Council, leur précédente production. Et le résultat est encore plus savoureux !
Nous sommes en septembre 2019 et la haute société des vampires de Boston est en émoi. Le Prince de la Cour a reçu un code rouge, signe d'une menace extrêmement sérieuse. Effectivement, un massacre de créatures nocturnes vient d'être perpétré lors d'une soirée aux motivations aussi festives que politiques. Autrement dit, la Seconde Inquisition vient de démarrer et la chasse aux vampires est ouverte ! C'est dans ce contexte que le joueur est amené à incarner à tour de rôle les trois damnés suivants : Emem Louis (reine de la nuit et Toréador de son état), Galeb Bazory (un Ventrue charismatique) et Leysha (une Malkavien accompagnée de sa jeune "enfant"). Si ce contexte vous semble relativement obscur, sachez que le jeu s'adresse aussi bien aux habitués du Monde des Ténèbres qu'aux novices. Un codex extrêmement fourni explique tous les termes importants et récapitule tout ce qu'il y a à savoir sur cet univers particulier, qu'il s'agisse de la Mascarade en elle-même ou des différents clans de vampires. C'est d'ailleurs l'une des forces du jeu que d'arriver à retranscrire parfaitement l'atmosphère du jeu de rôle papier.
L'ambiance est sombre et sensuelle, les environnements urbains et fastueux, et les soirées particulièrement décadentes. Mais lorsque le programme "bondage et cocaïne" se transforme en "décapitations et pieux dans le cœur", le gore s'invite à la fête et il faut intervenir. Les phases d'exploration tiennent à la fois du jeu d'aventures (fouiller partout, trouver des indices…), du jeu d'enquêtes (interroger différentes personnes pour mieux comprendre ce qu'il s'est passé…) et du jeu d'infiltration (devenir invisible ou changer d'uniforme pour accéder à certaines zones interdites…). Il y a systématiquement plusieurs moyens d'arriver à ses fins, et un échec ne mène quasiment jamais à une impasse. Il faut dire que Swansong excelle réellement dans son aspect rôlistique, et nous offre de multiples choix, conséquences et fins. Une action ratée ou un dialogue qui se déroule mal peut tout aussi bien aboutir à un simple "-10 % de chances de succès en cas d'égalité en Intimidation" qu'à la mort d'un personnage important ! Vous ne le saurez jamais avant, mais serez systématiquement informé des conséquences de vos actes. D'ailleurs, chaque mission se termine par l'affichage d'un "tableau de fin", qui récapitule les traits gagnés, les succès, les échecs et les voies alternatives à côté desquelles le joueur est passé ("vous auriez pu rencontrer quelqu'un caché là où personne n'a cherché", "vous auriez pu protéger des documents sensibles", "vous auriez pu découvrir une goule parmi les forces de police"…). Une bien bonne idée, qui souligne une forte rejouabilité.
LES DENTS QUI RAYENT LE PARQUET
Riche en mécaniques de jeu mais toujours accessible, le jeu nous propose pour chacun des trois héros une fiche de personnages à remplir soi-même ou des choix prédéfinis (Enquêteur, Touche-à-tout et Vétéran). Les points d'expérience sont à dépenser dans des Attributs (Physique, Social, Mental), des Compétences de dialogue (Rhétorique, Intimidation, Persuasion, Psychologie), des Compétences d'exploration (Sécurité, Technologie), des Compétences de Connaissances (Déduction, Érudition) et des Disciplines, trop nombreuses pour être toutes détaillées ici puisque chaque personnage possède un arbre de pouvoirs spécifiques (capacité à se téléporter, à percevoir les odeurs, à devenir invisible, à dominer dans les dialogues ou encore à copier l'uniforme d'une cible). Le gameplay est donc bien plus riche qu'il n'y paraît au premier abord, et on pourra tout aussi bien se sortir d'une même situation en piratant un téléphone qu'en espionnant quelqu'un ou en faisant appel à des capacités surnaturelles. Mais ce sont tout de même les dialogues qui se taillent la part du lion, puisqu'ils tiennent lieu ici de véritables affrontements. La plupart des interactions sociales offrent différents choix en fonction des compétences possédées, avec tout un système de pourcentage de réussite et de concentration permettant de faire augmenter les chances de succès, un jet de dés venant de temps à autre s'afficher à l'écran.
Une fois encore, le jeu réussit l'exploit d'être complet mais jamais trop complexe. Les deux concepts les plus importants à retenir sont les points de Volonté, qui permettent d'utiliser certaines Compétences, et la Faim, qui augmente lors de l’utilisation des Disciplines. Il faut en permanence essayer de garder la première jauge aussi élevée que possible (pour pouvoir l'utiliser dans les moments cruciaux) et veiller à ce que la seconde n'augmente pas trop (sans quoi notre personnage peut se mettre à mordre le premier venu). Pour contrôler la Faim, il faut au préalable dénicher une zone sûre à l'abri des regards, puis inviter une proie à nous y rejoindre pour lui prélever du sang. Attention toutefois à ne pas la tuer, ce qui ferait monter la jauge de Suspicion. Bref, on pourrait passer des heures à vous détailler chaque concept du jeu, mais le mieux est encore que vous le découvriez par vous-mêmes. A moins de ne jurer que par l'action bête et méchante, vous ne serez pas déçus.
CYGNE OU VILAIN PETIT CANARD ?
Est-ce à dire que Swansong atteint la perfection ? Sur le fond, nous n'en sommes effectivement pas loin. Mais quelques points restent tout de même à améliorer sur la forme. Attention, le jeu est loin d'être une catastrophe disgracieuse et remplie de bugs ! La direction artistique sobre et élégante ne manque vraiment pas de classe, les textures des vêtements sont extrêmement détaillées, et certains visages sont criants de vérité. Mais… pas tous, bizarrement ! Alors que les trois héros ont manifestement bénéficié d'un grand soin, d'autres personnages semblent avoir été étrangement modélisés. De même, les animations faciales soufflent le chaud et le froid en fonction des interlocuteurs, tandis que les animations de déplacements paraissent relativement raides d'une manière plus générale. Quant aux bugs, il en reste encore quelques-uns à éradiquer. Nous avons ainsi eu droit à un personnage restant bloqué quelques secondes la bouche ouverte, à un héros devenu muet le temps de deux ou trois répliques (avec des sous-titres tout de même affichés, heureusement), à des cheveux bougeant de manière guère naturelle ou au classique problème d'affichage de textures de l'Unreal Engine, que vous avez certainement déjà rencontré ailleurs (des textures qui s'affichent d'abord en basse résolution quelque instants avant de retrouver toute leur splendeur). Le problème le plus important que nous ayons rencontré concerne la disparition pure et simple de notre sauvegarde, ce qui nous a obligés à reprendre la partie de zéro. Il s'agit certes d'une bonne manière de tester et d'apprécier la rejouabilité, mais nous espérons tout de même que les joueurs ne seront pas nombreux à devoir subir une pareille mésaventure avec la version "day one". Si la plupart de ces bugs seront certainement réglés après quelques patches, l'absence de voix françaises est revanche un défaut immuable, qui pourra éventuellement refroidir certains joueurs anglophobes. Heureusement, les voix anglaises sont de très bonne qualité et le jeu nous laisse tout le temps nécessaire pour lire les sous-titres. Dans tous les cas, Swansong mérite clairement le détour !