Test Unrailed! : un Overcooked ferroviaire qui (loco)motive à jouer en coop'
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Petite musique détente, graphismes voxels plaisants, concept qui tient la route : Unrailed! est un jeu qui ne paye pas forcément de mine au premier abord mais dont le charme agit à coup sûr dès lors qu'on s'y adonne entre potes. Jouer avec des inconnus est également possible, grâce à un système d’icônes très efficace. En revanche, oubliez totalement le jeu si vous comptiez en profiter dans votre coin, car il s'avère aussi inintéressant en solo qu'amusant à plusieurs. Nous avons clairement affaire à une expérience de type "party game", qui lorgne du côté d'Overcooked ou de Moving Out. Reste la question du prix qui, fixé à vingt euros, nous semble un peu trop élevé pour un petit jeu indé de ce type.
- Un concept qui fonctionne bien
- A 2, 3 ou 4, on s'amuse
- Un bot pour s'entraîner
- Des graphismes cubiques sympathiques
- Aucun intérêt en solo
- Des petits soucis de lisibilité
- Pas beaucoup de monde en ligne
- Prix un poil trop élevé
Les plus fidèles d'entre vous se souviendront peut-être que nous avions rédigé une preview de Unrailed! il y a exactement un an, alors que le jeu venait de rentrer en accès anticipé. Aujourd'hui, cet ancien projet étudiant prend réellement son envol et sort pour de bon, avec l'estampille "version 1.0" qui va bien. L'occasion pour nous de tester en bonne et due forme ce petit jeu indépendant, qui ne cherche clairement pas à concurrencer les grosses productions, mais qui s'attaque tout de même au segment des jeux coop à la Overcooked.
Si Unrailed! n'est pas le premier jeu à proposer l'installation d'une voie ferrée, il est en revanche l'un des seuls à nous demander de le faire alors même que la locomotive est déjà sur la voie et qu'elle avance inexorablement ! Dès lors, il s'agit pour le joueur (ou plutôt les joueurs, on va y revenir) de construire et de placer suffisamment rapidement les rails. Pour cela, deux outils majeurs sont à notre disposition : la hache et la pioche qui, en taillant dans les arbres et la roche, permettent à la fois de libérer un passage pour la locomotive et de récolter le bois et le fer nécessaires à la création de nouvelles sections de voie ferrée. Le train est équipé de plusieurs wagons par défaut, les plus basiques d'entre eux étant celui servant à stocker les ressources, celui servant à fabriquer les rails, et la citerne, qui stocke de l'eau pour éviter que la locomotive ne prenne feu. A noter que les joueurs doivent régulièrement transporter un seau d'un point d'eau à cette citerne, sous peine de voir tous leurs efforts partir en fumée. La progression d'un niveau à un autre permet d'obtenir des vis, qu'on peut également ramasser dans des coins perdus de la map ou gagner en remplissant des objectifs secondaires (de type "un seul joueur a le droit de prendre la pioche", "le train ne doit pas brûler", "utiliser moins de 50 tronçons de voie", etc.).
Entre deux niveaux, on peut dépenser ces vis pour acquérir de nouveaux wagons. Un choix réellement stratégique puisque la présence de tel ou tel attelage influera énormément sur le déroulement de la suite de la partie. Le wagon fantôme permet par exemple de passer à travers le train, et évite ainsi aux joueurs de se retrouver bloqués par son passage lorsqu'ils souhaitent accéder à une ressource située de l'autre côté. Un wagon se charge de récolter automatiquement les ressources placées au bord des rails, tandis qu'un autre permet de créer de la dynamite pour faire exploser d'un coup plusieurs blocs de forêt ou de rochers. On notera également la présence d'un wagon ralentisseur et même d'un wagon à bestiaux. Des animaux parcourent en effet les décors, et il devient alors possible de les porter et les ramener jusqu'au train pour obtenir un bonus de force, et donc devenir capables de porter plus de ressources d'un coup.
LE P'TIT TRAIN, S'EN VA DANS LA CAMPAGNE…
Les vis servent également à améliorer les wagons de base, afin d'obtenir une citerne plus grande, un stockage plus étendu, ou une construction de tronçons plus rapide. Histoire de varier encore plus les plaisirs, et d'augmenter la difficulté, des bandits peuvent débouler sur la map pour voler nos ressources ou même déplacer le dernier rail de la voie ferrée. Quelques coups de hache ou de pioche suffisent à en venir à bout, mais les précieuses secondes perdues à se débarrasser de ces importuns peuvent tout à fait nous faire perdre la partie. Le niveau de difficulté est assez élevé, et il faut impérativement optimiser au mieux nos actions pour espérer voir le bout du tunnel. Le mode de jeu principal s'intitule "infini" et permet de passer d'un biome à un autre, via l'achat d'une nouvelle locomotive dans l'écran inter-niveaux. Ainsi, le décor campagnard de base cède dans un premier temps sa place au désert, qui propose des changements essentiellement esthétiques. Les sapins sont remplacés par des palmiers et des cactus, tandis que des chameaux viennent prendre le relais des vaches. Le biome suivant est hivernal et, cette fois, le gameplay se retrouve fortement impacté. Non seulement la couche de neige gêne la visibilité, mais elle ralentit également la vitesse de marche des joueurs, qui ne manqueront pas de pester contre cette poudreuse diabolique. C'est donc avec soulagement qu'on la quitte au bout de quelques niveaux pour le biome Halloween, qui s'avère assez facétieux. L'absence d'étendue d'eau oblige à remplir le seau auprès de geysers, des ennemis peuvent nous transformer en fantômes et donc nous faire perdre du temps, la lave oblige à créer des ponts en fer et non en bois, et il arrive même que l'écran de jeu se penche partiellement ou se retourne totalement, et qu'on doive donc jouer de travers ou la tête en bas. Le biome suivant change encore les règles puisqu'il nous plonge dans un environnement spatial. Il faut alors gérer son niveau d'oxygène, tandis que des jetpacks nous permettent de survoler les zones de vide. Enfin, le dernier biome se déroule sur Mars et ajoute des tourelles ennemies.
LA COOP' MOTIVE
Les développeurs ont donc eu l'intelligence de proposer plusieurs variations de gameplay, histoire de ne pas lasser les joueurs. Depuis l'accès anticipé, ils ont également ajouté un bot pour pouvoir jouer seul. Mais qu'on ne s'y trompe pas, si cette option est parfaite pour s'entraîner, elle ne suffit pas du tout pour rendre le jeu intéressant en solo. Le concept du jeu n'est pertinent qu'à plusieurs, et il est impératif de se réunir à deux, trois ou quatre si l'on souhaite s'amuser. Evidemment, il est préférable de privilégier des vrais amis avec lesquels on pourra discuter de vive voix des stratégies à adopter. Mais Unrailed! reste parfaitement praticable avec des inconnus muets, car il intègre un système d'émoticônes simple et efficace. Deux roues d'icônes sont à notre disposition pour afficher au dessus de notre personnage un symbole de bois, de fer, de rail, de dynamite, de pouce en l'air ou même de "GG". Les seize icônes disponibles permettent de couvrir à peu près toutes les situations. Même s'ils manquent parfois de lisibilité (il arrive qu'on perde de vue un outil après l'avoir déposé au sol), les graphismes cubiques ne manquent pas de charme et participent à l'ambiance bon enfant du jeu, qui s'adresse aux joueurs de tout âge. D'ailleurs, le mode de difficulté le moins élevé s'intitule "enfants". Sympathique par bien des aspects, Unrailed! fait tout de même fausse route sur plusieurs points. A commencer par l'absence d'un scénario ou d'un mode solo viable, qui aurait permis aux joueurs solitaires de s'amuser. Ce point est d'autant plus regrettable qu'il y a assez peu de joueurs en ligne, ce qui complique la recherche de partenaires. Ce manque de joueurs peut d'ailleurs certainement être attribué en partie au prix de vente du titre, fixé à vingt euros alors que nous avons affaire à une expérience tout de même très modeste. A dix ou quinze euros, le rapport qualité/prix aurait été bien meilleur et il y aurait certainement plus de joueurs en ligne…