Test Tropico 6 : une sixième réélection pour El Presidente ? sur Xbox One
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Sans révolutionner la franchise, Haemimont Entertainment a fait de Tropico 6 un excellent opus, et ce, grâce à tout un tas de petites améliorations. La gestion est incroyablement plus exigeante, cassant avec le côté city-builder bateau des anciens opus, tandis que l’humour reste toujours aussi corrosif. Ces petites évolutions apportées donc, et l’enrichissement du nombre de constructions possibles (surtout au niveau des ouvrages d’art), décuplent les possibilités, sans oublier l'Unreal Engine 4 qui permet au jeu de faire un bond en avant en termes de qualité graphique. Avec de nombreuses missions proposées, un mode multijoueur et une large sélection de maps, ce nouvel épisode a le mérite de proposer un contenu plus que conséquent. El Presidente nous revient donc cette année dans une forme éblouissante, ce qui devrait réjouir tous les amateurs du genre. Viva Tropico !
- Rendu graphique vraiment séduisant
- La gestion qui s'enrichit et se complexifie
- Le Brooker
- Les nouveaux bâtiments et ouvrages d'art.
- Rien de révolutionnaire
- Encore quelque bugs
- Le placement des tunnels assez fastidieux
- Les phases de combat toujours peu interactives
Cinq ans après la sortie de Tropico 5 (comme le temps file), Kalypso Media revient avec un nouvel opus de son city-builder qui nous met à la tête d’une république bananière. Pourtant, les enjeux sont différents cette fois-ci, car si la série était entre les mains de Haemimont Games ces dernières années (pour Tropico 3, 4 et 5), l’éditeur a dû changer de crèmerie, le studio bulgare étant accaparé par le très bon Surviving Mars. Kalypso Media a donc jeté son dévolu sur Limbic Entertainment, un studio allemand connu pour avoir œuvré sur la série Might & Magic. Avec des nouveaux développeurs aux manettes, on ne s’attend donc pas un un Tropico 6 qui change la recette, mais on espère tout de même avoir droit à quelques jolies évolutions. El Presidente est-il toujours un révolutionnaire dans l’âme, ou s’est-il mué en un conservateur paupérisé ? Réponse dans notre test.
Comme on vient de vous l'expliquer, récupérer une licence aussi bien établie que Tropico n’est pas simple, et tel un J.J Abrams face à Star Wars Épisode 4, les développeurs de Limbic Entertainment ont préféré ne pas prendre de risques. Concrètement, cela signifie que si vous êtes déjà rompu à l’exercice, Tropico 6 vous semblera immédiatement très familier. Le jeu conserve les mêmes bases et le joueur va donc retrouver le système d’époques introduit dans les épisodes précédents. Généralement, une partie commence en 1800, un siècle où Tropico n’est qu’une colonie de la couronne anglaise et où El Presidente n’est encore qu’un petit gouverneur de province. Le premier objectif est donc de prouver à vos supérieurs de la métropole que vous êtes un loyal serviteur de la reine, afin de garder votre poste le plus longtemps possible. Pour cela, il faudra satisfaire à toutes les demandes de votre hiérarchie, ces dernières tournant la majorité du temps autour d’objectifs d’exportations vers la mère-patrie. Développer la colonie et attiser le sentiment nationaliste sans en avoir l’air sera votre premier objectif. Pour motiver vos ouailles à voler de leurs propres ailes, chaque faction politique vous demandera de réaliser certaines tâches (construire un bâtiment, signer une loi par exemple) qui seront récompensées par un plus grand support de la faction en question, ou par l’arrivée d’immigrants révolutionnaires. Du coup, vous devrez tout faire pour conserver un fragile équilibre entre toutes les factions de votre île, mais également en prouvant votre allégeance à la couronne. Bien sûr, une économie saine est cruciale, et il va falloir disposer d’un maximum de liquidités pour développer la colonie, garantir un niveau de vie satisfaisant à ses habitants, et permettre le versement de pots-de-vin bien juteux à tous ceux qui vous résistent. D’ailleurs, certains de vos habitants poseront problème à la couronne (généralement des révolutionnaires) qui vous demandera d’embastiller les éléments séditieux.
L’EXERCICE DU POUVOIR
Heureusement, on va pouvoir utiliser la propagande pour renforcer le sentiment indépendantiste, notamment via la création d’un organe de presse qu’on s’empressera d’orienter afin que le message diffusé auprès de la foule corresponde à nos attentes. Une fois la barre des 60 révolutionnaires passée, l’heure sera venue de transformer Tropico en une nation souveraine. La révolution s’effectue en quelques clics parmi lesquels se glisse un gros dilemme : payer 10 000$ aux anciens maîtres et acheter la paix, ou faire face à une guerre sans merci. Le choix dépend naturellement de l’état de nos finances, mais également de la puissance de notre armée. En effet, sans de nombreuses garnisons, il sera impossible de faire face à l’arrivée des troupes colonisatrices venues nous chasser du palais. Et comme tout bon gestionnaire le sait, les militaires sont payés par le trésor public et ne servent à rien 99% du temps. Si l’armée est une bonne solution pour faire baisser le chômage elle n’aidera pas à garder les finances du pays dans le vert. Une fois la révolution passée, il faudra définir les contours de votre pays en choisissant les grands axes de la constitution. Qui peut voter (tout le monde, que les riches, que les fonctionnaires qu’on oblige par ailleurs à élire El Presidente), comment l’armée est organisée (des pros, des conscrits…) et bien d’autres points. Chaque décision plaira à certains partis politiques et mécontentera les autres, sachant que dans le cas où l’on choisit des élections libres, il faudra garder un œil sur votre taux de popularité. En effet, dès que ce dernier passe sous les 50%, la réélection n’est plus garantie, et en cas de défaite aux urnes, le game over sera inévitable. Bien sûr, on pourra user de divers stratagèmes afin de se maintenir en place, comme bourrer les urnes ou opter pour la répression des militants d’autres factions. D’ailleurs, si on était habitués à pouvoir corrompre les leaders des partis de l’opposition, où à commanditer leur assassinat (une balle en pleine tête dans la rue, ou un « accident » pour les plus subtils), Haemimont Entertainment nous offre une nouvelle possibilité : celle de faire interner les dissidents dans un asile psychiatrique (qui assurera leur rééducation).
On vous avoue que l’aspect gestion a gagné en qualité dans cet opus avec de nombreux mécanismes, et des équilibres bien plus difficiles à trouver, et à conserver, ce qui tranche avec les précédents opus
L’exercice du pouvoir sera également impacté par les relations diplomatiques extérieures qu’il faudra soigner via les ambassades et les routes commerciales, afin d’éviter que les grandes puissances (UE, USA, Chine et EAU) ne se décident à vous envoyer des troupes. Le commerce extérieur reste également la meilleure source de financement pour l’île de Tropico, ce qui pousse le joueur à se concentrer sur cet aspect. Plus le temps passe, plus le contexte international change, ce qui demande pas mal d’adaptation pour rester souverain. Avec l’arrivée des temps modernes, Tropico va néanmoins pouvoir se doter d’armements (toujours défensifs) assez inédits, dont un porte-avions qui enverra des chasseurs Sukhoï bombarder les troupes ennemies. Au fil du temps, on va également pouvoir orienter la production de l’île dans divers secteurs. Si les plantations et l’élevage sont indispensables en début de partie, on pourra choisir de s’orienter vers l’industrie ou même la recherche, à condition de disposer d’une population ayant un niveau d’études assez élevé. On vous avoue que l’aspect gestion a gagné en qualité avec de nombreux mécanismes, et des équilibres bien plus difficiles à trouver et à conserver ; ce qui tranche avec les précédents opus où une fois qu’on avait les bons réglages, il ne restait plus qu’à se laisser porter. Là où les choses ne changent pas, c’est bien sûr au niveau de l’humour qui reste omniprésent. Plus d’une fois, on s’est tapés des fou-rires devant certaines features du jeu ou sur des détails, comme le descriptif des bâtiments. Le donjon (qui permet d’embastiller les opposants politiques) est ainsi décrit comme un endroit rempli de spécialistes maîtrisant les toutes dernières techniques médiévales en termes de traitement des patients muets. D’ailleurs, l’objectif principal de la série est conservé, à savoir remplir son compte en Suisse avant que le pouvoir ne nous échappe des mains. De plus, pour éviter que notre placement helvétique ne soit qu’un simple tableau de score, les développeurs ont introduit le Brooker. Il s’agit d’un financier peu recommandable qui pourra nous octroyer de très gros bonus contre une partie de nos fonds secrets.
VIVA LA EVOLUCION
Le studio a également apporté tout un tas de petites nouveautés comme la création de ponts ou de tunnels autoroutiers, ainsi que l’ajout de nombreux bâtiments pour enrichir le jeu. De même, Tropico 6 laisse toujours une liberté assez immense sur la manière de gérer notre île qu’on peut transformer en un paradis communiste, ou en un camp de prisonniers à ciel ouvert qui n’a rien à envier à la Corée du Nord. Une autre technique consiste à la surpeupler en en faisant un paradis avec des salaires bien trop élevés et des subventions pour tout (nourriture, logement, enfants), avant de tout fermer et de réduire la population en esclavage afin de dégager immédiatement des bénéfices records. On pourra aussi compter sur les puissances amies pour trouver la richesse, que ce soit via les aides internationales lorsque la trésorerie est au plus bas, ou en attirant leur citoyens sur une île qu’on aura transformée en un véritable cadre paradisiaque pour touristes. Le jeu nous permet même de choisir à quel type de clientèle on va s’adresser : viser le tourisme de masse, ou bien créer un microcosme ultra-luxueux réservé aux personnes les plus riches de la planète. Vous l’avez compris, Tropico 6 est particulièrement riche, et propose en sus de nombreux modes de jeu. Si le classique Sandbox est reconduit, on disposera de plusieurs missions (une situation à redresser en un temps défini généralement), ainsi que du mode multi où on doit partager un territoire avec un autre joueur (ce qui tourne souvent à la guerre ouverte). Enfin, il faut mentionner que l'Unreal Engine 4 fait merveille et offre un rendu vraiment plaisant, tout en permettant des zooms hallucinants.