Test Trials Rising : plus grand, plus ambitieux, plus fun, le meilleur épisode ? sur PC
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- Du fun immédiat
- Une véritable difficulté pour les plus courageux
- La direction artistique la plus variée de la saga
- Un gameplay et un level design toujours aussi pointus
- Un aspect communautaire vraiment réussi
- Des features cross-platforms efficaces
- Une durée de vie gargantuesque
- La personnalisation, beaucoup plus vaste...
- ... mais incitant clairement à dépenser plus pour en profiter pleinement
- Une très bonne bande-son mais qui se répète bien trop souvent
- Des problèmes de collision fréquents
- De nombreux ralentissements
Le parcours du studio RedLynx est tout à fait admirable. En 2000, la petite équipe de développeurs pondait le premier Trials, un jeu sur navigateur au concept simple et addictif, rapidement suivi par quelques autres titres affinant la formule intelligemment sur divers supports. De fil en aiguille, les finlandais sont parvenus à attirer suffisamment l’attention pour se faire racheter par le géant Ubisoft en 2011 : aujourd’hui, avec 150 membres à son actif, l’entreprise dispose de suffisamment de ressources pour explorer des environs qui étaient encore rêvés il y a quelques années. Trials Rising semble quelque peu relever de cet aboutissement : s’agit-il, réellement, de la plateforme motorisée à son paroxysme après quasiment vingt ans de travail sur la licence ?
Avec l'itération Fusion en 2014, on pensait déjà avoir l’aboutissement de la formule Trials et, bon sang, dieu sait que le jeu était bon. Cela n’a pourtant pas empêché le studio de sortir, en 2016, l’opus Trials of the Blood Dragon, en renouvelant son concept dans un délire rétro-futuriste totalement assumé – c’était par ailleurs la véritable suite de Far Cry Blood Dragon, le spin-off reconnu et bien aimé de la célèbre saga d’Ubisoft. De nos jours, on ne saurait que vous conseiller ces deux titres exquis, disponibles à bas prix et à la rejouabilité sublime : pourtant, tous les regards sont désormais rivés vers le nouvel épisode Rising, dévoilé en grande pompe à l’E3 2018 et annonçant une nouvelle ère pour la licence. Ici, les développeurs ont vu les choses en grand et proposent une aventure revue très alléchante revue à la hausse. Pour autant, le concept propre à la série ne change pas : il s’agit toujours de parcourir de multiples niveaux en allant d’un point A à un point B, en minimisant les fautes et privilégiant le chronomètre, et gravir chaque palier à la difficulté croissante. Les règles sont enfantines mais si finement ajustées, et appuyées sur une structure si solide, qu’elles conviennent à tous les types de joueur en maximisant le fun. Trials Rising poussent tous ces curseurs à fond avec brio et on ne saurait d'avance qu’en féliciter ses auteurs.
TRY HARD & RETRY !
Pour cet épisode devant signer la fin de génération, RedLynx a opté pour une véritable campagne en bonne et due forme. Si les anciens Trials disposaient d’une structure relativement classique mais efficace – on se contentait de débloquer les parcours les uns après les autres, répertoriés par difficulté – ici, son architecture change quelque peu la donne. On se retrouve donc dans une sorte de hub international (une carte du monde, ni plus ni moins) où l’on se doit de remporter les différents défis, apparaissant progressivement aux quatre coins du globe. En fonction du score obtenu pour chaque épreuve, représenté par une médaille de bronze, d’argent, d’or ou de platine, on obtient désormais des points d’expérience qui serviront à monter en niveau et débloquer l’accès à des compétitions, lesquelles permettront d’atteindre les continents suivants avec leurs épreuves respectives. Une progression bien ficelée qui permet, au fur et à mesure de son avancée, de se familiariser avec un gameplay toujours aussi technique et de prendre un sacré bol d’air frais au gré des environnements.
Trials Rising peut effectivement se targuer d’emmener le joueur un peu partout dans le monde et, d’ailleurs, c’est principalement là-dessus qu’il axe sa communication. Les développeurs se sont fait plaisir en allant explorer des dizaines de régions continentales pour un mix des cultures chaleureux : on ira tantôt côtoyer les pyramides égyptiennes, tantôt gravir la Tour Eiffel, mais aussi se balader sur Santa Monica, traverser les zones de guerre de régions à risque, escalader les temples japonais et même traverser les jungles de Bangkok ! Un aspect voyageur, certes, mais qui n’a pas empêché RedLynx de prendre, une nouvelle fois, les libertés complètement fantaisistes qui les caractérisent. Il est même impressionnant de constater la créativité constante du level design et de la direction artistique, offrant alors un renouvellement constant. Certains levels sont réellement captivants et bien pensés, toujours remplis d’humour et de shows spectaculaires, de manière à véhiculer encore plus de fun immédiat. Avec tout de même 120 circuits différents – il y a bien quelques redites d’environnements, toutefois – Trials Rising est une petite perle de couleurs et de voyages comme la saga n’avait encore jamais proposé.
DU FUN ET DE L'EXIGENCE
Non seulement le soft se plaît à instaurer de très nombreux périples, mais également plusieurs types d’épreuves afin de varier les plaisirs. Majoritairement, il s’agit du classique concept de Trials explicité précédemment, mais les Finlandais avaient visiblement plusieurs cordes à leurs arcs : désormais, les compétitions finales se font sous la forme de véritables courses – chaque participant étant sur sa propre piste – avec plusieurs manches éliminatoires. Ces épreuves demandent vite un apprentissage parfait des tracés, où la moindre erreur s’avère fatale, et renforcent ainsi le fort aspect die-and-retry de la franchise, surtout dans les plus hautes difficultés. De plus, la campagne dispose désormais d’une école de conduite, composée de nombreux défis pour apprendre le b.a-ba du gameplay, ainsi que de multiples mini-jeux farfelus, allant du lancer de pilote au basket enflammé, sans oublier les esquives de barils explosifs. De manière globale, Trials Rising est beaucoup plus varié dans les missions qu’il propose et c’est un bonheur sans nom de pouvoir jongler entre toutes ses sections. La structure du jeu peut également se vanter de mieux gérer sa difficulté, fidèle à elle-même en devenant terriblement intransigeante au fur et à mesure de la campagne solo, mais plus aisément domptable si l’on se tient à faire rigoureusement tous les défis proposés.
Car, oui, Trials Rising a beau être un jeu au plaisir immédiat dans ses débuts, il n’en reste pas moins un au gameplay sacrément exigeant.
Car, oui, Trials Rising a beau être un jeu au plaisir immédiat dans ses débuts, il n’en reste pas moins un au gameplay sacrément exigeant. Pourtant, la formule est on ne peut plus simple : on accélère et décélère avec les gâchettes et oriente son pilote vers l’avant ou l’arrière avec le joystick gauche. Ce n’est pas sorcier mais, très vite, la jouabilité révèle toute sa complexité face à des obstacles qui paraissent insurmontables : toute la finesse relève donc d’un dosage ultra-précis des les différentes touches et d'un timing millimétré. Avec le temps, RedLynx a largement pu peaufiner minutieusement sa recette et, sans surprise, cet opus Rising n’invente rien mais demande un skill et une patience à toute épreuve pour parvenir à bout de certains niveaux. À vrai dire, son mode de difficulté Extreme relève même de la folie furieuse qui rebutera la plupart des joueurs mais, avant d’y arriver, il faudra déjà largement faire ses preuves. Histoire de rajouter un peu de piment, les développeurs ont instauré un système de sponsors sur la plupart des pistes : ceux-ci vous proposeront plusieurs défis optionnels qui, si réussis, vous permettront d’engranger plus de points d’expérience, de sous et débloquer quelques éléments de customisation. Une bonne manière d’approfondir davantage la progression.
JAMAIS SANS MON POTE
Pour ce nouveau chapitre, RedLynx et Ubisoft ont accentué considérablement l’aspect communautaire déjà bien entamé avec les précédents jeux. Le scoring étant déjà très présent au sein du soft, il paraissait essentiel de pouvoir en exploiter toutes les facettes : cela se traduit ainsi par un renforcement majeur du multijoueur, et ce sous plusieurs coutures. Tout d’abord, il est désormais possible de comparer ses résultats, téléchargement des fantômes compris, avec ceux des joueurs… de toutes les autres plateformes. Ainsi, la PS4, la Xbox One, la Switch et le PC peuvent interagir directement et il va de soi de dire qu’il s’agit là d’une belle avancée dans l’unification des consoles. Malheureusement, cette feature n’est pas valable pour le multijoueur pur et dur, qui reste cantonné à chacune des plateformes, mais qui s’est toutefois vu renforcé sur de nombreus points. Il est maintenant possible de faire la course sur n’importe quel circuit, chacun se voyant apparaître sur l’écran de l’autre sous la forme d’un ghost translucide. De plus, d’autres pistes plus traditionnelles et entièrement dédiées au multijoueur permettent de se mesurer à d’autres pilotes les uns aux côtés des autres. Un petit régal d’intensité qui a déjà fait ses preuves dans le précédent Trials, mais avec cette fois-ci d’avantage de circuits, mieux pensés. Enfin, Rising comprend même un mode coopératif en local, où deux joueurs enfourchent la même bécane, cette dernière avançant en faisant une moyenne des contrôles de chacun des pilotes et demandant donc la meilleure synchronisation possible. Franchement appréciable.
NOUVEAU LOOK POUR UNE NOUVELLE RIDE
Si l’on pouvait déjà personnaliser son bonhomme dans Trials Fusion, Rising met cette fois-ci la barre beaucoup plus haut avec une customisation qui concerne à la fois l’avatar mais aussi les différentes motos qu’il est possible d’acquérir – cinq au total dont un vélo, chacune disposant de capacités propres. RedLynx n’y est pas allé de main morte avec des tonnes d’éléments à débloquer ou à acheter grâce à un nouveau système de monnaie et de nombreuses options de paramétrages. Ainsi, il est maintenant tout à fait possible de se construire des véhicules à son image et d’habiller notre pilote comme bon nous semble et, si l’on y accorde le temps nécessaire, de faire de vrais modèles stylisés. Toutefois, là où le bât blesse, c’est que RedLynx et Ubisoft ont opté pour des voies économiques très à la mode… et relativement agaçantes. Celles-ci, ne concernant heureusement que des éléments cosmétiques, incitent clairement à dépenser de l’argent – du vrai, bien sûr – pour obtenir les bonus intéressants. De même, le système de lootboxes omniprésent, qui exigent une connexion Internet pour ne serait-ce qu’être ouverte, ne facilite pas la tâche pour débloquer des items de façon naturelle. C’est réellement dommage car la personnalisation, riche et bien fichue, se voit ainsi drastiquement limitée si nous ne sommes pas prêts à mettre la main au portefeuille. Ceci dit, étant donné le prix minime du jeu de 24,99€ seulement, on comprend la volonté de l’éditeur français à vouloir rentabiliser le projet par d’autres moyens, dans l’ère du temps et qui feront certainement recettes.
De notre côté, on a toujours un peu de mal à adhérer au concept et l’on aurait préféré acheter un jeu plus cher… mais plus complet.
FAIRE DURER LE PLAISIR
Il parait néanmoins juste de souligner l’extraordinaire contenu du jeu justement proposé pour cette somme dérisoire : terminer la campagne – c’est-à-dire remporter la compétition finale en gagnant les neuf autres - demandera facilement vingt-cinq heures tout au moins, si ce n'est plus, pour peu que vous soyez armés d’une patience et de compétences en béton. Rajoutez à ça un éditeur de niveau monstrueusement complet comprenant les assets de tous les précédents Trials – les développeurs nous avaient même avoué avoir créé entièrement le jeu sous ce même mode – avec la possibilité, de même, de partager ses circuits avec les personnes de tous les horizons (quelle que ce soit la machine) et vous obtenez tout simplement l’un des meilleurs rapports qualité/prix de la génération. Au final, on regrette juste que Trials Rising ne soit pas plus affiné graphiquement car, même si la direction artistique est très appréciable, le titre est loin d’être particulièrement impressionnant, d’autant plus qu’il souffre de nombreux ralentissements malgré les 60FPS annoncés. Côté bande-son, le jeu de plateforme ne s’en sort pas toujours bien : autant les titres s’avèrent indépendamment très bons dans leur domaine – rock, metal, rap et drum & bass - avec plusieurs grands classiques bien trouvés, autant la lassitude pointe vite le bout de son nez à cause d’une playlist beaucoup trop restreinte avec les mêmes morceaux qui tournent en boucle. C’est un poil dommage, mais l’on s’en contentera malgré tout et, ne soyons pas mauvaise langue, Trials Rising vient clairement de franchir un nouveau palier qualitatif dans la série.