Test Thronebreaker : le Sorcier abat ses plus belles cartes ! sur Xbox One
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Transformer un mini-jeu de The Witcher 3 en jeu de cartes free-to-play multijoueurs était déjà un pari osé, mais développer à partir de ce même jeu de cartes une campagne solo payante et indépendante frôlait le n'importe quoi. Et pourtant, Thronebreaker : The Witcher Tales n'est ni un échec, ni un jeu au rabais. Il s'agit en réalité de la meilleure manière de découvrir les concepts du Gwent, l'enrobage scénaristique et le gameplay additionnel étant bien plus riches et intéressants que ce à quoi on pouvait s'attendre. Que vous soyez fans de l'univers de The Witcher ou amateur de jeux de cartes, vous ne serez pas déçus par ce titre atypique, qui prouve une fois de plus que les développeurs de CD Projekt RED réussissent tout ce qu'ils entreprennent. Pourvu que ça dure !
- Un jeu de cartes très tactique
- Un scénario vraiment intéressant
- Bande son, VO et écriture dignes d'un AAA
- Grosse durée de vie, sans compter le multi
- Des bonus numériques non négligeables
- La VF, largement moins bonne que la VO
- Le cel-shading, trop banal
- Le maniement de Meve perfectible
- La confusion possible avec Gwent
Aujourd'hui mondialement connu, et à juste titre, le studio CD Projekt RED a encore assez peu de jeux à son actif. Tous sont d'ailleurs basés sur l'univers The Witcher. Cyberpunk 2077 changera la donne dans quelques temps mais, en attendant, nos amis polonais ont décidé de nous filer un peu de rab avec Thronebreaker : The Witcher Tales. Ce jeu de cartes reprend les principes du Gwent, mais développe une véritable aventure solo autour du concept. Etonnant, non ? Oui, et également très réussi !
Autrefois relié à une quête secondaire de The Witcher 3, le jeu de cartes Gwent a récemment été décliné en free-to-play mutijoueurs. Thronebreaker : The Witcher Tales, comme son nom ne l'indique pas du tout, est en quelque sorte une version solo et payante de Gwent. Version solo qui possède tout de même un menu multijoueurs… qui lance en réalité Gwent. La séparation entre les deux jeux est donc assez floue, et on peut légitimement avoir du mal à s'y retrouver. Mais passons sur ces problèmes structurels et de communication pour nous intéresser au jeu en lui-même. Comme son nom l'indique cette fois, l'univers utilisé est celui de The Witcher. Le scénario démarre en 1267 et met en vedette Meve, reine des royaumes de Lyrie et de Riv, dont la beauté légendaire connaîtra bientôt des déboires, la deuxième guerre contre Nilfgaard devant lui laisser une vilaine cicatrice sur le visage. On ne vous dévoilera rien de plus ici, mais sachez que les amateurs de The Witcher retrouveront avec grand plaisir leur univers favori. Le scénario et la narration dans son ensemble auraient pu être uniquement de simples prétextes à disputer quelques parties de carte, mais CD Projekt RED a mis du cœur à l'ouvrage. Les voix originales sont par exemple très convaincantes, à l'inverse des voix françaises qui tombent régulièrement à plat. Heureusement, il est possible de choisir le couple audio/sous-titres que l'on souhaite. La musique de grande qualité n'a quant à elle rien à envier à celle d'un gros jeu. Enfin, l'écriture est aussi riche qu'intéressante. La moindre quête donne lieu à une contextualisation complète, et même le fait de ramasser une simple clé peut vous amener à découvrir une histoire émouvante dans la lettre qui accompagne l'objet. Mieux encore, à mi-chemin entre le roman graphique et le jeu de rôles, Thronebreaker vous demandera régulièrement de faire des choix, soit dans des situations particulières, soit lors de dialogues. Loin d'être anodines, vos réponses sont susceptibles de changer le cours des événements.
APRÈS THE WITCHER 3, THE WITCHER CARTE !
Des quêtes, des clés à ramasser, des choix de dialogues… voilà qui ne semble guère coller à la définition d'un jeu de cartes. A vrai dire, la majeure partie de l'aventure se déroule aux commandes de Meve, que l'on déplace librement dans le monde de The Witcher. La reine peut y ramasser des ressources (or, bois, recrues), rencontrer de nouveaux compagnons à enrôler, effectuer des missions principales et secondaires, ouvrir des coffres dont l'emplacement est indiqué par des cartes au trésor, prendre des décisions qui augmenteront ou abaisseront le moral de son armée (un paramètre pris en compte lors des parties de cartes), et même établir un camp. Ce dernier lui permet de créer de nouvelles cartes, de modifier son deck actuel, de parler à ses compagnons, et même d'améliorer différentes capacités, comme sa vitesse de déplacement dans le monde par exemple. Mais au final, tous ces éléments restent au service des parties de cartes à proprement parler. Basées sur le Gwent, ces dernières proposent deux lignes différentes sur lesquelles placer les cartes, l'une symbolisant les combats rapprochés et l'autre les combats à distance. Dans son ensemble, le jeu diffère pas mal des jeux de cartes classiques. Les gros joueurs d'Hearthstone devront donc perdre quelques réflexes et en acquérir d'autres s'ils veulent s'en sortir. Ainsi, on ne peut jouer qu'une seule carte par tour, les unités ne peuvent pas attaquer par défaut, et la victoire s'obtient tout simplement en cumulant le plus grand nombre de points de force au total, donc en plaçant un maximum de cartes puissantes sur le terrain. Les capacités héroïques des chefs d'armée, les unités possédant une action de déploiement, celles pouvant appliquer des ordres, l'effet des cartes météo sur des lignes entières ou encore la nécessité de remporter trois manches avec un même jeu de cartes donnent lieu au final à des parties très stratégiques. Typiquement, on peut être amenés à perdre volontairement une manche, afin de garder quelques cartes importantes sous le coude pour la prochaine.
LE SORCELEUR NOUS ENSORCELLE
Mais tout cela, le Gwent free-to-play nous en offrait déjà son interprétation. Aventure solo oblige, Thronebreaker ne se contente pas d'aligner à l'infini des matchs standards. Bon nombre de quêtes ne peuvent être résolues qu'en remportant des "casse-têtes". Ce terme désigne des parties proposant des règles spéciales et des decks prédéfinis. On doit alors repenser totalement sa façon de jouer et, souvent, s'y prendre à plusieurs reprises avant de trouver la bonne combinaison de cartes et de mouvements permettant de remplir les objectifs demandés. Tout comme l'ensemble de la partie aventure du jeu, ces énigmes à base de cartes viennent réellement différencier Thronebreaker de Gwent. Preuve que nous n'avons pas affaire à une déclinaison réalisée à la va-vite, il faut une trentaine d'heures pour arriver au bout de l'épopée de Meve. Il n'y a donc pas grand-chose à reprocher à la nouvelle production de CD Projekt, si ce n'est peut être quelques flottements dans le maniement de l’héroïne dans les décors, et des graphismes qui dégagent un certain charme mais manquent tout de même de personnalité. Ce n'est pas pour rien que la technique du cel-shading n'est plus à la mode depuis déjà quelques années. Comme ici, elle semble trop souvent constituer une solution de facilité, voire un cache-misère. En revanche, les visuels d'illustration des cartes sont tous de grande qualité. Terminons par saluer la politique éditoriale de GOG qui, comme à son habitude, nous épargne tout DRM et nous offre de savoureux bonus numériques, parmi lesquels on retrouve la bande originale en haute qualité, une bande dessinée The Witcher, un artbook de 250 pages et… des cartes pour le free-to-play Gwent. La boucle est bouclée !