Test Thief sur PS4 ? sur Xbox One

Voleur émérite de son état, le nouveau Garrett commence son aventure en compagnie d'Erin, une jeune disciple un peu trop nerveuse, qui a tendance à foncer plutôt qu'à réfléchir, à frapper plutôt qu'à contourner, à s'imposer plutôt qu'à rester dans la pénombre. Est-ce à dire que Thief propose un mode coop, ou bien une accompagnatrice mue par l'intelligence artificielle ? Eh bien non, car la téméraire Erin va très rapidement provoquer un accident, lors d'une étrange cérémonie mystique dirigée par le baron Northcrest. Résultat des courses : Garrett perd conscience et se réveille, seul, dans une charrette tirée par des mendiants. Il apprendra par la suite que son coma a duré une année, et se rendra compte que la cité dans laquelle il évolue est en proie à bien des difficultés. Les habitants des bas-quartiers sont atteints d'un terrible mal appelé la grisaille, tandis que le baron impose une répression impitoyable. Couvre-feux et expulsions sont devenus le quotidien des pauvres gens, qui perdent leur travail et leur foyer au moindre signe de mauvaise santé. Toutefois, ce contexte effroyable ne semble pas perturber outre mesure le receleur Basso, qui continue de donner du travail à Garrett. Certaines de ses missions permettent de faire avancer le scénario, tandis que d'autres sont totalement optionnelles. Et là, vous vous dites que les premières sont forcément plus intéressantes que les secondes ? Perdu ! C'est assez étonnant, et regrettable, mais on s'amuse plus à remplir les contrats proposés par Basso qu'à dérouler l'histoire principale, qui se perd dans des considérations surnaturelles et nous impose un casting de personnages sans saveur ou déjà vu ailleurs. De la même manière, si la direction artistique impose habilement une ambiance sombre et quasi-victorienne, elle manque de personnalité et d'éclat. Du coup, il n'est pas rare que Thief nous rappelle d'autres titres, à commencer par le récent Dishonored. Une comparaison qui n'est pas toujours à l'avantage du titre d'Eidos Montreal, puisque la production d'Arkane Studios a su, elle, atteindre des sommets.

coupe-thief

Les développeurs de Thief ont pourtant tenté de respecter l'esprit de la série, notamment en nous fournissant un arsenal de flèches qui correspondent à peu près à celles qu'on utilisait en 1998. Ainsi, on a droit à des flèches létales (de deux types différents selon qu'on souhaite transpercer ou non les casques des ennemis), à des flèches d'eau (pour éteindre torches, cheminées et autres brasiers), à des flèches de feu (pour enflammer du petit bois ou des flaques d'huile), des flèches explosives, des flèches dégageant un gaz suffocant, des flèches émoussées pour faire du bruit ou activer des boutons à distance, et enfin des flèches grappin pour accéder à des endroits hauts perchés. Hélas, ces dernières ne peuvent être utilisées qu'en des points prédéfinis. C'est d'ailleurs une des constantes du nouveau Thief que de limiter la liberté du joueur et de lui baliser un peu trop le chemin. N'espérez pas pouvoir grimper partout, il vous faudra impérativement vous limiter aux zones "interactives" prévues en ce sens, et signalées de plusieurs manières (griffures ou marques blanches sur le décor, léger halo bleu en vue standard, forte coloration bleue en mode concentration...). Ces limitations sont regrettables, mais il est possible d'atténuer l'effet de certaines d'entre elles en personnalisant les différents éléments d'interface. En effet, quasiment toutes les indications affichées à l'écran peuvent être désactivées, afin de renforcer l'immersion générale. Dérober des objets au nez et à la barbe des gardes n'en devient que plus savoureux. Car c'est bien évidemment la discrétion que le joueur doit rechercher à tout prix. Pour cela, il peut s'aider du mouvement de "swoop", qui correspond à une glissade quasi-instantanée et totalement silencieuse. Voilà qui permet de traverser en un clin d’œil une zone éclairée sans pour autant se faire remarquer !

C'est d'ailleurs une des constantes du nouveau Thief que de limiter la liberté du joueur et de lui baliser un peu trop le chemin. N'espérez pas pouvoir grimper partout, il vous faudra impérativement vous limiter aux zones "interactives" prévues en ce sens..."

Ce mouvement confère au personnage de Garrett un petit côté ninja franchement agréable. Associez à cela un level design qui met fortement l'accent sur la verticalité, et vous obtenez quelques parties de cache-cache bien sympathiques. Le fait de rester discret permet par ailleurs de s'affranchir du système de combat, bien trop brouillon pour être réellement utilisable. Un défaut réel, mais heureusement pas bien grave pour un jeu d'infiltration. En revanche, impossible d'invoquer une quelconque clémence en ce qui concerne le découpage du monde en différentes zones bien trop petites. Que les missions scénarisées donnent lieu à un chargement, soit Mais que le hub central qui donne accès aux différents contrats soit lui-même morcelé, c'est nettement plus gênant. Très loin d'être un open world, Thief multiplie donc les temps de chargement, ce qui renforce encore plus l'impression de manque de liberté. Un problème auquel on échappe heureusement dans le mode Défis, qui nous place sur une map donnée et nous demande de voler le plus rapidement possible un maximum d'objets. C'est plutôt fun, et les adeptes de la comparaison de high-scores trouveront là de quoi s'amuser longtemps. Relativement complet, proposant un monde plutôt détaillé, du loot à foison, un level design parfois ingénieux, et quelques bonnes idées singulières (la recherche d'interrupteurs cachés derrière les cadres des tableaux par exemple), Thief aurait pu être très séduisant. Mais ses quelques défauts précédemment évoqués, et l'impression générale d'avoir affaire à un travail de commande plutôt qu'à l’œuvre de réels passionnés, ont tôt fait de doucher quelque peu l'enthousiasme potentiel. Le genre de l'infiltration n'étant pas particulièrement fourni, on s'en contentera...