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Si son ambiance le rapproche de Dear Esther ou de la série Twin Peaks, The Vanishing of Ethan Carter propose en plus un véritable gameplay, qui apporte un petit souffle d'air frais sur le jeu d'aventures. La vue subjective et la grande liberté laissée au joueur épaulent des énigmes relativement simples, mais toujours plaisantes et gratifiantes. Pour couronner le tout, les graphismes tiennent la dragée haute à la plupart des autres jeux, aussi bien artistiquement que techniquement, et ce sans demander un PC de compétition. On pourra toujours regretter une durée de vie un peu faible, mais vu que le prix de vente tient compte de cet état de fait, il n'y a finalement aucune raison de bouder ce voyage dépaysant et sombrement enchanteur.
Retrouvez plus bas la suite de notre test de The Vanishing of Ethan Carter
- Graphismes sublimes
- Ambiance réussie
- Gameplay efficace
- Assez original
- Durée de vie un peu faible
- Quelques temps morts
- Pas de sauvegarde manuelle
Quand d'anciens développeurs de Painkiller se réunissent pour former un nouveau studio, que croyez-vous qu'ils nous concoctent ? Un nouveau FPS speed, sanglant et survitaminé ? Perdu ! Avec The Vanishing of Ethan Carter, les polonais de The Astronauts ont opté bien au contraire pour un jeu d'aventures contemplatif, voire poétique, où des paysages naturels à couper le souffle se mêlent à des histoire de meurtres teintées de paranormal. Êtes-vous prêts à mener l'enquête ?
"Ce jeu est une expérience narrative qui ne vous tient pas par la main". C'est par ces mots que les développeurs de The Vanishing of Ethan Carter ont décidé d'accueillir le joueur, avant même qu'il ne puisse mettre un pied dans Red Creek Valley. Cette profession de foi n'a rien d'un mensonge, car nous allons voir que le joueur possède effectivement un degré de liberté assez important. Tout d'abord, il peut parcourir les décors à sa guise sans aucun temps de chargement. Ce qui est loin d'être anecdotique pour un jeu d'aventures, car cela signifie également qu'il peut résoudre les différentes énigmes dans l'ordre qu'il souhaite. Cependant, il reste conseillé de les terminer au fur et à mesure pour ne pas avoir à effectuer des allers et retours inutiles par la suite. Cela étant, toute balade dans The Vanishing of Ethan Carter n'est jamais totalement perdue car les paysages sont absolument sublimes. De la voie ferrée sur laquelle on débute l'aventure, jusqu'au gigantesque barrage près de laquelle on la termine, quasiment tous les lieux nous laissent béats d'admiration. Seul un passage dans une mine souterraine sombre et monotone fait pâle figure par rapport au reste. Mais les environnements extérieurs figurent quant à eux parmi les plus beaux qu'on ait jamais vus. Les graphismes photoréalistes se combinent avec une direction artistique de bon goût, qui met notamment à profit des effets de luminosité avancés. Montagnes baignées de brume, lacs aux reflets dorés, forêts denses et sombres, et autres plaines baignées de lumière vont de pair avec un placement minutieux des différents bâtiments, qui multiplie les surplombs et contrebas pour mieux nous inciter à la contemplation. On vous laisse admirer nos captures d'écran maison pour vous en convaincre ! Cerise sur le gâteau, le jeu tourne sans problème à 60 images par secondes sur un PC de moyenne gamme et nous prouve ainsi que, lorsqu'il est utilisé par des développeurs talentueux, le moteur Unreal Engine 3 est encore capable du meilleur. Mais ne nous focalisons pas trop sur ces considérations techniques, car au final, c'est bien la force de la direction artistique et de l'ambiance générale du jeu que l'on retient.
ETHAN LA LUMIÈRE
Le scénario ne manque également pas d'atouts, puisqu'il réussit à mêler déductions logiques et évènements paranormaux, voire ésotériques, sans jamais que le propos ne devienne trop confus. Le joueur incarne Paul Prospero, un détective privé sans visage (vue subjective oblige) qui part à la recherche d'Ethan Carter, après que celui-ci lui ait envoyé un appel à l'aide par lettre. Il découvrira assez rapidement que des événements familiaux aussi tragiques qu'étranges sont à l'origine de la disparition du jeune garçon. La narration s'effectue à travers différents procédés, par petites touches : monologues de Paul, documents trouvés ici ou là, et scènes de flashbacks liées aux énigmes. La plupart de ces dernières suivent le même schéma général. On commence par observer certaines zones spécifiques des décors (traces de sang, objet incongru, cadavre…). Différents mots (en français si vous le désirez) qualifiant la situation observée s'affichent alors à l'écran. Parfois, certains de ces mots sont démultipliés et prennent la forme d'un "nuage" mouvant. En déplaçant le curseur de manière à ce que ces mots répétés se superposent, la direction dans laquelle se trouve un objet à ramasser nous est donnée. Un clic permet alors d'afficher une prévisualisation de l'objet en question, les détails alentours nous permettant de le localiser assez facilement. Une fois les différents objets correspondant à une même énigme retrouvés et remis à leur place, on peut utiliser une fonction de sixième sens pour observer ce qu'il s'est réellement passé.
Les graphismes photoréalistes se combinent avec une direction artistique de bon goût, qui met notamment à profit des effets de luminosité avancés.
Ces flashbacks ont le bon goût de proposer une petite session de gameplay supplémentaire, puisqu'il faut indiquer dans quel ordre se sont déroulés les différents passages de la scène, que l'on prévisualise grâce à des silhouettes fantômatiques immobiles. Une fois le bon ordre trouvé, le film des événements défile sous nos yeux, validant ainsi l'énigme. A ce procédé général s'ajoutent quelques autres trouvailles ponctuelles, dont nous préférons vous laisser la surprise. Le jeu étant dépourvu de didacticiel et d'interface envahissante, certains joueurs risquent fort de passer à côté des énigmes lors de leur premier contact avec l'aventure, l'envie de se balader dans les superbes décors étant initialement la plus forte. Mais une fois le principe général du jeu compris, ces égarements n'ont plus lieu d'être et l'on enchaîne les énigmes avec fluidité. Autrement dit : le jeu ne cherche jamais à coincer le joueur et à lui faire chauffer un peu trop les méninges. On parcourt donc l'aventure avec grand plaisir mais, en contrepartie, la durée de vie n'atteint pas des sommets. Il faut compter entre 4 et 5 heures pour connaître le dénouement de lhistoire. C'est peut-être pour cette raison que les développeurs ont choisi un système de sauvegarde automatique plutôt que manuel. En ne validant la progression du joueur qu'une fois une énigme totalement résolue, espéraient-ils rallonger légèrement la durée de vie des parties non effectuées d'une traite ? Le jeu n'a pourtant pas besoin de tels artifices car sa beauté, son ambiance et son originalité suffisent définitivement à déclencher l'enthousiasme !