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Test The Settlers : Bâtisseurs d'Empire sur PC

Test The Settlers : Bâtisseurs d'Empire
La Note
note The Settlers : Bâtisseurs d'Empire 12 20

Les premiers épisodes de The Settlers ont réussi à séduire quelques millions de joueurs malgré leur complexité. Pariant sur l'appauvrissement mental de la population, Ubisoft s'échine désormais à décliner la série à la sauce "grand public", mettant désormais l'accent sur l'extrême finesse graphique de ses dernières itérations au détriment de la profondeur managériale qui faisait le charme de la saga. Vidé de toute substance, mou et pauvre, plombé par une une partie stratégique aussi inutile que mal faite, The Settlers : Bâtisseurs d'Empire n'est pas désagréable à jouer, mais son manque total de rythme doublé de son caractère extrêmement répétitif ne pousse pas à persévérer. Les petits colons demeurent des êtres mignons et attachants, mais leur quotidien n'a vraiment plus rien d'exaltant.


Les plus
  • Graphismes très détaillés
  • Bâtir une bonne grosse cité médiévale
  • Facile d'accès
  • Variété des ressources et des bâtiments
Les moins
  • Cartes longues et objectifs peu gratifiants
  • Aucune dimension stratégique
  • Très répétitif
  • Généraux trop nombreux
  • Gourmand
  • Positionnement des bâtiments parfois laborieux


Le Test

Venus participer aux UbiDays, la grand-messe maison visant à pallier l'absence d'E3 cette année, l'équipe germanique d'Ubisoft chargée du sixième Settlers avait délivré à chaque journaliste un intéressant argumentaire essentiellement fondé sur la qualité esthétique de leur produit. Alors que tout le monde attendait le retour des colons laborieux avec une certaine suspicion, les courageux démonstrateurs tendaient ainsi à confirmer la tendance à l'essoufflement d'une série dont la principale qualité semble désormais se limiter à son très solide moteur graphique.


Travailler plus pour vous faire gagner plus, telle pourrait être la devise des Settlers, une communauté qui grossit spontanément pour peu que vous construisiez quelques bâtiments en rase campagne. Auto-proclamé régent d'un royaume en devenir, vous disposez de quelques réserves de matériaux et d'une poignée de pièces d'or, que vous allez consacrer à l'édification de colonies à la surface d'un monde médiéval imaginaire. Vous débutez chaque mission avec quelques bâtiments, généralement un  château fort et un entrepôt, autour desquels vous allez ériger une fière cité que vos voisins, matés, admireront. Pour y parvenir, vous devez subvenir aux besoins de vos fidèles en établissant tout un tas de magasins, bicoques et autres industries, et en prenant le contrôle d'un certain nombre de ressources réparties un peu partout sur les cartes. Chaque construction attire quelques Settlers, qui s'y installent, la font fonctionner, et entendent être rétribués d'une façon ou d'une autre pour leur dur labeur. Le chasseur tue des animaux sauvages, que le boucher réduit en saucisses fumantes ou que le tanneur transforme en très seyants vêtements de cuir. Or, le chasseur n'accomplira correctement sa besogne que s'il peut... manger des saucisses et se vêtir de peaux de bête, en attendant mieux. Là est toute la magie de la série : toutes les professions, tous les Settlers sont interdépendants, et vos cités ne peuvent fonctionner si l'un ou l'autre est absent.

 

Aidez-vous les uns les autres

 

La complexité de ce jeu relationnel ne cesse toutefois de diminuer depuis quelques années, et la production d'un bien fini ne nécessite plus l'établissement préalable de vingt-quatre échoppes différentes. La dimension micro-managériale a elle aussi été réduite à la portion congrue. Ainsi, votre main-mise sur l'économie locale ne tient plus qu'à votre aptitude à réajuster grossièrement la taxation de vos petits Settlers. A cette aptitude près, vous ne pouvez rien faire : ni régler les modes  de production des différents biens, ni interagir directement avec vos colons. Présenté comme l'une des grosses nouveautés de cet épisode, l'apparition de femmes n'enrichit pas réellement la partie. En organisant une – coûteuse – fête sur la place du marché, vous attirez non seulement vos travailleurs en quête de divertissements, mais également toutes les donzelles qui se cachent dans les environs. Après quelques pas de deux, les couples disparaissent dans la nuit et dès le lendemain, les désormais épouses soulagent vos hommes des tâches domestiques, leur permettant ainsi de se consacrer pleinement à leur labeur. Aucun enfant ne sortira toutefois de ce foyer, et ce alors que la gestion de familles entières aurait pu considérablement enrichir – et compliquer – votre mission. En l'espèce, The Settlers : Bâtisseurs d'Empire est un jeu simple et particulièrement répétitif, dans lequel chaque carte est un éternel recommencement. La médiocrité des objectifs – fournir tant de marchandises à tel village proche – associée à un scénario d'une platitude hors-norme ne poussent pas à persévérer. Pour mettre un peu de piment dans votre quotidien, et pour ne pas complètement trancher avec un cinquième volet résolument belliciste, vos Settlers auront toutefois parfois à se défendre contre les assauts des pillards, voire à attaquer une faction rivale. Cette dimension militaire, inhérente à chaque volet, n'a jamais été le fort de la série, et cette nouvelle aventure ne convaincra pas davantage les guerriers.

 

Guerre sans nerfs

 

Avant chaque partie, vous devez procéder au choix d'un général, qui représentera votre autorité sur le terrain. Au nombre de six, ces héros disposent chacun d'une compétence très spéciale qui modifiera légèrement votre façon de jouer. L'un, commerçant chevronné, obtiendra de bons prix si vous devez acheter des biens à vos voisins; une autre, mystique exaltée, transformera chaque quête à l'église en jackpot financier; un troisième, Viking bon vivant, enthousiasmera vos Settlers avec ses chansons à boire, et encouragera les unions au terme des fêtes locales. Cette variété a théoriquement du bon, mais dans les faits, les généraux sont trop nombreux, on peine à s'attacher réellement à l'un d'entre eux et, ne sachant jamais vraiment à quoi s'attendre, on hésite longuement entre les différents dons avant chaque mission.

Tous ont tout de même des aptitudes communes, et peuvent notamment installer des postes avancés  sur les différents territoires de chaque carte. Une fois le poste établi, la zone est votre et vous pouvez y construire tout ce que vous souhaitez. Fier combattant par ailleurs, votre général ne pourra vaincre l'ennemi, souvent retranché derrière des fortifications, sans l'appui de quelques soldats. Les unités militaires sont les seules, avec le héros, à pouvoir être contrôlées directement. Entraînées dans des garnisons, équipées d'armes produites par vos forgerons, elles évoluent par escouades indissociables de six hommes. Rien que du très classique, sauf que vos Settlers combattants sont des débiles pathologiques. L'IA est proprement catastrophique, vous ne pouvez ajuster le comportement de vos troupes et leur contrôle sur le champ de bataille est franchement délicat. L'adversaire est heureusement rarement plus rusé, mais vos pertes dépasseront toujours vos prévisions.

 

Ni vrai bon jeu de gestion, ni jeu de stratégie décent, The Settlers : Bâtisseurs d'Empire a toutefois l'avantage d'être un sacré beau produit. Les développeurs ne nous avaient pas menti, on peut bel et bien passer des heures à observer les colons vaquer à leurs occupations. Les bergers tondent les moutons avec de grands ciseaux, des lapins bondissent dans l'herbe verte et le jeu respecte le cycle des saisons. Dans le grand nord, l'hiver est long et rude, s'accompagnant de chutes de jolies chutes de neige, tandis que dans les régions méridionales, le climat est autrement plus sec et ensoleillé. Comme toujours, la beauté a un prix, et seuls ceux qui disposent d'une machine de moins de trois mois pourront jouer toutes options à fond sans rencontrer de ralentissements. Il est juste regrettable qu'à trop soigner ses effets, l'équipe de Blue Byte ait négligé la mise en scène de son oeuvre, et délivre un titre extrêmement mou et sans réel charisme, visiblement destiné aux débutants complets et qui achèvera de dégoûter les grands anciens de la série. Si un tel choix peut, économiquement, se comprendre, ceux qui préfèrent un bon jeu à un beau titre ne peuvent que le regretter.


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