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The Getaway : Black Monday n’est qu’une succession de défauts : moteur graphique poussif, frame-rate à la ramasse, maniabilité exécrable, physique des véhicules savonneuse, gestion des dégâts aléatoires, I.A. lobotomisée, personnages disproportionnés, difficulté risible, missions peu originales et durée de vie limitée. Le nouveau titre de Team Soho est un désastre et on espère bien que la saga The Getaway n’accouchera pas d’un troisième opus. Pour les quelques amateurs du premier volet, ne vous cachez pas, passez votre chemin ! Ce The Getaway : Black Monday n’en vaut vraiment pas la peine !
- Une bonne ambiance
- Scénario intéressant
- Doublage français réussi
- C'est laid
- Frame-rate désastreux
- Pilotage des véhicules calamiteux
- I.A. ridicule
- Caméra horripilante
Se sentant d’humeur charitable, Sony nous offre une suite au très décevant The Getaway. Mais après le pétard mouillé de 2002, il ne fallait pas s’attendre à un coup de génie de la part de Team Soho. Black Monday est une horreur, n’ayons pas peur des mots ! La générosité, ça a du bon mais cette fois-ci, on s’en serait bien passé !
Souvenez-vous de décembre 2002. Un mois après l’excellent GTA : Vice City, Sony sortait enfin son The Getaway. Des années de développement, des millions et des millions d’euros d’investissement pour un jeu loin de satisfaire les joueurs, la presse et probablement le budget de Sony. Face à la liberté d’action et la richesse du gameplay de Vice City, les gamers avaient droit à un titre dirigiste, bourré de lacunes techniques, masqué derrière un « interdit aux moins de 18 ans » outrageusement pompeux. Qu’en est-il deux ans plus tard ? Les choses ont bien évolué. De GTA : Vice City, on est passé à GTA : San Andreas et entre temps nous avons découvert True Crime. Il faut croire que Team Soho était en hibernation durant tout ce temps lorsqu’on voit le résultat final de The Getaway : Black Monday. Outre le fait de ne pas proposer un titre original, le soft accuse des mêmes problèmes puissance 10 !
Pire que le premier ? Oui c’est possible !
L’argument vendeur de Sony à l’époque de The Getaway concernait essentiellement son ambiance violente et son scénario noir digne des meilleurs polars, ce qui lui valu sa classification SELL. Depuis les 18+ du PEGI fleurissent à tout bout de champ et sont devenus tellement communs que d’aucun ne s’en préoccupe. C’est sans surprise donc que Black Monday rejoint la longue liste des jeux réservés aux adultes grâce à son scénario travaillé mettant en scène mafieux, ripoux et autres caïds dans le genre. Cette fois-ci, Team Soho a opté pour trois personnages aux destins étroitement liés. Mais ça, vous le découvrez au fur et à mesure du jeu si le courage vous en dit. C’est donc dans la peau du sergent Mitch, à la tête démesurément grosse, que l’intrigue se met en place. Après une longue période d’inactivité, vous reprenez du service dans la brigade londonienne de répression du grand banditisme. Vos derniers états de service ont fait couler beaucoup d’encre au sein de la police métropolitaine et vos collègues voient d’un mauvais œil vos méthodes d’interventions musclées, rythmées par des sautes d’humeur d’une violence rare. Mais qu’à cela ne tienne, vous avez été choisi par l’inspecteur Munroe pour nettoyer la ville des mafiosis russes. Alors que vous vous efforcez à faire respecter l’ordre, de l’autre côté de la ville, un boxeur et une experte en escroquerie se retrouvent en plein imbroglio mafieux après le casse raté d’une banque. The Getaway : Black Monday noue assez bien les histoires de Mitch, Eddie O’Connor et Sam Thompson grâce à une succession de flash-back et de lieux communs aux personnages. Un scénario bien ficelé servi par un doublage français convaincant : le seul point fort du jeu. Les voix collent parfaitement aux personnalités de chacun et les dialogues sont suffisamment intéressants pour nous donner envie d’en découvrir un peu plus. Le problème, c’est que la réalisation de The Getaway : Black Monday nous somme de prendre le DVD et de faire du surf sur une plage de gravier.
La damnation londonienne
C’est l’heure des comparaisons inévitables. Comparaisons avec Grand Theft Auto et comparaisons avec The Getaway premier du nom. Comme pour l’opus précédent, l’histoire se déroule à Londres, le même Londres, rues pour rues, bâtiments pour bâtiments. Oubliez l’immense état de San Andreas ou la labyrinthique ville de Los Angeles (NDR : de True Crime), Team Soho ne s’est pas foulé puisque l’on retrouve les bons vieux 35 km² du premier volet. Risible, effectivement, surtout que les développeurs n’ont pas cherché à faire évoluer la capitale anglaise. Toujours aussi désertes, les avenues manquent cruellement d’animation. Londres n’est qu’une succession de carrefours identiques, de voitures fantômes et de ruelles grisâtres. « Oh ! Un piéton ! » Se surprend-on à dire en regardant la chaussée durant une course-poursuite, après que vos yeux se soient habitués aux sempiternelles chutes de frame-rate accompagnant vos virées urbaines. Une fois de plus, on est à des années lumières des microcosmes animant GTA : San Andreas. Ici, la population erre sans aucun but telle des âmes damnées. Un petit peu comme les véhicules qui font acte de présence simplement pour vous empêcher de progresser en voiture. « Evite-les, pardi ! ». C’est plus facile à dire qu’à faire, croyez-moi ! Comme pour The Getaway, la maniabilité des véhicules est horripilante. Savonneuse et incontrôlable, la physique des voitures a du mal à nous convaincre. Et si par magie, vous arrivez à vous stabiliser dans une ligne droite, le frame-rate vous joue des tours. Les ralentissements sont légions et par conséquent, tout dépassement devient suicidaire. Imaginez alors lorsque vous pilotez une moto dont la conduite est aussi intéressante que dans Driv3r, c’est-à-dire ennuyeuse et dangereuse, étant donné que vous êtes plus vulnérable que dans une carcasse métallique. Qui dit accidents, dit forcément dégâts. Ainsi donc une gestion des dégâts est prévue pour les véhicules lors des carambolages. Cependant, elle aussi nous surprend par son irrégularité. Un choc frontal aurait pour effet de réduire l’avant de la voiture. C’est vrai une fois sur deux ... Voire sur trois … Et peut-être même sur quatre. C’est du grand n’importe quoi ! Une petite gaufre est votre véhicule fumera tout ce qu’il peut, alors qu’un accident digne de l’émission Ça Vaut le Détour n’endommagera même pas vos phares avants. Plus communément, on appelle ça du travail de cochon. Bravo Team Soho !
Monday Bloody Monday
Vous pensiez vraiment que les problèmes techniques ne concernaient que les séquences de pilotage ? Vous êtes bien naïfs ma parole ! A pied, c’est le même topo. La démarche boiteuse des protagonistes fait honte à la motion capture. Passez-moi l’expression, mais on vraiment la sensation qu’ils déambulent avec un balai profondément enfoncé dans une partie intime de leur anatomie (NDMaxime : je ne vois pas de quoi tu parles ?). Comment voulez-vous apporter au soft un aspect de furtivité dans ce cas-là, surtout que la caméra nous joue des tours lorsqu’on pénètre dans les bâtiments. Il faut avoir le cœur bien accroché dans les couloirs car l’angle ne cesse de se recadrer derrière le personnage, peu importe sa position, peu importe ses actions, ce qui handicape énormément votre progression. Le problème est accentué à cause d’une maniabilité peu fluide et pas du tout intuitive. Les phases d’infiltration se résument simplement à se coller aux murs ou encore à s’accroupir pour éviter d’être trop à découvert lors des fusillades. Même si ces actions restent basiques, on aurait espéré pouvoir en tirer un quelconque avantage. Malheureusement il n’en est rien du fait d’avoir un système de visée mystérieux. Deux types de visées existent. L’une automatique, elle permet de cibler les ennemis facilement. Le souci, c’est que dans le feu de l’action le héros loque toujours la mauvaise personne. Pourquoi est-ce qu’il s’obstine à viser le petit gars au loin bien planqué derrière sa caisse alors que deux autres personnes complètement à découvert le canardent non-stop ? Changer de cible n’est guère facile, puisque vous balayez votre champ de gauche à droite. Il faut s’y reprendre à plusieurs fois pour trouver un bon poste de tir ou au contraire préférer la visée manuelle. Mais quelle galère puisque aucun curseur ne vous aide. Par conséquent, vous devez tirer une balle, voir son impact et vous fiez à cela pour faire mouche par la suite. Mieux avoir le compas dans l’œil sinon bonjour le gaspillage de munitions ! Lorsque vous incarnez Mitch, vous pouvez également balancer des fumigènes grâce à la touche L1. Très peu utile, cette technique paralyse automatiquement votre personnage. Dès lors que vous appuyez sur la touche maudite, Mitch se met en position pour balancer la grenade et il est tout bonnement impossible de faire bouger le bonhomme, ni même de le faire pivoter. Peu pratique pour ajuster son lancé, vous le reconnaîtrez. Dans la peau du boxeur, lorsque vous êtes désarmé, vous pouvez asséner quelques coups à vos agresseurs (coups de poings, coups de genoux, coup de boule) ou tout simplement leur casser la nuque si vous les attrapez dans le dos. Bien évidemment, les ralentissements et les bugs de collisions accompagnent chacun de vos faits et gestes. Team Soho a voulu une nouvelle fois exploiter à fond un moteur graphique poussif et vieillissant. Le problème, c’est que le studio de développement à réitérer les mêmes erreurs sans même songer une seule seconde à les réparer. Ce qui était à la rigueur pardonnable en 2002, ne l’est plus en 2004.
La médiocrité est également au rendez-vous pour l’intelligence artificielle. Les ennemis sont programmés pour camper sur leur position. Ils attendront patiemment de vous voir pour faire feu et n’iront jamais vous débusquer. Par conséquent, si vous décidez de les prendre à revers, ils ne bougeront pas d’un pouce. Il en existe certains même qui passeront tranquillement à côté de vous sans jamais dégainer leur arme. Comment voulez-vous qu’avec ça la difficulté de The Getaway : Black Monday n’en prenne pas un coup. C’est avec facilité que l’on progresse dans le jeu. La vingtaine de missions proposées, guère originales qui plus est, s’enchaînent avec aisance. Une dizaine d’heures de jeu suffisent à venir à bout de The Getaway : Black Monday. Ce ne sont pas les modes spéciaux Promenade, Course, Taxi Noir ou Poursuite qui confèreront un nouvel intérêt au titre de Sony.