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Misant clairement sur la continuité de Syphon Filter : Dark Mirror, ce Logan’s Shadow atteint une nouvelle fois sa cible. Sony Computer Entertainment transforme donc brillamment l’essai, et impose la PSP comme le support privilégié de la série. Bien que le titre n’ait d’infiltration que le nom, son action continue et effrénée parvient une fois encore à faire mouche, et c’est avec un réel plaisir que l’on se laisse emporter durant une petite dizaine d’heures à trouer du terroriste de tout horizon. Certes, ce ne sont ni Tom Clancy ni Hideo Kojima qui ont chapeauté le projet, mais c’est tout de même bigrement jouissif.
- Action effrénée et soutenue
- Aventure rythmée
- Prise en main convaincante
- Réalisation solide
- Très bonne ambiance sonore
- Le côté infiltration trop en retrait, voire inexistant
- Scénario composé de clichés
- Une I.A. qui laisse parfois perplexe
Gabe Logan. Si ce nom ne vous dit rien, vous devriez pourtant avoir entendu parler de la série dont il est le héros : Syphon Filter. Propulsé sur le devant de la scène en 1999 pour surfer sur la vague du jeu d’infiltration / espionnage qu’avait initié Metal Gear Solid, cette série n’a, malgré son âge, jamais véritablement explosé. Les raisons ? Un gameplay à la qualité fluctuante et un héros dont le charisme peinerait à l’imposer en tête d’affiche d’un film série Z. Cela fait-il pour autant de ce Syphon Filter : Logan’s Shadow un mauvais jeu vidéo ? Point du tout.
Si, contrairement aux voisins Solid Snake et Sam Fisher, l’ami Gabe Logan n’est jamais parvenu à s’inscrire dans l’excellence, il a néanmoins le mérite d’être le premier à être parvenu à nous convaincre sur console portable. Syphon Filter : Dark Mirror avait su adapter son game design au format nomade, en nous proposant une aventure découpée en chapitres, composés chacun de plusieurs épisodes. Des sessions de jeu courtes, intenses, et parsemées de nombreux checkpoint, accompagnaient alors les mésaventures du leader de l’Agence. Dépourvu de second stick analogique, la bête avait dû, ici encore, s’adapter aux contraintes du support, en nous demandant d’orienter la vue et la visée de notre perso à l’aide des quatre touches principales de la console (carré, triangle, croix, rond). Déroutante de prime abord, cette prise en main se révélera convaincante au final, même si le combat rapproché et les quelques soucis de caméra en lieu exigu pouvait poser problème. Les fondations de ce Syphon Filter : Logan’s Shadow sont donc particulièrement solides et connues, inutile alors de toucher à ce concept qui avait fait mouche.
Droit au but
C’est donc avec un plaisir non feint que l’on retrouve cette nervosité, ce rythme effréné que nous impose le game design. Ici, on évite les balades et les explorations superflues pour foncer droit au but. On se met à couvert, on s’accroupit en ajustant minutieusement son angle de tir, puis on enchaîne les headshots et autres fractures de rotule. Le déroulement de l’action est limpide. Car contrairement à ce que l’on pourrait croire, Syphon Filter : Logan's Shadow n’a d’infiltration que le nom. L’essentiel du jeu repose sur des phases de gunfight, où la moindre caisse, le moindre muret servirait à s’abriter des rafales ennemies, en attendant de pouvoir inonder les terroristes de plomb. Pour nous corser légèrement l’affaire, ceux-ci seront parfois équipés d’un gilet en kevlar ou de casque de protection, toujours est-il que le gameplay ne bouge pas d’un iota, et que les situations laissent la part belle à l’action. D’ailleurs, le jeu lui-même ne nous encourage pas à jouer finement. Les fusillades figent plus ou moins le cadre de l’action, et il est impossible de poursuivre sa route sans avoir nettoyer la zone. Les nombreuses armes et munitions trouvées çà et là ne peuvent être plus explicites quant au mode opératoire à adopter ; de même, il suffira de laisser passer quelques secondes pour voir sa barre de vie se recharger, tout nous pousse à emprunter le parti de l’action. C’est pour cela que nous conseillons aux gâchettes les plus affûtés de se lancer dans l’aventure en mode Difficile. Afin de ne pas être taxés de feignasses, les développeurs de Sony Computer Entertainment ont tout de même ajouté quelques mouvements supplémentaires à la panoplie de Logan. Comme dans Rainbow Six : Vegas, il lui sera maintenant possible en étant planqué de tirer à l’aveuglette, même si, vous vous en doutez, la précision ne sera pas forcément au rendez-vous. Autre nouveauté qui compense cette fois-ci le déplorable jeu de corps à corps de Logan, la possibilité de prendre un ennemi en otage pour se protéger, façon CQC de Metal Gear Solid 3 : Snake Eater. Mais en toute honnêteté, c’est le genre d’ajouts dont on ne se servira pas vraiment, le principal réflexe étant d’essayer de dompter la rigueur de la prise en main en combat rapproché.
Entre les deux yeux
Les vraies nouveautés que les développeurs ont rendu incontournable se situent dans "les phases d’infiltration", même si elles n’en sont pas à proprement parlé. Gabe, aura maintenant droit de se mouiller, puisque quelques scènes sous-marines font ici leur apparition, pour un résultat pas toujours probant, notamment dans les endroits exigus. La barre d’oxygène se vidant assez rapidement, il y aura souvent matière à pester lorsque la caméra aura réduit notre champ de vision, ne nous permettant pas de trouver une issue pour reprendre notre souffle à la surface. Cependant, certaines scènes sont vraiment plaisantes à jouer, comme celles où l’on est accompagné du subtil Dane Bishop. De plus, pour pouvoir progresser dans les niveaux, Logan devra souvent tourner des valves, déblayer son chemin ou aider ses partenaires d’un moment par des actions contextuelles qui s’inspire grandement de ce qui se fait en ce moment en matière de jeu d’action. On regrettera cependant que ces QTE soient généralement proposés en période d’accalmie, ce qui nous empêche d’être sanctionnés en cas de faux pas. Dommage.
Les petites phases de coopération, on l’a déjà dit, font leur retour. A quelques reprises, des intervenants extérieurs viendront prêter main forte, avec même certains boss à abattre grâce à un petit travail d’équipe, certes limité, mais assez amusant. On pense notamment à l’hélicoptère qu’il faut détruire à l’aide de Maggie Powers. D’ailleurs, la scène précédent cet affrontement met en exergue un petit défaut du jeu : l’I.A. Sans vouloir révéler le scénario que l’on qualifiera de cliché et d’anecdotique, on se demande encore comment, lorsque Logan doit libérer la Maggie en question, ses ravisseurs peuvent se laisser tuer tranquillement à travers un mur, alors que toute intrusion dans la pièce entraîne la mise à mort de l’otage. Si cette scène est particulièrement choquante, elle est heureusement la seule que l’on a pu déplorer le long des six chapitres qui composent ce Syphon Filter : Logan’s Shadow. Les autres petites incohérences du CPU viendront de la vision parfois limitée des ennemis, nous permettant de les approcher en toute quiétude. Cependant, là encore, le phénomène est plutôt rare. Pour finir, il est à noter que Syphon Filter : Logan’s Shadow à encore bénéficié d’un excellent travail au niveau de sa réalisation, et c’est avec un certain plaisir que l’on déambule dans des environnements d’une grande variété, et d’une grande qualité. Et lorsque les sonorités orientales composées par Azam Ali se font entendre, on ne peut qu’être définitivement conquis. A noter que cet UMD propose de tester Syphon Filter : Combat Ops, une version visiblement tournée vers le multijoueur et le online, où l’on pourra notamment bâtir nos propres maps. S’inspirant grandement du mode en ligne qui avait fait le bonheur de millier de joueurs l’année passée (et qui est encore disponible ici), cette démo n’était malheureusement pas accessible avec la version du jeu qui nous a été fournie.