Test Surviving Mars : persévérer pour prendre du plaisir ? sur PS4
14 20
Il va falloir vous accrocher avant de prendre du plaisir avec Surviving Mars. Les premières heures de votre conquête martienne seront consacrées à vous battre avec l'interface, à tâtonner pour découvrir tous les aspects du jeu pas ou mal couverts par le didacticiel, et à pester contre la difficulté apparemment trop élevée. Mais après une dizaine d'heures, le jeu se laisse dompter et on commence à prendre de plus en plus de plaisir, l'apothéose venant en fin de partie, quand on peut enfin se relaxer et observer avec un sourire béat notre colonie martienne fonctionner comme sur des roulettes, chaque ligne d'approvisionnement étant alors parfaitement optimisée. Dommage que les débuts difficile et l'interface perfectible pénalisent ce Surviving Mars, qui sera bien meilleur dans quelques mois, quand les différents patchs et mods viendront corriger ses plus gros défauts.
- La thématique martienne
- Très satisfaisant en fin de parties
- Ouvert aux mods
- Pas mal d'options de scénarios
- Didacticiel mal fichu
- Interface largement perfectible
- "Blocages" difficiles à comprendre
- Pas de mode histoire principal
Edité par Paradox Interactive (Crusader Kings, Europa Universalis, Hearts of Iron, Victoria…) et développé par Haemimont Games (studio bulgare connu notamment pour les derniers épisodes de la saga Tropico), Surviving Mars est un nouveau de gestion qui, vous l'aurez deviné, nous propose de partir à la conquête de la planète rouge. Un rêve qui deviendra peut-être une réalité d'ici quelques dizaines d'années, et qu'on se réjouit de pouvoir toucher du doigt dès maintenant. Mais le jeu est-il réellement à la hauteur de ses ambitions ?
Une partie de Surviving Mars commence systématiquement par l’atterrissage de votre première fusée sur le secteur de la planète rouge de votre choix. Pour le moment, il n'est pas encore question de vols habités, ce premier débarquement étant réservé à de substantielles réserves de matériaux, à de rares bâtiments préfabriqués, et surtout à quelques drones et autres véhicules automatisés. Grâce à ces derniers, vous allez pouvoir construire vos premiers panneaux solaires, qui vous permettront d'alimenter des extracteurs de béton, une tour permettant de scanner plus rapidement les autres secteurs de la planète, des accumulateurs d'énergie, puis des structures permettant de synthétiser de l'eau et de l'oxygène. Mais l'étape la plus importante sera celle de la construction de votre premier dôme, une structure capable d'accueillir des êtres humains. Une fois ceci fait, vous pourrez faire venir une nouvelle fusée et installer une douzaine de colons. De leur survie et de leur confort dépend directement la suite, car aucun autre habitant potentiel n'acceptera de voyager jusqu'à Mars si le premier groupe n'est pas satisfait, ou pire, s'il succombe face aux rudes conditions de la planète rouge. Entre la rareté des ressources, les pluies de météores qui endommagent les structures, les phases nocturnes durant lesquelles les panneaux solaires ne fonctionnent plus, les ruptures régulières des câbles et tuyaux reliant les bâtiments, et les tempêtes de poussière qui obligent à réparer sans cesse les différentes installations, l'aventure n'est pas de tout repos. Plus proche d'un Anno que d'un Sim City, Surviving Mars demande essentiellement au joueur d'établir des circuits d’approvisionnement auto-suffisants. Une mauvaise planification, ou la moindre défaillance dans le système global, aboutira forcément à un game over. On s'en serait douté, conquérir une planète hostile ne peut se faire en un claquement de doigts. Mais le dépaysement et la perspective d'étendre le main-mise de l'humanité sur le système solaire valent bien quelques efforts, non ?
MARS ATTAQUE... CARDIAQUE
Le portrait que nous venons de dresser de Surviving Mars a en effet de quoi faire saliver les amateurs de gestion. Un titre exigeant, un gameplay "à la Anno", et une thématique martienne enthousiasmante à souhait, ça donne forcément envie ! Hélas, il va nous falloir tempérer tout de suite vos ardeurs potentielles. Que les choses soient claires : vous ne prendrez quasiment aucun plaisir durant les premières heures de jeu. La faute en incombe à un didacticiel tout pourri, qui prend la forme d'astuces disséminées un peu au hasard, fait l'impasse sur des concepts pourtant essentiels, et s'étend sur des évidences. Dans le même ordre d'idées, l'encyclopédie ne propose pas de champ de recherche. Et pour couronner le tout, l'interface multiple les faux-pas, entre étapes de validations inutiles, informations dispersées un peu partout et même, comble de l'hérésie, commandes à double voire triple usage. Ainsi, le clic droit sert à la fois à donner des ordres aux unités, à annuler une opération en cours et à faire apparaître le menu de construction. Dans ces conditions, impossible de ne pas s'emmêler les pinceaux. L'ensemble de ces problèmes amène à des premières parties pénibles et même à voir des bugs là où il n'y en a pas forcément. Si vos drones cessent subitement de fonctionner par exemple, allez plutôt chercher du côté de matériaux situés trop loin de leur sphère d'influence, plutôt qu'un problème logiciel. A plusieurs reprises, vous vous retrouverez bloqués sans trop savoir pourquoi, faute d'un didacticiel efficace et de messages d'information clairs. De plus, le jeu n'hésite pas à vous placer dans des impasses par moments. Prenez donc garde à votre usine de production d'Electronique (une des sept ressources principales du jeu), car pour la réparer il vous faudra… de l'Electronique ! Certes, en cas d'urgence, vous pouvez toujours faire venir ce dont vous avez besoin en commandant une fusée (cargo ou de transport de personnes) depuis la Terre. Mais cela prend du temps et coûte cher.
SEUL SUR MARS ?
Vous l'aurez compris, le premier contact avec le jeu est assez rude, et cela le dessert grandement. Mais heureusement, une fois la première dizaine d'heures de jeu passée, tout commence à aller mieux. On maîtrise enfin tous les concepts nécessaires (que l'on aura découvert par tâtonnements et pas vraiment grâce au didacticiel…), on a appris à supporter les différents défauts de l'interface, on a découvert une bonne partie du très fourni arbre des technologies, on peut dorénavant gérer les humeurs de chaque habitant et, surtout, on commence à avoir une colonie qui tient la route et des lignes de production parfaitement optimisées. Observer une petite fourmilière humaine s'agiter à la surface de Mars a quelque chose de diablement satisfaisant, et il faut plusieurs dizaines d'heures de jeu avant de pouvoir prétendre que l'on a vraiment colonisé Mars. La durée de vie est donc excellente, surtout que le jeu propose de multiples options et scénarios de départ. Les joueurs les plus acharnés pourront donc refaire de nombreuses parties dans des conditions différentes. Dommage en revanche que l'aventure ne propose pas une véritable campagne scénarisée. La conquête de Mars est pourtant un sujet qui se serait parfaitement prêté à l'introduction de personnages charismatiques, de rebondissements scénaristiques, voire de cinématiques marquantes. S'il faut faire l'impasse sur tout cela, certains espoirs restent tout de même permis car Surviving Mars est fourni avec un éditeur de mods. On peut donc compter sur la communauté pour créer des scénarios évolués, et même corriger les défauts d'accessibilité du jeu. A moins qu'un futur patch des développeurs ne s'en charge ? Dans tous les cas, il semble établi que d'ici quelques mois, le jeu sera plus abouti qu'il ne l'est actuellement.