*Test* Steel Rats : de bonnes intentions, mais de mauvaises finitions
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Avec Steel Rats, Tate Multimedia semble être tombé dans le piège qui consiste à chercher l’originalité et le challenge au détriment du plaisir de jeu. Il en résulte une production, certes, assez unique, mais plus souvent frustrante que motivante. Pourtant, la proposition peut paraître séduisante sur le papier. En effet, le mélange d’action à l’esprit arcade et d’exploration laisse espérer une aventure palpitante, surtout en affichant une ambiance aussi travaillée. Mais les nombreuses maladresses dans la conception des niveaux ainsi que les combats à l’intérêt limité aboutissent à un résultat décevant, ce qui ne pardonne pas quand l’on constate la concurrence féroce qui règne sur la scène indépendante ces temps-ci.
- L’ambiance soignée
- La narration passe aussi par les phases de jeu
- La physique de la moto bien rendue
- Des phases de jeu souvent pénibles
- Des mécaniques de jeu parfois inutiles
- Des collisions pas toujours bien gérées
- Peu de variété du côté des ennemis
- Quelques soucis d’interface
Comme de nombreuses sociétés indépendantes, Tate Multimedia a dû passer par la case projets de commandes pour se faire une place dans le domaine du jeu vidéo. D’où un catalogue remplis de jeux à licence peu ambitieux destinés aux joueurs occasionnels, comme des adaptations de Titeuf, Asterix ou Lucky Luke auxquels s’ajoutent une poignée de jeux d’équitations. Mais ce qui botte vraiment les membres du studio, c’est l’univers de la moto qu’ils ont commencé à explorer avec Urban Trial Freestyle et ses suites. Ils poursuivent d’ailleurs dans cette voie, mais avec une production plus importante par son ampleur et son originalité : Steel Rats.
Seulement, s’il s’agit à nouveau de chevaucher de grosses cylindrées à toutes berzingues, Steel Rats se présente plus comme un jeu d’action et d’aventure qu’une simulation sportive. En effet, le jeu raconte comment Toshi, James, Randall et Lisa unissent leurs forces pour résister à l’invasion des Junkbots, des machines créées à partir de débris et contrôlées par une intelligence artificielle belliqueuse. Heureusement, les quatre protagonistes peuvent compter sur leurs engins respectifs et les armes associées afin de leur tenir tête. Ils disposent en effet de techniques communes comme la faculté de transformer la roue avant de leur moto en véritable scie circulaire ou d’effectuer une attaque rotative grâce à laquelle ils peuvent repousser les ennemis autour d’eux ou renvoyer les tirs ennemis. Chacun possède également des attaques et compétences propres qui peuvent s’avérer utile en fonction de la situation rencontrée, sachant que l’on peut librement passer d’un personnage à l’autre. Lisa peut, par exemple, déclencher des lance-flammes pour occasionner de gros dégâts au milieu d’une mêlée, tandis que James est capable d’effectuer une accélération aérienne grâce à laquelle il peut franchir plus facilement un précipice. Il est en outre possible d’améliorer ces aptitudes ou en acquérir de nouvelles en échangeant des morceaux de métal, ressources précieuses qui fait ici office de monnaie.
CHAUSSÉE GLISSANTE
Cela a pour but de faciliter les combats, mais aussi l’exploration, puisque chaque niveau cache un certain nombre d’objets bonus cachés ou simplement des routes alternatives qui permettent d’arriver plus rapidement au bout du parcours. De cette manière, le jeu propose différentes approches selon que l’on cherche à obtenir le meilleur score, faire le meilleur chrono ou débusquer tous les secrets. Malheureusement, au fur et à mesure que l’on progresse, le jeu montre de nombreuses failles et ce qui aurait dû être une suite de défis motivant se transforment rapidement en un parcours assez laborieux, voire carrément pénible en certaines occasions. Pourtant, la maniabilité, qui avait été prise à défaut durant les previews, ne s’avère pas aussi problématique, puisque celle-ci se montre finalement assez souple dans cette version finale du jeu ; et même si les contrôles ne sont pas forcément intuitifs, on finit par saisir l’essentiel au bout de quelques minutes de jeu (et oublier le superflu, comme les armes à feu totalement inutiles).
Le vrai problème réside plutôt dans la conception souvent maladroite des niveaux. En effet, il arrive régulièrement que l’on arrive face à un précipice sans avoir pris suffisamment d’élan, généralement à cause d’ennemis ou de quelconques éléments de décor qui impose un slalom, sachant que ces pièges ont tendance à apparaître de façon tardive dans le champ de vision. Il ne faut pas non plus compter sur les combats pour faire de Steel Rats un incontournable, puisque, malgré les pouvoirs de chaque personnage, ceux-ci s’avèrent généralement basique, les mouvements à moto étant plutôt limités. A tel point qu’il vaut mieux éviter les affrontements quand ils ne sont pas obligatoires et se contenter de foncer droit devant soi, à moins de vouloir absolument accumuler les pièces de métal. C’est d’ailleurs dans ces moments là que Steel Rats peut se montrer le plus agréable, quand il laisse le joueur traverser une zone à fond la caisse. En prenant en compte la répartition des masses du bolide, le jeu autorise même quelques figures acrobatiques, comme lever la roue avant ou effectuer des rotations en plein saut, ce qui octroie au passage des points bonus au score final.
Il faut également noter les efforts dont ont bénéficié l’ambiance et la narration. Si l’histoire est classique, elle est racontée durant le jeu, via les différents dialogues que déclament les personnages plutôt que par d’interminables cinématiques qui auraient nuit au rythme. Même chose au niveau des graphismes qui, à défaut d’être impressionnants, sont suffisamment soignés pour installer une ambiance rétro-futuriste réussie. Il est du coup assez frustrant de voir un tel projet, capable d’attiser la curiosité, trébucher à ce point en cours de route. Mais, malheureusement, les développeurs semblent s’être trop focalisés sur l’originalité du concept et la recherche du challenge, négligeant à l’arrivée l’efficacité et le plaisir de jeu.