Test également disponible sur : PlayStation 2

Test Steambot Chronicles sur PlayStation 2

Test Steambot Chronicles
La Note
note Steambot Chronicles 15 20

La contrepartie de ce très permissif et morcelé Steambot Chronicles, c'est que par essence il rendra fou les joueurs maniaques qui préfèrent être pris par la main pour savoir toujours exactement quoi faire et où aller, ceux qui n'aiment pas la dispersion perpétuelle au détriment d'une histoire centrale solide. Trop de liberté tue la liberté ? Impossible de trancher, cela ne dépend que de la nature du joueur. Par ailleurs, il s'agit là d'un raisonnement selon les critères d'un RPG. Or, en dépit des apparences, il faut se mettre en tête que ce n'en est pas un. Steambot Chronicles est une “Relaxing Non-Linear Adventure”. C'est pourtant clair, non ?


Les plus
  • Une relaxante aventure non-linéaire
  • Monde réduit mais dense
  • Thématique pacifiste et charmante
  • Sortir des sentiers battus avec brio
Les moins
  • Jouabilité du véhicule peu instinctive
  • Le concept de pluri-libertés peut conduire à la noyade


Le Test

Steambot Chronicles est une sorte d'antithèse du dirigisme, rompant avec la tradition japonaise des jeux dont la narration élaborée passe par un script rigoureux, autrement dit par un accompagnement perpétuel sur le chemin, parfois unique, de l'aventure. L'ambition de cette production Irem tient dans une formule proclamée dans le menu d'accueil du jeu : "A Relaxing Non-Linear Adventure" ! Etudions la véracité de cet intéressant slogan.


"Relaxing"

 

D'entrée de jeu, Irem Software dévoile une approche peu conformiste. Un jeu vidéo relaxant ? Il faut avouer que la notion de danger dans Steambot Chronicles est toute relative. Il s'agit même d'un jeu facile. Les combats se déroulent uniquement à bord de robots de locomotion à vapeur nommés "Trottemobile". Ces machines désormais populaires dans le monde entier se trouvent être, au sein de cette uchronie steampunk (c'est à dire une époque alternative à vapeur), l'évolution même des automobiles. Le terme barbare “steampunk” ne reflète pas vraiment le paisible état d'esprit de ce monde fort charmant au demeurant, proche de notre XXème siècle mais avec un développement réduit de l'électricité et de l'informatique. Les villes sont vivantes et agréables, tout autour la nature est florissante, et l'agriculture tient une place importante, que la technologie Trottemobile à d'ailleurs facilité. Petite révolution, ces véhicules sur pattes permettent une réelle flexibilité humaine (le Trottemobile peut s'emparer d'un arbre comme l'homme d'un bâton) ainsi qu'une importante marge de modifications techniques dans les nombreux garages. Ce tuning a eu pour effet pervers de détourner le Trottemobile de ses objectifs initiaux, en outil d'intimidation et d'agression pour malfaiteurs. En tant que conducteur de Trottemobile, vos ennemis sont donc les diverses troupes de brigands clairsemées sur les routes. Mais même dans ce cas de figure, personne ne meurt. Au terme d'un combat, le véhicule explose mais le conducteur en est expulsé au lieu de se transformer en torche humaine pour se consumer dans une hystérie de souffrance abominable. Point de chair cramée ici. Steambot Chronicles se pare d'un drapeau pacifiste sans tomber dans la niaiserie absolue.

 

Reste que le jeu est vraiment facile, mais il faudra néanmoins passer une véritable épreuve, le permis de conducteur du Trottemobile, qui lui n'a pas été conçu de façon à vous simplifier la vie. La jouabilité du mech est basée sur la synchronisation des deux sticks analogiques, chacun représentant la motricité d'une jambe. Si vous ne pousser que celui de gauche par exemple, votre Trottemobile se bornera à tourner sur lui même comme un chat autiste à la poursuite du bout de sa propre queue. Du fait de la rigidité du véhicule, le simple fait d'avancer tout droit relève de la contrariété au début, surtout si l'on est pas passé par des épreuves cousines qui utilisent à même escient les sticks du DualShock, comme Armored Core ou Katamari Damacy. Pour dynamiser la conduite comme il se doit, le Trottemobile peut se fendre d'un saut ainsi que d'un boost temporaire, et d'un système de ciblage indispensable pour mener des combats jouables. Au final, le schéma alambiqué de la conduite d'un Trottemobile a le mérite d'avoir sa propre identité, mais peut également être vu comme un exercice qui se complique inutilement la vie, dans un compartiment fondamental avec lequel il est rarement judicieux de s'éparpiller, celui de la jouabilité. Alors, relaxant Steambot Chronicles ? Certes, mais une fois son véhicule apprivoisé.

 

"Non-Linear"

 

Le coeur de Steambot Chronicles bat au rythme paisible et maîtrisé de tout un tas d'activités, lesquelles sont autant de quêtes secondaires latentes, à compléter petit à petit. Ces tâches prennent souvent la forme de petits boulots, qui ne sont pas forcément cumulables simultanément. Ainsi, l'organisation du muséum dévasté vous demandera de lui ramener autant de fossiles que vous saurez en rapatrier. Pour ce faire, votre Trottemobile aura besoin d'équiper une pièce dorsale adéquate, laquelle ne vous permettrai pas de prendre un auto-stoppeur puisque la fonction de taxi nécessite une tout autre support. Et pour rappel, l'organisation de son Trottemobile ne s'effectue qu'aux garages. En ville, vous rencontrerez également divers moyens de gagner de l'argent, en maîtrisant les rudiments de la bourse, en remportant des combats de Trottemobile dans l'indispensable arène, ou encore en défiant les as du billard dans une très bonne reproduction de ce jeu de bar. Mais dans Steambot Chronicles, il est une activité fondamentalement humaine qui vous poursuit tout le long de l'aventure : la musique. Retrouvé inconscient sur une plage après le naufrage d'un navire par la jolie Coriander, le jeune Vanilla possède le sens du rythme et sera amené à prendre de l'importance au sein du groupe de musique dont Coriander est la chanteuse. En dehors des représentations scéniques, vous aurez l'occasion d'exercer votre art un peu partout dans la rue tel un saltimbanque, si bien que votre performance peut s'avérer lucrative sur une place publique. Possesseur d'un harmonica, Vanilla pourra se procurer divers instruments par la suite, appartenant à n'importe quelle catégorie (trompette, batterie, piano, violon). Mettant un point d'honneur à diffuser un message pacifique et tout public, Steambot Chronicles développe une série de mélodies soft, entre la pop et le slow. Certaines sont plutôt jolies, et en tout cas pas pire que ce qui se fait dans la variété internationale actuelle. L'intérêt du mini-jeu musical réside dans son adaptation à chaque instrument. Le tempo devra donc se maîtriser selon différentes configurations de touches à suivre en rythme.

 

Bien entendu, Steambot Chronicles dispose d'un scénario en toile de fond, mais la découverte de ses détails intimes repose sur votre esprit de curiosité. L'amnésie de Vanilla est prétexte à une reconquête de sa propre personnalité, qui est en réalité vierge par défaut, et se construira ainsi en même temps que la réputation qui découle de ses actes. De nombreux choix sont proposés pendant le jeu, sous forme de décisions à prendre (héroïque ou timoré ?) mais aussi de façon d'agir (respectueux ou distant ?). Autrement dit, l'ensemble de ce qui constitue votre déontologie (éthique et professionnelle), et d'autres détails comme vos habitudes alimentaires et vestimentaires, etc. Le choix du coeur aussi, avec la possibilité de concentrer ses techniques de séduction sur une ou plusieurs gazelles. Bref, c'est le joueur qui forge la personnalité actuelle de Vanilla par ses actions, de sorte que le passé du jeune homme découle de la façon dont vous vivez dans Steambot Chronicles. Le jeu de Irem Software applique donc une formule de libre arbitre qui concorde bien avec son côté touche à tout, sans pour autant donner une dimension parfaitement inédite en ce qui concerne le développement d'une personnalité virtuelle et le degré d'interaction de celle-ci avec son entourage. On entretient simplement une réputation, matérialisée par divers surnoms. Dans ma partie, eu égard à ma manie de baiser (la main) de toutes les dames à qui l'on me présentait, habillé de mon pimpant smoking blanc, Vanilla fut rapidement surnommé "Le Casanova Snobinard". Mais vous pouvez aussi bien vous rasez le crâne chez le barbier puis évoluer en short de bain, chaussé d'une paire de bottes de fermiers et affublé d'une toque de cuisinier. Au fait, il est bon de préciser que la gestion du temps et de la faim est prise en compte, même si ce n'est pas en temps réel. Globalement, les lieux sont moins nombreux que dans un RPG ou un jeu d'aventure ordinaire, mais les quelques villes sont bourdonnantes d'activité, les zones d'exploration souvent constituées de grands espaces naturels immenses et superbes, artistiquement parlant. De fait, malgré sa réalisation éculée, Steambot Chronicles est un très joli petit voyage à bord de Trottemobile. Son mot d'ordre n'est pas tant dans le gigantisme que dans la densité. Le jeu n'a peur d'aucune démesure lorsqu'il s'agit d'étoffer son background, notamment par un album photo qui recense la totalité des PNJ (personnages non joueurs), et ceux-ci sont excessivement nombreux. Steambot Chronicles est le témoin du travail de fond remarquable d'un studio qui a véritablement voulu donner un corps et une âme à son monde actif,  pacifique et relativement libre. On comprendrait presque l'impossibilité de se déplacer librement en ville à bord de Trottemobile. Le joueur est contraint de se laisser guider d'un point à l'autre en étant obligé de respecter les aléas du trafic et de la signalisation, autrement dit sans avoir la possibilité de commettre le moindre délit routier ! Comme  quoi, même si c'est sous- jacent, le jeu de Irem Software propage une réelle ambition placide et un message de paix absolu, mais encore une fois en esquivant le piège de la niaiserie sirupeuse. S'il s'efforce d'être le moins linéaire possible, Steambot Chronicles est donc également soumis à des lois de bienséance. Adeptes des tueries urbaines, ce n'est pas par ici que ça se passe.

 

"Adventure"

 

L'exercice incontournable d'un discours sur Steambot Chronicles est de définir la nature même de son genre. Plusieurs possibilités sont recevables, tant il effleure une multitude de pistes. Si à de nombreux égards il évoque l'Action-RPG, il demeure manifestement plus proche d'un simple jeu d'aventure de par l'absence de tout schéma de montée en puissance, indispensable au jeu de rôle. Et si les personnages non-joueurs sont omniprésents, les rares coffres ne délivrent pas quelques potions de vie ou autre armures de protection, il s'agit plutôt de costumes pour se personnaliser. Irem Software aborde des tas d'ouvertures de gameplay qui forment, en s'enroulant autour du fil principal, l'ADN de Steambot Chronicles. Le joueur est cordialement invité à goûter à toutes ces expériences, parfois de façon obligatoire, ensuite libre à lui d'approfondir les pistes les plus plaisantes et d'interagir au maximum avec le monde charmant de Steambot Chronicles. Sans s'attarder paisiblement sur les à-côtés, le jeu de Irem Software se résumerait en un maigre simulacre d'exploration mâtiné d'une action finalement assez faiblarde. Comme réservée aux gourmets, cette  production déballe un menu riche et complet pour joueurs curieux et patients aux papilles aiguisées. Et aussi, avides de saveurs exotiques et nouvelles. Car Irem Software signe ici un nouveau tour de force de non-conformisme, depuis son surprenant Zettai Zetsumei Toshi (SOS : The Final Escape). C'est pour cette audace qu'on lui pardonne ses deux ans de retard sur sa sortie japonaise. Et puis, soyons honnêtes, qui avait entendu parler de ce modeste jeu dont le titre original est Poncotsu Roman Daikatsugeki Bumpy Trot ? Alors loin de se plaindre d'un “honteux retard” il faut au contraire se féliciter de la décision de 505 Gamestreet qui continue d'abreuver le vieux continent de titres qui sortent des sentiers battus avec brio. Nous passerons rapidement sur le chapitre de la vétusté technique. Le délai par rapport à la naissance du jeu n'excuse rien, Steambot Chronicles aurait été jugé à la traîne techniquement même mi-2005. Les indignés du moindre travers de frame rate, ou les minutieux chercheurs d'aliasing à la loupe sont donc priés de s'abstenir, sous peine d'avoir du mal à se laisser emballer. En substance pourtant, Steambot Chronicles ne souffre pas réellement de son retard technique, ses décors étant élaborés avec un charme naturel véritable, celui qui fait que la sensation prime sur la théorie, et qu'il existe bel et bien des raisons d'admirer les décors d'un jeu à la technique objectivement dépassée.




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Steeve Mambrucchi

le mercredi 9 mai 2007, 12:20




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