Test State of Decay 2 : une exclu Microsoft plutôt morte que vivante sur Xbox One
12 20
Basé sur un concept de survie ultra poussé, le nouveau titre d’Undead Labs témoigne d’une véritable volonté de profondeur tout en proposant une durée de vie astronomique grâce à ses trois vastes terrains de jeu. Ses fondations, axées sur le changement de personnages et la migration de refuge en refuge, sont intéressantes mais mal desservies : l’aventure souffre de mécanismes rudimentaires et de vraies maladresses de gameplay et d’IA. Si le soft avait su proposer des combats plus fun et moins répétitifs tout en peaufinant son histoire, alors les dizaines d’heures de jeu qu’il propose auraient clairement pu s’avérer marquantes en dépit des aller-retours ennuyeux qu’il nous impose pour gérer notre groupe de survivants. State of Decay 2 est clairement à privilégier en multijoueur pour minimiser les risques d’ennui, en parallèle de ses innombrables possibilités de gestion qui en font l’un jeux de zombies les plus réalistes de son genre.
- La survie poussée à son paroxysme
- Une gestion fouillée et personnalisable
- Un système cross-platform généreux
- Une durée de vie très conséquente grâce à ses trois maps
- Une vraie volonté d’offrir une expérience humaine complète
- Gameplay très rudimentaire
- Une redondance dure à digérer
- L’absence quasi-totale de scénario et de mise en scène
- Une nuit beaucoup trop longue et ennuyeuse
- Un réalisme qui peut tuer le plaisir de jeu
- Des animations propres mais très répétitives
- HUD souvent envahissant
Après un premier épisode en 2013 mal calibré mais au potentiel certain, State of Decay revient avec une suite alléchante sur le papier, toujours sous la houlette de Microsoft. Plus grand, plus vaste et plus complet, ce deuxième opus entend bien rappeler les fans de zombies à l’ordre et se tailler une place dans les références du survival. Une ambition pas démesurée, mais difficile à mettre en œuvre malgré une horde de bonnes idées.
Exclusivité Microsoft, State of Decay 2 fait partie du chouette catalogue Xbox Play Anywhere. Un premier atout pour le soft d’Undead Labs puisque le jeu est alors à la fois compatible PC et Xbox One, les joueurs de l’un pouvant jouer en ligne avec ceux de l’autre. Une interaction réfléchie entre les deux plateformes et qui donne d’ailleurs la possibilité à l’heureux possesseur du titre de télécharger les deux versions, à son bon vouloir. Vous l’aurez-compris : la partie est ici misée sur une communication essentielle entre les membres d’une solide communauté. Si l’ère des zombies n’est plus forcément ce qu’elle était il y a une poignée d’années encore, elle n’est pas morte et reste un excellent contexte à tous les jeux de survie. State of Decay 2 fait une plongée approfondie dans le domaine, non pas sans une certaine maladresse qui lui coûte parfois beaucoup. Plongé dans des Etats-Unis ravagés par les morts-vivants, le joueur est ici amené à s’y construire un foyer et mener la vie la plus sécurisée possible. Autant dire que la chose n’est pas aisée car le monde de SoD 2 est absolument sans pitié envers ses protagonistes. Clairement, la meilleure arme sera votre cerveau. Avec idéalement un bon gros pied de biche.
Basé sur un concept de survie ultra poussé, le jeu souffre malheureusement de mécanismes rudimentaires et de vraies maladresses de gameplay et d’IA.
S’il y a bien une chose que l’on ne peut enlever à State of Decay, c’est son titre. Faisant directement référence à la décomposition, les mots sont on ne peut plus adaptés compte tenu de l’univers post-apocalyptique qu’il instaure. Tandis que l’ensemble de la population s’est transformée en marcheurs, vous voilà propulsés vous et votre compagnon – préalablement choisis parmi quelques binômes proposés et aux caractéristiques différentes – dans l’une des trois contrées disponibles. Livré à lui-même après un tutoriel express, votre petit groupe se doit de trouver une première demeure, une base dans laquelle vivre sereinement avec un espoir de survie concret. Le terme de « survivants » est d’ailleurs au centre du game design : chaque recoin, chaque personne de votre refuge ou de communauté est un facteur déterminant à votre pérennité, qu’il faudra prendre en compte et assurer intelligemment. Dans State of Decay 2, il n’y a pas d’histoire à proprement parler ou de personnage principal : c’est exactement en cela que le jeu s’apparente plus à un jeu de gestion qu’à un pur titre d’action, tenez-le-vous pour dit. Chaque membre peut mourir sans jamais revenir et le changement constant de personnage est un des axes principaux de gameplay. Le développement de votre foyer et des compétences de vos troupes sont les piliers-mêmes de votre existence ! En cela, le soft du studio Américain ne possède pas de fin à proprement parler, simplement des objectifs de fond afin d’évoluer dans les villes mises à mal par la maladie et d’en éradiquer les dangers au maximum. Et c’est sans doute-là que SoD 2 pèche une première fois : l’absence quasi-totale de scénario et de missions scénarisées peine à tenir en haleine. Chaque survivant dispose de quêtes qui lui sont propres, mais celle-ci apparaissent de manière aléatoire et leur mise en scène ultra-sommaire font vite pointer un grand désintérêt. C’est dommage, car un véritable aspect historique aurait largement permis au joueur de s’attacher davantage à son équipe – et au jeu de manière générale.
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Bien qu’Undead Labs n’ait vraiment pas mis l’accent sur sa narration, impossible de ne pas souligner tous leurs efforts concernant la gestion territoriale et humaine. En tant que joueur, vous avez la main mise sur tous les personnages et il ne tient qu’à vous de recruter les survivants croisés sur votre chemin. Agrandir son équipe n’est pas un choix à prendre à la légère : votre QG dispose-t-il d’assez de lits pour tout le monde ? Les réserves de nourriture, d’essence ou de matières premières vous permettent-elles de fournir assez de repas, d’électricité ou d’abris pour le confort de tous ? Et plus important encore : les compétences de ce potentiel membre vous sont-elles réellement utiles ? Autant d’interrogations pour de très nombreuses possibilités. Parce qu’elle est humaine, votre communauté consomme chaque jour des vivres divers et variés qu’il est primordial d’aller réapprovisionner en fouillant méticuleusement les lieux alentours. D’autres actions cruciales vous seront vite demandées, comme la fabrication (ainsi que leur entretien et upgrade) d’une infirmerie, d’un atelier ou, pourquoi pas, d’un stand de tir ou d’une cuisine. Chaque élément peut être customisé grâce aux kits trouvés sur votre route. Si vos ressources sont basses, alors votre équipe aura vite le moral dans les chaussettes, au point de déclencher des bagarres ou de commettre des bourdes. Les conséquences sont alors assez radicales : vos installations, mal entretenues, tomberont en miettes. Des personnages seront dans l’incapacité de se soigner après certains combats. Certains d’entre-eux s’avéreront menaçants ou souhaiteront s’en aller… Finalement, on passe beaucoup plus de temps à s’occuper du bien-être de sa nouvelle famille en faisant d’innombrables va-et-vient dans la ville pour les sustenter que de prendre part à une action trépidante. Il a un peu des Sims dans State of Decay…
Quant à l’aspect technique, largement décrié lors de la sortie du premier jeu, force est de constater qu’Undead Labs a su apporter une touche de fraîcheur avec de très beaux effets de lumière et des modèles 3D franchement convenables, malgré ses chutes de framerate.
Après quelques heures de jeu assez fastidieuses, vous serez amenés à faire évoluer votre communauté à d’autres niveaux. Suite à la nomination d’un chef en fonction de sa popularité, l’heure sera venue de faire déménager votre base dans un autre endroit, plus grand, mieux placé. La migration est également très importante à des stades où la stagnation s’impose brutalement. Une fois les environs fouillés, les ressources sont alors de plus en plus difficiles à atteindre et celles-ci s’amoindrissent de plus en plus vite. L’essence, pour ne citer qu’elle, est un fléau tant la consommation de chaque véhicule semble excessive. Car oui, si la plupart du jeu se fait à pieds, il est également possible et conseillé de mettre les mains sur une voiture en bon état pour parcourir la map – grande, mais pas trop – sûrement et rapidement. Le jeu poussant le réalisme à son paroxysme, il vous faudra donc veiller constamment au niveau de fuel, sans quoi il vous faudra aller piller les stations essences très répétitivement. De même, une automobile abîmée ne peut se réparer uniquement qu’en possession d’un kit dédié, trouvé hasardeusement dans le décor ou fabriqué par vos soins si vous avez la chance de posséder le savoir nécessaire. En plus de votre foyer, vous aurez la possibilité de déployer des avant-postes un peu partout, moyennant des points d’influence engrangés en fonction de vos actions. Il s’agit de la monnaie du jeu et ces avant-postes, déclarables uniquement si vous avez sécurisé le lieu de vos mains, seront un vrai pied à terre lorsque vous serez loin de votre chez-vous. State of Decay 2 est un jeu chronophage, qui demande du temps et de l’investissement pour des tâches de la vie quotidienne. Ainsi, les quelques étapes d’évolution sont vraiment savoureuses – s’installer dans une église et y développer un laboratoire d’armes, par exemple, est assez jouissif – mais peinent à récompenser ces longs moments de farming souvent très ennuyeux. Les bonnes intentions sont là mais, malheureusement, sont souvent mal exécutées une fois le jeu lancé, la faute aussi due à une jouabilité pas toujours bien maîtrisée.
ZOMBIES OF EMPIRE
Prenant la forme d’un TPS, SoD 2 place sa caméra assez loin de son personnage pour un effet somme toute assez neutre. Deux composantes de combat sont disponibles : le corps-à-corps ou la fusillade. Dans les deux cas, de nombreuses armes sont disséminées à travers la carte, objets s’usant plus ou moins vite et qu’il vous faudra entretenir. Plutôt difficile, il est demandé de bien se préparer avant chaque excursion et, surtout, de bien gérer son endurance. Outre la barre de vie, la jauge de stamina se vide selon les actions réalisées, comme donner des coups, sprinter, ou simplement franchir un obstacle. Très vite, et surtout lorsque que l’on débute avec un personnage, celui-ci est à court de souffle et voit alors ses capacités drastiquement diminuées. Il faut donc aller jusqu’à gérer son self-control pour avoir une chance de s’en sortir, d’autant plus que les zombies ne sont pas du genre clément : les affrontements s’avèrent vraiment répétitifs et la palette de coups faiblarde ne s’élargira qu’assez peu au long de votre aventure. De même, les animations et les finish-moves bouclent inlassablement, quand ceux-ci ne sont pas entachés par des problèmes de collision. C’est bien dommage, car si State of Decay 2 avait su proposer un système de combat plus dynamique et fouillé – d’autant plus que l’attribution des touches est peu instinctive -, ses nombreux combats auraient gagné en consistance et profondeur. Et, si vous n’êtes pas mort vaillamment au combat, il vous faudra faire attention à ne pas être contaminé par la Peste Sanglante. Si tel est le cas pour vous ou l’un de vos confrères, il vous faudra alors préparer un remède à l’infirmerie ou bien se préparer à l’euthanasie ou l’exclusion, avant la transformation en mort-vivant. Un concept bien pensé et finalement très adapté au contexte.
Il faut donc aller jusqu’à gérer son self-control pour avoir une chance de s’en sortir, d’autant plus que les zombies ne sont pas du genre clément : les affrontements s’avèrent vraiment répétitifs et la palette de coups faiblarde ne s’élargira qu’assez peu au long de votre aventure.
Au-delà des mécaniques de combat assez plates (mais évolutives), le jeu s’axe aussi essentiellement sur l’accompagnement de votre avatar par un autre survivant. Plus que conseillé, celui-ci vous permettra notamment de vous en sortir un peu mieux face aux hordes de zombies, dont les races diffèrent d’ailleurs quelques fois. Ainsi, lors des difficiles phases d’éradication des cœurs de peste – points organiques à l’origine de la propagation – par exemple, il sera plus aisé d’en venir à bout. En revanche, et c’est là où le bât blesse, l’IA de votre compère sera proche du néant lors des (très) nombreuses fouilles et explorations. Incapable de prendre des items de lui-même, on en vient à faire de multiples aller-retours pour charger le coffre de sa voiture et espérer ramener l’ensemble des fournitures à la base. Et si vous pensiez simplement changer de personnage pour en prendre le contrôle et, à son tour, remplir son inventaire, il faut savoir que tout transvasement annule la quête actuellement en cours. Pourquoi, on ne sait pas : le fait est que le farming devient alors très rébarbatif et longuet. D’où l’intérêt d’inviter soi-même ses propres amis pour des parties en coopération jusqu’à quatre. Evidemment, State of Decay 2 se voit alors transformé et son fun maximisé. Les phases d’action deviennent beaucoup plus solides et la récolte des ressources autrement plus rapide et intelligente. Cela ne transcende pas le soft pour autant mais a le mérite d’y apporter une réelle plu valu, sans quoi l’ennui apparait vite aux moins téméraires.
QUAND LE MULTIJOUEUR SAUVE LA MISE
Quant à l’aspect technique, largement décrié lors de la sortie du premier jeu, force est de constater qu’Undead Labs a su apporter une touche de fraîcheur avec de très beaux effets de lumière et des modèles 3D franchement convenables, malgré ses chutes de framerate. L’univers post-apocalyptique des trois cartes est assez séduisant. Dommage seulement que nombre des intérieurs soient des copiés-collés, impactant alors l’effet de découverte ! La musique, elle, est très discrète et fait surtout la part belle à des bruitages simplistes mais acceptables. Néanmoins, le cycle horaire est une vraie plaie, la faute due à une nuit calamiteuse, beaucoup trop longue et dans laquelle la luminosité est si basse que la lampe-torche elle-même semble dysfonctionner. C’est fort dommage, car le titre se plait à nous proposer des couchers de soleil vraiment réussis, malheureusement prémices d’une obscurité très mal gérée. Il faut tout de même prendre du recul : il ne s’agit en rien d’un jeu triple AAA et l’équipe derrière State of Decay 2 est convenue, ce dernier n’étant d’ailleurs que leur deuxième production. Cela dit, et le résultat étant ce qu’il est, il ne vous reste plus qu’à voir si vous êtes prêts à plonger dans ces longues, très longues heures de jeu en leur pardonnant une vraie redondance…