Test Star Wars Jedi Fallen Order : bonne surprise, la Force est avec lui ! sur Xbox One
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- Des combats intenses et précis
- Une ode à l'aventure interplanétaire
- Des sensations de Jedi allant crescendo et bien maîtrisées
- Une OST particulièrement réussie
- Une direction artistique travaillée
- Des effets visuels et sonores ultra-respectueux de l'univers
- Des bonnes inspirations pour un talentueux mélange des genres
- Un scénario un poil prévisible et un peu léger
- Certain chara-design ont vraiment du mal à passer, désolé Cal Kestis
- Des combats un peu brouillons quand les ennemis sont nombreux
La dernière itération de Star Wars dans le domaine du pur jeu vidéo solo remonte tout de même à 2010 : il s’agissait du Pouvoir de la Force 2 et, avouons-le, ce n’était pas folichon. Neuf ans plus tard, le studio que l’on attendait le moins au monde pour accoucher d’un nouveau titre du genre - Respawn Entertainment, réputé pour son battle royale phare Apex Legends - veut surprendre avec, cette fois-ci, une formule résolument plus moderne, plus pertinente. Adieu le beat them all bête et méchant : ici, Jedi Fallen Order s’inscrit à la frontière des styles, topant la main de Nathan Drake, Kratos et Le Loup de FromSoftware avec un respect évident du père George Lucas.
Direction donc quelques années suivant la prélogie et son fatal Ordre 66 : pour rappel, il s’agit de l’assaut donné par Palpatine contre les Jedi, ordonnant leur éradication pure et dure à travers la Galaxie au profit d’un Empire totalement corrompu, imposant son pouvoir sur peuples et planètes sans beaucoup de compassion. Des temps particulièrement sombres où les quelques Jedi survivants se terrent aux tréfonds des campagnes ou au beau milieu de la société, à l’image de Kal Cestis, vaillant rouquin que l’on incarnera durant une bonne vingtaine d’heures de jeu.
QUAND LE JEDI ROUX-SPÈTE
Couvert derrière le métier de ferrailleur sur une planète à la mine grisée, Kal Cestis est en réalité un Padawan n’ayant pu terminer sa prestigieuse formation de Jedi. Le jeune homme possède évidemment une habileté et un taux de midi-chloriens non négligeables mais l’Ordre 66, survenu pendant l’apprentissage de son Maître Jaro Tapal et, en plus, il y a maintenant de nombreuses années, l’ont empêché d’atteindre ce rang autrefois tant convoité et respecté. Pire, il a même oublié un tas de gestes et d’aptitudes à force de dissimuler son identité et ses pouvoirs : alors forcément, quand il se fait repérer par l’Empire en pleine traque des derniers de son genre - une situation définitivement inspirée du conflit de la Seconde Guerre Mondiale - le garçon n’a d’autre choix que de sortir de sa cachette, assumer son destin et, pourquoi pas, tenter de reconstruire l’Ordre Jedi.
Pour cela, il sera épaulé de Cere Junka (interprétée par Debra Wilson), l’adorable petit droïde BD-1 ou encore Greez Dritus, pilote du vaisseau spatial avec lequel ils parcourront les systèmes solaires à la recherche d’un précieux artefact. Histoire tout à fait canonique, celle-ci sera l’occasion de rencontrer quelques personnages bien connus à l’instar de Kashyykk ou Saw Gererra (toujours calqué sur les traits du chouette Forest Whitaker) et d’en croiser de nouveaux, à l’instar de la Deuxième ou Neuvième Soeur, antagonistes féminines farouches.
En résulte alors une véritable jouissance lors des combats, une nervosité crescendo trépidante qui réconforte le joueur lui-même dans son osmose avec la Force.
Relativement classique, plutôt prévisible sur certains points, la trame de Star Wars Jedi Fallen Order ne casse pas trois pattes à un wookiee et ne débouche pas sur une fin mirobolante mais, toutefois, parvient à marquer des points précis : le développement de ses personnages - surtout Cal Kestis et son accomplissement en tant que Jedi - est efficace (sans être brillant), plusieurs passages ont de quoi faire frémir tout bon fan qui se respecte et, globalement, le respect du lore est impressionnant. Il avait été dit que l’établissement de l’univers était façonné étroitement avec Disney : plus que jamais, nous en avons la preuve avec des lieux phares géniaux dont l’exploration relève d’une magie enfantine, teintée d’émerveillement et d’angoisse avec, comme seul moyen de survie, une bravour considérable.
UNCHARTED JEDI’S FORTUNE
Indéniablement, le jeu de Respawn Entertainement en est un d’aventure, et un beau : chaque planète recèle de zones cachées et de chemins étroits parsemés d’ennemis propres aux climats ; la faune et la flore s’adaptent aux nombreux biomes présents ; de multiples secrets sont disséminés et, souvent, accessibles grâce à des capacités débloquées bien plus tard, permettant une certaine rejouabilité. Loin d’être complètement linéaire, le level design de Jedi Fallen Order s’avère plutôt farfelu, n’hésitant pas à jouer sur la verticalité et même quelque puzzles légers mais bel et bien là pour insister sur l’exploration. Car oui, qu’on se le dise, il y a décidément du Uncharted dans ce nouveau soft Star Wars, tant dans la découverte des lieux et leurs jolis panoramas que les nombreuses phases de plateforme, lorgnant également du côté de Prince of Persia pour les courses murales ou des derniers Tomb Raider pour la mise en scène aventurière. De très bonnes références qui s’assurent heureusement une véritable personnalité grâce à, de un, l’univers si singulier de Star Wars et, de deux, tous ces pouvoirs propre à la Force.
Cal Kestis pourra par exemple tirer des éléments vers soi, arracher des murs, écraser des portes de métal, balancer des éléments ou encore ralentir des machines à distance pour se frayer un passage à travers l’environnement hostile qui lui fera face. Il n’y a rien de très dur ni de révolutionnaire : disons simplement que l’aventure proposée parvient à s’aérer très correctement. De même, certains passages demanderont un rythme autrement plus soutenu avec de grandes phases de glissade ou de course-poursuite, parfois totalement axées sur l’action épique, parfois plus sur la douce poésie : là, l’influence de God of War se fait sentir et pour cause puisque Stig Asmussen, l’homme à la tête du développement, ne fut autre que le lead director du troisième opus du dieu de la guerre (rien que ça). En résulte ainsi des scènes tape-à-l’œil qui feraient presque virer Jedi Fallen Order du côté des gros blockbusters hollywoodiens : on regrettera tout de même le manque total de maîtrise de ces passages abracadabrants, parfois dans le rythme, la cohérence ou la technique, empêchant le titre d’accéder au même prestige que celui partagé par Naughty Dog ou Santa Monica Studio. Comme on dit, “souvent imité, jamais égalé”.
CHIRURGIE LASER
Il n’empêche que ce nouveau soft Star Wars témoigne d’une sacrée bonne volonté qui saute aux yeux. Respawn Entertainment a essayé de faire bien et grand : de toute l’histoire de la saga dans le Dixième Art, la donne change enfin un peu plus concrètement avec des idées loin d’être fainéantes et très honorablement exécutées. Cela se traduit aussi par des combats plutôt surprenants, tactiques et exigeants s’inspirant directement d’une dose très juste de Sekiro. Si les stormtroopers faisaient surtout office de chair à canon, ici, il faudra redoubler de vigilance, même face aux ennemis bénins : l’apprentissage des patterns se voit alors essentiel pour l’esquive, les roulades, les parades et les contre-attaques, autrement plus efficaces que le bourrinage préconisé des autres jeux d’action. À l’instar de l’excellente aventure de FromSoftware, une jauge de garde est présente aussi bien chez Cal Kestis que chez ses adversaires, que l’on pourra tenter de briser par la force ou contourner en trouvant des failles et en attaquant aux bons moments.
De même, Jedi Fallen Order opte pour des postes de sauvegardes traditionnels et manuels, disséminés à des points précis de la map : ceux-ci auront la particularité de faire revenir les ennemis abattus sur le terrain et d’ajouter, par la distance qui les sépare, une certaine difficulté. Autre système à prendre en compte : lors d’un game over, tous les points d’expérience accumulés depuis la dernière save seront perdus, alors récupérables en touchant l’ennemi qui vous a donné la mort. Des mécaniques pointilleuses logiques une fois manette en mains, particulièrement pimentées même si moins punitives qu’un Sekiro : toutefois, le jeu requiert une véritable maîtrise, notamment dans les deux derniers niveaux de difficulté qui pourront réellement mettre à mal les non-initiés du genre. Effectivement, certaines zones peuvent s’avérer confuses quant au trop grand nombre d’ennemis ou si les rouages ne sont pas correctement assimilées, ou les bonnes capacités achetées au bon moment.
NE PAS CROISER LES EFFLUVES
Grâce à l’XP engrangée au fil des duels ou des découvertes de points d’intérêt, il est alors possible d’accéder à un arbre de compétences primordial pour la bonne progression. C’est aussi là que Jedi Fallen Order sait bien s’appliquer : au fur et à mesure des skills débloqués dans l’arbre prévu à cet effet ou à travers l’histoire, Cal Kestis deviendra de plus en plus puissant, agile, rapide et proche de la Maîtrise Jedi parfaite. En résulte alors une véritable jouissance lors des combats, une nervosité crescendo trépidante qui réconforte le joueur lui-même dans son osmose avec la Force. Les quelques boss sans pitié sont également réussis : certains, maniant le sabre laser et autres pouvoirs du Côté Obscur comme des as, occasionnent ainsi des duels à la précision chirurgicale et à l'épilepsie palpable, tout à fait dignes des grands affrontements Star Wars.
Cet esprit relativement intransigeant lors des bastons, jouant beaucoup sur la réception des coups, la compréhension de l’adversité et l’acharnement (vous risquez de mourir beaucoup) appuie donc le propos de Jedi Fallen Order : apprendre de soi-même et de ses ennemis pour en venir à bout. Autant dire que cette facette du gameplay correspond particulièrement bien à l’esprit des Jedi et fait mouche une fois l’aventure lancée. Pour épauler tout cela, Respawn Entertainement s’est donc attelée à reproduire avec le plus de fidélité possible les nombreux effets typiques de l’univers Star Wars. Malheureusement, Disney oblige, le démembrement est bien trop peu présent - on adorerait pouvoir découper du Stormtrooper comme bon nous semble et ce serait d'autant plus logique - mais tout un tas d’autres pans ont été arborés soigneusement. Cela passe par des particules nombreuses (les étincelles, premières source d’éclat de la Guerre des Étoiles), un sound design au poil et une réalisation graphique tout à fait convaincante. Globalement, la direction artistique est franchement réussie : certains panoramas s’avèrent somptueux et les modèles 3D sont finement détaillés - par contre, on se permettra d’émettre quelques réserves sur les choix de chara design de Cal Kestis et Cere, leurs vrais doublures Cameron Monaghan et Cere n’étant vraiment pas des plus charismatiques une fois retranscris in-game. Bien sûr, chacun voit midi à sa porte mais de notre côté, malgré sa bonne volonté et sa personnalité sympathique, on a tout de même eu du mal à trouver notre Jedi très classe, et encore moins badass.
L’OST est une petite merveille indéniable, propulsant l’ambiance de Jedi Fallen Order dans les hautes sphères vidéoludiques de la saga.
De plus, quelques points noirs sont également à déclarer. Surtout sur consoles, la profondeur d’affichage accuse tout de même de quelques faiblesses évidentes ; le framerate est loin d’être stable, même en mode “performances” et un tas de bugs sont venus noircir le tableau technique : problèmes de collision, ennemis fixes inanimés, nombreux dialogues sans voix (mais avec le reste des bruitages), longs temps de chargement, animations parfois saccadées… C’est assez dommage, d’autant plus que le reste est plutôt attentionné. Heureusement, des mises à jour commencent déjà à être déployées pour gommer ces quelques soucis. On tâchera donc de terminer sur un excellent point : l’OST est une petite merveille indéniable, propulsant l’ambiance de Jedi Fallen Order dans les hautes sphères vidéoludiques de la saga. On remerciera donc deux bonhommes pour leur travail, Stephen Barton (Call of Duty 4, Titanfall 1 et 2) et Gordy Haab (Star Wars The Old Republic, Battlefront 1 et 2), qui ont signé là des musiques dans la droite lignée de celles de John Williams et s’adaptant merveilleusement bien à l’univers de la Guerre des Étoiles. Un bien bon cru que ce nouveau titre : imparfait, mais un bien bon cru quand-même.