Test Sniper Elite 5 : la série débarque en France et c'est un plaisir coupable ! sur PS4
15 20
Fidèle à la série, dans ses qualités comme dans ses défauts, ce nouvel épisode de Sniper Elite 5 ne surprend guère. Les fidèles qui attendaient le plein d'innovations ou un immense bond technique en seront donc pour leurs frais. Mais ce statu quo a aussi ses avantages. Il est la garantie de kill cams hautement réjouissantes, d'un level design ouvert et éprouvé, de mécaniques d'infiltration nombreuses et, surtout, d'un gameplay de sniping à la fois fun et réaliste. La personnalisation des armes poussée et l'arrivée d'un mode Invasion sont également à porter au crédit du jeu. Enfin, pour nous autres français, la beauté des paysages normands et le contexte hexagonal constituent un véritable plus. Il faudra peut-être un Sniper Elite 6 pour assister à une révolution du genre, mais en attendant, on passe tout de même de bons moments !
- Les paysages français font leur petit effet
- La personnalisation des armes est très poussée
- Des modes de jeu variés
- Des kill cams bien gores
- La résistance française n'est pas totalement oubliée pour une fois
- La difficulté "authentique" apporte une expérience de sniping réaliste et réjouissante
- L'IA a encore quelques ratés
- Des visages datés et des animations un peu raides
- Trop de murs invisibles et obstacles infranchissables
- La mission Tuez Hitler n'est disponible qu'en DLC
- Rien de vraiment neuf
Si Sniper Ghost Warrior et Sniper Elite sont incontestablement les deux séries phares en matière de shooters spécialisés option sniper, c'est généralement la seconde qui obtient le meilleur accueil de la part de la presse et des joueurs. L'arrivée d'un cinquième épisode est donc forcément une bonne nouvelle, surtout que le logo du jeu arbore fièrement le mot France doublé d'une croix de Lorraine. Nous allons donc parcourir la Normandie et évoluer en terrain connu. Mais attention, cette expression peut également s'appliquer au gameplay...
Cette nouvelle aventure du tireur d'élite Karl Fairburne démarre en mai 1944 et nous demande bien entendu d'éliminer un maximum de soldats allemands, de s'infiltrer dans différents bâtiments et de saboter de nombreuses structures. Une mystérieuse Opération Kraken sert de fil rouge, mais le scénario n'a en réalité guère d'importance. Il est de tout de même manière difficile de surprendre avec la seconde guerre mondiale, vue et revue dans tant de jeux. Cependant, ce contexte trouve ici un écho particulier puisque nous évoluons sur le territoire hexagonal. Il est particulièrement plaisant pour nous autres français de voir des affiches de propagande et des panneaux rédigés dans la langue de Molière (malgré la présence régulière de fautes d'orthographe…) et d'entendre certains personnages s'exprimer en français, ou avec un accent français lorsqu'ils parlent anglais. C'est d'ailleurs l'une des qualités du jeu que de laisser la plupart des intervenants s'exprimer dans leur langue d'origine, à commencer par les soldats allemands que l'on surprend régulièrement en pleine conversation. Il est également agréable de constater que le rôle de la Résistance n'est pas occulté pour une fois. Mais le plus enthousiasmant provient certainement des paysages que l'on traverse. Bocages normands, champs de pommiers et autres châteaux provinciaux forment un environnement familier que l'on prend plaisir à parcourir et retrouver. Le point culminant de ce charme géographique se trouve certainement dans la troisième mission, qui se déroule dans une version revisitée du Mont-Saint-Michel, renommé Beaumont-Saint-Denis pour l'occasion.
J'IRAI REVOIR MA NORMANDIE…
La série n'a toujours pas franchi l'étape du véritable open world (ce qui n'est peut-être pas plus mal…) et reprend donc la structure de Sniper Elite 4, à savoir des missions indépendantes les unes des autres mais se déroulant à chaque fois sur de grandes zones ouvertes. Ce principe fonctionne parfaitement bien, et permet d'offrir des objectifs principaux permettant de faire avancer l'histoire et des objectifs secondaires facultatifs, destinés à prolonger le plaisir de jeu. Nous vous conseillons d'ailleurs de systématiquement remplir ces derniers, car ils vous donneront l'occasion de parcourir des recoins de chaque carte à côté desquels vous passeriez sans cela. Il est également souhaitable d'abattre les cibles spéciales selon la manière précisée dans l'interface, afin de remporter une arme unique. Plutôt agréable, l'exploration permet tout à la fois de grimper à des lierres, de se surprendre à des corniches et d'emprunter des tyroliennes. On retrouve hélas certains défauts typiques des productions Rebellion Developments, notamment la présence de murs invisibles et autres obstacles infranchissables. Ces "tue-l'immersion" sont relativement compréhensibles et pardonnables sur le pourtour des maps, car il faut bien stopper la progression du joueur d'une manière ou d'une autre. Mais il arrive régulièrement qu'en plein milieu de la carte on souhaite enjamber un petit rocher, passer à travers une haie ou grimper sur une caisse pour mieux se positionner, et que cela nous soit tout simplement interdit. Heureusement, les mécaniques d'infiltration sont quant à elles nombreuses et bien ficelées. S'accroupir dans les hautes herbes pour se cacher, siffler pour attirer les soldats vers soi, lancer une bouteille pour les éloigner, se concentrer pour les afficher en surbrillance à travers les obstacles, les marquer à l'aide des jumelles, les tuer ou les neutraliser au corps-à-corps, tout ou presque est possible.
L’ÉLITE DE LA NATION ?
En ce qui concerne le tir au fusil sniper à proprement parler, Sniper Elite 5 profite de l'expérience acquise sur les précédents volets. Zones bruyantes couvrant le bruit des tirs, chute balistique, direction du vent, vidage des poumons et rythme cardiaque sont ainsi gérés. La difficulté est réglable finement, puisque différents curseurs permettent de modifier séparément la difficulté globale, les combats, les options tactiques (temps de marquage, radar, interface…) et les options de tireur embusqué. Faites comme il vous plaira pour les trois premières mais choisissez de préférence le réglage "authentique" pour la dernière. C'est ainsi, et uniquement ainsi, que vous bénéficierez d'une expérience de tir proche de la réalité. Vous serez ainsi débarrassés du ralentissement du temps qui facilite un peu trop la tâche et, surtout, du réticule indiquant où atterrira la balle en fonction du vent et de la balistique. Lorsqu'on estime par soi-même ces effets et que l'on vise juste, le plaisir de placer un headshot s'en trouve réellement décuplé ! Dans tous les cas, le jeu vous récompensera régulièrement avec ses plans de caméras d'éliminations à rayons X, plus communément appelées X-Ray kill cams. Véritable signature de la saga (et de son dérivé Zombie Army), cet effet cumule suivi de la balle en gros plan, ralenti, et mise en scène spectaculaire de l'impact grâce à la zone transparente qui permet d'observer le morceau de mâchoire qui se décroche, l’œil qui éclate, les intestins perforés, les os broyés et une multitude de vaisseaux sanguins. Miam !
A noter que ces kill cams quasi-scientifiques concernent également le combat rapproché, ce qui permet alors d'admirer gorges tranchées et couteaux plongés en pleins cœurs. En ce qui concerne les armes, le système de personnalisation s'avère extrêmement poussé puisque mire, canon, bouche, chargeur, crosse, poignée avant, boîtier de culasse, bâti et cosmétique influent sur la portée, les dégâts, la cadence de tir, le recul, la mobilité, la portée sonore ou encore le niveau de zoom. Le menu général offre quant à lui de nombreuses manières de profiter du jeu. Au delà de la campagne solo traditionnelle, il est possible de jouer en coop, de défendre des postes de commandement dans un mode survie, ou de s'amuser en multi dans différents modes (équipes de huit, escouades de quatre, chacun pour soi, et mode "pas de traversée" qui sépare physiquement les deux camps). Une nouvelle option "Invasion des forces de l'Axe" vient même compléter la liste. Il s'agit d'un mode asymétrique (et optionnel, heureusement) où un joueur incarnant un allemand vient perturber la campagne solo d'un autre. C'est toujours bon à prendre ! En revanche, nous aurions aimé que le jeu progresse aussi techniquement, mais il n'en est rien. Lors des cinématiques, les visages et les animations paraissent une nouvelle fois datés, tandis que les graphismes rappellent en permanence ceux de Sniper Elite 4, sorti pourtant il y a déjà 5 ans. L'intelligence artificielle semble également avoir été reprise à l'identique, alors même qu'elle était largement perfectible. On doit donc faire face une nouvelle fois à des ennemis quasiment aveugles par moments, ou dont le comportement de traque laisse clairement à désirer. Enfin, et c'est là aussi devenu une triste tradition, la mission iconique permettant de tuer Hitler n'est disponible qu'en contenu téléchargeable payant.