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Sans être foncièrement bon, Mystery Dungeon : Shiren the Wanderer fait office de petite bouffée d’oxygène pour hardcore gamers en mal de challenge sur DS. Véritable trip à l’ancienne, le titre de Chunsoft sait quand même composer avec d’autres atouts que la nostalgie qui s’en dégage, à commencer par son gameplay solide, riche et subtile, son indéniable charme artistique et sa rapide prise en main. Soit autant de douceurs qui peuvent s’avérer trompeuses si l’on n’est pas prévenu de la nature impitoyable de la cartouche.
- Plein de charme d'un point de vue artistique
- Gameplay solide, riche et subtile
- Assez gratifiant
- Une intransigeance quasi rédhibitoire
- Aurait peut-être mérité un meilleur lifting
- En anglais
Les gamers du monde entier auront beau être scandalisés par le fait que Nintendo ait transformé l’industrie vidéoludique en loisir familial, il n’en demeure pas moins que l’insolent succès des deux machines taillées pour le casual gaming aura permis à des titres obscures de traverser les frontières. Alors avant Baroque programmé pour le 27 juin sur Wii, voici dans la famille “trip hardcore“ Mystery Dungeon : Shiren the Wanderer.
L’arrivée de Mystery Dungeon : Shiren the Wanderer sur le marché européen constitue en soi une petite révolution. Ou presque. Car finalement, quoi de mieux que ce pilier du Dungeon-RPG pour évangéliser un territoire où les seuls véritables représentants ont pour nom Pokémon Donjon Mystère ? Pour replacer les choses dans leur contexte, nous sommes face au remake - ou à l’adaptation, c’est selon – d’un des premiers Dungeon-RPG de l’histoire. Inutile donc de feindre l’étonnement face aux trois lignes faisant office de scénario. Car premièrement, cela n’a rien d’étonnant vu l’âge du dinosaure, et deuxièmement, c’est une des caractéristiques du genre. Pour vous mâcher le travail, sachez que vous incarnez ici Shiren, un rônin, qui est à la recherche d’une légendaire cité d’or. D’après ces récits populaires, l’Eldorado se trouverait au sommet de Table Mountain, une massive tour de pierre qui constitue une bonne partie des trente étages de la zone de jeu.
La mort aux trousses
Seulement trente dites-vous ? Attendez l’occasion de vous frotter au gameplay vicieux du titre avant de vous lancer dans des conclusions hasardeuses. Alors oui, l’aventure est potentiellement courte, mais elle est loin d’être expéditive. Mystery Dungeon : Shiren the Wanderer fait partie de cette catégorie de jeux frustrants, exigeants et intransigeants. Une difficulté qui en fait sa force, son charme, et qui en devient d’ailleurs sélective. A l’heure des sauvegardes et des continues infinis, peu de joueurs seront capables d’accepter les sanctions entraînées par la mort. Pour faire court, elle est synonyme de retour à la case départ, autant d’un point de vue géographique que statistique et surtout matériel. Un éternel recommencement qui ne sera même pas facilité par la connaissance du terrain, celui-ci étant généré de manière aléatoire. En fait, le titre se laisse dompter au gré de nos revers, nous forçant à apprendre de nos erreurs. Une ascension longue et douloureuse où l’on comprendra petit à petit les subtilités des pas en diagonale, des changements de direction en restant sur place ou plus globalement de chaque mouvement. Car derrière son déroulement sans transition laissant croire à une orientation action, le titre de Chunsoft nous prend en traître avec son très singulier système de tour par tour. Ici, chaque action ou déplacement est comptabilisé et se fait en alternance avec les mouvements des ennemis et autres PNJ. En gros, tant que Shiren restera immobile, le monde sera figé autour de lui. Bien plus que prendre l’ascendant sur les ennemis, développer ses qualités de stratège permet de parer à l’imprévu qui nous guette à chaque pas. Entre les pièges étourdissants, immobilisants, voire déshabilleurs, et les ennemis aux attaques magiques (transformation d’un objet de l’inventaire en onigiri, échange des positions…) il est difficile d’avancer le pas affirmé. Le jeu regorge en effet de ses petites dalles et bêbêtes, qui par leur simple effet nous rendent plus vulnérable, ce qui peut entraîner une mort bien cruelle. Heureusement, assez vite dans l’aventure, il sera possible de s’acoquiner avec d’autres vagabonds, moyennant quelques services. Plutôt efficaces, ces derniers sont du genre entreprenant, n’hésitant pas à aller au charbon pour nous tirer d’affaire. Une aide bien sympathique mais pas salvatrice pour autant.
A l’heure des sauvegardes et des continues infinis, peu de joueurs seront capables d’accepter les sanctions entraînées par la mort."
Bien décidé à harceler les joueurs, Mystery Dungeon : Shiren the Wanderer peut aussi décider de nous faire rager pour une simple question de points de satiété. Un facteur aussi anodin que mortel - un simple onigiri (boule de riz) suffit à pallier au problème - mais qui permet cependant de revenir sur le dernier élément altéré par un décès : les objets. En dépit de leur nombre important éparpillé sur le sol, il n’est pas forcé, niveau aléatoire oblige, de tomber sur ces rations vitales qui remplissent l’estomac. Ajoutez à cela que les magasins ne font pas partie des éléments récurrents des aires de repos, et vous comprendrez bien vite l’intérêt des entrepôts qui se dressent sur la route de notre vagabond. En stockant les éléments superflus ou de valeur de son inventaire, celui-ci se prémunit contre l’impitoyable dépouillage dont il serait victime en cas d’issue fatale. Pour récupérer ces quelques reliques des tentatives passées, il suffira donc de repasser par ces mêmes lieux, ce qui est toujours utile pour récupérer ces tant désirées boules de riz, ces herbes médicinales si précieuses, ou ce katana jalousement gardé. Finalement, comme dans une partie d’échecs, Shiren the Wanderer nous oblige à préparer bien en amont la victoire finale, quitte à sacrifier un grand nombre de vies.